On avait enfin compris que le travail ne manquait pas mais qu’il n’était plus réalisé par l’homme.
Nos milieux politiques et économiques avaient créé de nouvelles conditions de gestion du monde du travail où la croissance des bénéfices et de la production-consommation n’était plus essentielle ; ils avaient compris que la croissance baissait partout parce qu’elle ne pouvait pas croître toujours. On nous disait qu’il fallait au moins 3% de croissance pour créer de l’emploi, c’était la grande illusion qu’on voulait nous faire croire encore possible !
Les dernières nouvelles de la baisse du chômage sont un leurre basé sur l’incontournable supercherie des chiffres. Lundi soir, au journal de 20h on expliquait que l’on supprimerait massivement des emplois qualifiés dans l’aéronautique et, en contre-partie, quelques minutes après, on nous démontrait qu’on assistait à des embauches massives dans la restauration rapide, d’où un bilan chiffré qui peut devenir positif du fait que l’on compare des choses incomparables !
«Fabriquez plus, vendez plus, libérez les contraintes, les charges,….» qu’ils disaient !
Fabriquer plus ? Les entreprises ont de moins en moins besoin de personnel pour cela ; de la mécanisation à l’informatisation et à la robotisation, tout concourt à diminuer les emplois ; la partie technique théorique créative est réalisée par des Startup de quelques personnes seulement, la partie pratique par des machines et maintenant des robots. Les robots, les voitures…, étant fabriqués par des robots, pas besoin, ou si peu, de personnel ! Les ordinateurs ont déjà supprimé les secrétaires, les radars suppriment des policiers, la vidéo surveillance aussi, les cours sur internet, les enseignants, les aspirateurs intelligents, les femmes de ménage…..
Les grosses structures n’ont plus leur place ; elles suppriment en masse le personnel de gestion ; il reste encore, pas pour longtemps, du personnel qui surveille ceux qui surveillent l’éventuel retard ou l’insuffisante rentabilité des employés restant, ils seront remplacés sous peu par des algorithmes de surveillance. Le matériel de base : matières premières…., machines…, est acheté à l’étranger dans les pays où la main d’œuvre est employée en contrepartie d’une aumône dérisoire. On achète notre énergie polluante à l’étranger. Les entreprises publiques suppriment également du personnel et ce n’est pas encore assez, paraît-il ! Les NTI en rajoutent une couche.
Alors, tout concourt à supprimer les emplois !
>Libérer les contraintes, c’est peut-être favoriser des emplois, mais mortifères !
- Il est de plus en plus prouvé que les perturbateurs endocriniens, répandus partout, sont en grande partie à la base de ce désastre humain appelé obésité, maladie d’Alzheimer, cancers, pubertés précoces chez la fille, malformations génitales du garçon….
- Libérons les contraintes pour polluer l’air, l’eau, la terre (agriculture productiviste..), les nanoparticules s’y emploient ; pour bétonner à profusion,
Répandre des pesticides hautement toxiques et responsables de nombreux troubles mortels, maladie de Parkinson.., mises en danger de la vie d’autrui dans l’industrie à Fos-Sur-Mer chez Arcelor Mittal (émission sur la 3, 20h45, le 19/10/15 sur la santé humaine). - Libérons les contraintes pour favoriser les bénéfices des actionnaires qui n’achèteront pas en France mais placeront à l’étranger, là où cela rapporte plus ! • Libérons les contraintes pour baisser la durée et les indemnités de chômage, le salaire minimum, les pensions…, reculer l’âge de la retraite, comme savent le faire les pays qui «réussissent» !
Ils avaient compris qu’une telle situation obtenue et défendue par la puissance de l’argent, la force de la persuasion, la publicité mensongère, l’ignorance, ne pouvait conduire qu’à un affrontement violent.
Turgot, en 1774, a des idées économiques nouvelles ; il pense qu’il faut sortir la production du carcan qui l’étouffe, la faire respirer, se fier au marché. Il est ce qu’on appelle de nos jours un libéral.
Il ordonne la libéralisation du commerce des grains.
