Européennes, ça approche !

A la date du 5 mai, la possibilité de constituer une liste pour les élections européennes n’existera plus. Celles-ci sont programmées pour le 26 mai. Notez bien cette date. En attendant quatorze listes se sont constituées au plan national et, en Béarn, nous avons notre candidate.

Rappelons quelques règles qui vont présider à cette échéance. Ces élections se feront à la proportionnelle, selon le scrutin de liste. Ces listes, actuellement au nombre de quatorze, seront constituées au niveau national et non plus au niveau des circonscriptions. Elles devront comporter autant de candidats que la France détiendra de sièges au parlement européen, c’est à dire 79. Enfin 79, c’est plutôt théorique car les Anglais qui ne seront pas encore sortis de l’Europe, voteront vraisemblablement eux-aussi. Ce qui risque réduire le nombre des sièges de la France à 74. Ah ce Brexit !

Il se dit que lors de négociations en coulisses, François Bayrou, a réussi à imposer trente candidats issus du parti dont il est président sur la liste : LREM + MoDem + Agir + Mouvement radical. C’est pas mal en reconnaissance des supposés 5% qui auraient permis à Emmanuel Macron d’emporter la présidentielle. Et nous Béarnais avons sur cette liste, à la quinzième place, en rang éligible, une certaine Laurence Farreng née Despaux. Il s’agit de l’actuelle directrice de la communication de la ville de Pau, membre comme il se doit du Modem. Le maire de Pau l’a placée sur la liste de Nathalie Loiseaux, tête de liste issue de LREM.

Actuellement François Bayrou apparaît aux yeux des commentateurs politiques les plus avisés comme celui qui est ou serait très écouté par le Président de la République. Ses conseils se font dans la discrétion de ce qu’il est convenu d’appeler les visiteurs du soir. Alors comme il est personnellement convaincu, il ne s’en cache d’ailleurs pas, que le RIC (Référendum d’initiative citoyenne), le vote blanc, le rétablissement de l’ISF et l’élection des députés à la proportionnelle sont indispensables pour répondre aux revendications des Gilets jaunes, il faut s’attendre à quelques réformes. Enfin, s’il est aussi écouté qu’on le dit…

Les scrutins de listes ont toujours cette part d’inconnu. La liste LREM-MoDem est composée de candidats aux convictions pas toujours très conciliables. Qu’y-a-t-il de commun, en effet, entre Pascal Canfin (2 ème), écologiste convaincu, tenant de la disparition du glyphosate et Jérémy Decercle (4 ème), président des jeunes agriculteurs qui, lui, est plutôt d’un avis contraire ? L’électeur devra admettre que lors d’un vote au scrutin de liste, sans panachage possible, il faut se satisfaire de cette pluralité de doctrines. Alors il faudra oublier ses convictions politiques, vous voyez bien qu’elles ne servent à rien.

Et pendant ce temps-là, notre Jean Lassalle cherche à composer une liste dont il prendrait la tête. Mais y parviendra-t-il ? Le suspense est grand et l’argent lui manque.

Pau, le 10 avril 2019

par Joël Braud

Plus vite dans la vie, plus lentement sur les routes ! 

Les choses ne sont jamais simples.

Les problèmes surgissent les uns après les autres, les uns fondamentaux, les autres secondaires ; ils s’atténuent, rebondissent et s’estompent.

Le tiroir se ferme, on ouvre le suivant, sans avoir travaillé le fond mais seulement le buzz qui en résulte.

Depuis des semaines, plus même, nous sommes gâtés !

Le débat sur la vitesse est l’un d’eux. Il est vraiment beaucoup plus une occasion d’extérioriser des critiques accumulées sur les uns ou les autres, ou les politiques des uns ou des autres, locaux de préférence, que d’aborder un problème essentiel, celui de la préservation de la vie des gens.

Dans ce cas, la solution est loin d’être aussi simple que celle de faire payer les responsables «d’excès» de vitesses, arbitraires et évolutives, incontournables car mortelles par définition.

«Les gilets jaunes sont vent debout contre cette mesure( limitation de vitesse à 80 km/h.) au point d’avoir saboté nombre de radars fixes afin de les rendre inopérants» nous dit M.Braud.

Je ne suis pas persuadé que les gilets jaunes ciblaient la baisse de la vitesse supérieure autorisée sur les routes ; je pense plutôt qu’ils voulaient symboliser leur opposition à la façon dont l’État remplissait ses caisses par cette forme d’impôt, en faisant jouer la fibre émotionnelle de la préservation de vies humaines.

Si, sans aucun doute, nos politiques sont très attachés à la vie de leurs électeurs, ils devraient porter alors leurs efforts dans de nombreux autres domaines, causes de bien plus de décès, y compris ceux de la route !!

Les 5 premières causes de mortalité en France : Qu’est ce que c’est ?

Qu’elle est la première cause de mortalité en France ?

1ère cause : les cancers (33% des décès masculins, 24% féminins de 2004 à 2008). Les causes des cancers sont de mieux en mieux connues; c’est la politique économique de création incessante de nouvelles molécules souvent minuscules (nano) libérées dans l’eau, l’air, la terre, sans contrôle de toxicité et utilisées par l’industrie alimentaire, agricole, cosmétique… et la pollution toxique qui en résulte.

« D’après la Mutualité sociale agricole, 79 cas de parkinson, de cancers de la moelle osseuse ou du système lymphatique ont été reconnus en 2016 comme maladies professionnelles liées aux pesticides. La France est le premier de la classe parmi les utilisateurs de ces produits: 100.000 tonnes/an, 12% d’augmentation entre 2009 et 2016!  » Canard du 3/04/2019.

