Le Code Hammourabi, la Torah, les Évangiles, le Coran et le code pénal contre François Hollande. Ou la sagesse du talion contre la démocratie barbare.

1310032-Loi_du_talion_par_CharbUn communiqué de presse de François Hollande en début de mois concernant le droit à la légitime défense d’Israël contre le Hamas nous donne l’occasion ici de lister quelques textes sur ce concept de légitime défense.

Extrait du code Hammourabi : « Si un homme arrache l’œil d’un autre homme, son œil sera arraché. Si un homme brise un os d’un autre homme, son os sera brisé. » Lois 196 et 197

Extrait de la Torah : « Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort. S’il frappe à mort un animal, il le remplacera — vie pour vie (…) Vous aurez une seule législation : la même pour l’émigré et pour l’indigène. » Lévitique, 24,17-22

Extrait des Évangiles : « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘œil pour œil et dent pour dent’. Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » Matthieu, 5, 38-39

Extrait du Coran : « Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation (…). » Sourate 5, versets 44-45

Article 122-5 du Code Pénal : « N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, effectue dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte. »

Communiqué de presse de la Présidence de la République du 9 juillet 2014  :

Capture du 2014-07-26 16:46:12

Bilan au 25 juillet 2014 :

Israël : 40 morts

Bande de Gaza : 1 000 morts

On savait notre Président inconsistant et inconstant, nous le découvrons vengeur et cruel.

Mot de fin non-conformiste : « C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence (…) » Coran Sourate 2, verset 179.

Par Mehdi Jabrane

Nouvel organigramme des services. Une organisation réactionnaire ?

original.47653« Infiniment trop incompréhensible, trop complexe, illisible, abstraite, coûteuse, labyrinthique, contre-productive,… », voilà quelques uns des adjectifs employés par François Bayrou pour qualifier l’ancien organigramme des services lors du conseil municipal du 10 juin.

Et encore, notre maire a rappelé durant cette même séance qu’il fallait ne pas être trop critique à l’endroit de ceux qui l’avaient mis en place.

Cette séance municipale nous a donc permis de découvrir le nouvel organigramme des services. Monsieur Bayrou avait préparé son affaire en prenant soin de montrer à l’écran les schémas des deux organigrammes. Effet garanti  :

  • Avant : complexité, lourdeur.
  • Maintenant : simplicité, efficacité.

Ce sont d’ailleurs les mots utilisés par M. Bayrou pour qualifier sa nouvelle organisation « simplicité, sobriété, efficacité ». On ne peut que le croire.

Même si nous ne renions pas les critiques de l’ancien schéma, car certaines sont évidentes, nous pensons en réalité qu’il n’existe pas de bon ou de mauvais organigramme.

Les schémas organisationnels sont des outils qu’il convient de choisir en fonction des objectifs visés, de l’état d’avancement par rapport à ces mêmes objectifs au moment du démarrage, et enfin et surtout du niveau d’expérience des équipes.

L’ancien organigramme présentait une organisation dite matricielle, c’est à dire une organisation à la fois horizontale et verticale qui, de manière générale, fait la part belle à la recherche d’innovation et qui vise l’atteinte d’objectifs en mode projet en alliant autonomie et travail d’équipe.

Comme toute création humaine, ce type d’organisation souffre de certaines imperfections : coûts humains élevés, perte de repères dans le qui fait quoi, conflits entre le management hiérarchique et fonctionnel,…

Ces imperfections peuvent être grandement atténuées par une présence forte de l’équipe décisionnelle. Or le cumul des mandats et fonctions d’une bonne partie de la précédente majorité ne pouvait rendre que difficile sinon impossible la gestion d’une telle organisation.

Cependant, les griefs de M. Bayrou contre ce schéma, ne sauraient minorer les avantages de ce dernier car il est aujourd’hui le modèle dominant. En effet, la Croissance prônée par tous nos dirigeants politiques repose en grande partie sur la capacité d’innovation qui elle-même s’exprime le plus efficacement justement dans des organisations matricielles.

Il suffit pour s’en convaincre de rappeler que les entreprises de la Silicone Valley fonctionnent quasiment toutes sur ce schéma. Et on sait qu’en quelques décennies, certaines d’entre elles sont devenues économiquement plus puissantes que des nations !

