Dans un article paru dans le journal « La République » de ce mercredi 13 janvier 2016, le journaliste, Bruno Robaly réalise une enquête intéressante sur l’usage de drogues dans les établissements scolaires. Le problème n’est pas nouveau, la question essentielle est de savoir comment on en est arrivé là. Réflexions…
Il y a bien longtemps maintenant que le débat sur la légalisation, dépénalisation, libéralisation du cannabis agite les beaux esprits. Il y a bien longtemps que l’usage de ce produit, sa détention et sa revente ne sont que très peu poursuivis par les services de police et de gendarmerie et que la justice n’applique la répression qu’avec une indulgence qui rend inopérant l’effet dissuasif de la loi pénale.
L’éducation Nationale a beau à l’aide de statistiques fort discutables, vouloir laisser entendre que le phénomène est en régression, plus personne ne mord à l’hameçon. Il n’est en effet pas très honnête de la part de cette administration de dire que les drogues, puisqu’il ne s’agit pas que du seul cannabis, ne se vendent et ne se consomment qu’à l’extérieur des établissements. La limite est la porte de l’établissement et ce qui se passe immédiatement au delà ne concerne plus les éducateurs. Curieuse façon de concevoir son rôle. Pour des raisons qui n’ont jamais été clairement avouées un chef d’établissement rechigne à alerter les services répressifs de ce dont il a connaissance. Faire savoir que dans ou aux abords immédiats du dit établissement se vend et se consomme du haschich peut nuire à la réputation et par le fait porter préjudice à ses responsables. Alors on gère cela en interne, pas de vague, pas de médiatisation.
De leur côté les services répressifs considèrent qu’ils remplissent leur mission en s’investissant davantage dans les actions d’information et de prévention que dans les surveillances et les interpellations des dealers ou usagers. A leur décharge la procédure pénale est devenue si exigeante, si tracassière que se lancer dans une enquête pour neutraliser les délinquants nécessite un investissement très lourd. La justice, elle, reconnaît que les infractions existent mais se donne bonne conscience en se limitant à des « ordonnances pénales ».
Alors il reste aux parents à voir leur enfant tomber dans la spirale de la drogue. Ils n’auront plus qu’à se morfondre et à constater avec douleur que celui-ci ne pourra s’en sortir qu’au prix d’un investissement dont tous ne sont pas capables. De toutes les manières les dégâts seront toujours irréversibles.
Pau, le 13 janvier 2016
par Joël Braud
En réponse à Emile 64.
Vous parlez des actions de prévention entreprises au sein des établissements scolaires que vous connaissez. Certes cela est exact, mais comme je l’écris, ne suffit pas. Il se trouve que l’usage, la détention et la revente de produits stupéfiants sont interdits par la loi pénale et que contrevenir à cette loi expose à des peines. La prévention c’est bien, c’est utile mais doit s’accompagner de répression. La preuve les statistiques effectuées au plan national font ressortir une augmentation du phénomène drogue dans les établissements scolaires.
Vous dites par ailleurs que ni l’école, ni les chefs d’établissement ne peuvent résoudre le problème. Vous ajoutez que ces dernier ne sont pas des auxiliaires de police. Voilà une idée reçue, un préjugé qui maintenant date et a besoin d’être reconsidéré. Justement après avoir constaté que ni la prévention, ni leur seule action ne suffisaient, les enseignants ont compris que ce n’était ni une honte ni inutile de fournir des informations aux services de justice, de gendarmerie et de police. Ils ont admis que leur rôle ne pouvait se limiter à être seulement dispensateur de savoir, ils préparent des jeunes à la vie en société qui comporte des règles résultant des lois et des sanctions pour ceux qui ne veulent les respecter. Le fait pour l’éducation nationale d’avoir pris pleinement conscience de cela l’honore.
Enfin au sujet de la famille, parce que ce débat est en effet d’importance et parce que vous en parlez, il faut malheureusement reconnaître que dans certains cas, les familles sont défaillantes et qu’il faut bien trouver des structures capables de les aider ou les suppléer dans leur fonction éducative. L’éducation nationale est là pour pallier certains manques.
