Néo quelque chose


imagesÇa y est, c’est décidé, notre région ne s’appellera plus l’Aquitaine mais Néo Aquitaine. Vous imaginez un peu l’événement. On n’a pas fini de disserter, gloser, discourir, parler, échanger, commenter, interpréter, critiquer ce choix.

Certains lui trouveront un sens historique, d’autres au contraire estimeront que leur ancienne région devient maintenant ignorée et en passe de choir dans des oubliettes éternelles. Les journalistes toujours à l’affût de ce qui grince et qui fait mal, interviewent à qui mieux mieux les habitants du Limousin et du Poitou-Charentes.

Ils sont pas contents ces derniers ; les Picto-Charentaises, et vont même, ô suprême argument, jusqu’à dire haut et fort, le timbre de la voix tremblant et la larme prête à couler, que Poitou-Charentes ça sonnait bien, c’était plaisant à l’oreille et que maintenant on ne le dira plus ou si rarement.

Les Limousins eux qui ont toujours eu une sorte de complexe lexical regrettent moins que le terme Limoges/ limoger soit un peu oublié. Il leur reste les vaches si racées, les voitures si classe pour ne jamais se laisser oublier. Ah les limousines ! On trouve également au mot, si je m’en tiens à ce que rapporte mon dictionnaire, d’autres significations : pèlerine d’étoffe que portent les bergers – parler du groupe occitan – Maçon, parce que beaucoup de maçons autrefois étaient limousins.

Soumettons-nous s’il vous plaît, d’autant qu’on nous assure haut et fort que des scientifiques reconnus se sont penchés sur le sujet jusqu’à en perdre le sommeil. Ils nous ont affirmé qu’historiquement, il n’y a pas photo. L’Aquitaine n’est pas nouvelle, elle existe depuis les Romains, les Wisigoths au Ve siècle, elle a même été un royaume (781 – 877), excusez du peu. Puis Aliénor, duchesse d’Aquitaine, une fois répudiée par Louis VII, se donne, elle et son duché, aux Anglais par un mariage avec Henri II Plantagenêt. Géographiquement et historiquement le choix qui vient d’être fait devient aussi incontestable que parfaitement argumenté.

Bon pendant qu’on agite les esprits avec ce qui n’est après tout qu’une question de forme on oublie ce qui est bien plus grave dans l’actualité immédiate : la région d’à côté a choisi de se nommer, de s’approprier faudrait-il dire, l’Occitanie. Alors, mesdames et messieurs, vous qui êtes tant attachés à nos traditions locales, serions-nous dépossédés de notre identité occitane ?

Pau, le 28 juin 2016
par Joël Braud

6 commentaires sur « Néo quelque chose »

  1. Je reviens sur l’idée de départ de ces grandes régions (sans concertation ni référendum) Elles sont censées générer des économies d’échelles. Peut-être dans 20 ou 30 ans. Relisez les déclarations d’A Rousset : pas de suppression d’emplois. Et les frais de déplacements à Bordeaux des élus du Poitou-Charente et du Limousin. Encore une réforme concoctée sur un coin de table.

  2. Peut être qu’ il aurait été plus simple et plus parlant de s’ appeler AQUITANIE, pour faire le penchant d’ OCCITANIE et ainsi faire le lien avec les Pyrénées.
    Mais nos grandes têtes pensantes ont préféré faire un choix plus technocratique, à la mesure de leurs idées, choix qui nous éloigne de nos montagnes.

    1. Tout cela sera retoqué dans quelques années, avec de nouvelles formulations tout aussi tordues (et coûteuses, si on se réfère à PPP qui va devenir je ne sais quoi, mais implique de changer entre autres toutes les en-tête des courriers, des publicités, les calicots, les sérigraphies des véhicules, les tampons encreurs (gasp), etc. Tout cela alors que nous n’avons pour seule identité que notre numéro de sécurité sociale, basée sur notre date et lieu de naissance. Un peu comme désormais les plaques d’immatriculation des voitures. Aquitaine, Occitanie, Hauts de France, quelle importance ? Sans parler de ces plaques bilingues à l’entrée des villes et des villages, sous les plaques « officielles »? Honnêtement, ça sert à quoi , cumulé ça coûte un bras qui pourrait aller à plus utile, aux mutilés qui nécessitent des prothèses par exemple.
      Ce sont bien ces montagnes-là que l’on devrait faire reculer loin, très loin, pour profiter enfin des vraies, qui nous regardent tous les matins (sauf quand elles sont dans le brouillard).

  3. Et combien cela nous a encore coûté cette histoire ? Une commission spécialement composée de n fonctionnaire et élus émargeant tous à n fois le SMIG, qui s’est réuni n fois pendant n mois… une fortune que cela nous a coûtée ! Et personne ne dit rien ! Étonnant ! Tout ça pour nous sortir « Nouvelle Aquitaine ». Et ils sont contents d’eux ! Foutaise !

  4. Il est effectivement bon de rappeler qu’autrefois le royaume d’Aquitaine s’étendait jusqu’à la Loire; Ce n’est donc qu’un juste retour des choses que les habitants du Limousin et de Poitou-Charentes soient englobés dans la nouvelle Aquitaine et deviennent des néo-Aquitains.

    En ce qui concerne l’Occitanie, je ne sais si des recours ont été déposés, mais en toute honnêteté le Conseil d’État ne devrait pas approuver cette appellation qui contredit l’histoire et la géographie de notre pays. En outre, les dirigeants de cette nouvelle région ont demandé que le titre d’Occitanie soit souligné par les mots Pyrénées – Méditerranée, alors que leur territoire ne recouvre qu’une petite partie de ces entités.

    Il est grand temps de se mobiliser contre ce nouvel impérialisme!

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