Jaurès Vs Bayrou ou la dette 2.0


POP_ART_JEAN_JAURESLors du conseil Municipal du 17 novembre, MM. Bayrou et Pérès (adjoint aux finances) ont rapidement évoqué l’adhésion de la ville de Pau à l’Agence France Locale pour 550 000 euros. Nous reviendrons dans un second texte sur l’objet de cette décision importante. Mais avant cela, un petit texte de Jaurès sur la question des finances et de la dette publique au moment de la Révolution Française me semble pertinent.

Le texte ci-dessous est un extrait du tome I de l’Histoire socialiste de la Révolution Française de Jean Jaurès (pour Oscar : édition de 1922, 6 euros TTC d’occasion libraire Chilpéric à Pau).

« En 1789, dans le tableau communiqué par Necker à la Constituante, la dette publique s’élève au chiffre de 4 milliards 467 millions. (…) Mais quelles que fussent l’origine et la forme de cette dette, elle était représentée par des billets, par des titres.

On voit quelle énorme place les créanciers du Trésor Public tenaient dès lors dans la vie de la France.

Une somme de 250 millions était consacrée au service de la dette. (…) L’intérêt annuellement servi représente le dixième du produit net total de la terre de France.

Il est aisé de comprendre combien les créancier de l’État étaient une force sociale ; par eux, la bourgeoisie était maîtresse financièrement de l’État moderne, avant de s’en emparer politiquement.

Il n’y avait pas de régime qui put résister à un soulèvement des créanciers : or la bourgeoisie créancière de la monarchie d’ancien régime ne se sentait plus en sûreté avec celle-ci. Elle avait toujours à craindre une banqueroute totale ou partielle décrétée par la volonté d’un seul homme : et son inquiétude croissait avec le montant même de la dette.

Rivarol a écrit : la Révolution a été faite par les rentiers ; et il est bien certain que si beaucoup de bourgeois ont réclamé un ordre nouveau, c’est pour mettre la dette publique sous la garantie de la nation plus solide que celle du roi. »

Étonnant non ?

Certes, cette mise en lumière d’une des causes de la Révolution Française n’est pas celle enseignée à l’école, mais ce qui est important ici c’est que la Révolution bourgeoise continue en réalité son œuvre en allant encore plus loin dans sa volonté de sécuriser ses affaires.

Comme nous le savons tous, mieux vaut avoir 1 000 clients à 1 euro que 1 client à 1 000 euros !

Or après l’Etat, ce sont les collectivités qui jouent aux apprentis sorciers en déléguant un peu plus « la planche à billets » à des institutions pas toujours soucieuses du bien commun.  « Planche à billets » dont M. Bayrou fait mine d’avoir horreur devant des élus absents (hormis Mme Castéra) alors qu’il sait pertinemment que la FED et la BCE (indirectement encore) la font tourner à plein régime.

Monsieur Bayrou donc, qui comme tout être humain n’est pas à une contradiction près, continue à imposer sa vision « lucide » des finances avec des arguments toujours spécieux (pas d’autre alternative possible sinon c’est le FN et le chaos) devant un Dartigolles toujours droit dans ses bottes (et avec raison) tout en optant pour une pseudo mutualisation des besoins d’emprunts sur le marché obligataire via cette Agence, qui bien évidemment et c’est écrit dans sa charte, ne peut pas être déclarée en faillite et ne peut pas cesser d’exister…

Je reviendrai un peu plus en détail sur ce dispositif et ce qu’en dit d’ailleurs le cabinet (Michel Klopfer) qui a audité les comptes de la CDA dans un rapport dont nous attendons qu’il soit mis à la disposition de tous.

par Mehdi Jabrane

 

5 commentaires sur « Jaurès Vs Bayrou ou la dette 2.0 »

  1. Je reviendrai un peu plus en détail sur ce dispositif et ce qu’en dit d’ailleurs le cabinet (Michel Klopfer) qui a audité les comptes de la CDA dans un rapport dont nous attendons qu’il soit mis à la disposition de tous…..

    Je précise :

    A l’évidence il s’agit au moins d’un excès de précipitation au pire d’une dépense totalement perdue de 550 000 € qu’il va falloir financer par la dette avant que, très aléatoirement, elle ne rapporte.

    En effet contrairement à 2 008 les banques débordent de liquidité.et jamais dans l’histoire les collectivités n’ont pu se financer à des taux si favorables (autour de 2 % sur 15 ans nettement moins de 3 % sur 30 ans).une situation parallèle à celle des taux immobiliers.

    Par ailleurs à cause de la crise les investissements des collectivités vont être réduits à leur plus simple expression et les financements des rares banques dont c’est le métier ( caisse d’épargne , crédit agricole,crédit mutuel,et dorénavant la poste) auront largement de quoi nourrir le marché. Incidemment on peut se demander la rationalité de monter et de financer avec les impôts des citoyens cette nouvelle agence pour concurrencer de structure privées ou semi-publiques.

