La pibale, appelée aussi civelle, est l’alevin d’anguille. Autrefois très abondantes, elle fait maintenant partie des espèces en voie de disparition. Mais où s’arrêtera donc la « scupidité » des hommes, a commencer par nos pêcheurs professionnels de l’Adour?
L’anguille, comme le saumon, est un poisson dont le cycle de reproduction est héroïque. L’anguille meurt vers 15 ans dans la mer des Sargasses, après avoir donné naissance à ses alevins. Ces minuscules vermicelles vont entamer un long et périlleux voyage de 6000 km qui durera un an pour les amener vers la fin de l’année dans l’embouchure de nos rivières. Elles en remonteront le cours pour y grandir, avant d’entamer un nouveau voyage sans retour vers le Golfe du Mexique.
Très abondantes il y a quelques décennies, les anguilles sont les victimes de l’homme, de ses pollutions, des barrages, de la surpêche de ces alevins qui maintenant se vendent près de 1000 euro le kilo.
Les 35 pêcheurs de l’Adour ont décidé de manifester entre autres en barrant le port de Bayonne le 13 novembre. En effet, leur quota de pêche de 850 kg par an est atteint et ils veulent continuer de pouvoir prélever des alevins, car l’année est bonne.
Qui perdra ? les chères pibales, c’est sûr.
Au delà de la « scupidité » qui consiste a ne pas vouloir se conformer à un quota, fruit de négociations avec les scientifiques, c’est toute une approche de l’activité durable qui est en cause. C’est exactement le même problème que pour les saumons, eux aussi attendus par un labyrinthe de filets dès leur entrée dans l’Adour ( » Ours, saumons, anguilles, même combat » AP du 29 mars 2010).
Comment faudra-t-il expliquer aux Basques et Béarnais qu’un saumon vivant, pêché à la ligne par un touriste rapporte beaucoup, mais vraiment beaucoup plus que le même poisson dans la filière de la pêche professionnelle ?
Comment faudra-t-il expliquer qu’une rivière poissonneuse est un investissement touristique majeur.
Les Irlandais, Ecossais, Norvégiens, Islandais, …etc, eux, l’ont bien compris.
par Daniel Sango
Je m’associe tout à fait à cette démarche visant à dénoncer l’irresponsabilité des pêcheurs professionnels qui, aidés par les progrès de la technique, étendent l’efficacité de leurs bras tentaculaires de plus en plus loin pour bloquer tout ce qui remonte l’Adour. Ces bras s’étendent sur toute la partie maritime c’est-à-dire sur une vingtaine de kilomètres depuis l’embouchure de l’Adour.
Il n’y a pas que dans notre région; on signale que dans l’estuaire de la Vilaine, le taux de capture des civelles avoisine les 95 %. Si l’on ajoute à cela les 15 % de civelles prélevées en eaux douces et les 10 % d’anguilles jaunes, voire les captures d’anguilles argentées, l’addition commence à être lourde.
La pêche n’est pas la seule cause de cette extinction possible des anguilles à court terme si on ne réagit pas:
Le réchauffement climatique perturbe les courants marins entrainant des mortalités chez les larves.
Les barrages bloquent l’accès à l’ensemble du bassin versant et aspirent les anguilles dans les turbines à la descente.
La réduction des zones humides entraîne une baisse importante des habitats de croissance.
L’anguille semble particulièrement sensible aux pesticides. L’accumulation d’éléments toxiques réduirait en effet leur potentiel reproducteur.
Les participants à la conférence internationale de La Haye sur les espèces menacées ont décidé d’inscrire en 2007 l’«Anguilla anguilla» à l’annexe II de la CITES, celle qui accueille les espèces dont le commerce doit être strictement réglementé afin d’en assurer la sauvegarde.La proposition, présentée par l’Allemagne au nom de l’Union européenne, a été adoptée à une très large majorité.
Nos pêcheurs de l’Adour ne se sentent pas concernés; espérons que le fait d’avoir bloqué le port de Bayonne ne suffira pas à leur donner satisfaction!
Tout à fait d’accord avec vous. Mais les Norvégiens en particulier et les autres – Européens, Asiatiques Américains du sud… – malheureusement aussi, n’ont pas pour autant renoncé au produit commercial de la pêche en mer remplacée par la pêche « en aquaculture ». Le poisson d’élevage a remplacé le poisson de mer tout simplement. Et c’est l’homme qu’ils empoisonnent ! Des poissons aux qualités nutritionnistes certes (protéine, oméga3, minéraux, oligo-éléments, vitamines) à un prix très compétitif mais aussi avec risque ingestion d’antibiotiques, de polluants chimiques et métalliques… Le tableau est noir mais il existe un espoir : l’aquaculture biologique. Quel en sera le prix pour le consommateur ?
http://www.francetvinfo.fr/sante/video-envoye-special-poissons-d-elevage-un-business-en-eaux-troubles_452510.html
http://www.topsante.com/nutrition-et-recettes/decrypter-les-etiquettes/bien-choisir-ses-aliments/poissons-d-elevage-comment-sont-ils-nourris-23865
http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/dossiers/d/developpement-durable-poisson-elevage-aquaculture-questions-1669/