Gurs, un silence assourdissant

Tel est le titre du film d’Antoine Laura et Pierre Vidal qui constituait le cœur de la soirée exceptionnelle du vendredi 9 février au cinéma Le Mélies à Pau. Ce titre en forme d’oxymore est justifié par le fait que l’existence d’un camp de concentration au cœur du Béarn est fort peu connue, même si les offices de tourisme peuvent orienter les touristes vers ce lieu proche de Navarrenx. Mais après la Libération une forêt a été implantée sur le lieu du camp, de sorte qu’il est difficile d’appréhender l’ensemble de ce qu’a été le camp. Il a été vaste : 1500 m de long; 15 000 détenus y ont été hébergés simultanément et l’on estime que 60.000 à 65.000 personnes y ont transité ou y sont mortes, pour environ 1.000 d’entre elles. Le site est un véritable marécage et les vieilles personnes ont bien du mal à déambuler dans la boue. La nourriture est moins que chiche. La promiscuité et la saleté sont difficiles à supporter ; l’eau n’est disponible que de 6h à 8h du matin. Chacun des baraquements abrite une soixantaine de personnes adultes ou d’enfants. Que de souffrances évoquées par ces témoignages émouvants !

L’historien Claude Laharie détaille au cours de la discussion qui suit la projection du film les différentes phases du camp. Entre le 15 mars et le 25 avril 1939 le camp est créé pour héberger les réfugiés républicains qui ont fui la Catalogne. Il s’agit du déplacement de population le plus important de l’histoire de notre pays (500.000 personnes) en si peu de temps. Les intentions humanitaires (soulager les lieux d’accueil du Roussillon) y côtoient les aspects les plus révoltants, comme l’enfermement de membres des brigades internationales qui avaient combattu les premières avancées du fascisme et placé leurs espoirs dans la France. Quel reniement de l’idéal républicain ! Avec la guerre le camp se vide, mais à ces premiers occupants succèdent les indésirables du régime de Vichy : communistes, rouges, gitans, homosexuels, francs-maçons. Puis sont amassées des familles juives transférées au camp de Drancy puis aux camps d’extermination.

Cette dérive peut faire réfléchir à un moment où les hébergements d’urgence sont susceptibles d’être inspectés. Recenser les migrants pour avoir une idée aussi exacte que possible du phénomène migratoire peut se défendre. Mais ce recensement ne risque-t-il pas de conduire à une méfiance des migrants qui préféreront des campements sauvages au risque d’être refoulés du pays ? Il convient aussi de réfléchir au comportement de la population voisine ou non du camp, que la discussion a mis en lumière.

Jean-Paul Penot

Je hais les dimanches

Ce n’est pas mon opinion que je défends-là, mais c’est ce que chantait Juliette Gréco et c’est aussi ce qu’ont affirmé tant d’écrivains. C’est peut-être aussi ce que pensent certains lecteurs qui se demandent ce qu’ils pourront faire d’une telle journée de pluie ou de grisaille.

Des moyens sont mis à leur disposition cependant et des médias sont accessibles informant sur l’actualité culturelle de la ville ou de la région. Par exemple, le site http://www.pau.fr dans sa rubrique « tout l’agenda » annonce une exposition à l’usine des tramways consacrée à la manufacture de vitrail et mosaïque d’art de Mauméjean (orthographié en Maumejan dans le titre…) du jeudi 11 janvier au mercredi 28 février 2018 de 13h à 18h. Las, lors de ma visite à l’usine des tramways ce dimanche j’ai trouvé portes closes.

Je me suis rabattu sur l’exposition « Un paysage de porcelaine » à la maison Baylaucq. Ce n’est pas un lieu où je me rends quotidiennement, mais je savais qu’elle se situe dans le parc du château (demandez à votre entourage si c’est le cas de tout le monde). Là l’exposition était ouverte et il y faisait chaud. Un employé aimable accueillait les visiteurs. Peu nombreux, à vrai dire. Mais ce qu’on pouvait y voir ne pouvait guère être partagé par une foule : une assiette et trois tasses avec soucoupes. Pardon, le reflet des vitrines dédoublait ce beau service et sur une des images plus bas vous verrez deux assiettes sans avoir forcé sur le Jurançon. Et sans que les services culturels aient eu à installer des hologrammes venus de la manufacture de Sèvres (ou des restes de la campagne de M. Mélanchon). Certes, il vous faudra vous pencher un peu pour admirer le paysage ou les notes de bas de page des deux notices.
Mais comme l’état de votre dos n’intéresse pas le lecteur, il voudra plutôt se pencher sur le coût pour la collectivité d’un tel équipement et d’une telle manifestation, à un moment où tant d’artistes et d’associations attendent une petite aide.

