Avec plaisir.
Ce n’est pas un terme très utilisé en écologie mais plutôt en gestion de l’environnement où il est employé pour délimiter la taille d’une zone ou d’un habitat à mettre sous protection.
Une espèce parapluie (ou ombrelle) désigne une espèce dont l’étendue du territoire doit être très vaste et variée écologiquement pour qu’elle perdure.
L’aigle royal par exemple a un territoire qui dans notre région peut couvrir l’ensemble d’une vallée, soit plus d’une centaine de km2, variable d’ailleurs suivant la richesse en proies de la zone.
L’importance de la surface implique que sa préservation suppose, de fait, celle des nombreuses espèces qui y vivent et qui sont situées à des niveaux trophiques différents, disons, pour simplifier, que cela permet la protection d’une biodiversité importante, que ce soit au niveau minéral, végétal et animal.
Les espèces «parapluie» sont en général des prédateurs, en fin de chaîne alimentaire, c’est la cas de l’aigle, des grands rapaces, de grands mammifères comme l’Ours, la loutre dans le milieu aquatique. Sous d’autres cieux on parlera du tigre.
Mais ce n’est pas toujours le cas ; la restauration de l’habitat du Tétras qui est végétarien, est notamment profitable à d’autres oiseaux remarquables qui partagent son habitat comme la Gélinotte des bois, la Chouette de Tengmalm, la Chevêchette d’Europe, ou encore le Pic Noir. On peut citer aussi, sous d’autres cieux, le panda géant,…
Il n’y a pas que les grandes espèces charismatiques généralistes, il y a aussi les espèces-parapluie spécialistes dont les espèces associées présentent une richesse spécifique similaire, voire plus importante. Citons par exemple des papillons.
Il faut lire les comportements des papillons de la famille des Lycénidés qui ont besoin d’interagir avec différents organismes pour accomplir leur cycle de développement complet. C’est le cas de l’azurée du serpolet (maculinea arion) dont l’adulte se nourrit de nectar de fleurs diverses, dont la chenille consomme les corolles des fleurs d’origan et de thym, le dernier stade nécessitant le transport dans une fourmilière où elle se nourrira du couvain.
Homo sapiens, dont l’étendue du territoire est la plus vaste de toutes les espèces, pourrait être une espèce-parapluie, mais son empressement à détruire tout ce qui bouge dans son espace ne justifie pas son élévation à cette plus haute marche de la préservation !
– par Georges Vallet
Crédits photos: loutres.be
La notion de bio indicateur me parait excessivement fertile et avisée .Avec ces indicateurs on sort des capteurs en tout genres qui nous pourrissent le cerveau et qui nécessitent une connexion aux réseaux de toutes sortes.capteurs qui en eux -mêmes constituent des polluants et ont un impact négatif..
Pour relever les compteurs il suffit parcourir les espaces et de comptabiliser selon protocole bien agencé. .Un travail qui peur être fait soit par des professionnels soit par des étudiants soit par des bénévoles.Avec ensuite un recoupement des informations pour validation.
la notion, plus fine, d’espèces parapluie ( la loutre l’ours les desman la salamandre les coléoptères les chauves-souris) servant si j’ai bien tout compris à porter d’un seul coup un relevé qualitatif sur l’ensemble du biotope
Il semble que ce raisonnement soit également reproductible aux espaces urbanisés : bois de Pau parking du stade de rugby ou du zénith plages de Biarritz stade de saint Pée à Oloron avec une information auprès des citoyens et des comparaisons sur des espaces comparables.
le premier intérêt est que ces indicateurs parlent à l’imaginaire et s’affranchissent des tonnes de chiffres ou de courbes dont nous sommes submergés.
Plus fun que les informations comptables des collectivités locales qui bien sur, sur un autre plan, ont leur intérêt
Pierre Yves Couderc
« La notion de bio indicateur me parait excessivement fertile et avisée »
Tout à fait d’accord mais la spécificité de l’information est différente de celle de l’espèce parapluie. L’une a une vocation plus conservatoire, le bio-indicateur plus scientifique et biologique, mais chacune a son intérêt .
