Le mot est devenu légèrement péjoratif. Mais, à l’origine, « magnates » signifiait grand ou puissant. Il ne sera ici question que des puissants de la chose publique.
Pour les puissants des médias ou du spectacle, la seule chose qui compte, c’est que l’on parle d’eux, que ce soit pour les louer ou les fustiger. Ainsi, ce n’est pas Jean Dieudonné, l’auteur à l’esprit encyclopédique de « Pour l’honneur de l’esprit humain » qui est connu du public, mais un histrion au geste exécrable. Hélas, il semble qu’il en soit aussi un peu ainsi dans le domaine de la politique. Un homme politique qui traîne une série de casseroles sera aisément considéré comme une victime dont le retour sera impatiemment attendu.
La notoriété a cependant du bon. Elle peut permettre d’aider de plus petits que soi, comme le font Manuel Valls et Alain Juppé. Elle peut attirer le regard sur une cause ou une ville. Ainsi, les téléspectateurs auront pu voir le scintillement de la neige des Pyrénées à la fin du journal télévisé de France 2 ce 12 mars. Le 27 février, c’est François Bayrou et le MoDem qui occupaient toutes les colonnes de la une d’un quotidien national, « L’Opinion », il est vrai encore assez confidentiel. La teneur de l’article était assez critique, comme son titre : « MoDem : le bazar des hôtels de ville ».
Dix cas de figures pour les alliances du Modem pour les municipales étaient recensés. Il n’est pas certain cependant que ce que le journal qualifie de « désordre » nuise à la candidature du Président du parti. Bien des Français sont eux-mêmes suffisamment désorientés pour ne pas condamner une ligne politique mouvante. D’ailleurs, l’intéressé pourrait arguer du fait que ses choix profonds n’ont pas changé et qu’il n’a fait que condamner des dérives en tous genres et un laxisme que nous payons au prix fort aujourd’hui après 600 milliards de déficits supplémentaires et une montée du chômage. En fait, il est probable que ce seront les listes socialistes qui paieront le désamour que l’on constate pour l’exécutif alors que la gestion des villes a peu à voir avec les mesures prises au niveau national. Et que d’ailleurs, lorsqu’un peu de recul permettra de porter un regard plus serein et lucide, on s’apercevra que beaucoup de ces mesures vont dans la bonne direction, c’est à dire vers le redressement du pays, le dialogue social, une meilleure formation professionnelle, une amélioration de la compétitivité des entreprises, une plus grande équité.
Ces paradoxes devraient conduire à porter plus d’attention aux projets qu’aux étiquettes politiques et devraient inciter à s’intéresser plus aux petits candidats. Si seulement on pouvait s’attendre de la part des grands à un peu de magnanimité afin de laisser plus de place aux adversaires d’hier au sein des conseils d’agglomération ! N’offrir que des strapontins à une liste qui n’a été devancée que de quelques centaines de voix, comme cela a été le cas lors des dernières élections n’est pas une bonne pratique. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Faudra-t-il attendre encore longtemps une France pacifiée, solidaire pour aller de l’avant et pour résoudre les problèmes que nous affrontons ?
Paul Itologue