Rendez-vous à la belle maison Baylaucq pour vous faire une opinion.

                                                                                                                                                                            Jean-Paul Penot

 

Vendredi noir

La France n’arrête pas d’importer des Etats-Unis des produits ou des usages qui ne sont pas tous recommandables (vous pensez peut-être au glyphosate, aux OGM ou aux hormones que l’on fait ingérer aux animaux). La ville de Pau vient d’en faire l’expérience.

Instaurer en ce vendredi 24 novembre une journée de rabais annoncée à grands renforts de publicité est probablement une bonne affaire pour les commerces de la ville et surtout pour les commerces en ligne. C’est peut-être aussi une bonne affaire pour certains consommateurs. Mais c’est aussi une façon de promouvoir des achats que l’on n’aurait pas faits sans cette publicité. Et cela a eu pour conséquence des embouteillages monstres, amplifiés par les travaux en cours. Dès 16h des rues étaient obstruées de leur début à leur fin. Aussi, on peut véritablement parler de « black Friday », de vendredi noir.

On peut trouver désolant que nos concitoyens versent ainsi dans la société de consommation, comme s’il ne pouvait pas y avoir d’autres objectifs dans la vie que de consommer. Je ne peux pas clamer une sévère condamnation, puisque moi-même j’ai succombé à cette fièvre. Mais mon réfrigérateur qui a près de trente ans pouvait justifier son remplacement : il ne blanchit pas, il n’a pas de rhumatismes, il rouille. Cependant, après un moment passé à épuiser ma patience, j’ai décidé que ce brave équipement pouvait continuer son service.

Cette virée dans les encombrements m’a fait découvrir un nouveau centre commercial dans la proche périphérie que je ne connaissais pas. Je ne m’en réjouis pas plus que de constater à chacune de mes visites à l’aéroport que de nouveaux commerces ou usines s’établissent sur sa route, au détriment des terres agricoles. Les lecteurs se réjouiront peut-être plus de constater que Pau se hisse au niveau d’une petite métropole régionale. Mais la répétition du phénomène dans tout le pays est-elle bonne pour la France et la terre ?

Jean-Paul Penot

Votre patrimoine

Rassurez-vous, je ne vais pas enquêter sur vos biens pour le compte du fisc. Je vous livre une simple réflexion à la suite des Journées européennes du patrimoine.

C’est une excellente chose que de faire découvrir au public des lieux précieux, ou de lui rappeler leur existence. Même si ce sont souvent des bâtiments privés, ils font partie de notre paysage, de notre culture. Et nous pouvons nous réjouir que le temps, les intempéries, les conflits les aient (au moins en partie) préservés. Mais cette préservation, quasi miraculeuse si on la compare à la durée de vie limitée de nos appareils et de nos HLM, est le fruit d’efforts qu’il faut saluer.

Certes, la puissance publique intervient dans bien des cas. Mais elle ne peut suffire à tout. Lors de la visite d’un château nous avons pu entendre la plainte des propriétairesᅠ: « Nous avons eu la visite des monuments historiques. Mais ils ne sont pas montés à l’étage».  Étage qui est pourtant d’allure princière et qui a demandé bien du travail. La démarche peut paraître étrange, car l’endroit est plutôt isolé et peu facile d’accès. Quelques marches à gravir dans un escalier superbe orné de sculptures en tuf n’auraient pas constitué un effort supplémentaire excessif. Des experts avaient prédit en 2000 que le bâtiment ne tiendrait pas encore cinq ans si des travaux n’étaient pas entrepris…

Mais force est de constater que les propriétaires de telles demeures ne sont pas toujours à même de répondre à la curiosité des visiteurs. Outre les connaissances techniques qu’ils doivent réunir pour veiller à la bonne tenue de leur bien, il leur faudrait des connaissances historiques qu’ils n’ont pas le temps d’acquérir.