Un article de Sud Ouest du 3 avril 2019 évoquait les dangers pour la santé des contrefaçons, entre autres les faux médicaments ou les médicaments mal dosés, voire dangereux, provenant de l’étranger et présentés sur Internet.

Avec 48 000 morts par an en France, la pollution de l’air tue plus que l …

https://www.lemonde.fr › Les décodeurs › Santé

«le tabac : 73000 morts par an, pollution de l’air : 48000, alcool : 41000, accidents de la route :3300.»

2ème cause : les AVC, favorisés par l’hypertension, le tabagisme, l’obésité, la sédentarité, le stress..; ces retombées de «la vie heureuse» que nous impose la croissance de l’économie libérale individualiste.

3ème cause : les accidents:

+ au domicile: 32 décès/jour (importance des produits toxiques ménagers manipulés par les adultes et, souvent, à portée des enfants, les colles, les produits phytosanitaires pour le jardin…

+ de la circulation 10 décès/jour et 1/5 des automobilistes, en 2014, avaient un taux d’alcoolémie illégal. Ne parlons pas des stupéfiants, du téléphone..Le non-port de la ceinture de sécurité: 20 % des tués n’étaient pas ou mal attachés, la fatigue, l’inattention , la somnolence est la cause d’1 tué sur 3 sur autoroute, la prise de médicaments, l’automédication, le refus de priorité, le non-respect des distances de sécurité, l’entretien des véhicules…

Les principaux facteurs d’accident – Auto-ecole.net
https://www.auto-ecole.net/code/reglementation-et-responsabilite/les-accidents

« les accidents mortels ont plus souvent lieu dans les lignes droites que dans les virages. En cause, la monotonie du trajet: le cerveau se relâche et le conducteur peine à rester concentré tout au long du trajet. Il est également plus sujet aux distractions – lire un SMS, se retourner pour gronder les enfants ou chercher quelque chose dans son sac – que sur un trajet accidenté. « En virage, l’accidentalité traduit la vitesse alors qu’en ligne droite, tant que le conducteur maîtrise le volant, le véhicule ne dévie pas de sa route, même à vitesse élevée »»

4ème cause : Altzeimer, suicides…

Naturellement, toutes ces causes interfèrent: Bougarber : Sud Ouest 3 avril 2019

«Le 9 février, route de Sault de Navailles à Bougarber un conducteur de 33 ans se serait endormi au volant et a percuté un autre véhicule arrivant en face. Le choc a été particulièrement violent. Le trentenaire roulait à 108 km/h au lieu des 80 réglementaires. L’auteur de l’accident a été légèrement blessé, l’autre conducteur est polytraumatisé à l’hôpital de Pau. Les tests toxicologiques étaient positifs à l’alcool. Il avait déjà été condamné pour des conduites en état d’ivresse.»

La vitesse excessive est évidente; est-elle la seule cause de l’accident ?

Coupable peut-être, mais pas responsable ?

Les véritables causes des excès de vitesse sont innombrables; il faut les chercher dans des comportements individuels, familiaux, associés à des comportements sociaux, sociétaux, économiques, politiques.

Comme toujours, le raisonnement linéaire est basé sur le fait que, lorsqu’il y a un problème, on cherche une cause facile à mettre en exergue pour la supprimer, en récupérant au passage, facilement, de l’argent !

Pour réaliser la transition écologique, il n’y a qu’un responsable et il doit payer: l’automobiliste qui ne peut pas faire autrement, pour travailler ou se nourrir, et on exonère les très gros pollueurs.

Pour diminuer le nombre de morts sur les routes il faut faire payer ceux qui dépassent une vitesse déterminée. Plus on la baisse plus cela rapporte.

Dans les deux cas, c’est facile, c’est injuste mais cela rapporte gros.

La destruction des radars a provoqué une hausse rapide de la vitesse; elle peut s’expliquer par un relâchement des comportements, comme c’est le cas quand il est question de libération subite de contraintes. Cela va-il durer ? A vérifier sur plusieurs mois.

En ce qui concerne la relation radars, gilets jaunes et morts sur les route s:

Sécurité routière : le rebond de mortalité sur les routes est-il lié à la …

https://www.lci.fr › Population

«Nous avons commencé par compiler les chiffres nationaux depuis novembre, début du mouvement Gilets Jaunes. Premier constat : impossible de parler d’une tendance uniforme à la hausse des accidents. En novembre 2018, premier mois du mouvement des Gilets jaunes, les accidents avaient diminué de 4,7% et les tués de 1,8% par rapport à novembre 2017. En décembre 2018, les accidents avaient augmenté de 13,8% mais le nombre de tués, était lui en baisse 13% par rapport à décembre 2017. Enfin en janvier 2019, l’ONISR enregistrait une baisse de 4,3% des accidents mais les tués étaient en augmentation de 3,9% par rapport à janvier 2018. Pour rappel, ces hausses et ces baisses sont comparées par rapport au mois de l’année précédente. Les conditions météo ou de circulation peuvent varier, d’où une disparité dans les chiffres.»

Laurent Carnis, spécialiste de l’économie de la sécurité routière et directeur de recherche à l’Ifsttar, précise : « Pour mesurer l’ampleur de cet impact, il faut enquêter et prendre en considération l’ensemble des facteurs qui peuvent influencer la conjoncture de l’accidentalité routière. »

Hausse de la mortalité sur les routes : « La destruction des radars a …

https://www.nouvelobs.com › Société

« La forte augmentation de la mortalité routière enregistrée le mois dernier concerne principalement les piétons, les cyclistes, les jeunes de 18-24 ans et les seniors de 65 ans et plus », souligne la Sécurité routière, qui s’inquiète particulièrement de voir « la mortalité des cyclistes la plus forte relevée pour un mois de février depuis dix ans, avec 18 décès estimés ».

