Il y a quelques jours, samedi 5 novembre, les habitants de la rue Jean-Jaurès à Pau découvraient avec stupeur des croix gammées peintes sur des murs et des véhicules en stationnement, assorties du slogan « Hi Hitler » (sic).
Chacun sait que ces déprédations ont été commises par des jeunes gens de la cité voisine. Chacun sait également qu’aucun de leurs auteurs ne sera poursuivi et qu’aucune sanction ne sera prononcée. La police a sûrement mieux à faire…
Certains argueront que ces faits sont sans importance, qu’ils sont commis par des enfants ou des jeunes qui ne savent pas ce qu’ils font : la preuve en serait, n’est-ce pas, que les croix gammées sont dessinées à l’envers ou que le salut allemand « Heil !» s’est curieusement américanisé en « Hi !».
Je crois que nous avons collectivement tort de traiter ce genre de faits à la légère. Quelle que soit l’inculture de leurs auteurs, ceux-ci, à mon avis, savent très bien ce qu’ils font.
Ce qu’ils connaissent d’Hitler, avant tout, c’est qu’il est l’initiateur et le maître d’œuvre de la Shoah, le plus grand génocide des temps modernes qui a donné naissance à la notion de crime contre l’humanité. En taguant des croix gammées et des saluts nazis sur les murs de leur cité, ces jeunes gens expriment en fait leur haine viscérale des juifs.
Bien entendu, ils ne connaissent pas de juifs, ou ne savent pas qu’ils en connaissent, mais dans leur imaginaire frustre, les juifs sont avant toute chose les coupables désignés des malheurs de la Palestine et des palestiniens. C’est à cause des juifs, quels qu’ils soient, ici ou en Israël, que souffre la population de Palestine, placée sous le joug de l’occupant juif. Hitler devient donc un héros pour la simple raison qu’il a inventé la solution finale. S’il avait pu mener son plan jusqu’au bout, les juifs auraient été exterminés jusqu’au dernier, Israël n’aurait pu exister et le peuple palestinien vivrait en paix dans son pays. Ces croix gammées et ces « Hi Hitler !» veulent tout simplement dire : « Mort aux juifs !».
Je n’écris pas cela à la légère. Quiconque s’est déjà adressé aux jeunes des cités sait combien l’antisémitisme y est présent et l’unanimité qui existe pour condamner « les juifs ». L’autre soir, vers 17 heures, j’étais à un arrêt de bus, entourés de jeunes garçons qui rentraient à l’Ousse-des-bois. Ils jouaient à l’Intifada en mimant des attaques sur les bus qui passaient, matérialisées par des crachats sur les vitres. Ils jouent aux mêmes jeux dans les cours d’école ou dans leur cité, parfois en caillassant les voitures qui passent. Quoi de plus valorisant à cet âge que de s’identifier aux valeureux combattants palestiniens ? La haine du juif va plus loin dans les cités. Ciblé d’abord à cause du rôle d’Israël en Palestine, il devient ensuite le responsable de tous les maux, le riche qui vole l’argent des pauvres, le méchant face au peuple.
On dénonce souvent, et avec raison, l’antisémitisme d’extrême droite, aux racines anciennes et toujours persistant. Il en existe hélas un autre, de plus en plus vivace mais que l’on cache sous le manteau, l’antisémitisme des cités. Les tags ne sont qu’un début. Après viennent les agressions, puis les meurtres. Il est grand temps de s’attaquer enfin à cette menace grandissante.
Onésime K.
Crédit photo : Nicolas Sabathier – Pyrénées presse
Vous avez parfaitement raison. Et quand ce n’est pas les juifs ils attaquent l’Occident qui les nourrit.