Aussi, on peut se demander si des amateurs éclairés ou des étudiants en histoire ou en histoire de l’art ne pourraient pas prendre le relais et s’investir dans des recherches dans les archives ou ailleurs pour enrichir la connaissance sur un passé qui sombre dans l’oubli. De beaux mémoires pourraient sortir de telles initiatives et c’est toute la région qui pourrait en profiter. Economiquement pour les hôtels, chambres d’hôtes, restaurantsᅠ; mais aussi pour notre fiertéᅠ!

Jean-Paul Penot

Image : château d’Iholdy

 

 

 

 

 

Ouverture de l’Entre Pau

Ne vous attendez pas à y trouver des produits à vil prix et venus de loin. Il s’agit d’un incubateur hébergé à Hélioparc à Pau, inauguré le vendredi 14 avril. Il abritera dès la semaine suivante une dizaine de jeunes pousses (je traduis pour celles et ceux qui n’entendraient que le franglais : de start-ups).

Sa particularité est d’être destiné aux étudiants ou jeunes diplômés entrepreneurs. Ces derniers ont d’ailleurs joué un rôle moteur dans cette création.

Une autre particularité est que cette structure est parrainée par des établissements que l’on pourrait voir comme des concurrents : l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (via l’Institut d’Administration des Entreprises), l’EISTI (qui est liée à l’Université de Cergy-Pontoise), la Chambre de Commerce et d’Industrie de Pau par l’entremise de l’Ecole de Commerce de Pau et la ComUE d’Aquitaine(la Communauté des Universités et Etablissements d’Aquitaine). Il est remarquable que tous ces établissements aient décidé de coopérer pour favoriser la création de jeunes entreprises et dynamiser l’insertion de leurs étudiants. Une telle entente est peut-être unique encore en France. En tous cas, comme l’a observé le Président de la ComUE, Pau a une nouvelle fois devancé Bordeaux (c’est un Bordelais qui le dit). Le maire de Pau, par l’entremise de son représentant Marc Cabanne, s’en réjouit.

J’ai retenu deux créations faites par ces étudiants-entrepreneurs. L’une est une application appelée smartfac qui vise à fournir aux étudiants une information complète et variée des ressources qu’ils pourront trouver à Pau et dans sa région. L’autre a pour but une revitalisation du centre-ville et la recréation de liens sociaux dans la population ; elle pourrait essaimer dans bien des villes menacées par un dépérissement de leur centre au profit de leur périphérie ou de leurs alentours.

Souhaitons à ces jeunes un franc succès et souhaitons qu’ils soient rejoints par d’autres aussi motivés et par des soutiens résolus.

Jean-Paul Penot

Une municipalité imprudente ?

En ce dimanche 6 mars je passais à bicyclette avenue des Lauriers à Pau. Au rond-point avec l’avenue Guillemin elle était obstruée par une grande grille sur laquelle était placardé un avertissement que la voie serait barrée 400 m plus loin. La tempête l’avait renversée ainsi que les pieux en acier, les plots en ciments et les bacs en plastique (qui étaient vides, donc peu susceptibles d’offrir un appui stable). Je relevai la grille, l’orientai en un angle offrant moins de prise au vent. Mais je ne pouvais pas remplir les bacs.

Songeant que le renversement de cette grille et ces pieux pouvaient faire des victimes, en particulier parmi les enfants fréquentant l’école voisine, je téléphonai le lundi au service compétent de la mairie. On me répondit que l’on me rappellerait. Mais je ne reçus pas d’appel. Je repris contact et j’indiquai que j’écrirai un article mais que je ne voulais pas mettre en cause la municipalité si la négligence provenait de l’entreprise de travaux publics. On me promit de nouveau une réponse.

Mais elle ne vint pas.

Ne voulant pas faire une mise en cause infondée, je renonçai à l’article. En cette période électorale il aurait pu être interprété comme une seconde vengeance sur ce site à l’égard de François Bayrou pour s’être allié à Emmanuel Macron. La partialité, la virulence de ce premier article ne me paraissait pas être un modèle à suivre. D’autant que la grille avait été attachée à un panneau de signalisation par une petite ficelle. Piètre précaution ! D’autant que les bacs n’avaient pas été remplis de sable ou d’eau pour les lester et que les deux parpaings servant de pieds ne pouvaient visiblement pas assurer une stabilité à une surface de cette envergure.

