Le chiffre qui tue…


arton2099Le forum citoyen qui s’est déroulé vendredi soir au Pavillon des Arts a été pour moi l’occasion d’assister à un flot continu de plaintes rendant ce moment stérile sinon burlesque.

  • « ma rue n’a pas été rénovée depuis 50 ans »
  • « la vitesse des voitures devant ma rue est excessive »
  • « lors du carnaval, les lycéens jettent des œufs sur ma façade, je suis excédée »
  • « la rue Serviez n’est plus éclairée comme à l’époque »
  • « les devantures de la rue Carnot sont horribles »

Arrivé une demie heure après le commencement de la réunion, je n’ai quasiment entendu que des plaintes autocentrées et sans considération collective.

Ces plaintes sont à ce point stériles qu’elles deviennent à la longue des occasions pour notre maire d’étaler son goût pour les bons mots. Ces derniers finissent d’ailleurs systématiquement par faire se tordre de rire toute l’assemblée : du maire lui-même en passant par l’auteur des ces lignes.

Misère de la démocratie !

Au moment où le chômage augmente, au moment où la défiance envers nos politiciens n’a jamais été aussi grande, au moment où notre maire cautionne l’austérité (sauf pour effacer les tags), ces rendez-vous citoyens ne sont en réalité que des « one man show », alors qu’ils devraient permettre l’émergence de solutions ambitieuses et collectives.

Les citoyens responsables et d’âge mûr présents ce soir là (une cinquantaine environ) étaient-ils tous à ce point ignares ou égoïstes pour ne poser que des questions aussi débiles ?

Puis vint la lumière ou plutôt le chiffre qui tue : 750 000 euros !

  • 750 000 euros soit le coût annuel de la maintenance des vélos en libre service (Idecycle)
  • soit 3 500 euros environ par vélo et par an pour un taux d’utilisation le plus faible de France (dixit le nouveau DGS)

Sachant bien évidemment l’impact que l’annonce de cette somme allait avoir sur l’assemblée (ignare), j’ai senti chez notre maire à ce moment précis comme une pointe de jubilation à peine dissimulée.

Je n’exclus pas ici de faire preuve de mauvaise foi comme me l’a fait remarquer un de ses conseillers à la lecture de mon précédant article. A la place où il est, ce conseiller doit bien évidemment être tout à fait objectif quand il s’agit de critiquer le premier représentant de l’autorité municipale et accessoirement son donneur d’ordre.

Plus sérieusement, au delà de ce montant astronomique, quelques questions me viennent :

  • est-il normal que les citoyens ne peuvent être tenus informés de ce genre de chiffre exorbitant qu’à ce moment et de cette manière (5 minutes avant de finir et pour rehausser le supposé pragmatisme du maire) ?
  • quelles sont les réelles actions que vont mettre en place les élus pour nous prémunir à l’avenir de ce genre de délire ?
  • enfin et surtout, si ces informations étaient plus largement connues, ne serviraient-elles pas à nourrir plus efficacement le débat local sur des sujets hautement plus importants que le type d’éclairage de la rue Serviez ?

Car en effet, de la même façon que la méconnaissance d’éléments de langage limite la pensée, il est certain que la méconnaissance des vrais dossiers et enjeux d’une municipalité appauvrit le débat citoyen et donc la démocratie.

Espérons que le prochain équipement des élus en tablettes numériques (impliquant forcément des échanges de documents numériques) donnera l’occasion à ces derniers de mettre les dossiers, rapports, audits et autres budgets à la disposition des citoyens.

Par Mehdi Jabrane

17 commentaires sur « Le chiffre qui tue… »

  1. Ce qui est amusant, c’est qu’on va les équiper de « tablettes », mais qu’ils ne passeront pas dans le « cloud ».

  2. Le point important que soulève cet article est le degré d’ignorance dans lequel les élus se complaisent à maintenir les citoyens. Des citoyens ignorants sont en effet facilement manipulables. Il suffit par exemple de leur balancer d’un air entendu « les vélos en libre service coûtent 750000€ par an », de laisser mûrir, et de supprimer les vélos en libre service quelques temps plus tard en toute tranquillité. Sans qu’on sache réellement ce que recouvrent précisément ces 750000€, ni même si ils ne sont pas inventés. Et la plupart du temps, inutile de compter sur la presse locale pour investiguer (un mot à peu près inconnu à la Rep).

