Biarritz Municipales 2014 – Questions à Guy Lafite, tête de liste « Esprit de Biarritz ! »


Guy LafiteA Biarritz, Didier Borotra (MoDem) ne se représente pas pour les élections municipales de mars 2014. Cinq candidats se sont déclarés à ce jour : Michel Veunac soutenu par le MoDem, Max Brisson soutenu par l’UMP, Richard Tardits (candidat indépendant), Jean-Benoît Saint-Cricq qui mène un rassemblement de la droite et du centre, ainsi que Guy Lafite, membre du Parti Radical de Gauche, soutenu par la gauche biarrote. Un sixième candidat pour le Front National pourrait se rajouter à la liste. Questions à Guy Lafite qui vient de créer la surprise puisqu’un sondage, paru le 20 février, le donne deuxième au premier tour. Un Guy Lafite pour qui l’exercice municipal n’est pas nouveau puisqu’il est actuellement adjoint en charge des finances et affaires juridiques auprès de Didier Borotra.

AltPy – Quel regard portez-vous sur la mandature qui vient de s’achever ?
C’est en fait toute une période, plutôt qu’une mandature, puisque Didier Borotra gère la ville depuis 23 ans, après avoir battu Bernard Marie avec une majorité composée de diverses sensibilités. Il a un bilan globalement positif, il a réveillé la ville, il l’a équipée et a maintenu un tourisme qui s’étale beaucoup plus tout au long de l’année. De ce point de vue là, cela a été un tournant très positif pour Biarritz. Je pense, par contre, qu’un certain nombre de points n’ont pas été suffisamment anticipés comme la question du logement et la nécessité d’une politique pour retenir les familles avec enfants. Il s’agit-là d’enjeux majeurs pour l’avenir.
Et puis Didier Borotra n’était pas vraiement doté d’un esprit intercommunal. Il y a donc un tournant urgent à prendre en ce qui concerne notre communauté d’agglomération comme il y a un tournant à prendre pour Biarritz.

AltPy – Au delà du logement, il semble qu’il y ait un problème au niveau des écoles, du primaire…
Le constat très inquiétant que je fais, c’est une perte de population liée en quasi-totalité à l’effondrement du nombre de familles avec enfants qui vivent à Biarritz. C’est nous qui avons fait de cette question un thème central (ndlr : de la campagne), repris aujourd’hui par tous les autres candidats. Lorsqu’on regarde les données, il y avait 3000 familles avec enfants en 1999, 1800 en 2009 et aujourd’hui probablement autour de 1500. C’est absolument dramatique. Si nous continuons comme cela, c’est une ville qui va perdre son dynamisme, sa créativité et des problèmes d’activité commerciale hors saison. C’est l’esprit de note ville qui risque de s’en aller.
C’est le premier enjeu, un enjeu majeur. Cela se traduit par des écoles qui sont en train de perdre massivement leurs élèves. Pour vous donner une idée, les maternelles ont perdu 30% d’effectif en dix ans.

AltPy – Quelles réponses comptez-vous y apporter ?
Il n’y en a pas cinquante. Le problème est tellement grave et massif que, de mon point de vue, on ne peut s’y attaquer que si l’on crée du logement adapté à ceux qui en ont besoin. Les gens qui ont des situations très modestes, il y en a beaucoup à Biarritz, mais également les couches moyennes sont en difficulté avec un foncier trop cher. 70% des ménages sur Biarritz ont des revenus qui leur donnent potentiellement accès au logement social.
Pour y faire face, il y a d’abord deux opérations importantes qu’il faut réaliser : c’est d’une part Aguillera, d’autre part Iraty ; avec comme potentiel 400 à 500 logements à chaque fois. D’autre part, il faut essayer de densifier le centre pour faire revenir les familles en cœur de ville, sous réserve de respecter le patrimoine architectural de Biarritz.
Je n’ai pas envi de revoir en effet ce qu’on a vu dans les années 70 – 80 avec des bâtiments qui ont enlaidi Biarritz. Il y a un travail sur la densification qui est tout à fait faisable et réaliste.
Il y a aussi quelque chose d’assez inattendu qui est la gestion du logement insalubre. C’est paradoxal à Biarritz mais il y en a plus qu’on ne le pense en particulier dans certains quartiers.
Sur ces trois volets, il faut agir fortement et rapidement pour stopper cet effondrement du nombre des familles avec enfants.
Pour les écoles, je ne suis pas du tout sur la position de mes concurrents qui voudraient faire fermer des écoles. C’est prématuré et en tout cas pas très logique parce que si on réussit à réinstaller les familles, les écoles verront leur effectif remonter.
Nous avons surtout un besoin de modernisation des écoles qui sont assez vétustes. Tout cela doit se faire en concertation avec la communauté éducative. Par ailleurs, lorsqu’il y a des salles disponibles, il y en a, nous avons des besoins de création de salles de repos, salles d’animation, salles de jeux, notamment avec la réforme des rythmes scolaires.