Dans un monde multipolaire et décentralisé, M. Bayou a fait le choix pour Pau d’une organisation verticale, centralisée et hiérarchisée, donc conservatrice, donc de droite, donc réactionnaire.

Le phénomène réactionnaire comme aiment à le détester les progressistes de gauche (sans quoi ils n’existeraient pas idéologiquement), n’est pas un mal en soi. Au contraire et Dieu merci, il est même naturel. Le corps humain par exemple est réactionnaire. Un sportif vous le dira, trop de compétitions et c’est une fracture de fatigue qui arrive. Un cadre du privé également, trop de projets menés de front et c’est le risque du « burn-out » qui se profile.

On l’a dit précédemment, le principal risque pour une organisation matricielle est la non présence des décideurs ou chefs de projet. Le fait que M. Bayrou soit à temps plein pour Pau aurait permis justement de tirer le meilleur parti d’une organisation matricielle.

Une organisation verticale offre les avantages déjà cités dans ce texte comme la simplicité et l’efficacité, pourtant, de la même façon que les agents, cadres et syndicats se plaignaient du manque de visibilité de l’ancienne organisation, ils se plaindront demain de la rigidité et du manque d’ouverture de la nouvelle.

Ne pouvant méconnaître les avantages de l’ancienne organisation, on peut donc s’interroger sur le choix de notre maire de repartir sur une toute nouvelle organisation. Ce choix a t-il été dicté par  :

  • un confort intellectuel (je pense ce que je sais) ? (Cf. même directeur de cabinet lors de son passage au gouvernement et à la présidence du CG)
  • une peur de l’échec après tant d’années dans l’opposition avec aujourd’hui l’obligation de réussir ?
  • une volonté de reconstruire des fondations saines pour les générations futures après 40 ans d’anarchie socialiste ?

Nous ne doutons pas que la nouvelle direction des services puisse être plus compétente que la précédente, (M. Dartigolles en est quant à lui déjà absolument certain), nous savons cependant que tout changement génère des coûts non prévus au départ. Aussi une innovation « incrémentale », c’est à dire une amélioration de l’ancienne organisation, aurait été, peut-être, un choix plus pragmatique et moins coûteux même si le passage de 5 à 2 directeurs adjoints pèse lourd dans la balance du nouveau changement.

Quant aux jeunes politiciens ayant intégré directement ou indirectement cette organisation et ayant déclarés en off vouloir réformer le système de l’intérieur, nous leur souhaitons doublement du courage : une révolution intérieure n’est jamais chose aisée qui plus est dans ce type d’organisation.

– par Mehdi Jabrane

L’opposition municipale : un concept creux ?

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Au lendemain de ces élections, nos élus vont se mettre au travail : aux élus de la majorité la charge de mettre en œuvre leurs propositions ; aux élus de l’opposition celle de contrôler l’action de la majorité.

En y regardant de plus près, cette dualité majorité/opposition est un peu plus complexe qu’il n’y parait.

Arrivée en tête au 2ème tour, la liste « Aimons Pau » est logiquement majoritaire en nombre de sièges au conseil. Doit-on pour autant considérer la liste « Le Mouvement » comme une liste d’opposition parce que minoritaire ?

Les principaux concernés nous ont déjà donné des éléments de réponse :

  • M. Habib a parlé d’ «opposition  constructive »,
  • M. Dartigolles dont on ne se sait pourquoi il a pris le micro (Cf. article  E. Penne) se dit être « clairement dans l’opposition »,
  • Last but not least, Mme Bled qui, non élue, a déclaré « appartenir désormais à l’opposition municipale ».

D’où nous vient cette idée que dans un conseil municipal, minorité veut dire opposition ?

Sûrement au fait que les maires de nos grandes agglomérations ont été pendant des décennies des députés-maires, reproduisant ainsi machinalement (ou volontairement ?) le concept de majorité / opposition parlementaire.

Il est important de noter que  « le fait majoritaire » est en quelque sorte une déviance de notre système politique. En effet, selon la constitution, l’assemblée doit être un contre pouvoir vis-à-vis du gouvernement. Or nous constatons que ce rôle est maintenant donné à la minorité de l’assemblée, avec des postures malheureusement indignes sinon caricaturales.

