Nos voisins britanniques font souvent dans l’originalité au regard des autres pays de l’Union Européenne .
Ainsi , au sein d’un même pays , la Grande-Bretagne , retrouvons-nous quatre nations , l’Angleterre , l’Ecosse , le Pays de Galles et l’Irlande du Nord , ayant chacune son propre parlement , cette dernière formant une nation unique avec l’Irlande du Sud ( Eire ) quand il s’agit de rugby avec d’ailleurs deux hymnes distincts . Il faut être britannique pour comprendre .
Il faut l’être aussi pour ne pas avoir envisagé l’impasse dans laquelle se trouve la Grande-Bretagne après le vote du Brexit. Elle était pourtant inéluctable au regard de la façon dont l’opération s’est déroulée.
La question posée aux Britanniques était la suivante : « Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union Européenne ou quitter l’Union Européenne« ?
Il y fut répondu pour la sortie par près de 52% d’électeurs .
Toute personne sensée aurait demandé à connaître au préalable les conséquences d’une telle réponse . Il n’en fut rien comme si la mise en œuvre consistait simplement à signer l’acte de divorce .
Mais les britanniques ayant peut-être une autre approche de la rigueur cartésienne personne , semble-t-il , n’a pensé à poser un préalable qui était d’autant plus nécessaire que la sortie allait être soumise à des exigences de l’Union Européenne comme pour la résiliation unilatérale d’une convention .
Et l’on voit aujourd’hui combien la mise en œuvre du Brexit est compliquée . Pourquoi ?
Parce que le référendum a été proposé à l’aveuglette .
Pour ne pas égarer l’électorat il fallait commencer par traiter avec l’Union européenne quitte à offrir à l’électeur plusieurs plans de sortie .
Le référendum a été manifestement mal élaboré puisqu’on peut voir aujourd’hui dans quel tsunami se débat le gouvernement britannique tant avec l’Union Européenne qu’avec ses propres sujets dont beaucoup regrettent la réponse positive qu’ils ont donnée . Il est probable qu’un nouveau référendum recueillerait aujourd’hui une réponse très différente. Ne serait-ce pas là pour les britanniques la meilleure façon de s’en sortir , si l’on peut dire ?
Pierre Esposito
Ne prenez pas les Britanniques pour des imbéciles. En matière de démocratie ils peuvent nous en remontrer. Ne les méprisez pas non plus nous avons une sacrée dette à leur égard. Il suffit de visiter les cimetières du Nord ou de Normandie… Ils ont fait la richesse de Pau soit dit-en passant. Leur choix, de leur point de vue, est cohérent. Evidemment il ne fait pas notre affaire. Bruxelles a tout fait pour les mettre dans de grandes difficultés -Michel Barnier, le négociateur, n’en a pas fait mystère- afin d’aboutir à un nouveau référendum comme ce fut le cas en France après le traité de Lisbonne. Quitter le système actuel est donc impossible. Faut-il s’en réjouir ? Peut-être… Mais ne nous réjouissons pas trop vite: ce mépris d’Albion -de la décision de son peuple quand même!- entretiendra les ressentiments et au bout du compte ralentira un peu plus construction européenne qui n’est déjà pas très sexy. Il faut s’interroger sur la condescendance dont font preuve les médias français et la plupart des politiques. Est-elle justifiée? Qu’apporte-t-elle au débat? Nous verrons dans quelques mois, après les élections européennes, si nous pouvons toujours nous placer en donneurs de leçons. Je crains que non…
Si l’errance de Théresa May est désastreuse, la gestion européenne de Jean Claude Junker est calamiteuse.
Le référendum britannique n’a pas été mal élaboré.
Il ne s’agissait pas pour David Cameron d’envisager un très improbable départ de l’UE, mais bien de régler les pendules à l’intérieur de son propre parti conservateur.
La campagne électorale a été un marché de dupes ou les pro-Brexit n’ont pas envisagé une seconde que le « oui » l’emporterait, mais se positionnaient pour une conquête du pouvoir au sein de leurs partis respectifs (Conservateur et Ukip). Le résultat du vote a atterré tout le monde. Nigel Farage a démissionné et Boris Johnson été ko debout le soir même.
On voit ces derniers jours que l’enjeu pour les « Brexiters » est toujours le pouvoir au sein du parti conservateur, avec le poste de premier ministre à la clé, et que l’avenir de leur pays est la dernière de leurs préoccupations. Au terme d’un accord scellé le 27 mars (à 2 jours du Brexit) Theresa May s’engage à démissionner si son accord avec l’UE est validé au parlement. Et les « Brexiters », Boris Johnson en tête, se déclarent maintenant prêts à voter cet accord qu’ils ont toujours combattu, pour récupérer le leadership conservateur et la direction du gouvernement.
Le Brexit n’est ni une affaire européenne, ni même une affaire britannique, mais une guerre intestine au sein du parti Conservateur. A suivre donc ces dernières heures avant le 29 mars à minuit, car nous n’avons certainement pas encore tout vu.