Ce dimanche 30 avril la grille, son panneau et ses pieux furent de nouveau emportés par une bourrasque, là encore clairement annoncée par la météo.  Aussi je pense qu’il n’est peut-être pas inutile d’attirer l’attention sur une négligence répétée qui pouvait avoir des conséquences graves.

La négligence peut aussi concerner les particuliers et les entreprises. Aussi ne jetons pas la pierre sans nous assurer que de telles négligences pourraient aussi être de notre fait. Jetons un coup d’œil à nos antennes, nos cheminées et nos arbres. L’absence habituelle de vent peut les rendre d’autant plus vulnérables. Et nos enfants et concitoyens aussi.

Jean-Paul Penot

Le féminisme est avant tout un humanisme.

imgresTelle a été ce soir la conclusion d’un des premiers grands débats de la première journée de la manifestation « Les idées mènent le monde » au Palais Beaumont à Pau.

Elle évoque le titre d’un petit livre qui fit grand bruit à une époque, « L’existentialisme est un humanisme * ». Le féminisme concerne tous les humains. Les hommes ont tout à gagner à avoir des compagnes comblées, sereines. Ne voir en les femmes que des concurrentes de bas étage est un appauvrissement affligeant. Pourtant, seulement 12% des emplois du plus haut niveau sont occupés par des femmes, que ce soit dans la fonction publique ou dans le privé. Alors que le sexe dit faible réussit mieux que le sexe dit fort dans les études.
Comment expliquer cela ? Laure Adler et Nathalie Loiseau s’y essaient, avec finesse. Certes, il y a les freins opposés par les hommes. Mais il y a aussi l’auto-censure que s’infligent les femmes. Et l’attitude insidieuse de bien des parents et des enseignants. L’écolière récite la leçon de la veille ; l’écolier invente celle du jour.
Et quoi de plus significatif que cette déclaration étonnante de Nathalie Kosciusko-Morizet affirmant lors du dernier débat télévisé qu’elle ne serait pas élue. Avez-vous jamais entendu un candidat déclarer cela à 3 jours du scrutin ?
La France regorge d’hommes prêts à voter pour une femme. Non parce qu’elle souligne les disparités indéfendables entre les rémunérations des hommes et des femmes, ou l’excès de tâches ménagères qui incombent en général aux femmes. Mais parce qu’elle professe des valeurs d’ostracisme, de rejet, de retour à un passé révolu, de fermeture des frontières. Je n’ai pas envie de chanter les louanges de la mondialisation. Mais soyons lucides. Le monde s’est transformé et un pur et simple retour en arrière n’est pas possible. Et ce n’est pas en défaisant l’Europe que nous vivrons mieux et que nous serons plus forts. Bien au contraire !

L’élection américaine a été un bien inquiétant message pour le monde et notre pays. Et que sur ce site qui voulait défendre la transparence politique, l’esprit civique, la probité et la proximité des citoyens avec leurs représentants puissent paraître des propos louant un homme qui se flatte d’être à la fois immensément riche et de ne pas payer d’impôts me dépasse. Sans parler de ses propos sur les femmes, les travailleurs mexicains. Que l’électeur perdu dans le Middle-west se laisse séduire par sa morgue, par les jolies femmes dont il s’est entouré, on peut le comprendre, bien qu’acheter de la beauté comme une marchandise ou un attrape-client ne corresponde guère à des valeurs chrétiennes. Mais qu’en France des voix s’élèvent pour célébrer un tel retournement afin de préparer les esprits à une issue semblable dans notre pays me révulse.

Ce n’est pas la défaite de Mme Clinton que l’on doit déplorer. Mais la fin de l’influence d’un homme comme Barack Obama, mesuré, intelligent et plein d’humour à l’occasion. Sa généralisation de la couverture santé a sans doute ses travers. Mais qui ne voit qu’elle allait dans le sens de la solidarité alors que toutes les forces économiques vont dans le sens de la compétition effrénée, des écarts de fortune et de la négation du sort de la planète. Non, tout le personnel politique n’est pas pourri.

Mais que le monde politique n’aie pas réussi à désigner des femmes dans le camp socialiste et qu’une seule femme dans le cas de la droite est déplorable. Cette dernière, Nathalie Kosciusko-Morizet a montré du caractère en résistant à Nicolas Sarkozy et de l’humour et du réalisme en présentant sa candidature lors du dernier débat télévisé. Elle pourrait être une Marianne honorable pour représenter le pays. Ce qui ne signifie pas que toutes ses prises de positions soient inattaquables. Supprimer la progressivité de l’impôt me paraît indéfendable. Mais elle apporterait une vision nouvelle et un dynamisme que tant d’hommes politiques n’ont dépensé qu’à la défense de leurs ambitions ou de leurs intérêts personnels.