En revenant à nos problématiques locales, doit-on considérer l’opposition comme étant ceux qui appartenaient aux listes minoritaires lors du vote du 2ème tour ou s’agit-elle de ceux qui vont voter contre la majorité lors des délibérations particulières comme le budget par exemple ?

La liste sortante « Cap&Cœur » nous a démontré que la cohésion de la majorité et donc son existence, n’était pas une chose simple à maintenir.  Preuve en est les quelques (nombreux ?) désistements en cours et fin de mandat à tort ou à raison de la liste « Cap&Cœur » : Isseini, Boniface, Castéra, Denis,…

Une fois le budget voté, se posera ensuite la question des priorités à mettre en œuvre avec leur cadencement dans le temps ou encore le rythme à donner…Autant d’éléments pouvant modifier sinon perturber ladite majorité et donc de fait son opposition au cours du mandat.

L’opposition : un concept indéfini et mouvant ?

Et le citoyen dans tout ça ? Qu’attend-il de cette minorité ? :

  • qu’elle soit un contre-pouvoir face à la majorité ?
  • qu’elle soit la voix du mécontentement des citoyens par rapport aux promesses non tenues ?
  • qu’elle apporte son intelligence pour aider la majorité à faire de Pau la plus belle ville de France ?

Si les élus minoritaires choisissent eux-mêmes d’aider corps et âme la majorité, ne prennent-ils pas le risque de se mettre en porte-à-faux ou de ne pas être reconnus lors des élections de 2020 ? A ce titre, la posture d’opposition n’est-elle pas un gage de succès futur comme l’a peut-être évoqué avec humour M. Habib au dernier conseil : « après les échecs succède le triomphe » ?

Si le citoyen choisit que la minorité doit jouer un rôle de contre-pouvoir, il est important qu’il (le citoyen) soit informé des dispositifs mis à la disposition des élus de l’opposition afin qu’il puisse juger en toute connaissance de cause l’efficacité de l’opposition.

Dans le code général des collectivités territoriales, des dispositifs existent pour les élus de l’opposition : droit d’expression à l’intérieur de l’assemblée délibérante, droit d’être représentés dans les commissions instituées par l’assemblée délibérante, droit de proposer la constitution de mission d’information, prêt de salle,…

On voit également apparaître des associations d’élus locaux d’opposition ( http://www.aelo.info/ )

Mais encore une fois, pour juger efficacement de l’action des élus de l’opposition, le citoyen est-il informé de ces dispositifs ? Nos élus palois de l’opposition eux-mêmes vont-ils faire ce travail difficile d’éduquer les masses (abstentionnistes) sur un sujet aussi ingrat ?

Il serait regrettable en effet pour M. Dartigolles par exemple, qu’après s’être fait sanctionner à ces élections à cause du contexte national, il se fasse sanctionner encore en 2020 à cause de l’ignorance des citoyens quant à ses réelles possibilités dans l’opposition. Stop à l’injustice !

Plus sérieusement, face à la multitude des projets, des actions, du nombre d’adjoints à temps plein et de délégués de la majorité, un élu d’opposition peut-il être efficace sans être à temps plein ?

Pour aller droit au but et poser la question autrement : l’opposition est-elle légitime dans un conseil municipal ?

Ne doit-on pas trouver un mode de gouvernance où les citoyens auraient les moyens de jouer réellement ce contre-pouvoir en cours de mandat et non pas une fois tous les 6 ans au moment des élections ?

Dans une logique d’ouverture et de libération quant aux postures partisanes dont il a horreur, M. Bayrou saura faire preuve, n’en doutons pas, d’innovation en la matière…pour le bien de Pau et des Palois.