Pour tuer un cycliste, un piéton, une personne âgée, il n’est pas nécessaire de dépasser la vitesse autorisée!

La destruction des radars suffit-elle vraiment à expliquer la hausse de …
https://www.francetvinfo.fr › … › Sécurité routière › Limitation de la vitesse à 80 km/

Prudence avec ces chiffres alarmistes. La seule dégradation des radars ne peut tout expliquer.Les saisons et la météo ont également différentes conséquences positives et négatives. Quand il fait beau, on se déplace plus, y compris à moto, à vélo ou à pied. Le mois de février 2019, en France métropolitaine, a connu un ensoleillement excédentaire, selon Météo France, alors que l’hiver précédent, le soleil avait été « particulièrement absent », relevait Le Monde. « Il faut prendre en compte la météo plus clémente, mais aussi le fait que la pratique du cyclisme se développe », explique la Sécurité routière.

Enfin, comme l’explique Le Monde les données publiées proviennent des « remontées rapides » transmises par les forces de l’ordre au ministère de l’Intérieur. Elles sont extrapolées, par l’application d’un coefficient, car elles ne sont pas complètes. Il peut manquer des données, pour les derniers jours du mois par exemple.

A tout cela, On peut ajouter le nombre de kilomètres parcourus, il est en constante augmentation, surtout dans le monde rural, du fait de la disparition des services publics qui oblige à parcourir de plus en plus de distance pour se rendre à un service préfectoral, un établissement scolaire, un hôpital….; la réalisation des grandes régions comme la Nouvelle Aquitaine engendre des déplacements de plus en plus longs pour les responsables politiques ou administratifs…

J’en arrive à me demander si la pollution et les accidents provoqués par tous les véhicules particuliers, les files continues de camions, les motos, les cars roulant à vitesse dite non excessive, ne tuent pas plus de monde que les quelques uns qui dépassent cette vitesse !

D’autre part, la consultation du milieu médical (cas psychiatriques) et les nombreux comportements irraisonnés, voire agressifs, constatés dans la vie courante, relatés par les médias, laissent présager un % non négligeable et dangereux, au volant, avec des réactions amplifiées par l’impression de  toute puissance. Les radars flashent mais ne sont absolument pas dissuasifs pour ce type de conducteurs souvent sans permis et incapables de payer.

Alors qu’il faut aller toujours plus vite dans la vie personnelle, professionnelle, financière…, il faut ralentir sur les routes !

Bilan :

En fait,  lutter contre la vitesse excessive sur les routes, c’est bien mais lutter contre la vitesse excessive de la toxicité physique, chimique, physiologique et psychologique de notre espace environnemental et culturel, c’est mieux et plus efficace.  Cela fait partie de cette transition économico-écologique qu’impose le monde nouveau.

Signé Georges Vallet

Crédits photos : https://www.rtbf.be/classic21/article/detail_securite-ni-trop-vite-ni-trop-lentement?id.

Qui va limiter la vitesse ?

Lors d’une interview récente accordée à France bleu Béarn, le sénateur Max Brisson s’est dit particulièrement réjoui par le projet du Sénat de donner la possibilité aux départements ou aux préfets de relever la vitesse à 90 km/h à la place de l’État. Faut-il partager le même enthousiasme ? Quelles seront les changements que l’on peut espérer ou craindre ?

Nous sommes maintenant en plein débat sur l’opportunité de la limitation de vitesse à 80 km/h. Les gilets jaunes sont vent debout contre cette mesure au point d’avoir saboté nombre de radars fixes afin de les rendre inopérants. La conséquence ne s’est pas faite attendre : les accidents mortels sont en notable augmentation (sauf dans notre département rassurez-vous). L’enjeu semble être politique. En enfonçant un coin entre le premier ministre, initiateur de cette nouvelle limitation à 80 km/h, et le chef de l’État qui est, sur ce sujet, plutôt nuancé, la préoccupation principale n’est pas vraiment sécuritaire.

Mais tout d’abord essayons d’y voir plus clair en listant les différentes limitations de vitesse qui, selon le code de la route, peuvent s’imposer aux conducteurs :

130 km/h est la vitesse maximum autorisée sur autoroute ;

110 km/h est la vitesse maximum autorisée sur autoroute par temps de pluie ;

90 km/h est une limitation autorisée soit sur les routes dont les deux axes de circulation sont séparés par un terre-plein central, soit sur les routes à quatre voies même lorsqu’elles ne sont pas séparées par un terre-plein central. A noter que sur les routes à trois voies sans terre-plein central, le 90 km/h est permis uniquement sur l’axe muni de deux voies (vous suivez ?) ;

80 km/h est la limitation qui s’impose partout ailleurs. Elle remplace la limitation à 90 km/h ;

70 km/h est une limitation qui s’applique sur les voies qui présentent un danger particulier ;

50 km/h est la limitation normale en agglomérations ou quand la visibilité est inférieure à 50 m.

30 km/h est la limitation décidée par les maires dans certains secteurs urbains ;

20 km/h est la limitation destinée à favoriser les rencontres en secteur urbain..

Et tout cela sans tenir compte des conditions particulières qui s’appliquent aux jeunes conducteurs.

