L’identité du Béarn vue d’un village du Soubestre


Décor  paysager d'une assiette A@PLa fierté de posséder de beaux paysages ainsi qu’une histoire fonderait une identité et constituerait un atout essentiel pour affronter l’avenir. S’approprier cette thèse n’est pas immédiat. En Soubestre le développement parait avoir d’autres fondements que la beauté des paysages ou l’histoire. Cependant la foi en l’avenir n’est plus inébranlable.
De nouveaux déterminants du développement se mettent en place.

Les paysages de mon village appartiennent aux « Versants Remarquables » des Luys.
Leur qualité est loin de représenter un facteur crucial de développement pour la majorité des habitants. Pourtant des générations ont construit ce décor qui est maintenant considéré comme un cadre transparent et étroit à la fois. Alors que l’art des anciens compagnons est souvent vanté, la tolérance à la laideur l’emporte fréquemment lorsqu’elle apparaît source de rentabilité. Bouleverser des espaces exerce même une certaine fascination. Sauf comme décoration, un beau paysage ne remplit pas une assiette.

L’histoire du village s’identifie à celle d’une ancienne Abbaye-Laïque. Elle n’est pas davantage reconnue comme facteur de développement. Elle est tout simplement ignorée. Pourtant l’Histoire de Fébus ou d’Henri IV, voire celle de petites baronnies, témoignent d’un niveau de civilisation avancé. Mais le monde a évolué. Les ingrédients et les recettes de la grandeur passée seraient forcément obsolètes. Pour beaucoup, le passé est synonyme de difficultés, de sacrifices et de souffrances. « Remuer le passé » ne servirait à rien et équivaudrait à réhabiliter la bicyclette ou la bougie, voire à retourner à l’âge de pierre.

La foi en l’avenir a conduit à un relatif désintérêt pour le passé ou pour l’environnement paysager. Cette foi en l’avenir est certainement portée par l’individualisme qui caractérise, entre autres, le monde paysan. L’intérêt général est davantage constitué par la somme d’intérêts individuels, souvent portés par le clan dominant, que par l’intérêt de la Société. Mais l’avenir n’apparait plus synonyme de bénéfice. Le progrès a un coût de plus en plus ressenti. Et puis, même le « temps se détraque ».          Les chemins du développement, suivis depuis des décennies, semblent incertains. En écho à ces doutes, le « loto-fientes », le concours du cri du cochon ou le vote FN se répandent en Soubestre. Un besoin d’enracinement dans une identité est manifeste.

Mais l’esprit de tolérance, la convivialité, les usages, le soin apporté aux personnes, aux maisons, aux jardins ont aussi de l’importance en Soubestre. Le matérialisme n’est pas la réalité profonde de la ruralité. Le besoin d’harmonie reste essentiel.
L’engouement pour la généalogie témoigne également d’un besoin de renouer avec l’histoire. Toutes les semaines, aux beaux jours, les pèlerins défilent par centaines sur le chemin du Puy-en-Velay. Des déterminants du progrès se mettent ou se remettent en place.

Réhabiliter l’intérêt général parait également nécessaire. Un retour au « bien commun » est souvent invoqué. Encore faudrait-il que cette notion, comme d’ailleurs celle du « penser global et agir local », voire du « développement durable », soit bien approfondie.

– par Larouture

PS : Les lectures d’articles dédiés à l’identité occitane sur le site A@P, des publications de  Laurent Davezies, Michel Houellebecq,  Axel Kahn et Jean Lassalle, accessoirement la vie politique régionale et nationale ont inspiré cet article.

 

 

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