– par Mehdi Jabrane

Manifeste pour une liste citoyenne

Manifeste citoyenManifeste pouvant justifier la constitution d’une liste citoyenne aux prochaines élections municipales.
  1. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres ont conscience que le changement passe par une prise effective du pouvoir politique.
  2. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres font le choix du bien collectif et du désintéressement individuel.
  3. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres donnent la précellence au mérite par rapport aux affinités de classes et de réseaux.
  4. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres sont responsables exclusivement devant leurs concitoyens.
  5. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres participent à la paix sociale en offrant un choix de vote crédible et légitime pour les abstentionnistes et ceux tentés par le vote contestataire.
  6. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres ne font pas le choix de la facilité qui rime souvent avec faiblesse (s’appuyer sur un parti historique).
  7. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres se respectent, se font confiance et misent sur leur solidarité et non sur la renommée d’une tête de liste.
  8. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres participent au bon fonctionnement (renouvellement) de notre république démocratique telle que voulue par ses fondateurs historiques.
  9. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres ne tombent pas dans le piège du clientélisme associatif et communautariste tendu par les partis historiques.
  10. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres ne tombent pas dans le piège tendu par les partis historiques qui feignent d’ouvrir leur liste à des citoyens pour le bénéfice exclusif de leur parti.
  11. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres ne subissent aucune pression vis-à-vis d’une organisation délocalisée.
  12. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres font le choix d’une vision à long terme et disent la vérité sans démagogie ni surenchère contrairement aux listes partisanes qui sont dans des logiques à court terme (être réélues et maintenir une position hégémonique).
  13. Une liste citoyenne, c’est une liste qui dit ce qu’elle va faire et qui a à cœur de faire ce qu’elle a dit.
  14. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres ne sont pas enfermés dans une ‘tour d’ivoire’ loin des problèmes quotidiens des français.
  15. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres sont plus légitimes que les politiciens professionnels pour répondre aux attentes des agents municipaux concernant leurs conditions de travail car ils partagent en majorité le même vécu qu’eux.
  16. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres recréent du lien entre les agents municipaux et les élus.
  17. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres apportent un point de vue différent et innovant quant aux priorités et aux pratiques politiques.
  18. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres démontrent que l’engagement politique ne doit pas être exclusif aux professionnels et veulent éradiquer le phénomène d’auto-censure propre aux classes sociales basses et moyennes.
  19. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres participent indirectement à la construction d’une assemblée nationale réellement représentative en donnant de la confiance et du courage à leurs concitoyens (seulement 3% des députés sont ouvriers et employés alors que cette catégorie représente 50% de la population active).
  20. Une liste citoyenne, c’est une liste dont les membres redonnent de l’estime de soi et recréent du lien entre les citoyens et les élus.

Citoyens palois : Grégory Ortéga, Rachid Qasbaoui, Yannick Labannère, Mehdi Jabrane.

A la jeunesse paloise

JeunesseA la jeunesse paloise. A celle en marge du système, déresponsabilisée. A celle déjà dans les limbes du système, une calculette à la place du cœur. 

« C’était donc tout un nouveau monde à créer, à créer en quelques jours, à créer au milieu d’un déchaînement inouï de résistances et de colères. Il fallut improviser, demander aux passions l’appui que ne pouvaient pas encore fournir les idées ; il fallut étonner, enflammer, enivrer, dompter les hommes qu’un travail antérieur n’avait pas disposés à se laisser convaincre. De là, des obstacles sans nombre, des malentendus terribles et sanglants, de fraternelles alliances tout à coup dénouées par le bourreau ; de là ces luttes sans exemple qui firent successivement tomber dans un même panier fatal la tête de Danton sur celle de Vergniaud, et la tête de Robespierre sur celle de Danton. Souvenons-nous de cette époque, si pleine d’enseignements. Ne perdons jamais de vue ni le moyen ni le but ; et loin d’éviter la discussion des théories sociales, provoquons-la autant qu’il sera en nous, afin de n’être pas pris au dépourvu et de savoir diriger la force quand elle nous sera donnée.

Mais on émettra beaucoup d’idées fausses, on prêchera bien des rêveries ? Qu’est-ce à dire ? Fut-il jamais donné aux hommes d’arriver du premier coup à la vérité ? Et lorsqu’ils sont plongés dans la nuit, faut-il leur interdire de chercher la lumière, parce que, pour y arriver, ils sont forcés de marcher dans l’ombre ? Savez-vous si l’humanité n’a aucun parti à tirer de ce que vous appelez des rêveries ? Savez-vous si la rêverie aujourd’hui ne sera pas la vérité dans dix ans, et si, pour que la vérité soit réalisée dans dix ans, il n’est pas nécessaire que la rêverie soit hasardée aujourd’hui ?