En tout cas Emile 64 vous avez enrichi le débat.
le fruit défendu qui pend de l’arbre est plus attractif que le fruit qui se vend en étal, au marché, avec ses propres intermédiaires. Le problème le plus grave est certainement dans les substances (amphétamines, crack, liste : http://www.drogues-info-service.fr/Tout-savoir-sur-les-drogues/Le-dico-des-drogues). tu me fabriques un produit qui, quand tu le prends, tu montes au ciel. Mais quand tu en manques, de suite, tu descends en enfer » (une série je crois : « en immersion », sur ARTE)
D’autre part, une dépénalisation des fumeurs (pas des dealers, ceux-ci devenant d’honnêtes commerçants) permettrait de cesser les trafics, si l’Etat réduit ses taxes et évite ainsi le marché noir. S’il s’agit pour les trafiquants de vendre en dessous du prix public, ce sont les Fiat Punto qui verront leurs ventes augmenter. Et tout bénéf pour l’Etat, et nos relations internationales planétaires. Une nouvelle ère pour les herboristes.
C’est curieux, il manque dans leur liste les 2 drogues qui font le plus de morts: le tabac, grand champion de la catégorie et l’alcool -en quantité excessives- (parce que quand même, on va pas commettre le sacrilège de jeter dans l’évier notre excellent Jurançon !).
et aussi la religion, qui est l’opium du peuple!
Ah! l’école! Heureusement qu’elle existe pour fournir tous les boucs émissaires dont notre société a besoin. Dans tous les établissements (publics) où mes enfants ont suivi leur scolarité, j’ai vu au contraire que le problème de la drogue était pris au sérieux et que des activités de prévention étaient régulièrement proposées, soit au sein des cours soit avec l’aide d’intervenants extérieurs, dont notamment les services de police et de justice.
Mais ni l’école ni les chefs d’établissement (qui ne sont pas des auxiliaires de police) ne peuvent résoudre des problèmes qui les dépassent largement. Je pense que le rôle des parents est essentiel. C’est d’abord dans la cellule familiale qu’il faut discuter de ces questions, au lieu de toujours s’en remettre à d’autres.
PS: Je ne suis pas membre de l’Education nationale.
Analyse qui me semble tout à fait objective.
Les conséquences sur la santé psychologique des jeunes encore incomplètement matures au niveau de la formation du cerveau, ont fait l’objet de nombreuses études; on s’aperçoit qu’elles sont beaucoup plus graves qu’on le soupçonnait avant, et irréversibles, les associations de prise en charge en savent quelque chose! Les risques sont d’autant plus grands qu’ils touchent des individus de plus en plus jeunes, ce qui se passe.
S’imaginer, comme certains le pensent, qu’il suffit d’avertir les adolescents du danger, que la légalisation apporte même peut-être un mieux, c’est la grande illusion!
C’est donc un problème d’une très grande gravité; c’est comme une espèce invasive, il est à peu près impossible de l’éradiquer, sans investir de gros moyens dans tous les domaines, quand elle est bien implantée, surtout quand il faut faire des économies au niveau des communes, des régions, de l’Etat! C’est un choix politique de société.
L’alcool aussi crée de dégâts psychologiques ou physiologiques irréversibles si consommé en trop grandes quantités et trop jeune… Bref…
Et Personne ne se pose jamais la question des raisons pour lesquelles la consommation de cannabis progresse chez les jeunes.
« Les risques sont d’autant plus grands qu’ils touchent des individus de plus en plus jeunes, ce qui se passe. » (sic)
Ah! Ah! exactement ce que je disais! ….
Il faut légaliser le cannabis ! C’est le cas aux Pays Bas et les gens n’y sont pas plus fous qu’ici (peut-être même moins) et où ce secteur économique n’est pas dans les mains de la pègre. La Police et la Justice ont d’autres choses à faire…
Par contre, le jeune doit connaître précisément les EFFETS SECONDAIRES de cette drogue, variables d’une personne à l’autre et souvent conséquents. Ensuite, c’est une question de quantité. Fumer un joint de manière très occasionnelle n’est pas un problème. Par contre, en consommer plusieurs fois par semaine devient un problème sérieux.
Les « dégâts irréversibles sur la santé » concernent les gros consommateurs de longue date.