Pour les Palois, un autre élément entre en jeu. Si Alain Juppé perd la primaire de la droite, François Bayrou entrera en campagne. Les Palois(es) doivent-ils se résigner à perdre leur maire ? Il faudra revenir sur une telle question.

Jean-Paul Penot

Crédit photo : Nathalie Loiseau marieclaire.fr

*L’existentialisme est un humanisme. Jean-Paul Sartre – Ed. Nagel –  1946 – 144 pages

Au ras des pâquerettes

imgresEn un temps où tant d’hommes (mais moins de femmes) se trouvent une vocation à devenir l’égal  d’Alexandre, Confucius, Sully ou Churchill, et y va de son livre ou de son dossier de mille pages, à tel point que B. Le Maire, auquel on n’aurait pas attribué tant d’humour, déclarait aux Journées de la production française que la France savait produire…des candidats aux primaires, il est rafraîchissant de se plonger dans les petits problèmes de ses concitoyens. C’est ce qu’a dû se dire F. Bayrou, le maire de Pau, en invitant les habitants des quartiers du Buisson et de Trespoey à un forum au Conservatoire de musique le vendredi 16 septembre.

Comme il l’a rappelé, l’exercice n’est pas inédit et ses rencontres  avec les Palois, en personne ou par le truchement de ses adjoints, sont hebdomadaires (ou quasi quotidiennes si l’on prend en compte les permanences des conseillers municipaux). C’est un sain exercice qui n’a pas toujours eu cours dans le passé : en démocratie, il est bon que la parole aille aussi du bas vers le haut. Et pour un homme politique, montrer sa sympathie, son habileté et son humour est un bon investissement. Au passage, il peut emporter l’adhésion de l’auditoire sur le fait plus que probable qu’il ne tire pas un profit personnel de l’abattage des arbres comme il en a été accusé, soulignant ainsi le contraste avec un candidat aux plus hautes fonctions de l’État qui a fait des professions de foi appuyées, mais pas forcément crédibles, d’intégrité et de respect des règles en matière de financement des campagnes électorales.

La démarche a une vertu pédagogique illustrée par des images de racines d’arbres emmêlées dans plusieurs réseaux souterrains. Cela consolera-t-il celles et ceux qui regretteront la splendeur des cerisiers à fleurs aux abords du stade nautique et qui aimeraient la retrouver ailleurs si ce n’est pas possible là ?

De la pédagogie et de la bienveillance, il en faut pour écouter les diverses doléances. Telle dame qui a été insultée par un malotrus peut-elle faire croire que la petite voie bucolique qui a été à deux reprises la scène d’une altercation est le théâtre d’affrontements mettant en danger la quiétude de la ville ? Pour ma part je n’y ai rencontré que des conducteurs prudents et courtois qui n’effraient pas les passants et les cerf-volants (ou lucanes) mettant à mal l’écorce et l’aubier des vieux chênes que l’on a heureusement laissé en paix jusqu’ici.

Certes, la situation n’est pas la même sur de grandes voies qui sont souvent le théâtre de vitesses excessives et de compétitions pour les places de stationnement. L’assemblée est partagée entre répression, interdictions et tolérance. Les édiles ont choisi l’éducation et implanté des radars affichant les vitesses, mais sans pénalisation. Une voie qui mérite d’être suivie…par les conducteurs autant que par les autorités. J’ai d’ailleurs constaté que je roulais à 32km/h. Je m’efforcerai de ne plus le faire…

Terminons par une suggestion qui rejoint la question pédagogique évoquée plus haut. Il n’y a pas que les nouveaux arrivants qui peuvent avoir du mal à suivre de tels débats. De vieux habitants du quartier peuvent ne pas situer les rues en discussion tout en les connaissant bien. Aussi, il serait bon qu’un plan s’affiche lorsqu’il est question des pâquerettes ou des pissenlits de telle ou telle rue. L’auditoire n’en appréciera pas moins la connaissance des dossiers montrée par F. Bayrou et J.-P. Brin. Et lorsque pointe un sujet de plus grande envergure comme l’aménagement de la gare et de l’ancien bâtiment de la Sernam, c’est sur l’avancement et le suivi que pourra se porter l’attention des citoyens.

