Ile de beauté ?


imagesComme promis Pierre Yves Couderc sort d’Oloron, du Béarn et même des Pyrénées. Il va s’intéresser à d’autres habitants rigolos des montagnes du sud : nos amis les Corses et, tout d’abord, la plus belle et le plus beau de ses habitants, la Corse elle-même :

Un pays fantasmatique, une terre de merveille et de cruauté, même si, depuis les années Sarkozy, elle est rentrée (un petit peu) dans une certaine norme des constructions en bord de mer et de l’emprise des supermarchés … qui, il est vrai, sautent plus souvent qu’à leur tour…

Mais de quoi parle t-on ?

Un peu moins de 300 000 habitants (la valeur du Pays Basque ou du Béarn comptés séparément) .

Le tourisme : entre 2 et 3 millions de touristes qui fondent la seule activité économique (plutôt de bonne qualité une fois intégrés les particularismes locaux ). Et, comme partout, comme toujours, d’autant meilleure qu’on sort des foyers les plus denses, de certaines stations de bord de mer et des plus hautes saisons. Mais beaucoup plus qu’ailleurs il reste de la place pour cela.

Le banditisme : la région la plus plus riche en homicides d’Europe. Bien devant la Sicile ou les Balkans et même Marseille ; 17 morts au compteur aujourd’hui. Soit, sans doute, un dépassement de la pente historique de deux homicides par mois.

L’industrie : Rien à signaler.

Le foot : 2 clubs en 1ère division. La patrie de Dominique Colona, Clause Papi, Sébastien Squilacci.

La voiture : noire et puissante une seconde nature. Dotée de phares puissants sur le toit dans sa version rustique (pour traquer les sangliers et narguer les gendarmes).

L’agriculture : en totale déshérence, totalement invisible y compris sur les produits que les touristes pourraient consommer en circuits courts, via la restauration, comme tout ce qui tourne autour du maraîchage et des produits frais. Avec de très notables exceptions :

– La vigne et la viticulture qui tirent profit, de manière optimale, de conditions très favorables ; le soleil et la chaleur toujours nuancés par les brises marines et la proximité de la mer et toutes les palettes géologiques idoines. Des vignerons passionnés et compétents qui ont su prendre les bons virages qualitatifs et environnementaux. Des cépages aux noms chantants qui remontent de la nuit des temps (Sciacarellu/Niellucciu/ Vermentinu… ) et qui furent apportés par les grecs puis les toscans.

– Les fromages et la charcuterie issue des cochons à demi sauvages qui fondent avec les petites vaches, qu’on trouve sur les routes et même les plages, une des parties les plus charmantes du folklore local.

Des produits authentiques et sans trop de contrefaçons si on les paie un prix réaliste mais certainement pas excessif.

Par contre pas d’arboriculture fruitière malgré, a priori, les meilleures conditions du monde pour tous les excellents fruits de la terre qu’on trouve à l’état de trace : comme les oranges, les citronniers, les cédrats, toutes sortes de néfliers et tous les fruits continentaux, pommes, poires, prunes, qui pourraient s’étager en suivant les gradients des températures. Une exception les mandarines de la côte orientale. Là, comme ailleurs, l’isolement très réel du pays peut expliquer bien des choses.

Même chose pour les oliviers qui existent partout. Notamment en Balagne et dans le grand Sud mais sans qu’on sache jamais s’ils sont réellement exploités ou s’ils participent, heureusement, avec leurs ramures argentées qui balancent dans le vent, d’une réelle exploitation ou de la magnificence toujours présente des paysages. On peut imaginer, à terme, un destin heureux comme pour la vigne, mais c’est  peut-être, sans doute, faire l’impasse sur la spéculation immobilière qui rend les deux économies concurrentes.

Même chose pour les châtaigniers qui, comme partout en Europe du sud, ont constitué l’arbre à pain pour les hommes et pour le bétail. Il est vrai qu’à la différence des olives et de son huile, il est permis de considérer qu’il s’agit là d’un marché particulièrement étroit.