    Idéalement, après quelques années d’utilisation du service, la mairie devrait réaliser un bilan objectif et chiffré : combien de déplacements par jour, qui l’utilise, de où à où, les postes de dépenses (investissement, entretiens, etc…), l’impact sur le reste de la circulation, ce qui manque pour le rendre plus attractif, ce que ça coûterait, etc, etc… Et rendre ce bilan public, afin que chacun puisse se faire une idée. Ainsi, la décision de poursuivre ou d’arrêter serait prise en toute transparence.

    Quelque chose me dit qu’on n’est pas près de voir ça à Pau…

  3. @Joël Braud,

    « Nous sommes des individualistes forcenés (…) C’est ainsi (…) Personne n’a encore trouvé le moyen d’empêcher la bêtise »

    J’ai eu la chance de relire dernièrement le livre de Neil Postman « Se distraire à en mourir ». Un chapitre évoque les débats qui eurent lieu entre citoyens nord-américains au milieu du XIXème siècle. Ce fait historique assez récent tend à prouver que les hommes ont la capacité de construire une société juste de manière désintéressée.

    Je pense donc qu’il est nécessaire et non utopiste de croire que les contributions de « monsieur tout le monde » sont une des clefs de réussite du projet démocratique.
    Lecteur assidu des Évangiles, je reconnais avoir du mal à désespérer du fils d’Adam.

    @RDV,

    J’espère être lucide quand aux vrais combats à mener pour atteindre une société harmonieuse.

    J’ai été un peu dur dans mes propos envers les citoyens présents ce jour là, bien que j’ai utilisé quelques formes interrogatives, mais ce n’était que pour faire valoir ma thèse : bien informé, le citoyen peut être force de propositions.

    Certes le citoyen doit faire son chemin pour s’impliquer dans la vie de la cité mais les élus doivent TOUT faire pour informer les citoyens des choses de la cité.

    En paraphrasant, Rousseau, Ledru-Rollin ou encore Kropotkine, je dirai que les élus ne sont nécessaires que pour mettre en oeuvre ou vérifier les choix des citoyens.

    Bien à vous

  4. Adishatz,
    Après une rapide recherche il semble que ce service coûte en effet ces prix là, dans la plupart des villes hormis Caen de mémoire où c’est moitié moins cher. Même si à mon sens cela ressemble à de la « mafia organisé » à ce prix là, je pars du principe qu’un service proposé à l’ensemble de la communauté (ou presque…) coûte plus qu’il ne rapporte. C’est triste mais c’est comme ça. Je ne suis pas utilisateur d’Idélib parce que trop loin de chez moi. j’ai donc opté pour le bon coin. Je n’ai pas mis 50 € parce qu’à ce prix là, on ne va pas bien loin avec et les frais de réparation sont certains.
    Bref, ce coût là est un soucis, le service proposé non. C’est pareil pour la voiture et je m’en désole…

  5. D’abord, d’où sort ce chiffre de 750 K€, quelles preuves ?… Parce que croire les politiciens sur parole, quand même pas ici…
    Un vélo sur le boncoin à 50-100 €. Ouais, un vélo de dépannage ou pour faire des petits trajets, pas un vélo performant. Mais ces vélos-là ??? J’ai essayé une fois pour voir: ça pèse 3 tonnes (pardon une vingtaine de kilos), bref: des vélos d’il y a un siècle !
    Quant aux plaintes◾« ma rue n’a pas été rénovée depuis 50 ans »◾« la vitesse des voitures devant ma rue est excessive » je ne vois pas pourquoi il faille les mépriser. Il s’agit d’urbanisme et de sécurité, idem pour la propreté. Et pourquoi la ville est-elle si en retard dans ces domaines au regard du niveau des impôts locaux ? Parce que l’argent part ailleurs: dans des sureffectifs clientélistes et des dépenses somptuaires.