Les partisans de ce transfert de responsabilité agitent comme toujours, l’argument de la proximité sur l’air de : nous qui sommes d’ici, nous savons mieux ce qu’il convient de faire. Bon ! on verra bien si toutefois cet amendement du sénat sera également adopté par l’Assemblée nationale. Mais que ces tenants d’une décentralisation à tous crins sachent que la responsabilité de la sécurité routière pèsera alors (lourdement) sur leurs épaules dans les départements. Il ne faut pas exclure également que ces élus locaux, toujours disposés à satisfaire les doléances de leurs électeurs, multiplient les limitations comme c’est actuellement le cas sur la route Pau/Oloron ; on y dénombre pas moins de 32 panneaux de limitation de vitesse (si mes comptes sont exacts). Alors il y aura des commissions et on discutera et débattra à l’envi.

Mais cela n’est-il pas un débat qui porte principalement sur la décentralisation. Notre pays serait selon certains encore trop jacobin. Les élus locaux se disent dépossédés de nombre de leurs responsabilités et on besoin de reconnaissance. Plus qu’une préoccupation sécuritaire, une volonté d’élargir les pouvoirs des élus de terrain, viendrait fausser le débat.

Pau, le 1 avril 2019

par Joël Braud

Crédit photo : Seine-Maritime.gouv.fr

L’Europe un rêve déçu

colère

 

Mes frères, cessons nos plaintes !
Qu’un cri joyeux élève aux cieux nos chants de fêtes et nos accords pieux !

Beethoven (Prélude de « l’Ode à la joie », 4e mouvement de la IXe symphonie).   Hymne Européen.

La campagne pour les élections Européennes va mettre au centre du débat l’avenir d’une « Communauté » en piteux état. Cette Communauté elle est née d’une aspiration généreuse portée par des objectifs d’abord spirituels. Il faut entendre ce mot au sens laïc. C’est Victor Hugo lui-même qui l’évoqua en premier, lors d’une séance de l’assemblée Nationale repliée à Bordeaux : « Le peuple français a taillé dans le granit indestructible et posé au milieu du continent monarchique de l’Europe la première assise de cet immense édifice qui s’appellera un jour les Etats-Unis d’Europe (approbation à gauche- Rires sur les bancs de la majorité). »

La « vision hugolienne » devait avancer portée par les « pères fondateurs » dont le pilier fut Jean Monnet, bête noire du Général car il avait soutenu Giraud, marionnette de Roosevelt, son concurrent pendant la guerre ; De Gaulle incarnant la Résistance réelle comme il le prouvera par la suite. L’alliance des grandes nations européennes, la France et l’Allemagne –la Grande-Bretagne restant sur sa réserve insulaire- se fit malgré les réticences Gaulliennes sur une double nécessité : économique et morale.

C’est cette dernière qui nous intéresse aujourd’ hui. Il fallait, au sortir de la guerre, tirer un trait sur ce qui avait été le plus grand massacre de masse de l’histoire européenne, cette industrialisation de la mort que fut la Shoah ; phénomène unique quantitativement mais aussi dans son fonctionnement. Il était singulier –et horrible- qu’elle fût conçue et élaborée dans le pays de Kant et de Hegel, de « l’Aufklärung » et soutenue par l’Etat Français (celui de Pétain) sur les terres des « Lumières » de Voltaire et de Descartes. C’est donc la volonté de revenir à un humanisme porté par la Raison qui conduit le mouvement Européen à ses débuts. On peut dire que la construction européenne a été élaborée en réaction à cette brutale manifestation d’antisémitisme, vue désormais comme une sorte de parenthèse honteuse dont il fallait tourner la page. Tourner la page ne voulant pas dire oublier, bien sûr. C’est là, dans la prise de conscience de l’horreur de la Shoah, que se trouve le fondement moral de cette union, la base d’une construction commune ; toute construction naissant d’abord d’une idée.

La montée progressive et récente d’un antisémitisme aux arguments nouveaux, largement répandu dans tous les pays européens sans exception, montre que l’édifice n’est pas à la hauteur de cet objectif généreux et nécessaire. Comme l’analyse parfaitement Alain Finkielkraut tirant la leçon de sa récente agression : dans un curieux retournement de situation, l’antisémitisme est devenu une « figure de l’antiracisme ». Paradoxe absurde mais bien réel. L’Europe a donc failli dans son objectif premier : éradiquer cette haine qui mène à des conduites insensées. Pourquoi ? C’est la question principale : on aimerait la voir évoquée dans ce débat électoral dominé jusqu’à maintenant par les tambouilles électorales habituelles qui n’ont pour objet que d’assurer des postes aux uns et aux autres.

On a changé le curseur européen. L’objectif matérialiste a pris le pas sur les autres considérations. Il faut assurer un bien-être collectif optimal -objectif en partie réalisé- en s’appuyant sur des considérations exclusivement économiques et financières, tout cela dans le cadre d’un système qui a fait ses preuves mais dont on sait qu’il doit être amendé, contrôlé : le libéralisme. A cela, s’ajoute une multitude de décisions tatillonnes et autocratiques pondues par une administration qui n’a rien à envier à « l’énarchie » qui sévit en France combattue résolument par Xavier Bertrand.

A-t-on entendu Jean-Claude Junker nous parler de culture ? A-t-on apporté une réponse politique aux pro-Bexit ? Les obstacles technocratiques de Michel Barnier ont-ils fait réellement évoluer les esprits britanniques ? La faible participation annoncée pour ces élections est-elle le signe d’un désamour définitif ? La montée des populismes est-elle une fatalité ? Y aurait-il un langage des chiffres unique, des statistiques  désincarnées et définitives pour évoquer ce grand dessin ? Si oui, alors pourquoi débattre ? Ne pouvons-nous pas trouver, ni même chercher, une réponse commune aux questions essentielles : l’immigration, le terrorisme, la transition énergétique ? Apporter une réplique conjointe à l’antisémitisme et au racisme dans un ensemble qui pourtant s’était promis de les bannir définitivement ?

