Non, Ibos n’est pas qu’un centre commercial dans lequel affluent les masses en quête de nécessités suggérées, de promos bidonnées et d’épargnes fantômes, lieux où plus on dépense plus on est censé gagner en ristournes un pouvoir d’achat illusoire.
Non, Ibos n’est pas qu’une ZAC développée au bord de la rocade, à l’entrée ouest de la A64, qui regroupe quelques PME, un lycée dédié et deux hotels, un site logistique (etc), une ZAC qui s’inscrit dans un développement urbanistique serein et certainement idéal pour l’économie locale(plusieurs entreprises tarbaises ou péri s’y sont installées, au départ), un truc propre et espérons-le, efficace.
Ibos est un village qui joue avec ses murs, hauts hauts hauts murs maçonnés avec les pierres polies des rivières jointes au ciment rustique, ses portails majestueux (comme partout dans ces régions sauvageonnes, Béarn, Bigorre, Pays Basque), ses cours en galets, pour les ancestrales, en pavés granite pour les rénovées; et, souvent cachées aux passants, des bâtisses et des espaces pleins d’opulence et de charme. Ou le parfait contraire: l’abandon et la décrépitude.
Pourtant, dans cet espace, pas un chat, ou presque. Des voitures qui passent, des gosses qui s’ennuient. Rares, des vieux, deux ou trois, qui traînent et épient la vie disparue. Des vieux que l’on n’emmène pas au centre commercial (le samedi et qui sait, bientôt,le dimanche?), qui gardent le village en regardant , à l’heure méridienne, saint Laurent jouer avec les pigeons de la Collégiale (fermée ce jour-là).
Alors, Ibos ressemble à un village beau et triste pour celui qui y passe et s’y promène. Mais ce n’est qu’une impression, sachez-le. Dans le canal l’eau murmure une chanson qui traverse le village de part en part, un genre de psaume qui jadis, le dimanche, montait jusqu’au sommet d’un des clochers, celui qui retransmet sur le paratonnerre de la Collégiale le chant des fées et des pays heureux du Sud profond .
Addendum (l’homme d’Aden) :
Si certains sont OK pour bosser le dimanche, où est le problème (beaucoup de « métiers » travaillent déjà le WE) ? Le problème est plus dans la chalandise dominicale, semble-t-il. La société de consommation (terme générique) et les aléas, ou pseudos aléas de la vie quotidienne ont fait en sorte qu’ont fini par émerger à la fois un désir/besoin immédiat et un manque total de gestion saine du budget familial. Il manque une vis pour finir d’installer la planche de l’étagère, il manque le kilo de sucre pour les confitures, la plinthe pour terminer le salon, et rien ne peut attendre. Bref dimanche est là et comme tout se fait au coup par coup, forcément quelque chose est passé à l’as, pierre angulaire d’un parfait dimanche de bricoleur. Oui, c’est dimanche, les cloches sonnent et le tocsin résonne dans les familles : il manque la pièce maîtresse, vite, filons l’acheter, c’est ouvert, et tant que l’on y est, profitons-en pour acheter ce dont on aura besoin plus tard, d’autant qu’il y a des promos d’enfer.
Raisonnement simpliste, j’en conviens. Mais si personne ne se ruait dans ces grandes enseignes lors d' »ouvertures exceptionnelles, de rabais à 75% » , si les publicités papiers, audios, visuelles, ne poussaient les clampins à s’y rendre, tout le monde dormirait sur ses deux oreilles le dimanche matin. Mais bon, demain est tellement loin que penser se joue aujourd’hui à la minute près.
Et c’est ainsi que 2014 nous prépare une grande claque, car nous faisons de notre vie d’une petite clique un grand clac.
L’imagerie est ici : http://altpyphot.wordpress.com/2013/09/28/ibos-le-dimanche/
Photos S@tie et AK Pô
29 09 2013
« Si certains sont OK pour bosser le dimanche, où est le problème (beaucoup de « métiers » travaillent déjà le WE) ? »
La plupart des « certains » en question sont OK pour bosser le dimanche avant tout parce qu’il y a des primes pour ça. Le jour où cela sera banalisé, les primes disparaîtront et il y aura de moins en moins le choix d’accepter ou de refuser. Quelqu’un qui choisit un métier dans la restauration sait dès le départ qu’il devra travailler les dimanche. Un vendeur du roi Merlin n’avait à mon avis pas anticipé ça, par contre.
Quant au chantage à l’emploi, il est fallacieux : la vis qui manque le dimanche pour fixer l’étagère, elle manquera toujours le lundi et il faudra bien aller l’acheter, elle sera donc bien vendue à un autre moment.