    1. un vélo de dépannage oui, peut être, mais qui a les même fonction qu’un vélib
      montez te tourmalet avec un vélib;
      ensuite, il suffit de choisir sa monture. savoir si c’est pour se déplacer ou pour frimer.
      prendre un chiffon pour retirer la poussière soit même c’est pas déshonorant
      si le vélo est trop lourd pour monter l’avenue Napoléon Bonaparte.
      prenez l’ascenseur du conseil général (ou le funiculaire)
      ensuite qui parle de mépriser??? je n’ai que constaté que le regard circulaire , s’arrête a ses pieds

      1. On est d’accord: les vélibs sont des veaux.
        « se déplacer ou frimer » Goûtez un jour au vélo en carbone par rapport à l’acier, vous ne parlerez plus de « frime »… Quant au vélo électrique, je n’ai pas essayé mais j’imagine que ça doit être bien aussi.
        « qui parle de mépriser ? » Je reprenais les premières lignes de l’article de MJ qui parle de « plaintes rendant ce moment stérile sinon burlesque » à propos de problèmes d’urbanisme et de sécurité.

  6.  » un vélo sur le bon coin c’est; de 50 a 100€ »
    A ce prix là, il serait peut être temps que la Municipalité Paloise se pose la question s » il ne serait pas moins coûteux d’ offrir un vélo gratuit par an à chaque citoyen qui en ferait la demande. La différence d’ argent économisé entre les 350000 euros de maintenance et le coût annuel des vélos pourrait être affecté à l’ aménagement de parkings à vélos ainsi qu’ à l’ amélioration des pistes cyclables.
    Une fois de plus, là comme dans bien des endroits en France, on est très bons pour « pédaler dans la choucroute » sérieusement la tête baissée.

  7. Sur plusieurs points cet article m’interpelle.

    En tout premier lieu cette tête de mort me semble ne pas correspondre avec le sujet débattu. Mais passons.

    Ensuite, je regrette la confusion qui est faite entre le vélo et la bicyclette. Je vous renvoie pour cela au très beau texte de Philippe DELERM dans « La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » (Edition l’Arpenteur – 91 pages). Un chapitre (page 88) est intitulé « La bicyclette et le vélo » C’est le contraire du vélo, la bicyclette. …/…On naît bicyclette ou vélo, c’est presque politique. Mais les vélos doivent renoncer à cette part d’eux-mêmes pour aimer – car on n’est amoureux qu’à bicyclette. Ici il n’est question que de bicyclette.

    Enfin le prix d’un vélo est bien plus élevé que celui d’une bicyclette. Je n’ai aucun élément pour contester les chiffres fournis dans cet article. Cependant si vous m’offrez un vélo à 3 500 € voire à 5 000 €, vous me ferez un cadeau exceptionnel. Les coureurs du Tour de France ont des vélos dont la valeur est de cet ordre. Les bicyclettes sont bien moins chères. Je me range, à ce propos, à ce que dit l’Ours du Bois en précisant que l’on peut trouver une bicyclette neuve et de qualité pour 300 €.

    Pour terminer ; c’est l’écueil évident de toutes les réunions des forums ou autres comités de quartier que de descendre dans ces bas-fonds de l’étron du chien du voisin sur le trottoir devant chez soi. Nous sommes des individualistes forcenés et ne nous intéresse que ce qui nous gêne et surtout pas ce qui nous réjouit. C’est ainsi ; c’est ainsi surtout que ce genre de réunion ne peut déboucher que sur ce qui est décrit. Personne n’a encore trouvé le moyen d’empêcher la bêtise.

  8. Rien d’étonnant à cela.
    Relisez Alternatives Paloises, mon article du 21/10/2010 : « Idecycle ma chère idée… »
    Tout y est annoncé.
    Extrait:

    « L’Expansion dans son numéro d’octobre dresse un bilan de ce service en France. Vandalisme, vols, coûts très élevés de la gestion, le seul coût d’investissement et d’exploitation du service est estimé à 2500 euro/an/vélo. Si on y ajoute des coûts annexes, c’est 3200 euro/an/vélo. Ceci pour une flotte de 32000 vélos à l’échelle du pays principalement dans Paris, Lyon et les très grandes villes. Pour une ville comme Pau avec ses 20 stations et ses 200 vélos, l’effet d’échelle n’existe pas et le coût de revient est certainement multiplié par un coefficient 3 ou 4 ou peut être plus.