L’Europe, gouvernée ainsi, ne fait plus rêver. Hélas !

Pierre Michel Vidal

Quatre mois et plus !

Il aura fallu plus de quatre mois pour que le gouvernement parvienne à juguler la violence qui, depuis le 17 novembre, ponctuait les défilés pacifiques des gilets jaunes. Il a suffi de faire appel à la mission sentinelle et de réglementer les manifestations. On n’a vu ni casseurs, ni agressions des forces de l’ordre, ni voitures brûlées, ni immeubles incendiés, ni magasins saccagés !
Alors était-il si difficile de mettre en œuvre les mesures qui se sont révélées efficaces ?
Peut-on imaginer que c’était en raison de l’incompétence d’un préfet de police qu’elles ne l’avaient pas été jusque-là ? Évidemment, non. Tout ce que nous avons vu pendant plus de quatre mois est imputable à ceux qui sont responsables de l’organisation du maintien de l’ordre dans le pays et ces responsables sont en premier lieu le chef de l’État puis ceux qui lui sont soumis, le premier ministre et le ministre de l’intérieur.
Ce n’est pas un fonctionnaire qui donne les ordres, c’est le pouvoir politique légitime.
Mais une question vient alors tout naturellement à l’esprit. Pourquoi ne pas avoir agi ainsi dès les premières violences ? Pourquoi avoir donné au monde entier des images d’une absence totale de contrôle des voyous quel que soit le nom dont on les affuble, « black blocs «  ou autre ?
La première réponse peut être la naïveté des responsables qui ont pu penser que les choses allaient se tasser d’elles-mêmes. Et il n’en fut rien.
La seconde aurait été machiavélique. En laissant les violences et les saccages prospérer on pouvait espérer que la nation allait se désolidarisée des gilets jaunes. Là encore , il n’en fut rien.
Alors ? Eh bien personne n’est venu expliquer au pays pourquoi il a fallu laisser passer plus de quatre mois pour faire montre de force et de détermination.
Personne non plus dans les médias pour poser la question au premier ministre et au ministre de l’intérieur. Et encore moins pour dénoncer fortement le week-end à la neige du président qui ne pouvait pas ignorer que des événements graves allaient se produire pendant son absence.
Tout cela sent soit l’incompétence, soit l’inconscience. Dans tous les cas de figure le pays doit retenir que l’affaire a été mal gérée. Se souviendra-t-il des souillures de l’arc de triomphe, symbole de la reconnaissance du peuple à ses soldats, des flammes illuminant l’avenue des Champs Élysées un nos fleurons architecturaux mariant luxe et bon goût qu’il faudrait d’ailleurs cesser de qualifier sans raison de plus belle du monde ?
Quoi qu’il en soit il faut désormais imaginer que la recette ayant été trouvée le gouvernement va pouvoir la mettre en œuvre partout où les violences contre les forces de l’ordre ou les pompiers sont récurrentes. La sécurité est aussi un droit pour les citoyens !

Pierre Esposito.

Crédit photo : TF1

L’obligation de dénoncer

Récemment un haut responsable de l’église catholique a fait l’objet d’une condamnation par le tribunal correctionnel de Lyon. Cette condamnation a été prononcée non pas pour des considérations que beaucoup, au fil des articles de presse, laissent supposer ou entendre, mais en regard d’un article du code pénal auquel, à ma connaissance, il n’a pas été fait référence. Il n’entre pas ici dans mes intentions de prendre parti sur le bien fondé de cette décision de justice, ni d’apporter un jugement sur le comportement des auteurs d’atteintes sexuelles infligées à des mineurs, mais d’attirer l’attention de chacun sur cet article du code pénal qui s’applique à tous et ce dans des circonstances beaucoup plus larges qu’on ne le suppose habituellement.

Voici donc le texte de loi en question :

Article 434-3 du code pénal « Le fait pour quiconque ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’atteintes sexuelles infligées à un mineur de quinze ans ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende. Sauf lorsque la loi en dispose autrement, sont exceptées des dispositions qui précèdent les personnes astreintes au secret dans les conditions prévues par l’article 226-13. »

La Justice de notre pays, et c’est tout à son honneur, a pour fonction d’appliquer la loi. Son rôle se situe en dehors des appréciations sur le bien fondé des articles de loi, cela est le rôle du législateur et de personne d’autre. Elle n’a pas non plus pour vocation de donner des leçons à tel ou telle organisation, elle se base uniquement sur un texte et doit l’appliquer dans toute sa rigueur. Elle se fait en outre un devoir de considérer que les lois de notre République ont prééminence sur celles qui régissent d’autres structures.

Or à la lecture de cet article cité ci-dessus dans son intégralité, il faut que chacun se sente concerné. Parce que les cas cités sont nombreux et les situations possibles protéiformes, l’éventualité d’en connaître ne peut être écartée a priori. Les mauvais traitements de toutes natures ne se produisent pas en majorité, contrairement à une idée reçue, dans les institutions mais le plus souvent dans la sphère privée, voire familiale. Informer les autorités, pour reprendre le terme employé dans la loi (qui ne parle pas de dénonciation), n’oblige pas à avoir une certitude sur les actes répréhensibles, un simple doute peut suffire. Les faits pourront éventuellement être établis par un service d’enquête beaucoup plus compétent qu’un simple particulier.

