Bayrou vs Fillon


imagesDimanche 4 décembre 2016 au matin, François Bayrou, le maire de Pau, président du Modem était l’invité de l’émission « Le grand rendez-vous » sur Europe 1. Pressuré de questions, il a voulu à tout prix maintenir le suspens sur sa candidature à l’élection présidentielle. Mais il n’a pas dit que cela. Le maire de Pau est dans la course au moins sur le plan des idées.

La première impression qui ressort d’une heure d’écoute de cette émission, est que François Bayrou a été brillant dans l’exposé de ses idées. Dans la mesure d’ailleurs où les journalistes l’ont laissé s’exprimer. En effet la plus grande préoccupation de Jean-Pierre Elkabbach était surtout de le conduire à dire s’il était candidat à l’élection présidentielle. Le maire de Pau n’est pas tombé dans le piège et est resté dans l’attitude de celui qui fait durer le suspens.

Dans une introduction destinée à se prononcer sur les paroles de Ségolène Royal, représentante de la France aux obsèques de Castro, il a dit : « Il n’y a pas de limites aux bêtises que les hommes politiques peuvent dire » . De la part d’un homme politique, cette formule est pleine d’humilité. En outre il juge que la décision de François Hollande était honorable.

Et puis vient le chapitre sur le système électoral français, qui, selon lui, nous met en crise institutionnelle. La démocratie représentative doit représenter les Français. Or la majorité de Français n’est plus représentée. Les partis dominants sont minoritaires dans l’opinion. On connaît sur ce point la position de François Bayrou qui est pour l’élection des députés à la proportionnelle. C’est son antienne. C’est aussi le positionnement de tous les leaders des petits partis. Une telle disposition serait à n’en pas douter, un retour à la quatrième République. La politique des partis et des arrangements. Le concepteur de la cinquième avait voulu éviter cela.

A la question lancinante de savoir pourquoi il ne se prononcera que fin janvier, début février, sur sa candidature. Il répond qu’il a fixé cette échéance parce qu’à ce jour les grands projets n’ont pas été examinés et que les grands sujets ne sont pas apparus. Dont acte. Il dit également qu’il veut rester maître de son temps et de ses décisions. Plus tard devant l’insistance d’Elkabbach il répond : « Vous voulez me faire dire ce que je ne veux pas dire. Le sens de l’engagement citoyen est de défendre ce que l’on croit ».

Alors sur le projet Fillon, il a la dent dure surtout quand il cite Alain Madelin : « Fillon, c’est Robin des bois à l’envers, il s’agit de prendre aux pauvres pour donner aux riches ». Ce programme énonce-t-il consiste à payer de moins en moins ceux qui sont en bas de l’échelle. « Payer le travail de moins en moins pour redresser le pays est une vision qui n’est pas la mienne ». Une grande partie du pessimisme personnel des Français vient de ce manque d’horizon. Fillon en ne voulant pas payer les heures supplémentaires à partir de 35 heures, qui est le seuil de déclenchement, garde comme seule référence, le seuil européen qui est de 48 heures. Il conviendrait que la prime aux salariés pour les heures supplémentaires soit défalquée des charges.

Faut-il supprimer des fonctionnaires ? F. Bayrou ne répond pas de façon définitive à cette question mais considère qu’il existe dans la fonction publique des mécanismes paralysants. Il faut deux fois et demi plus de temps au public pour réaliser quelque chose que lorsque le privé s’en charge. Et de citer l’exemple de la MJC des Fleurs à Pau. L’occasion louable de parler de notre ville !

Quant à l’assurance maladie, il faut apporter des changements dans le souci d’être équitable. « Je me rapprocherais du système en vigueur en Alsace-Lorraine ».

Sur la baisse des impôts. Le maire de Pau dit être contre toute augmentation des impôts et vouloir une réforme de l’ISF. Ainsi l’investissement productif dans les entreprises devrait être traité comme l’ISF.

La loi Taubira. Il faut garder les changements sociétaux. Il ne faut pas que chaque alternance soit l’occasion de rouvrir des débats sur des sujets qui touchent à l’intime.

La loi El Khomri. Cette loi est critiquable car elle avalise la baisse de la rémunération du travail. Par contre la négociation dans l’entreprise est très bien.

« Dans certains domaines comme la dette, les affaires, la privatisation des autoroutes, le produire en France, j’avais raison. « J’ai en moi une espèce de joie de vivre, pour affronter y compris les situations que l’on croit perdues d’avance ». Dans cet esprit, il faut que les Français gagnent mieux leur vie en travaillant. « Macron a pour projet de faire baisser les rémunérations des heures sup. Cette obsession qui consiste à payer moins ceux qui travaillent beaucoup n’est pas ma ligne ». Il affirme vouloir défendre sa ligne et dit qu’il n’y a pas de rapprochement Bayrou – Macron.

Sur François Fillon. Y-a-t-il des conditions pour que vous ralliez Fillon ? « Si j’étais François Fillon, je m’interrogerais sur les questions qu’il entend dans ma bouche. J’ai de l’estime et de l’amitié pour lui depuis longtemps ». Mais son projet menace jusqu’à l’alternance. Le projet qu’il propose est violent et menace l’équilibre de la société française, il peut être rejeté. « Je ne suis pas son adversaire, nous avons des relations amicales et parfois complices. Si quelqu’un qui l’apprécie le lui dit, peut-être l’entendra-t-il mieux ». Ensuite F. Bayrou juge que pour la primaire, son projet s’adressait à une partie de l’opinion, mais pour la France il y a un risque.

Enfin à la question de savoir s’il pourrait le rejoindre, il répond qu’il ne ferme aucune porte, aucune possibilité qui serait de nature à faire bouger la réalité profonde du pays dans le sens de ce qu’il attend.

Le sentiment dominant de cette émission d’une heure, est que F. Bayrou se pose en critique, en juge, voire en censeur des programmes développés par certains candidats. Reste à savoir si, aussi brillant soit-il dans ses déclarations, ses prises de positions auront toujours la même audience lorsqu’il aura dit qu’il y va ou qu’il n’y va pas. Le mystère oriente toujours les projecteurs sur celui qui en détient la clef.

Joël Braud
Pau, le 7 décembre 2016

Crédit photo : fr.news.yahoo.com

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