AltPy – Un autre axe important, celui de l’emploi. Une fois élu quels types d’actions vous pourriez engager pour favoriser l’emploi sur le territoire de Biarritz ?
La situation est paradoxale : nous avons perdu beaucoup de familles avec enfants et en même temps le nombre d’emploi à Biarritz a plutôt augmenté. Il n’a pas massivement augmenté mais il est passé de 11.700 emplois fin 90 à plus de 12.000 aujourd’hui ! Cela se traduit par les mouvements d’entrée et sortie de la ville, le matin et le soir, de ceux qui sont allés se loger à l’extérieur et qui reviennent.
Créer des emplois, c’est travailler sur deux volets : les emplois liés au tourisme ce qui à Biarritz est très important (25% des emplois sont directement liés au tourisme). Il faut continuer le développement du tourisme et sa diversification avec une politique forte pour attirer des salons et congrés en plus de l’action vers le tourisme individuel. Tout ceci doit être poursuivi.
Mais en même temps, nous avons une agglomération qui a beaucoup de potentiel : Une université, un port, un aéroport, des technopoles qui fonctionnent bien. Il y a plus de 1000 emplois sur Izarbel par exemple et si l’on veut avoir une gamme d’emplois qui permette aux gens de travailler dans l’agglomération, il faut une action forte en matière économique sur l’agglomération. Sur Biarritz de façon isolé, cela n’a pas de sens car nous avons peu de terrains disponibles. On peut créer un certain nombre d’activités sur la zone d’Iraty mais la plupart des activités qui doivent se développer ou s’implanter vont plutôt sur le reste de l’agglomération à Biarritz, Bayonne, Anglet, Bidart, Boucau. Egalement à la périphérie.

AltPy – Le développement économique est la compétence première de l’agglo…
C’est théoriquement la compétence de l’agglo. Encore faudrait-il qu’elle l’exerce correctement ! Vous savez combien il y a de personnes qui se chargent du développement économique à l’agglomération ? Il y en a deux. Cela montre bien que ce n’est pas une vraie priorité. L’agglo doit s’organiser pour être à la mesure des enjeux. Elle doit mettre en place un vrai service économique. Deuxièmement elle doit fédérer les acteurs, travailler avec la CCI, avec le port et les organisations d’entreprises. Elle doit aussi s’ouvrir sur la périphérie et demander aux autres communautés alentours si elles considèrent qu’il s’agit d’un enjeu majeur. Auquel cas il faudra travailler ensemble.

AltPy – Comment envisagez vous la place de votre ville dans le cadre de la Communauté d’Agglomération Côte Basque-Adour ? Quelle est votre position par rapport à la Présidence de celle-ci ?
Jusqu’a présent la Communauté d’Agglomération a fonctionné avec des villes un peu repliées sur elles-mêmes et qui l’utilisaient essentiellement pour des compléments de financement. Il faut en sortir. Nous devons passer le cap comme cela se fait dans la plupart des agglomérations en France. Nous devons travailler ensemble pour avoir un vrai projet collectif d’agglomération.
Biarritz doit être forte dans une agglomération qui elle-même doit être forte et qui tire tout le monde vers le haut.
L’agglomération doit exercer toutes ses compétences, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ; les élargir aujourd’hui ne me semble pas une nécessité immédiate. Biarritz doit prendre toute sa place dans cette démarche et porter ses propositions dans le cadre des projets de l’agglomération.
Il y a beaucoup à faire entre le développement économique, la qualité des eaux, les transports, le logement.

AltPy – C’est aussi l’ACBA qui doit gérer le problème de la pollution des plages biarrotes…
Bien sûr. L’assainissement fait partie des compétences de l’agglomération et d’ailleurs Surf Rider* a interrogé tous les candidats de l’agglomération. Ceux de sensibilité de gauche de Bayonne, d’Anglet, de Biarritz ont décidé de répondre ensemble. Nous leur avons adressé une lettre très détaillée, pas une réponse de principe. Nous y décrivons le projet que nous souhaitons mettre en œuvre pour traiter le problème de la qualité des eaux.