Comme vient de le démontrer un très récent jugement du Tribunal de grande instance de Créteil, les mauvais traitements sont très sévèrement punis – cinq ans de prison ferme pour un homme auteur de gifles et d’insultes sur une personne âgée dans un Établissement d’Hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Il faut y voir la manifestation du devoir de respect et de protection des personnes vulnérables (pour employer un terme plus générique), que notre société impose.

Pau, le 25 mars 2019

par joël Braud

De la chenille au papillon, une politique qui s’adapte.

«En pratiquant cette dictature (de la nature) depuis quelques siècles, nous l’avons en quelque sorte réduite en esclavage de sorte qu’aujourd’hui sa révolte risque de nous éliminer de son règne. Nous devons donc obéir à la nature pour connaître mieux notre nouvelle partenaire» Michel Serres.

«L’actualité immédiate conduit à s’interroger sur l’évolution de notre société parce qu’il s’agit bien de cela. Alors les réflexions et interrogations sont ouvertes.» J.Braud

J’en profite puisque l’animateur de ce Petit Débat ne me coupera pas la parole !!

L’évolution de la société, d’un point de vue général, est compréhensible à la lumière de l’histoire ; quant à son avenir, personne n’est capable de le prévoir, son histoire n’est pas écrite et l’homme ne peut pas le construire, trop de facteurs entrent en jeu !

L’évolution biologique a évolué en étroite relation avec celle de l’environnement ; toutes les structures récentes ou anciennes, non adaptées aux nouvelles conditions environnementales, disparaissaient ; on parle de sélection naturelle.

Pour l’évolution culturelle, tant que l’homme (chasseurs, cueilleurs) est resté partie intégrante de l’écosystème, il a suivi la loi de la sélection naturelle.

+Au néolithique, une première prise de distance avec la nature se produit ; l’agriculture, l’élevage, le feu.. permettent une nouvelle façon de vivre.

Un nouveau monde est né, celui de la paysannerie, il a commencé à mettre la nature en esclavage et, par ses inventions, à lui «désobéir», avec des avantages mais de nouveaux risques dramatiques (famines….).

+Le mouvement s’est amplifié durant la période industrielle : un nouvel âge des métaux dont l’apogée se situe au 18ème, 19ème et 20ème siècle. L’homme exploite de plus en plus la nature qui est devenue sa chose, un don gratuit, un eldorado.

+Nous vivons depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, non pas un passage, non pas une transition, mais la première phase d’une métamorphose, c’est-à-dire la décomposition, la liquéfaction de toute une structure antérieure non adaptée au nouveau monde qui est en formation :

Le monde du numérique, la mondialisation, la rapidité, la fréquence, des échanges physiques, chimiques, sociologiques, psychologiques.. génèrent un monde de plus en plus complexe, imprévisible, ingouvernable.

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

L’accouchement se fait dans la douleur car la nymphose engendre un monde inconnu, un imago imprévisible et surtout inadapté à l’ancienne gestion temporelle politico-économico-sociologique.

Le monde politique n’a pas suivi, il veut continuer à gérer le nouveau monde comme l’ancien, c’est l’échec total car la chenille ne vit pas comme le papillon !

«Il y a un dérèglement entre une politique désuète et une société extrêmement nouvelle. Aujourd’hui, nous n’avons plus de grille de lecture du rapport qui peut exister entre la politique qui a fait naufrage et la réalité sociale complètement nouvelle. Sur fond d’inégalité sociale et de la détresse paysanne qu’on peut tout à fait comprendre, des mouvements comme celui des Gilets jaunes sont apparus, dont on voit très bien d’où ils viennent, mais dont on ignore en revanche où ils vont.» M.Serres.

Cette crise politique est mondiale. Trump aux Etats-Unis, l’extrême-droite en Europe centrale, le Brexit en Angleterre, une sorte de chaos en Italie, puis des régimes autoritaires comme ceux de Poutine et d’Erdogan, les Gilets jaunes en France en sont les résultats.

La crise n’est pas conjoncturelle mais structurelle.

Les racines sont profondes ; depuis le néolithique la gestion de la société est marquée par des causes connues mais non synthétisées, volontairement, pour ne rien changer :

+ Une accélération qui devient exponentielle, de tous les domaines de la culture, de l’économie, de la finance, des échanges, des transactions, du fait de l’évolution rapide des connaissances, de la technologie ; les échanges dans les réseaux sociaux, les transactions se font à la fraction de seconde dans le monde entier du fait de la généralisation des nouvelles technologies !

+La démographie, l’espérance de vie, la lutte contre la maladie a explosé et continue encore son ascension. Le vieillissement devient de plus en plus lourd à porter.

+La disparition progressive de l’agro-culture – nous étions 50 % de paysans et nous ne sommes plus que 2 % (M.Serres). C’est la concentration urbaine.

l’urbanisation et la prison forment une troublante cohabitation.

+La mondialisation de l’économie et de la finance est génératrice de violences sociales souvent mortelles, bien plus redoutables donc que celles qui en résultent et qui se produisent dans la rue, au moins dans notre pays.

+«Surtout 70 ans de paix, ce qui n’est jamais arrivé dans notre histoire. Nous sommes entrés dans une période en rupture totale avec ce que l’on a connu. Ce n’est plus le même homme, ce n’est plus la même vie, ce n’est plus la même mort, ce n’est plus le même espace, ce ne sont plus les mêmes relations.» Michel Serres.