Jean-Paul Penot

Faites la fête, mais

imag1007Nos amis Basques sont des champions pour ce qui est des fêtes. La San Antolin, le 5 septembre, est une des plus anciennes et des plus authentiques que je connaisse. Elle se déroule dans un cadre enchanteur. Mais que fait-elle de l’environnement ?

Cette année, il n’y avait aucun vent sur cette côte si sauvage. Heureusement, car c’est le Golfe de Gascogne qui eût hérité des monceaux de détritus, de sacs plastiques et de canettes. Or nos plages et nos côtes n’ont rien demandé.

Faut-il incriminer les participants ? Peut-être, car la moyenne d’âge de ceux-ci est autour de 15 ou 16 ans, un âge auquel on devrait être sensible à la beauté et à la fragilité de la nature. Mais plus encore, il faut fustiger les édiles qui n’ont pas su anticiper sur les déchets et fournir des corbeilles ou des bacs adaptés, sans parler du tri possible. Pourtant l’affluence avait été prévue et les gendarmes avaient bouclé tout l’entourage du port, obligeant les automobilistes à faire de longs détours et à marcher un bon moment (ce qui est sain pour les jambes engourdies par une longue station debout et agréable pour les oreilles assourdies…).

L’océan a sans doute plus à craindre de rejets maritimes, urbains et industriels que de ces détritus. Certes. Mais ne pourrait-on pas espérer une meilleure prise de conscience écologique de la part de jeunes qui vont subir longuement les dérèglements de notre planète ?

Jean-Paul Penot

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Cheminots, veillez à vos lignes !

20160604_154320Vos lignes de la main, si vous pensez que là se lit votre avenir. Mais à vos lignes de voies ferrées si vous ne voulez pas qu’elles dépérissent.

Les conflits à répétition et l’émergence de nouveaux moyens de transport risquent fort de faire subir au transport des voyageurs par le réseau ferré un sort analogue à celui qu’a connu le transport des marchandises il y a quelques années.

D’ores et déjà les voitures-lits appartiennent au passé et les couchettes disparaissent. Dans nos rues et sur nos routes apparaissent des autocars dont les tarifs sont alléchants. Sur un trajet comme Toulouse-Saint-Sébastien via Pau le handicap du transport routier sur le rail en matière de temps de transport pourrait ne pas être si important tant le train propose de détours par Lourdes ou Dax. Il faut dire que la SNCF ne fait pas des efforts considérables pour que Basques et Béarnais se rencontrent. Toutes les correspondances à Bayonne ne sont pas désastreuses ; mais toutes ne sont pas optimisées, c’est le moins que l’on puisse dire. Je m’en suis rendu compte récemment en me rendant de Pau à Madrid et au-delà. Prendre le train d’Irun à Madrid à 8h40 était une nécessité. Mais en dehors d’un bus partant vers 4h et mettant plus de 3 heures pour rallier Bayonne c’était impossible. Aussi, j’ai fait l’expérience de Blablacar. Une expérience enrichissante car celle qui m’a transporté était fort intéressante.

Ce trajet n’est pas le seul à montrer que l’Europe ferroviaire d’autrefois n’est plus l’Europe ferroviaire d’aujourd’hui. Il n’y a plus de train direct d’Irun à Vintimille ou même Rome, Venise, Milan, Genève comme autrefois. Et que dire des horaires et des correspondances ? Le voyageur peut avoir l’impression que ces horaires sont dictés par les souhaits des cheminots plus que par les besoins des voyageurs. Cette impression est peut-être fausse ; mais il resterait à le prouver.

Dans d’autres pays, comme l’Espagne, tout est fait pour montrer au voyageur que l’on se soucie de lui : confort, prises électriques en seconde classe, films de qualité diffusés avec des écouteurs. Que se passera-t-il lorsque les transports seront réellement ouverts à la concurrence ? Les cheminots ont obtenu qu’elle soit différée et que leurs droits de repos soient maintenus. Tant mieux pour eux. Mais fermer les yeux sur les transformations en cours serait dangereux. Si le transport participatif est une belle idée et une bonne mesure pour la planète, on ne saurait en dire autant pour le transport en bus ou le transport aérien.

Jean-Paul Penot