AltPy – En quoi votre méthode de gouvernance serait-elle différente de l’équipe municipale actuelle à laquelle vous apparteniez ?
Connaissant bien les collectivités et la gestion financière de celles-ci, Monsieur Borotra m’avait proposé de rejoindre son équipe en 2008. Avec le temps, je me suis aperçu que sa façon de fonctionner n’est pas tout à fait la mienne. Je considère que l’équipe municipale doit travailler de façon collégiale avec de vrais délégations. Je n’ai pas eu de problème particulier mais, dans les domaines plus opérationnels, la méthode de M. Borotra ne laissait pas beaucoup de marge de manœuvre à ses adjoints.
J’ai pu expérimenter, à titre professionnel les deux méthodes, celle que je propose me parait la plus efficace. Il faut surtout travailler en concertation avec les acteurs de la ville et la population. Il y a deux volets à développer. D’une part les conseils de quartier qui doivent être des acteurs de concertation, pas seulement sur le quartier mais aussi sur les politiques de la ville et ses grands projets et, d’autre part, créer des structures qui fédèrent les acteurs dans les domaines qui sont importants. Il faut par exemple une structure regroupant commerçants, hôteliers, restaurateurs pour éviter d’imposer des décisions incohérentes par rapport à leur besoin. Même démarche pour la culture, l’animation et la vie associative.
Cette façon d’associer les acteurs de la ville et la population à la gestion de la ville me parait fondamentale.

AltPy – Pourriez-vous aller jusqu’à des référendums d’initiative populaire ?
Je n’ai pas d’opposition de principe au référendum d’initiative populaire mais je trouve que c’est très lourd à organiser. On ne doit y arriver que quand un sujet n’a pas pu être traité par les structures de concertation normales. Cele ne me parait pas la panacée. Je n’ai rien contre le principe mais on ne peut pas les multiplier.

AltPy – Quel rôle pensez-vous donner à l’opposition municipale ?
L’opposition municipale sera dans toutes les commissions y compris les commissions extra-municipales. Cela me parait logique. Je m’engage aussi à les rencontrer régulièrement pour faire le point sur les projets, nos divergences, leurs propositions. Je reste ouvert. Il faut écouter tout le monde.
La majorité met en œuvre le projet qu’elle a porté devant les électeurs. C’est normal, mais cela n’interdit pas d’écouter l’opposition. Cela dit, si l’opposition prend des postures, la discussion ne sera pas d’une très grande portée. Si elle veut agir de façon constructive, la situation sera différente.

AltPy – Question ouverte au sujet de votre choix
Nous sommes à un tournant important pour la ville et pour l’agglomération. La situation va être très difficile avec des baisses fortes des dotations de l’Etat prévues pour 2014 et 2015 qui risquent fort de continuer, au moins en 2016. Dans cette situation, la force des équipes résidera dans leurs compétences et notamment celles de leur tête de liste pour arriver à gérer la ville sans pression sur la fiscalité.
Mon but est de ne pas toucher au niveau des taux. Mes expériences de gestionnaire de la ville de Marseille comme de la ville de Paris, de responsable du financement des collectivités dans de grandes banques me donnent une expérience très forte en matière de gestion pour la ville. J’ai rassemblé autour de moi un certain nombre de représentants des partis de gauche mais aussi majoritairement des gens de la société civile qui ont de fortes expériences dans le privé, dans le public, dans l’associatif. C’est cet ensemble de compétence que l’on souhaite mettre au service de la ville.
Ce volet est très important tout comme le volet « Ethique ». Toute personne qui s’engage avec moi signera une charte éthique. Je serai très attentif à ce que son comportement, le fait d’éviter tout conflit d’intérêt avec la ville et ses satellites, soit une règle que chacun s’impose.

– propos retranscrits par Joël Braud et Bernard Boutin

Le site du candidat : http://www.espritbiarritz.fr/les-actualités/municipales-biarritz-2014-avec-guy-lafite

Le sondage qui donne Guy Lafite en deuxième position au premier tour : http://www.sudouest.fr/2014/02/20/sondage-a-biarritz-l-ump-donnee-en-tete-au-premier-tour-des-municipales-1468201-6030.php

*La fondation Surf Rider : http://www.surfrider.eu/fr/presentation/notre-histoire.html

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