Pour ceux qui ont connu la guerre, il y a non assistance à humanité en danger que de vouloir refuser l’Europe ou  maintenir l’actuelle, celle de l’argent, de la concurrence, de la spéculation, de la pollution, de la malbouffe, de la dégradation climatique. Par contre, il est fondamental de construire une Europe des citoyens reconnaissant les différences de culture, de passé mais unissant, pour plus de force et d’efficacité,  les points communs : sécurité, santé, puissance économique, niveau social, égalité…

+Les conséquences environnementales de l’exploitation inconsidérée de la nature sont tragiques pour l’ensemble de la société.

Alors, on peut augmenter la CSG, réformer la SNCF, privatiser les aéroports, créer de plus en plus de véhicules polluants, fabriquer de plus en plus d’armes, d’avions, prendre sa retraite plus tard et favoriser le chômage, licencier sans prévenir ni prévoir un recyclage, ruiner le pays avec les centrales nucléaires et leurs déchets, vouloir moins de sénateurs et députés, faire des Grands Débats,…, on continuera à augmenter les inégalités, les salariés sans toit, les resto du cœur, les SDF, les vieux en souffrance, les écarts de rémunération insolents…., cela ne changera rien et on ouvrira la voie au totalitarisme.

Que faire ?

Devant la multiplication infinie des intervenants, la voie n’est plus au raisonnement linéaire, aux petits pas dans tous les sens, au tâtonnement, mais à la gestion d’une complexité dont aucun algorithme ne peut venir à bout.

Connaître les dossiers ne suffit pas, les paroles, c’est du vent ; il est grand temps de promouvoir des actes significatifs ; dans l’immédiat ; les premiers d’entre eux, dont dépend tout le reste, est la lutte contre les bouleversements climatiques ; une taxe sur les carburants, payée seulement par les moins responsables est franchement de la provocation !

En conclusion, je me référerai aux réponses de l’infatigable voyageur de la pensée, auteur prolixe dont une vingtaine d’ouvrages interroge la société sur ses évolutions : Michel Serres

Quelle sortie de crise voyez-vous ?

«Les événements ont toujours été imprévus. Pensez-vous que celui qui a pris la Bastille prévoyait la Révolution française ? La sortie de crise aura lieu dans des circonstances que je ne vois pas et que d’ailleurs, tout le monde ignore.»

Diriez-vous que notre société, en tout cas sous le modèle que nous lui connaissons, est en danger ?

«Je ne dis pas qu’elle est en danger, je dis qu’elle est si nouvelle que nous peinons à la voir telle qu’elle est. Ce que je repère, c’est son extraordinaire nouveauté, et des institutions et de partis qui n’ont pas su évoluer avec elle. Nous n’avons pas inventé un nouveau système, on est en manque de ça.»

À propos de la sortie de crise, les politologues croient distinguer deux voies possibles : un retour à «l’ancien monde», avec la reconstitution du modèle gauche/droite qui serait plus à l’écoute de la société, ou la tentation d’un État totalitaire en France. Partagez-vous cette analyse ?

«La première solution est impossible, et la deuxième n’est pas souhaitable. La première est impossible, parce que si elle était possible, ce serait déjà fait, les partis politiques auraient déjà repris la main. Et la seconde est évidemment la pire. Macron est extrêmement fragile, parce qu’il est cerné par l’extrême gauche et l’extrême droite. Et l’histoire du XXe siècle a montré que les pires régimes se sont toujours construits sur une sorte de liaison secrète et explosive entre les deux extrêmes : le national-socialisme d’Hitler fut l’alliance de la dictature et du prolétariat.»

Alors, méfiance !

signé Georges Vallet

crédits photos:http://citation-celebre.leparisien.fr/citations/64660

Michel Serres : «Une réalité sociale complètement nouvelle» Michel …
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Le printemps

Le printemps voit le jour sous peu et sous nos yeux des enfants meurent, eux qui représentent le printemps de nos vies … des vies chargées d’histoires, les unes chagrins pour quelques-uns se contentant d’un maigre destin quand d’autres s’amusent d’elles les croyant éternelles.

Celles de nos enfants elles, se situent pour les uns dans les ruelles, des mères assises à leur côté. Les enfants tendent la main, souriant tout comme elle le fait, pour une miche de pain un bol de lait ou quelques pièces usagées ne signifiant rien. D’autres esseulés après avoir fait une longue traversée se retrouvent sans cette tendresse maternelle, n’attendant plus rien d’une enfance qu’ils ont perdue en chemin. Et puis il y a les enfants désormais désœuvrés, brimbalés tels des objets, leurs larmes enfouies à jamais sous une carcasse malingre et décharnée après avoir connu la guerre et ses misères. Ces rescapés sans père ni mère, sans pays, ignorant les frontières et qui, je l’espère seront recueillis par des familles hospitalières.

D’autres parmi eux, devenus grands, refont le chemin de croix, se souviennent, se penchent sur leur enfance qu’ils n’ont jamais connue, retenant d’elle les salissures que des adultes ont déposé sur leurs jeunes corps tandis que ces derniers en abusaient. Et malgré les années, malgré les efforts, malgré les remords qu’ils ont fait leurs, souhaitant échapper à ces horreurs, peut-être pourront-ils croire à nouveau au bonheur !

Et puis il y a cette enfance qui nous quitte trop tôt, pour cause de maladie, celle qui choisit d’écourter sa vie pour cause de mal-être dans une société avide de paraître, soucieuse d’une seule image, de celle qui doit se conformer aux choix d’une société moutonnière et arriérée, n’acceptant pas d’évoluer. Une enfance subissant les outrages, les médisances et autres violences indignes d’un être humain envers son autre, son prochain.