Une doctrine, quelle qu’elle soit, politique, religieuse ou sociale, ne se produit jamais sans trouver plus de contradicteurs que d’adeptes, et ne recrute quelques soldats qu’après avoir fait beaucoup de martyrs. Toutes les idées qui ont puissamment gouverné les hommes n’ont-elles pas été réputées folles, avant d’être réputées sages ? Qui découvrit un nouveau monde ? Un fou qu’on raillait en tout lieu. Sur la croix que son sang inonde, un fou qui meurt nous lègue un dieu.

N’acceptons pas aveuglément tout ce que des esprits légers nous donneraient comme autant d’oracles ; et cherchons la vérité avec lenteur, avec prudence, avec défiance même ; rien de mieux. Mais pourquoi fermerions-nous carrière aux témérités de l’esprit ? A une armée qui s’avance en pays inconnu, il faut des éclaireurs, dussent quelques uns d’entre eux s’égarer. Ah ! L’intrépidité de la pensée n’est pas aujourd’hui chose si commune, qu’on doive glacer les intelligences en travail et décourager l’audace. Que craignez- vous ? »

BLANC, Louis. Introduction dans Organisation du travail. Paris, 1839.

Retour vers le futur ou la question du cumul au XVIIIème siècle

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Puisque tout a déjà été dit sur le cumul, il est intéressant de savoir depuis quand justement tout a été dit.

Un début de réponse pourrait être le texte reproduit ci-dessous qui est un extrait d’une lettre écrite par Edmund Burke à un député français… en 1791.

On me reprochera sûrement de dépoussiérer un texte écrit par un des pères de la pensée contre-révolutionnaire donc conservateur. Cette lecture devrait cependant nuancer une fois de plus la prétendue dichotomie entre réaction et progressisme. Aussi, nous ne serons plus surpris par des prises de position ambivalentes comme celles de M. Baylet (président du PRG) par exemple : oui à la légalisation du cannabis et non à une loi contre le cumul !

Place au texte :

« Nous autres Anglais, nous ne pouvons pas travailler avec autant d’opiniâtreté que les Français.

Nous ne pouvons nous passer de fréquentes relâches ; vous êtes naturellement plus susceptibles d’une application plus soutenue. Je ne connaissais pas cette partie de votre caractère national, avant le voyage que je fis en France en 1773. Dans le temps actuel, cette disposition au travail semble plutôt s’être accrue que diminuée.

Dans votre Assemblée, vous ne prenez pas de repos, pas même les dimanches, et nous, nous prenons deux jours par semaine, outre les jours de fêtes, et des vacances de cinq ou six mois pendant l’été et l’automne. Je crois que cette continuité d’un travail sans relâche de la part de la part des membres de votre Assemblée est une des causes des maux qu’ils ont faits.

Il est difficile à ceux qui travaillent sans cesse de former de justes jugements ; vous ne vous donnez jamais le temps d’être de sang-froid.

Vous ne vous mettez jamais à même de considérer sous leurs véritables points de vue les travaux que vous avez achevés, avant de décider leur exécution finale.

Vous ne pouvez jamais régler vos plans pour l’avenir sur l’expérience de l’effet de ceux que vous avez adoptés les premiers.

Vous n’allez jamais en province pour y observer tranquillement et impartialement l’effet que vos règlements ont produit dans leur exécution.

Vous ne pouvez pas sentir distinctement et par vous-mêmes si vos lois ont rendu le peuple plus heureux et plus sage, ou si au contraire elles ont augmenté sa misère et sa corruption.

Vous ne pouvez pas voir de vos propres yeux les souffrances et les afflictions dont vos dispositions sont les causes.

Vous ne les connaissez que de loin, par les rapports de gens qui flattent toujours la puissance régnante, et qui au milieu même de leurs plaintes et de leurs doléances, enflamment vos esprits, contre ceux même qui sont opprimés.

Un des effets du travail sans relâche est de laisser brûler sa bougie jusqu’au bout, et de demeurer dans l’obscurité…» (Source : Réflexions sur la révolution de France. E. Burke. Hachette 1989)

No comment.

– par Mehdi Jabrane