Reculades


imgresDepuis l’avènement de la 5ème République, tous les gouvernements successifs ont dû parfois reculer sous la pression populaire. Le gouvernement actuel ne déroge donc pas à cette loi. Sauf, que maintenant il le fait si facilement au moindre froncement de sourcils qu’on en arrive à se demander s’il ne s’agit pas d’une sorte de « repli tactique sur des bases préparées à l’avance ». Bases électorales cela va sans dire !
Et pourtant, reculer devant une poignée de ceux qui, incroyable dévoiement de la démocratie, s’arrogent le pouvoir de paralyser le pays. Reculer devant tous ceux et qui, comme eux, bénéficient d’un statut qui déroge à celui du plus grand nombre. Reculer devant tous ces champions des « avantages acquis ». Qu’ils entendent non seulement conserver mais augmenter quand le reste de la population s’enfonce dans la précarité. N’est-ce pas aggraver les inégalités ? Et, concernant ce gouvernement, n’est-ce pas manquer à sa parole ?
Et que dire de cette reculade supplémentaire à propos des dotations aux communes. N’est-il pas irresponsable, à seule fin électorale, de jeter ainsi au panier un élément essentiel de la réforme territoriale. Essentiel non seulement parce qu’il confirmait fortement la volonté de conduire à son terme une réforme vitale pour l’avenir du Pays. Réforme que, passant outre notre arrogante prétention à leur donner des leçons tous nos partenaires ont déjà faite depuis des décennies. Essentiel parce qu’il est malhonnête de faire croire que nous pourrons maintenir indéfiniment un modèle franco-français alors quand notre situation, si critique, en contredit à l’évidence toute possibilité. Essentiel parce que cette réforme «  pyramidale » doit évidemment commencer par sa première strate : la commune. Et, à cet égard, essentiel parce qu’il renvoyait tous les Élus locaux à une responsabilité fondamentale : gérer leurs communes, leur intercommunalités, leurs départements ou leur régions, en fonction de leurs moyens. C’est à dire, les empêcher de justifier tout et n’importe quoi par ces miraculeuses subventions d’État. Car non ! Elles ne tombent pas du ciel mais des impôts (notre taux national de prélèvement dépasse les 50%) ou d’emprunts (3 000 milliards). C’est à dire, en amont, les empêcher de se livrer à ces surenchères électorales riches de promesses qu’on s’efforcera, coûte que coûte, de réaliser pour être…réélu !
Par ailleurs, a priori, sans exclure une équitable péréquation de solidarité entre les plus riches et les plus pauvres, n’est-il pas, d’abord, normal que les bénéficiaires d’un service, quel qu’il soit, en assume le coût ?
Aujourd’hui, confusément encore, monte dans notre société un sentiment de malaise des jeunes affrontés à la précarité, au chômage, au constat de la différence croissante entre leurs ressources et celles des « vieux » ; sourd une fracture, presque une révolte…Alors que les Élus prennent garde de ne pas trop rappeler dans leurs discours ou leurs propos qu’ils font tout pour la jeunesse qui comme chacun sait est l’avenir… Parce qu’alors, peut-être, ces jeunes pourront-ils leur rétorquer qu’ils sont désormais assez grands pour prendre eux-mêmes leurs décisions et eux-mêmes arrêter les choix qui les concernent directement – surtout leur dire que le plus grand service qu’ils peuvent maintenant leur rendre c’est d’arrêter d’augmenter la dette, qu’eux, seuls, devront rembourser.
Parce qu’à défaut d’être entendus, ils pourraient, peut-être, l’imposer !

Maurice Meireles – Ancien Maire de Pontacq

Image : dominique gambin.fr

3 commentaires sur « Reculades »

  1. 1°«Reculer devant tous ceux et qui, comme eux, bénéficient d’un statut qui déroge à celui du plus grand nombre.»

