Jardins et jardiniers


Dans le lotissement palois où j’habite, il fut un temps où chacun s’occupait de son jardin. Selon les saisons, on taillait les haies, on tondait le gazon ou bien on balayait les feuilles mortes en utilisant les simples outils du jardinier.

Aujourd’hui, certains continuent à pratiquer ainsi.  D’autres, de plus en plus nombreux, plutôt que d’entretenir eux-mêmes leur jardin, préfèrent recourir à des sociétés spécialisées. Ces sociétés de services, non seulement font tout à votre place, mais en plus, cerise sur le gâteau, ont le privilège de pouvoir faire passer la moitié de la facture en réduction d’impôts. Au nom de la lutte contre le chômage, sans doute. Beaucoup n’y résistent pas.

Ces sociétés ouvrent chez leurs clients ce qu’elles appellent elles mêmes des « chantiers ». Alors, tout semble permis. Allons, bon, que se passe t-il ? ! L’hélicoptère de la protection civile a-t-il atterri dans le lotissement ? Non, il s’agit simplement du voisin qui fait entretenir son jardin. Des engins de toute sorte taillent, coupent, tondent et ramassent à qui mieux mieux, à grands renforts de décibels. Ces machines sont tellement bruyantes que les ouvriers qui les manipulent sont obligés de porter des casques antibruit ! En outre, ce sont pour la plupart des engins à moteur thermique, rendement oblige. La pollution sonore se double d’une pollution tout court, avec force rejet de gaz d’échappement pestilentiels. Tant pis pour les voisins, obligés de supporter ce tintamarre effrayant et de se calfeutrer à l’intérieur en fermant portes et fenêtres !

Je fais partie de ceux qui persistent à s’occuper eux-mêmes de leur jardin. Je ne dispose que d’une petite tondeuse à énergie électrique, je ramasse les feuilles mortes avec un râteau et j’utilise un simple balai pour nettoyer mon allée. Oh, certes, je ne prétends pas être bon jardinier et mon jardin n’est pas bien joli. D’après quelques mauvaises langues du quartier, il serait même affreusement mal entretenu. C’est aussi parce que je ne prends pas le temps de m’en occuper.

Pourtant, d’autres de mes voisins arrivent à créer de magnifiques jardins sans utiliser de société de service ou d’engins de chantier.  En général, ils n’ont ni plus de temps ni plus de capacités que les autres. Ils veulent simplement conserver ce plaisir devenu de plus en plus rare de s’occuper eux-mêmes de leur jardin.  En respectant l’environnement et en respectant leurs voisins. On ne peut que les féliciter de montrer ainsi l’exemple.

Marc

 

N.B : À Pau, comme dans beaucoup d’autres villes, les travaux bruyants sont autorisés aux jours et horaires suivants :
– du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h et de 14 h 30 à 19 h 30
– les samedis de 9 h à 12 h et de 15 h à 19 h
– les dimanches et jours fériés de 10 h à 12 h
À mon avis, c’est bien trop permissif, notamment le weekend

Image : Le cri de Edward Munch – 1893

6 commentaires sur « Jardins et jardiniers »

  1. Je vois que Marc n’aime pas les moteurs thermiques et je comprends là sa haine pour les pétroliers. C’est rigolo. Vivement que l’on revienne au 18ème siècle !
    Car les nuisances liées au jardinage moderne sont quand même très limitées dans l’année..
    Je suis d’ailleurs très étonné de ce drôle d’article qui dénonce les tondeuses et s’accommode des voitures camions et autres motos avec échappement trafiqué bien plus gênants en ville, et qui circulent 24h sur 24…

    1. Je n’ai pas les moyens comme vous d’habiter dans la campagne huppée des abords de Pau en disposant d’un grand terrain à l’écart des voisins.

      Le lotissement où j’habite est cependant très calme, il n’y a ni camion ni moto pétaradante et les quelques voitures qui le traversent respectent la zone 30. Les principales nuisances sonores sont effectivement dues aux divers engins de jardinage.

      Utiliser des machines à moteur thermique pour ramasser dans un jardin les feuilles mortes parsemant le sol me paraît effectivement TOTALement aberrant, d’un point de vue aussi bien écologique qu’économique.

