On a changé la forme ; pour le fond, affaire à suivre !


Les événements que nous vivons marquent un changement profond dans le paysage ; doit-on s’en réjouir ? Marcel Proust nous alerte sur ce point: «Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux.»

Le directeur, le personnel, les comportements, la vitrine médiatique,.. sont renouvelés ; l’image à transmettre est que les uns vont travailler avec les autres et non plus sans et contre les autres ; L’orientation est très pascalienne ; Pensées, 1670 :

«La source de toutes les hérésies est de ne pas concevoir l’accord de deux vérités opposées.» 

Cependant, à la lumière des engagements annoncés, la révolution conceptuelle, le fond, n’a pas l’air de suivre, c’est la continuité, les énarques sont toujours là et, face aux obstacles : chômage, inégalités, désertification, pauvreté, pollution…, les mesures prévues ne semblent pas très révolutionnaires : permanence des économistes non atterrés, diminution des dépenses publiques, prévalence du privé sur le public, faire repartir la croissance : culte du numérique, production industrielle, consommation, destruction, épuisement des ressources, relancer l’agriculture de demain et l’industrie du futur, pollution, libérer carcans, blocages, et esprit individuel d’entreprise….

Attention !

«Alors que la première crise de la démocratie au XXe siècle était liée à un trop-plein d’engagement collectif, celle que nous vivons aujourd’hui est à l’inverse liée à l’atomisation de la société, fondée sur le primat de l’individu. La démocratie des droits de l’homme s’autodétruit» Marcel Gauchet, philosophe, Nel Obs du 29/04/17.

Bien sûr, les messages lancés sont souvent convaincants si on reste dans l’image médiatique donc la forme, forcément résumée, superficielle, parfois floue.

La forme résoudra-t-elle le fond ?

Quoi de neuf prévu par rapport à la volonté déjà exprimée dans le passé, dans les différents domaines essentiels ? Quelles dépenses publiques seront amputées, avec quels dégâts, quelle agriculture et industrie pour demain ? Flexibilité ou flexisécurité par une formation ? La volonté, combien souhaitable, confirmée à Berlin, de faire une Europe des peuples, n’est pas nouvelle.

Quoi de neuf, pour l’avenir, au point de vue : santé publique, sécurité alimentaire et environnementale ? Les oubliettes sont remplies !

Vouloir lutter contre le chômage en multipliant des emplois polluants c’est remplacer une pollution par une autre.

Pour renouer avec la confiance, ce nouveau Président, jeune, dynamique, cultivé, sachant insuffler de l’espoir, devra être non seulement un magicien du verbe mais aussi de l’action ; espérons que cela sera suffisant ! Macron et Danton, même combat !

De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée.

Là où la crainte est la plus perceptible, c’est dans le domaine environnemental. Parmi les annonces de la volonté du nouveau Président, j’ai retenu un texte paru dans «La Croix» car il me semblait, au départ, refléter le plus sa détermination positive dans le domaine environnemental.

http://www.la-croix.com › France › Politique. 13 avr. 2017.
«Il veut aussi placer la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens, qui seront interdits, et contre les pesticides, « une des principales causes de l’augmentation des cancers des enfants depuis vingt ans », explique-t-il.
Un « Grenelle de l’alimentation » sera organisé afin d’élaborer un calendrier prévoyant l’élimination progressive des pesticides. En promettant d’être ferme, Emmanuel Macron espère être entendu au niveau européen, « afin d’accélérer la mutation de la filière agroalimentaire ». Le candidat d’En marche ! veut mettre l’accent sur le développement de l’agriculture écologique».

Magnifique !

Malheureusement, depuis, j’ai reçu par la poste, pour voter, la profession de foi «Ensemble la France», déterminante pour me convaincre des véritables intentions car elle contient l’essentiel à la source, sans intermédiaire. 6 chantiers pour la France et, en ce qui concerne l’environnement :«Voter pour E.Macron, c’est…, interdiction des perturbateurs endocriniens dès lors qu’il existe des solutions reconnues comme moins toxiques……»!!!!

Que reste-t-il des annonces initiales !

+ Il est bien évident que l’industrie ne cherchera pas de solutions de rechange sans contraintes or : libération de l’esprit d’entreprise, des carcans, des blocages ! Idem d’ailleurs pour les pesticides, le développement de l’habitat en zones inondables, élevages, cultures et alimentation industriels…..!