    Surtout le financement de la structures qui ne dispose d’aucuns comptes courants va se faire sur le marché international des capitaux une fois que les droits d’entrée faramineux réclames auront été épuisés pour couvrir les frais de fonctionnement.

    Et là on ne voit pas par quel miracles avec sa notoriété réduite à rien et probablement avec une notation défavorable l’agence France locale va pouvoir lever des capitaux à de meilleures conditions que ses concurrents pour les revendre aux collectivités adhérentes.Ceci en expliquant que ses seuls clients sont les collectivités françaises dont beaucoup sont ou vont en très mauvaise santé financière

    Cela rappelle, certes sur un modèle plus petit et à priori moins risqué , fâcheusement la faillite de Dexia qui avec beaucoup d’application a fourni les collectivités en contrats toxiques et qui a subi une faillite pire que celle du crédit lyonnais.Comme l’agence France locale cette banque était spécialisée dans le crédit aux seules collectivités et n’avait pour seule ressource que le marché des capitaux.

    Monsieur Bayrou il semble que vous soyez mieux conseillé en matière de bonheur que par de bons experts financiers.Dommage pour le bonheur contribuables palois..

    1. L’Agence France Locale montre toute l’incompétence de nos élus et les travers de la décentralisation. Elle est l’exact pendant de l’initiative des régions en matière d’achat de matériel ferroviaire que je décrivais dans un article précédent.

      Les Regions qui achètent des dizaines de rames de TER pour des centaines de millions d’euro par an se sont rendues comptes que séparément elles payaient le prix fort et des prix différents…logique…
      Elles ont donc crée une agence pour centraliser les achats…
      En fait c’est donc une recentralisation…
      Même chose pour cette agence, création d’un intermédiaire pour le financement des collectivités…
      On crée donc des intermédiaires pour « recentraliser » ce qui bien sûr augmente le coût final de l’opération…

      Faire ou défaire pour un politique c’est toujours travailler… Pôvre France!

  2. Contribuable palois, merci d’aller dans mon sens.

    « d’où sort cette élucubration »
    Regardez par vous même la vidéo du conseil.

    « La FED fait tourner sa planche à billets, à l’opposé de la BCE qui elle ne fait pas tourner »la sienne de planche à billets », et c’est justement ce que beaucoup lui reprochent »
    « Beaucoup » c’est vite dit !
    Et puis la source que vous utilisez (« le magazine libéral The Economist »)…Soyons sérieux !
    Pourriez-vous me dire combien la BCE a injecté de milliards pour renflouer les banques lors des dernières crises ?

    « Malheureusement M Jabrane , quand vous citez Jaurès vous faites sauter [pourquoi donc?] la partie essentielle de texte de Jaurès »
    Je vous retourne la question : pourquoi « Malheureusement » ? Il est évident que la partie en question n’apporte rien de plus à mon propos. Au contraire !

    « Une moitié du budget absorbée à verser les intérêts! On n’est pas en 1789 mais ça pourrait vous ouvrir une réflexion: quand les créanciers se réveilleront? »

    Vous avez un humour un peu spécial ou alors vous avez compris le texte à l’envers

  3. Monsieur Jabrane d’où sort cette élucubration « « Planche à billets » dont M. Bayrou fait mine d’avoir horreur devant des élus absents (hormis Mme Castéra) alors qu’il sait pertinemment que la FED et la BCE (indirectement encore) la font tourner à plein régime ».

    La FED fait tourner sa planche à billets, à l’opposé de la BCE qui elle ne fait pas tourner  »la sienne de planche à billets », et c’est justement ce que beaucoup lui reprochent

    http://www.challenges.fr/economie/20140904.CHA7349/pourquoi-la-bce-doit-faire-tourner-la-planche-a-billets.html

    Malheureusement M Jabrane , quand vous citez Jaurès vous faites sauter [pourquoi donc?] la partie essentielle de texte de Jaurès:  »quelles que fussent l’origine et la forme de cette dette, elle était représentée par des billets, par des titres. On voit quelle énorme place les créanciers sur le Trésor public tenaient dès lors dans la vie de la France. Une somme de 230 millions était consacrée tous les ans au service des intérêts. Ainsi, dès 1780, la caractéristique essentielle du budget bourgeois apparaît dans les derniers budgets de la monarchie. Une moitié des ressources ordinaires du budget est absorbée par le service de la dette ».

    Une moitié du budget absorbée à verser les intérêts! On n’est pas en 1789 mais ça pourrait vous ouvrir une réflexion: quand les créanciers se réveilleront?

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