Le bio-indicateur est une donnée écologique, sa présence est la preuve que l’écosystème qu’il habite est stable, en bon état, et apporte tous les éléments écologiques dont il a besoin. Cet écosystème peut être vaste ou très localisé. Ainsi, il suffit de vérifier, dans une forêt par exemple, par périodes, l’existence d’un nombre d’individus par unité choisie, de quelques espèces bien ciblées par leurs exigences écologiques pour évaluer la qualité de cette forêt et son évolution dans le temps. La présence du bio-indicateur est l’assurance que tout un cortège vivant et non vivant est en état.
Ainsi Le pique-prune (Osmoderma eremita) a fait parler de lui à une époque; c’est un insecte de la famille des Cétonidés, en régression, menacé et protégé car c’est un chaînon essentiel dans le fonctionnement écologique des milieux forestiers, et sa présence est un bio-indicateur fiable de la qualité des milieux (Une forêt « propre », industriellement rentable en est dépourvue mais son équilibre est fragile et artificiel). La larve peuple les cavités des vieux arbres emplis de terreau à partir duquel elle se nourrit. Très mauvais voilier et lourd, l’adulte se déplace peu, mais si son territoire peut être limité à quelques vieux arbres, il importe de conserver en l’état un zone assez vaste pour limiter les consanguinités.
Les champignons, les lichens sont de remarquables bio-indicateurs de la pollution de l’air et des sols en surface, radioactivité entre autres; il est déconseillé, par exemple, de manger des cèpes récoltés dans un bois en contre bas d’un champ de maïs par exemple.
Merci M. Vallet . J’avais seulement en mémoire que ces espèces constituaient des indicateurs de la bonne santé d’un écosystème sans forcément en être un maillon essentiel. Je pensais bien sûr à l’ours ou encore au gypaète barbu.
Si ces espèces disparaissaient, la biodiversité serait réduite mais l’écosystème ne serait pas forcément menacé. Aussi, pour certains, la disparition de ces espèces n’est pas problématique.
Toutefois, en plus de la valeur symbolique (culture, patrimoine, identité), ne perdrait-on on pas ainsi des indicateurs très précieux de la bonne santé d’un écosystème ? Ces disparitions ne se succèderaient-elles pas ainsi les unes après les autres dans une sorte de spirale ou de jeu de domino? Après l’ours ou le gypaète à qui le tour de disparaître ? Ce scénario ne s’est-il pas appliqué aux rivières béarnaises dont l’état biologique est maintenant très moyen ?
Mais, on apposera aussi que la mesure des bienfaits de la biodiversité ne sont encore quantifiés. Ou encore que l’homme est suffisamment créatif pour pallier cette diminution. La gestion de l’eau dans le bassin de l’Adour pour réguler les étiages des rivières, avec le mécano entre les retenues et les différents bassins, pourrait en être un exemple. Peut-être pas des plus convaincants.
Il faudra bien que ces positions, a priori opposées, soient surmontées.
Larouture:
1°)«Si ces espèces disparaissaient, la biodiversité serait réduite mais l’écosystème ne serait pas forcément menacé. Aussi, pour certains, la disparition de ces espèces n’est pas problématique.»
Un écosystème est l’ensemble formé par une association d’êtres vivants et son environnement biologique, géologique, édaphique, hydrologique, climatique, etc. Les éléments constituant un écosystème développent un réseau d’échange d’énergie et de matière permettant le maintien et le développement de la vie. Il est composé de producteurs (les plantes), de consommateurs (les animaux) et de bio-réducteurs (micro-organismes), qui sont aidés par l’énergie du soleil.
Si la biodiversité se réduit, automatiquement l’écosystème sera menacé; suivant l’importance et la rapidité de la baisse, il évoluera vers un autre équilibre ou disparaitra.
