Le choix des électeurs ne se limite pas à la considération des programmes en présence. Mais dans la mesure où ces programmes devraient être contraignants pour leurs auteurs, il est naturel de leur accorder une grande attention. Le but des lignes qui suivent est d’inciter à plus d’attention sur ces projets qui peuvent modeler le visage de la ville dans les années à venir. Seuls ceux de François Bayrou (F.B.) et David Habib (D.H.), qui sont les plus nourris et ont la plus forte probabilité de l’emporter sont considérés ici.
Cela n’étonnera personne que de constater que les projets des candidats se parent des adjectifs les plus positifs : ils veulent une ville entreprenante plutôt qu’endormie, solidaire plutôt que repliée sur soi, agréable plutôt que malpropre et insécure, durable plutôt qu’éphémère, et une municipalité attentive (D.H.) et ouverte au dialogue (F.B.). Qui ne souscrirait à de telles intentions ?
L’ordre varie, et cela peut traduire des priorités. L’expression diffère. Elle est parfois marquée de jargon technocratique : D.H. propose un « Fablab : nouvel espace de prototypage participatif qui permettra des partenariats entre organismes de formation, créateurs et entreprises ». A l’inverse elle peut être teintée de lyrisme : F.B. : « Pau Ville-Nature : Pau a les atouts pour être la ville la plus « nature » de France ». Il arrive qu’une expression soit reprise d’un candidat à l’autre : ainsi le titre 1 page 6 du programme de D.H., « Pau, une ville capitale » est reprise d’une antienne prononcée par F.B. lors des dernières élections. Plus sérieusement, on peut noter une différence d’accent sur l’attractivité de la ville. Pour F.B. elle viendra naturellement de la « remise en état de la ville » et de son animation. Pour H.B. elle procédera d’un catalogue de mesures visant le développement économique. Toutefois, certaines de ces mesures ne dépendent pas de la municipalité et l’on peut se demander s’il est bon que toutes les strates du mille-feuille territorial se mêlent de tout. De plus, il n’est pas certain que la création de 150 contrats d’avenir, d’apprentissage et d’accompagnement à l’emploi par la municipalité dès 2014 soit appréciée de tous les contribuables.
En matière de budget, on note une bien plus grande précision dans le programme de D.H. que dans celui de F.B. : même si Alain Lavignotte n’est pas présent sur la liste de D.H., celle-ci a pu bénéficier du détail de la ventilation budgétaire de l’actuelle municipalité. A l’inverse, F.B. qui se présente comme l’acteur du changement ne tient pas à se lier à une telle prévision. Il s’avance cependant sur une baisse de 1% par an des impôts sur 5 ans ; mais il ne précise pas si cette baisse tient compte de l’inflation et ce qu’il ferait dans l’éventualité des baisses de dotations de l’état.
Si le programme de F.B. témoigne d’une réflexion d’ensemble sur la pénétration d’espaces verts dans la ville, il n’est pas aussi détaillé que celui de D.H. sur les quartiers. Ainsi le Hédas, le quartier du quatorze juillet, le quartier Lawrance, mais surtout le projet de la porte des gaves et celui de l’université font l’objet de propositions précises dans le projet de D.H. Avec les risques de contestations que cela comporte. Ainsi densifier le campus avec de multiples constructions et un parking relais plutôt que de lui garder son rôle de poumon vert et lui laisser des possibilités pour l’avenir ne sera pas apprécié de tous. D’autant que ce projet porté par une étude financée par la municipalité actuelle prévoit aussi la disparition de la piscine Plein Ciel. Les programmes ne sont pas les seuls facteurs déterminant les choix des électeurs. Les orientations politiques générales jouent certainement un rôle crucial. Dans le cas de F.B., sa capacité à attirer l’attention nationale sur la ville de Pau et le Béarn joue probablement en sa faveur aux yeux de bien des électeurs. De plus, les sympathies ou antipathies pour les personnes peuvent peser. On peut noter que la présentation des colistiers par F.B. fait apparaître clairement l’activité professionnelle ou l’appartenance sociologique, tandis que celles-ci n’apparaissent pas dans le projet de D.H.. Par crainte de montrer un moindre éventail ? Les projets ou programmes présentés ne sont pas incompatibles. Ils ont même de nombreux points communs. En particulier quant à leur silence sur le rôle qu’ils assigneront à la communauté d’agglomération et en ce qui concerne leur discrétion ou prudence sur la question des transports en commun, le financement de la LGV ou la question des rythmes scolaires.
Gagner une élection est affaire d’habileté. On ne saurait reprocher à un futur élu d’en faire montre. Mais s’engager et surtout tenir ses engagements est encore plus appréciable.
Jean-Paul Penot
« Ainsi densifier le campus avec de multiples constructions et un parking relais plutôt que de lui garder son rôle de poumon vert et lui laisser des possibilités pour l’avenir ne sera pas apprécié de tous. »
La poursuite de ce type de débat me parait nécessaire. C’est la ville de demain qui se joue là.
Associer des propositions avec des couleurs politiques me parait le pire des scénarios.
Par exemple la densification des campus, la réduction des cours d’école (provoc pour Mme Poueyto…) pour mobiliser du foncier sont déjà envisagées dans des villes novatrices.
C’est à ce niveau du projet que le débat citoyen doit être engagé. Pas à la fin avec un référendum. Un comité saura alors désigner le meilleur projet. Il n’y en aura pas 36.
Ce genre de sujet (« densification de la ville ou pas, quels quartiers concernés, etc… ») fait parti des fondamentaux de l’évolution d’une ville. C’est la vision d’avenir, à savoir comment oriente-t’on l’urbanisme de la ville à 10 ans, 20 ans, 30 ans…
Or ces sujets sont totalement absents des débats et des catalogues de pub que sont les programmes électoraux. Ils ont été effleurés avec le « bus-tram », mais en les abordant par le petit bout de la lorgnette. Alors que derrière la façade du « bus tram » c’est bien d’urbanisme qu’il s’agit.