    C’est vrai, il est injuste que le plus grand nombre de ceux qui ont besoin de travailler pour vivre (ce n’est pas le cas de tout le monde!), bénéficient, non pas de la sécurité de l’emploi, mais de la sécurité d’un emploi. Flexibilité, oui, associée à la sécurité de pouvoir vivre et d’une formation pour un nouvel emploi; la loi projetée ne le prévoit pas!

    2°)«n’est-il pas, d’abord, normal que les bénéficiaires d’un service, quel qu’il soit, en assume le coût?»

    Ce n’est donc pas la Sécu qui doit rembourser les frais d’hospitalisation des skieurs du dimanche, des baigneurs de l’été, du fumeur, du mangeur de charcuterie., de celui qui profite de l’émanation du pot d’échappement du conducteur du véhicule qui le précède….!
    Nous sommes passés de la solidarité à l’égocentrisme. Attention, l’expérience montre qu’on a tous besoin de tous, à un moment ou un autre!

    3°)Si on en revient à la phrase, c’est plus compliqué que cela car alors se pose la question de savoir:

    Qui a été bénéficiaire du service inestimable réalisé grâce au labeur des ouvriers, salariés, artisans, petits agriculteurs, ingénieurs…, donc des profits considérables, qui ont engendré ces inégalités monumentales de revenus et le chômage de masse.

    Qui a été bénéficiaire, depuis des décennies, des services considérables de la production industrielle variée, massive et très destructrice, de l’évolution des technologies, de l’urbanisation et des «bétonisations» massives dans des zones sensibles, des pollutions par les marées noires…?

    Le résultat, pour les uns comme pour les autres, est la pollution massive, les allergies et maladies, les changements climatiques, la déferlante marine sur nos côtes, les inondations dramatiques dans la région île-de-France en ce moment, les tempêtes, le chômage…..

    Qui doit payer les dégâts?

    4°)Arrêter de creuser la dette, tout le monde est d’accord, c’est la solution qui divise.

    Il y a ceux qui disent qu’il faut précariser dans leurs droits et leurs moyen de subsistance ceux qui font tourner l’économie par leur travail,

    Et ceux qui considèrent qu’il faut arrêter de faire des dettes par les ambitions démesurées d’une croissance économique infinie, c’est-à-dire les constructions de prestige, le partenariat Public-Privé,… et qui confient à la postérité une dette «reportant sur les générations futures, en empruntant à tout va pour maintenir des situations périmées( sociales, économiques, politiques) et non pour préparer l’ avenir.»Michel Lacanette.

  2. Reculade:
    Une manière pas très cavalière de voir la réalité en face et de fuir ses responsabilités,
    en les reportant sur les générations futures, en empruntant à tout va pour maintenir des situations périmées( sociales, économiques, politiques) et non pour préparer l’ avenir.

  3. J’ai eu l’occasion d’écrire à de nombreuses reprises sur ces thèmes.
    La France ne pourra avancer que lorsque on en aura fini avec les professionnels de la politique dont le seul but est d’être ré élu. F Hollande en est la caricature.
    La distribution tous azimuts est en cours …
    Pour les Maires de France c’est exactement pareil.
    Leur gestion est basée sur le clientélisme : subventions à gogo, embauches clientélistes, incapacité à manager les fonctionnaires territoriaux, inflation incroyable de la masse salariale, …etc.
    Refus de fusionner les communes pour rester maître chez soi et venir pleurnicher qu’ils n’y arrivent pas alors que tout cela a été réglé en Europe il y a 50 ans !
    La Cour des Comptes a tout écrit depuis des années.
    C’est une honte !

    Et les français sont des nuls car il n’y en a pas un pour cent qui s’intéresse à la façon dont l’argent est dépensé. Ils croient leur maire pleurnichard sur parole et lui ne se prive pas de raconter des mensonges démentis par les chiffres…
    C’est vrai que la majorité des français n’en a rien à cirer puisqu’ils ne payent pas d’impôts locaux …
    Jusqu’à quand cette gabegie ?

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