Au delà de cela une pure merveille, une chaîne de montagnes étroite (qui culmine à 2 700 mètres) complexe et torturée au milieu de la méditerranée. Une seule véritable route de Bastia à Ajaccio. De la brise de mer au petit bar. De Zucarelli à Renucci, en passant après Bastia, par Ponte-Leccia et Corte (la capitale historique), le col de Vizzavona Bonconagno et enfin le magnifique golfe d’Ajaccio un rien languide et ultramarin.

Des villages improbables qui culminent en équilibre sur d’insondables à-pics. Historiquement, pour des raisons de sécurité et de subsistance, le Corse tourne le dos à la mer.

Des golfes incroyablement découpés et inaccessibles sur toute la côte occidentale.

Une langue rauque et musicale italianisante et charmante au plus haut point. Singulièrement dans la bouche des femmes…

Le contraire de nos Pyrénées axées est-ouest alors que l ‘orogenèse de la corse est sud-nord dans une surrection qui, avec la Sardaigne, a fait sortir ce petit continent sauvage ( Corse + Sardaigne) au large des Italies.

Une culture individualiste et violente avec le fusil ou l’arme de poing jamais trop éloignés. Une culture d’affrontement et d’honneur à l ‘ancienne… La tête haute et le buste soulevé un peu sur le modèle Cantona.

Alors, pour une fois, sur ce site citoyen soyons résolument politiquement incorrects. Prions sans trop y croire, pour que cet étrange pays conserve quelques unes de ses étranges coutumes pour ne pas être submergé par le béton et l’apocalypse balnéaire. Un chemin sur lequel se dont engagés, avec les résultats que l’on sait, nos voisins… Tras los montes.

Cela dit restons mesurés et républicains. Espérons que les morts violentes disparaissent du folklore local et , pourquoi pas, que le pays, bien doté en soleil et en vent, se tourne vers les énergies nouvelles, la préemption des terrains en bord de mer pour, enfin, développer une agriculture vivrière principalement tournée vers la consommation touristique locale .

Ne rejetons pas d’un revers de main la notion de résidents pour acquérir du foncier, en écartant la notion racialisée de résident aux corses historiques. De fait il s’agit là d’une voie étroite et dangereuse mais qui pourrait faire réfléchir entre Hendaye et Bayonne.

Il n’est pas totalement impossible que ce pays surpolitisé et surfonctionnarisé (ce qui n’est pas un bien en soi) prenne ce chemin. Surtout s’il cherche à travailler, dans un cadre européen, avec ses sœurs méditerranéennes comme la Sardaigne, la Sicile voire les Baléares confrontées à des problématiques très proches .

Quelques références : Jérôme Ferrari/ Le sermon sur la chute de Rome Actes sud / 2012 ( Prix Goncourt). Un excellent roman, écrit par un Corse de Sartène revenu au pays, qui a été prof de philo à Porto-Vecchio et au lycée Fesch à Ajaccio. Un regard très subtil et historié de 1900 à maintenant sur la Corse et sa très nombreuse émigration dans la fonction publique et l’armée. Un regard très critique aussi sur le monde bistrotier et une certaine veulerie balnéaire qui, peu à peu, éteint la culture et la curiosité pour ne garder que l’alcool et les amours plus ou moins tarifées. Des développements qu’on comprend mieux dans d’autres ouvrages connexes du même auteur sur le monde du nationalisme et de ses factions. Et l’instinct de mort et le goût des armes comme ultime passion.

Une littérature complexe, très écrite, pleine de références et de flash-back… passionnant et instructif.

Flaubert, Hugo, Maupassant, Mérimée bien sûr : Au 19 siècle la Corse était très à la mode… Elle l’est toujours restée.

– par Pierre Yves Couderc/ Oloron

PS : le temps venu PYC se penchera sur ce certains concepts issus de la Corse comme les micro-régions et les bonnes échelles européennes dans lesquelles ( la Corse, les Pyrénées) doivent se placer. Il pourrait même s’étendre sur d’autres passions corses comme le Giunssani (Ghjunsani en corse), La Castagniccia et les sentiers « mare et monti »…Mais le temps sera venu alors de le faire revenir à ses moutons pyrénéens et ci-devant béarnais (Ricou shérif Emmanuelli / Martine Jacotte Cassou de Pau/ Lucky Lucbéreilh / Anchois Bayrou / David Mourenx Habib..) .

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