Cela se traduit par une catastrophe. La récolte de 1774 a été très mauvaise et le blé manque dans certaines provinces. Le blé file là où il pourra se vendre le plus haut et du coup, il manque partout, la spéculation fait valser les prix. Bientôt les gens ne peuvent plus acheter le pain, des émeutes terribles éclatent, c’est la guerre des farines. Le ministre ne réussit à mater ces «rebelles» qu’en envoyant des milliers de soldats châtier ces impudents qui utilisent «des moyens brutaux illégaux»pour régler leurs problèmes ! La révolution allait suivre.
Des lois ont été votées, des décrets promulgués dans la foulée
- Puisque les machines travaillent à notre place, elles produisent pour nous de la valeur ajoutée, il est normal que la durée du travail des hommes baisse. Cela libère du temps pour la consommation.
- Au lieu de faire des bénéfices en remplaçant du personnel par des machines, on a décidé que chaque machine, du fait de son travail, méritait un salaire équivalent au nombre de personnes remplacées ; ce dernier, reversé, permettait la vie normale des citoyens, le logement, la consommation des ménages, le paiement de l’impôt, de la Sécu dont le déficit s’amenuisait.
- Des emplois ont été créés dans toute la sphère des énergies renouvelables, la disparition de l’agriculture industrielle entièrement mécanisée, polluante, est remplacée par une agriculture tournée vers une alimentation diversifiée et protectrice de la santé; elle n’est plus destructrice d’emplois mais de création pour du personnel non diplômé ; le mode de vie est à la hauteur des besoins réels et non des besoins démentiels jamais assouvis.
- Une poste, une école, un commerce, un bar, une gendarmerie, un artisanat.. Et aussitôt la vie renaît, le personnel de santé se rapproche….Les «déserts» revivent, les emplois, les salaires, la consommation, les impôts rentrent dans les caisses de l’État.
- Une loi Macron bis est promulguée : remise en état et utilisation des voies ferrées interurbaines qui sillonnaient notre pays, des canaux réunissant les grands fleuves et agglomérations, le cabotage, les bassins de vie régionaux : l’artisanat, commerces de proximité, les circuits courts… Des milliers d’emplois ont été pourvus avec, c’est vrai, moins de bénéfice pour les actionnaires des hypermarchés, des autoroutes, des LGV, des compagnies aériennes….; Par contre, la consommation intérieure est montée en flèche du fait des salaires réguliers, la construction des logements peut repartir car les salaires permettent de trouver preneur, des impôts rentrent dans les caisses, les indemnités de chômage disparaissent (moins de dépenses pour l’État). D’autres objectifs ont été axés !
Je me réveille, j’ouvre ma radio, je lis mon journal habituel ; le rêve se transforme en cauchemar.
Vivement ce soir que je me recouche !!!!!
Utopique, je l’étais, sans aucun doute, mais, en réfléchissant, je me dis qu’en fait, nous vivons déjà en pleine utopie appelé croissance infinie, réduction du chômage, lutte contre les inégalités, contre l’effet de serre et la pollution…. si rien ne change, la survie de notre humanité devient aussi une utopie.
Par Georges Vallet
Crédits photos:parole.be
Effectivement Georges, brillante interview de Daniel Cohen. Il y aborde également les conditions de travail : « La montée du stress et la mise en compétition des salariés, qui crée des conditions de travail absolument irrespirables ». Egalement : » Chacun d’entre nous voudra gagner plus que le voisin et s’installer dans des lieux qui offrent les meilleurs chances de socialité ».
«Nos milieux politiques et économiques avaient créé de nouvelles conditions de gestion du monde du travail où la croissance des bénéfices et de la production-consommation n’était plus essentielle ; ils avaient compris que la croissance baissait partout parce qu’elle ne pouvait pas croître toujours»
A ce sujet il faut lire l’article remarquable de Sud Ouest dimanche(totalité de la page10) intitulé «La religion de la croissance».
On peut y lire, en présentation:
« Dans le livre «Le monde est clos, et le désir infini», l’économiste Daniel Cohen démystifie les promesses de cette croyance économique invoquée par les élites. »
La croissance est devenue en effet une religion, une «croyance» qui se heurte à un «savoir» et le supplante actuellement dans notre société économique; elle est malheureusement majoritaire aussi dans l’opinion!
Pour en revenir à mon texte, le rêve, ce n’est pas moi qui le fait ce sont ces «croyants» qui ont l’illusion que la disparition de la croissance «serait une deuxième mort de Dieu»D.Cohen