C’est donc «problématique car la dégradation est très rapide!
2°)«Mais, on apposera aussi que la mesure des bienfaits de la biodiversité ne sont pas encore quantifiés.»
C’est en effet très difficile à apprécier car les apports à l’économie humaine, lato sensu, sont considérables et s’irradient partout.
Des études évaluatives à partir d’indicateurs spécifiques existent. Sur Internet vous pourrez avoir des informations; ainsi, wikipedia propose l’information suivante:
«La dégradation de la biodiversité et donc des écosystèmes induit des pertes de services écosystémiques (qui étaient gratuitement rendus par les écosystèmes), ce qui se traduit par des coûts économiques largement ignorés jusque dans les années 1990.
Pour la décennie 2000-2010, La perte directe induite par la perte de services écosystémiques était estimée à environ 50 milliards d’euros par an. Mais des estimations portent à 7% du PIB mondial les pertes cumulées en termes de bien-être d’ici à 2050.
Merci monsieur Vallet de ces informations complémentaires qui me passionnent et me réjouissent mais dont je ne suis naturellement pas un spécialiste..
pas même des ours venus de l’est ou autochtones qui emplissent de terreur cet estimable contributeur qu’est monsieur Picaper .
Au moins deux remarques:
1) L’intérêt de la notion très féconde d’espèces parapluie
Homo sapiens, dont l’étendue du territoire est la plus vaste de toutes les espèces, pourrait être une espèce-parapluie, mais son empressement à détruire tout ce qui bouge dans son espace ne justifie pas son élévation à cette plus haute marche de la préservation !
L’idée que l’homme fait partie du monde animal même si on peut entendre que les hasards er la nécessité de l’évolution lui ont fait dépasser un gap qui le différencie, semble t »il des autres espèces ( comme la conscience de la mort et la capacité à s’affranchir de sa biche écologique).
Cela signifie que les hasards de l’évolution auraient ou pourront se produire chez d’autres branches par exemple chez les céphalopodes (très intelligents à ce qu’il parait)…voire chez les ours frappés ou non de gémellité..
L’homme comme sa femelle ne sont (aussi) que des grands singes d’environ 70 kilogs ..
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« même si on peut entendre que les hasards er la nécessité de l’évolution lui ont fait dépasser un gap qui le différencie, semble t »il des autres espèces ( comme la conscience de la mort et la capacité à s’affranchir de sa biche écologique). »
Le fait de se différencier des autres espèces n’est pas un argument valable pour mettre en doute son appartenance au monde animal, même si c’est son intelligence ou sa conscience de la mort; cette dernière information étant d’ailleurs contestable quand on va dans les abattoirs ou que l’on étudie la psychologie des éléphants et des mammifères marins par exemple.
Toutes les espèces sont différentes et se sont adaptées, ou non (elles disparaissent alors), à leur environnement en fonction de leur constitution physique, physiologique, nerveuse. Il y a bien des avantages que l’on trouve chez des animaux qui n’existent pas chez l’homme! L’intelligence considérée comme la supériorité suprême l’est-elle vraiment? Que signifie d’ailleurs être supérieur?Tout dépend ce qu’on en fait! Le tigre, les félins en général, sont considérés comme cruels et dépourvus d’intelligence; au nombre de tortures et de morts, c’est vrai, nous sommes supérieurs!
Ce qu’on peut dire, c’est que cette « supériorité » est la dernière, de nos jours, à avoir émergé dans le vivant.
Donc, contrairement à ce que je croyais, l’espèce parapluie n’a rien à voir avec l’espèce parachute doré. C’est réconfortant ! merci, GV!
Absolument, l’espèce parachute doré: homo sapiens sous espèce economicus directorius, revient sur terre quand il veut, sans problème, grâce à son parachute, ce qui n’est pas le cas avec homo économicus salariensis car,même avec un parapluie, la chute est létale. Par contre, je ne trouve pas que ce soit réconfortant!