  2. Voilà un article réjouissant qui me remémore une dizaine d’années passées dans un petit pavillon du Buisson, quartier prolo dans les années cinquante puis très prisé de nos jours, pour son calme et ses allées plantées de cerisiers du Japon (je plaisante).
    Quatre voisins, deux dans des lots assez petits, deux dans des terrains plus vastes (on peut y creuser une piscine). Un peu plus loin, d’autres propriétés également plus vastes.
    Tout d’abord, le règne des tondeuses à gazon, à midi, à 14 h, le week end, le dimanche à pas d’heure de la journée. Intervention auprès de tous les propriétaires en faute. Incompréhension générale du « malaise » que pouvait procurer l’utilisation bruyante des engins. Réception grimaçante (comment, moi ? mais je ne suis pas n’importe qui!). Calme pendant un mois, puis reprise : vous passez tout simplement pour un emmerdeur. Vous mettez le règlement communal dans les boîtes à lettre… quelques mois de répit.
    Ensuite, les barbecues et autres incivilités mélangeant la cuisson des saucisses, lards et sardines, avec le vent porteur…
    Vient ensuite le bricoleur du dimanche, qui agrandit sa maison parfois avec toute la famille (allez vous plaindre face à sept ou huit adultes qui « travaillent », eux, et qui n’ont que le dimanche de libre), gamins qui hurlent, gens qui gueulent passe-moi le marteau, la scie et vas-y vazzy que je tape, je tronçonne, je taille la tuile avec la Clipper : charpente, couverture, cloisons…
    Enfin, le chien. Le chien qui aboie toute la journée parce que les propriétaires sont partis en vacances, que le chien c’est le genre gardien de troupeau dans les alpages, et le pauvre clebs il s’ennuie, il s’ennuie et il aboie. Le soir, une voisine vient lui donner à manger et à boire, l’enferme dans le garage. Pendant des mois. C’est à devenir dingue. Alors, gentiment, au début, on dit aux gens : « vous savez, votre chien, il aboie tout le temps quand vous n’êtes pas là. » « oui oui on va s’en occuper » et au troisième coup de semonce, on appelle les flics, qui constatent les faits. Le propriétaire du chien est convoqué, a une amende (mais je n’en ai pas la preuve formelle), et de « bon voisin » vous considère dès lors comme ennemi numéro un du voisinage, emmerdeur patenté à qui on n’adresse plus la parole (heureusement les gosses des uns s’entendent bien avec ceux des autres).
    Sans parler des branches (et des feuilles mortes) du jardin voisin qui envahissent le vôtre.

    Je n’ai finalement qu’un seul conseil à vous donner, si vous me l’autorisez :
    ACHETEZ UN COQ, qui fera chier tout le voisinage matin et soir !

    1. Votre proposition fait écho à une de mes petites mésaventures. Il y a une bonne quinzaine d’années, alors que j’habitais dans une capitale africaine, j’avais un voisin qui élevait une basse cour dans son jardin, comme souvent dans ces régions, et dont la pièce maitresse était évidemment un magnifique coq. Chaque matin, weekends, dimanches et fêtes, le volatile nous réveillait inlassablement aux aurores. Comme vous dites, il nous faisait vraiment chier, d’autant plus que nous avions un petit bébé à la maison.
      Finalement c’est notre gardien qui a trouvé la solution: le voisin a accepté de nous vendre son coq contre une très coquette somme, en promettant de ne pas en acquérir un autre. C’était le prix de la tranquillité et nous n’avons pas rechigné. Comment s’est il ensuite débrouillé pour féconder ses poules, je n’en sais rien, peut être les a t-il également vendues, en tout cas nous avons pu dormir tranquille tout le reste de notre séjour. Quant au gardien, il a eu droit à emporter le coq chez lui en remerciement de son entremise et en plus de la commission qu’il avait certainement encaissé. L’animal a sans doute fini dans la marmite.

      1. Si vous ne voulez pas entendre de coq vous pouvez aussi vous installer dans un immeuble en centre-ville… J’ai vécu partiellement à la campagne dans ma jeunesse, les poulaillers avec coq étaient monnaie courante et personne ne songeait à s’en plaindre. Aujourd’hui certains citadins qui s’installent à la campagne font des scandales pour un coq, ou pour les bouses que laissent sur la route les vaches du dernier petit paysan du coin, qui menait encore ses vaches aux champs tous les jours (exemple vécu) : il a arrêté tellement certains l’emmerdaient avec ça. Parmi les râleurs il y en a même probablement qui pleurent sur le sort des petits paysans sans aucun sens de la contradiction.

        1. A qui s’adresse votre message? Ais-je dis que je ne voulais pas entendre de coq à Pau? J’habite en bordure d’un petit bois et les oiseaux chantent le matin, c’est très agréable. Il y a même parfois des bouses sur la route, car à proximité se trouve une des dernières fermes de Pau. Un coq ne me gênerait pas, mais mes voisins surement. Ce que j’ai marre d’entendre, ce sont des engins de chantier utilisés dans des jardins de 200 m2, ce qui est parfaitement stupide à tout point de vue.

          Quant aux coqs de Niamey, c’est une autre histoire. Et dans le centre de cette grande ville, il y a bien peu d’immeubles…

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