+ Du fait de l’ampleur, des localisations innombrables, de leur répartition et de l’inutilité, en dehors de la rentabilité financière : plastiques, cosmétiques, pesticides, retardateurs de flammes…, les perturbateurs n’ont en rien un caractère indispensable, il est tout à fait possible de s’en passer sans avoir à chercher des solutions «moins toxiques». Malheureusement, il est bien meilleur pour l’emploi, les entreprises, le P.I.B. de fabriquer que de supprimer ! Le danger pour l’humanité actuelle et sa descendance, est démontré par des centaines de scientifiques ; c’est largement suffisant pour en demander, sans aménagement, la suppression. Accepter si on en trouve, de les remplacer par des substances toxiques, moins dangereuses, c’est accepter de perturber la santé individuelle, l’organisation sociale, l’intérêt général, au profit de certains particuliers ; c’est même un engagement contraire à la Morale.

Nulle part je n’ai trouvé de détermination pour répondre aux préoccupations de la Cour des Comptes du 12 février 2014.
http://www.oaba.fr/pdf/Cour_des_Comptes2014_securite_sanitaire_alimentation.pdf
https://www.lesechos.fr/…/0203305569753-insuffisance-des-controles-sanitaires-et-de.
http://www.ladepeche.fr › Economie › Entreprise › Agro-alimentaire

Elle tirait la sonnette d’alarme sur l’insuffisance des contrôles menés par le Ministère de l’Agriculture en matière de sécurité alimentaire. «La qualité des méthodes d’analyse, l’indépendance des services vétérinaires et de la répression des fraudes n’est pas garantie». Les ratés de la réforme de l’administration territoriale de l’Etat engagée en 2010 par le gouvernement Fillon s’est traduite par une désorganisation et une diminution drastique des effectifs. La présence obligatoire des vétérinaires dans les abattoirs n’est pas toujours assurée sur les chaines de volailles. Dans les sites de production et de transformation de denrées d’origine animale, les contrôles ont diminué de 17% depuis 2009.

La situation est encore pire en matière de protection des végétaux, où les vérifications ne ciblent que les demandeurs d’aides au titre de la politique agricole commune. «Les contaminants, notamment les métaux lourds, ne font pas l’objet d’un plan de contrôle du Ministère de l’Agriculture» déplore la Cour, tout aussi critique sur l’insuffisance d’inspections des arrivages en provenance d’autres pays de l’Union : «Sauces, soupes, pizzas, surgelés… La pâte rougeâtre et visqueuse, dite sauce tomate, qui nimbe tous ces plats provient très souvent du Xinjiang, une province de Chine.Nel Obs 17/05/17 ; 25% des produits à base de viande contrôlés, pour ne citer que ceux-là, révèlent des non conformités.

Le Nvl Obs le 15/06/2016 titrait «Bonbons, biscuits… Alerte aux nanoparticules dans nos assiettes».

Or, plus la particule est petite, plus elle peut traverser les barrières physiologiques (placenta, barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau, barrières intestinales…). Les évaluations et expertises font état d’effets toxiques inquiétants : Dommages à l’ADN ; retards de croissance ; réactions d’hypersensibilité et d’allergie ; inflammations chroniques ; affaiblissement du système immunitaire ; stress oxydatif ; effets génotoxiques et cancérogènes ; dérèglement du système immunitaire et du fonctionnement intestinal. Quoi de mieux depuis 2014 ?

Ce n’est pas tout ! Le Dr Joëlle Le Moal de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et ses collègues, ont fait paraître dans la revue internationale «Reproduction» une analyse : «Le déclin de la qualité du sperme, avec une baisse de près d’un tiers de la concentration en spermatozoïdes déjà constatée en France métropolitaine, est une tendance qui n’épargne pratiquement aucune région mais touche plus particulièrement l’Aquitaine et Midi-Pyrénées (régions viticoles et arbres fruitiers)».

Or, toujours d’après la profession de foi «faire plus pour notre santé» ce n’est pas lutter contre les causes de la maladie, il faut lever les contraintes ! mais mieux soigner et le plus économiquement possible : réorganisation de l’hôpital, doublement des maisons de santé, auxiliaires de vie scolaire ; c’est mieux pour le P.I.B.

Nicolas Hulot vient d’être nommé, une bonne nouvelle incontestablement, il n’est pas du genre à accepter d’être un faire valoir électoral, c’est donc un signe fort de la volonté d’apporter une réponse claire au doute qui planait.

