Une épicière de mon quartier me disait à tout à l’heure que des personnes lui demandent du pain même rassis en fin de mois. Ils n’ont plus un sous… Ça fait réfléchir drôlement.
Je lui ai acheté une bouteille de rosé à 2 euros 50, elle m’a fait un prix, normalement elle est à 2,95. Elle coûtait 2 euros il y a peu mais la vie augmente, il faut bien que tout le monde vive. Bientôt le prix du rouge dépassera celui de l’essence qu’ils s’amusent à dire des fois les coquins… le CAC 40 presque tout le monde s’en fout ici.
Puis j’ai été chez mon ami Casimir lui porter, il m’a offert des pâtes avec des haricots, des petits bouts de viande, un plat de chez lui, et des feuilles de salade avec une tomate coupée en lamelles, un régal. Casimir est un cuisinier hors pair. Il me parle de l’Angola, 24 mois de guerre là bas, ça laisse des traces. Forcément. Quelle connerie la guerre Jacques vraiment… Les copains qui tombent, 750 escudos par mois, une misère. La révolte, le dégoût, la peur. J’aime les histoires de Casimir, je pourrais l’écouter pendant des heures, toute la journée même. Salazar, la police secrète, les exécutions sommaires, les généraux, il connaît tout Casimiro.
Quelle sacré vie il a vécu quand même et il est ici en France depuis 1971. Il adore notre pays, y a travaillé durement, fait du jardin pour une voisine encore, collecte du pain dur pour les lapins d’amis à Gélos. Et moi aussi je collecte du pain dur pour lui, pourquoi jeter ? Il préfère même les français aux espagnols et il regarde beaucoup la télé portugaise, les infos, les émissions de variétés avec de très belles chansons et présentatrices. La télé française aussi. Je me régale chez lui, le corps et l’esprit, c’est chouette RTP, la chaîne nationale portugaise.
Je crois que Casimir est l’homme le plus gentil de Pau, tout le monde l’aime, le connaît, chapeau l’ami… Je suis bien en Europe et lui aussi qu’il me dit. Et on se sent bien aussi au 14 Juillet, notre quartier. La vie serait moins douce sans la télé je crois, qu’en pensez-vous ?… Et Radio Classique aussi…
– par Jean-François Le Goff