    Il serait intéressant de connaître le coût de ce service en or. On aurait des surprises. Mais ces coûts ne sont pas étonnants, on ignore souvent que le prix de revient du prêt d’une BD dans une médiathèque est de l’ordre de grandeur du prix de l’ouvrage lui même, que pour un système de transport en commun de bus la facture du contribuable est de l’ordre de 80% des coûts. Il en est de même pour les TER gérés par la Région (Mon cher TER)

    Si on estime pour Pau le coût de cette opération à 5000 euro/an/vélo (sûrement très en dessous de la réalité) soit un budget total de 100 000 euro/an, la ville de Pau pourrait accorder une subvention de 100 euro par vélo acheté par chaque palois (on est pas loin d’une subvention totale du vélo), mettant ainsi dans les rues de Pau 1000 vélos par an (et peut être bien plus). Cela mérite débat.

    On attend donc avec impatience les chiffres des coûts complets concernant IDEcycle, et pas seulement les chiffres concernant l’utilisation….

    par Daniel Sango « 

  9. Puisque nous sommes dans les chiffres.
    750000 € de frais de maintenance par an… ne serait-ce pas une faute de frappe de l’auteur de l’article ? Si c’est le cas, sautez le paragraphe suivant qui devient sans objet même si 75000€ ce soit encore beaucoup !
    750000 € de frais de maintenance pour 220 vélos par an, soit 3400 euros par an, soit plus que le prix d’un vélo neuf par mois… Mais qui a avancé ce chiffre ? Un élu de la municipalité ? Exigeons sa démission et le renvoi du responsable administratif qui le lui a donné. Un citoyen dans la salle ? Il est indispensable d’équiper d’une calculatrice tous les élus et responsables présents lors des forums citoyens pour un contrôle rapide de la vraisemblance des chiffres avancés. Quoique ceux qui en avaient une, aient certainement calculé la mauvaise moyenne : le coût par habitant de la CAPP (120000 habitants) soit 6,25 €.
    Les déplacements urbains à Pau, c’est 3 entités : STMU, STAP et Idélis. Chacune avec ces compétences soit mais chacune avec ses équipes de direction soit un président et /ou un directeur et leurs services (mutualisés pour ce qui est des entités qui relèvent de la CAPP. A simplifier, à alléger ! Et si c’est la loi qui impose une organisation aussi complexe, nous citoyens exigeons qu’elle change.
    Mais revenons à Pau et demandons la communication de chiffres simples (cela rendra aussi et certainement service à nos élus communautaires) :
    – Coût de fonctionnement total des trois entités.
    – Coût de fonctionnement prévisionnel de la future ligne BHNS
    – Coût de fonctionnement de chacun des services assurés par la STAP : IDELIS (bus), Idécycle (vélos), Idélib (voitures) pour le cas où ce service serait maintenu
    – Coût total des charges salariales
    – Rémunération des dirigeants de chacune des trois unités et de leur état-major
    Sur le site de la CAPP on peut lire : un bus toutes les dix minutes, c’est parfait, mais on devrait impérativement compléter cette information :
    – le temps d’attente entre deux bus au terminus de chaque ligne…
    – une mesure précise (statistique par un organisme indépendant) du nombre de passagers abonnés ou avec ticket à chaque rotation et non par un total et une moyenne par jour, mois et année.
    – Le nombre de passagers au terminus de chaque ligne et pour chaque rotation.
    Etc… Etc

  10. Puis vint la lumière ou plutôt le chiffre qui tue : 750 000 euros !

    750 000 euros soit le coût annuel de la maintenance des vélos en libre service (Idecycle)
    soit 3 500 euros environ par vélo et par an pour un taux d’utilisation le plus faible de France (dixit le nouveau DGS)
    

    un vélo sur le bon coin c’est; de 50 a 100€

    quand a chacun son « petit jardin », c’est pas nouveau, et sous martine, déjà la même chose
    chassez le naturel il revient au galop!!!

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s