Prendre des mesures nécessaires pour rester fidèle aux engagements pris lors de la Cop 21 pour limiter le réchauffement climatique est naturellement  nécessaire mais qui ne dépend pas spécifiquement de la France par contre, la pollution, les maladies graves des enfants et des adultes liées aux pesticides, à l’alimentation, à l’air respiré, à l’eau consommée…c’est bien du ressort du local et du régional. Souhaitons-lui de trouver les conditions favorables pour inverser la pensée dominante et réaliser progressivement cette grande mission qu’il a défendu vainement jusqu’alors.

«Une société qui survit en créant des besoins artificiels pour produire efficacement des biens de consommation inutiles ne paraît pas susceptible de répondre à long terme aux défis posés par la dégradation de notre environnement». P. Joliot-Curie.

«Lorsque le dernier arbre aura été abattu, le dernier fleuve pollué, le dernier poisson capturé, vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas.» Chef Seattle, 1854

Alors ! L’environnement, un épiphénomène qui n’a rien à voir avec la désignation d’un Président de la République ?

Pas si sûr pour tout le monde, voici une citation qui en surprendra peut-être certains !

«Parmi les tâches que je considère comme faisant partie des missions du Président de la République, il y a ceci : il lui revient de dire aux autres peuples de la planète que nous avons une responsabilité écologique en commun.» extrait de Metz, 27/02/14 prononcé par le nouveau Ministre de la Justice. Par déformation professionnelle, va-t-il promouvoir l’enseignement du béarnais dans les prisons ?

Georges Vallet

crédits photos : Huffington.fr

7 commentaires sur « On a changé la forme ; pour le fond, affaire à suivre ! »

  1. Du chef Seattle

    Fidèle à lui même lorsqu’il s’agit de remplir ses textes de citations (cf. mes remarques précédentes), M. Vallet écrit:
    « «Lorsque le dernier arbre aura été abattu, le dernier fleuve pollué, le dernier poisson capturé, vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas.» Chef Seattle, 1854″

    Deux choses:

    D’une part, la citation produite par M. Vallet, ne se retrouve dans aucune des versions en circulation du discours attribué au chef Seattle en 1854. Une erreur grossière qui circule effectivement sur Internet.
    En outre, si M. Vallet allait un petit plus loin que les sites de citation auxquels il est abonné, il saurait que la communauté scientifique a depuis longtemps reconnu que le discours de 1854 est un faux et n’a jamais été prononcé par Seattle. Cela n’enlève évidemment rien à la beauté de cette déclaration écologique et au talent de son auteur, dont la phrase la plus connue est  » La Terre n’appartient pas à l’Homme, c’est l’Homme qui appartient à la Terre. »

  2. Méthodologie

    M. Vallet écrit :
    « «Parmi les tâches que je considère comme faisant partie des missions du Président de la République, il y a ceci : il lui revient de dire aux autres peuples de la planète que nous avons une responsabilité écologique en commun.» extrait de Metz, 27/02/14 prononcé par le nouveau Ministre de la Justice. »

    Cette phrase n’est pas un « extrait de Metz » (sic) et n’a pas été prononcée en 2014. Elle fait partie d’un discours consacré à l’environnement prononcé par M. Bayrou en février 2007 à Metz, durant la campagne pour les élections présidentielles, alors qu’il était lui même candidat.

    Quand on fait des citations, il est toujours important de les situer dans leur contexte, ce qui évite de faire dire n’importe quoi à leurs auteurs. En l’occurrence, une fois le contexte éclairé, cette phrase n’a rien de surprenant de la part de M. Bayrou.

    C’était ma petite leçon de méthodologie d’aujourd’hui. Ne me remerciez pas.

    1. Il est vrai que ces principes de méthode sont difficiles voire impossibles à appliquer quand pour faire des citations on recourt exclusivement à des dictionnaires de citation ou bien on recycle des citations trouvées dans divers articles, sans jamais s’intéresser aux textes originaux.

    1. Mais si, quelque part vers le paragraphe 25!

      Les dissertations de M. Vallet doivent être lues avec grande attention et non pas en diagonale.

    2. D.S
      Vous avez lu trop rapidement! Une dizaine de lignes c’est quand même plus qu’un mot!

      1. Vous voyez bien M. Vallet. En fait, je suis le seul à lire attentivement vos productions, de la première à la dernière ligne.

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