Et hélas, il y a cette enfance, une toute première jeunesse … celle que l’on assassine pour trois fois rien, un téléphone portable, quelques billets ou une montre … celle qui ne connaîtra du printemps que le souvenir qu’elle s’en fait tandis que les secours tentent de la ranimer et que sa jeune vie s’écoule toute tracée, si vite, désordonnée, laconique … déversant quelques mots sans doute le long de cette route où s’achèvera son destin, dans un souffle, le dernier, elle le sait.
Je suis attristée …

Bien à vous.

Samie Louve

Réflexions

L’actualité immédiate conduit à s’interroger sur l’évolution de notre société parce qu’il s’agit bien de cela. Des événements divers se produisent devant nos yeux et chacun, comme moi, n’est pas certain d’en comprendre le sens. Alors les réflexions et interrogations sont ouvertes.

Le bilans des grands débats. A Pau, il faut le reconnaître, les différents actes du grand débat national se sont déroulés dans de bonnes conditions. Même si quelques questions se posent sur la place de François Bayrou qui, en réalité, a été plus un débatteur qu’un simple animateur. Il a le mérite d’avoir été très présent. Cependant, même si l’idée était bonne d’inviter ceux qui ont été appelés les « grand témoins », il eût été plus valable de les solliciter davantage. Ils étaient là pour apporter des éclairages sur la pertinence de certaines revendications des gilets jaunes. Maintenant, sur le plan national, il faut laisser la place au bilan. On se demande comment toutes ces idées, toutes ces propositions pourront être analysées. Déjà se font entendre des critiques sur la réelle objectivité des algorithmes qui serviront à ce dépouillement inédit.

Les manifs. Samedi 16 mars ont été organisées (ou inorganisées) plusieurs types de manifestations. D’abord celle des gilets jaunes qui a entraîné des violences et dégradations graves. Il faut rappeler que ce mouvement a débuté le 17 novembre 2018. Ce qui s’est passé ne peut être admis plus longtemps. Les forces de l’ordre font l’objet de critiques, et leur efficacité est mise en doute. On s’interroge : manque de moyens ou manque de coordination. Les politiques sont à la recherche d’un fusible.

Ce même samedi, des jeunes étaient descendus dans la rue. Leur manifestation se nomme « la marche du siècle pour le climat ». Ils ont été un modèle de calme et de modération. Il n’y a pas eu d’incidents. Ces collégiens ou lycéens ont manié l’humour pour alerter l’opinion. L’humour, oui à en juger par cette pancarte sur laquelle était inscrit : « Les calottes sont cuites ». Sans doute la meilleure manière d’être entendu.

Un autre modèle, s’est aussi déroulé en Algérie. La population est dans la rue pour sauver la démocratie qui pourrait bien être confisquée. Ils ne cassent rien, agissent dans la dignité et avec beaucoup d’humour, eux aussi.

Collapsologie. Voilà un néologisme qui va faire les beaux jours des penseurs ou de ceux qui se classent dans cette catégorie. Une autre fin du monde est possible nous disent-ils. Ce serait l’effondrement de la civilisation industrielle telle que nous la connaissons depuis deux siècles. Il faut se préparer à un grand changement, comme une sorte de révolution de notre manière de vivre. Mais pourquoi être pessimiste ? A quoi ça sert sinon à décourager les gens ?

Que l’on se place du côté des gilets jaunes, du côté des jeunes qui nous alertent sur l’évolution du climat ou enfin du côté de ceux qui prônent un changement pour les générations à venir, le point commun tient dans le mot révolution. Alors en guise de conclusion, ce dialogue entre Raymond Aron et Charles de Gaulle :

R. Aron : « Les Français font de temps en temps une révolution, mais jamais de réformes. »

C. de Gaulle : « Il ne font des réformes qu’à l’occasion d’une révolution ».*

Pau, le 18 mars 2019

par Joël Braud

 

* In De Gaulle, le politique de Jean Lacouture. Édition du Seuil.

Samedi brûlant

Après ce samedi ! Toute cette violence est certes inadmissible.Toutefois, il se trouve que depuis des années nos gouvernants acceptent tellement de choses que certains trouvent tout-à-fait normal de frapper les policiers, de brûler des voitures et même des immeubles. Mais enfin tous ces voyous font la guerre à la France ! Quand on voit les forces de l’ordre reculer devant eux c’est la France qui capitule. Il n’y a qu’en France qu’on voit cela. Si la police ne suffit pas, il y a l’armée car le pays est en guerre. Une guerre intérieure, mais une guerre et tant qu’on ne considérera pas les casseurs comme des ennemis ils continueront. Quand un État ne fait plus peur, c’est le pays qui tremble. Et s’il n’est pas capable de faire respecter les biens privés ce seront un jour leurs propriétaires qui s’en chargeront car au vu des images qui nous parviennent on est en droit de se demander si le ministre de l’intérieur, le premier ministre et même le président de la république sont à la hauteur de leurs responsabilités. Voilà quand même quatre mois que ça dure ! Dans quel autre pays civilisé voit-on cela ? Et comme la force n’est pas utilisée, il est facile de prévoir que ça va continuer. C’est même annoncé. En 1968, quand le président de la république a dit « ça suffit « tout est rentré dans l’ordre. C’est ce que pense la majorité des citoyens. Monsieur le président votre tâche est très difficile mais samedi votre place était à Paris et non à La Mongie. Pour certains c’était une provocation, pour beaucoup c’est de l’inconscience. Alors prenez la parole et vous aussi osez dire de façon grave et solennelle « ÇA SUFFIT » !

Pierre ESPOSITO

Crédit photo : actu orange.fr