Francis Jammes  ou l’inconscient du Béarn.

jAMMESFrancis Jammes  ou l’inconscient du Béarn (1) :

Francis Jammes n’est pas un habitant du Béarn mais un habitant des Basses-Pyrénées.

Un gascon (avec toute l’ambiguïté attachée à ce terme) sans doute, aussi, qui vécut  dans son adolescence à Bordeaux. Un habitant des Pyrénées occidentales, des pays de l’Adour dira-t-on plus tard puisqu’il est né à Tournay dans le département des hautes-Pyrénées, sans que sa composante proprement béarnaise ne soit, par lui, mise en avant. 

 Pour cela, monsieur PYC, n’écoutant que son courage et en violentant sa timidité se déplace depuis Oloron jusqu’à Orthez ; d’une sous-préfecture béarnaise à une autre. Ceci par le chemin de fer qui trace sa route au milieu des seringas  et des acacias qui blanchissent de leurs lourdes hampes florales  les talus  comme une seconde couche neigeuse.  Cette grosse machine fumante et salissante l’effraie quelque peu. En premiers jours du printemps béarnais de 1924 avec un carnet de notes spécialement préparé il s’en est allé voir le grand poète reconnu désormais dans la France entière et bien au delà. Un poète illustre  qui fréquente Claudel, Gide, Alexis Léger dit Saint-John-Perse, Jules Supervielle… entre autres. Comme un aimable oncle rustique et délicat, mais un peu gauche, retiré dans ses marches pyrénéennes.

PYC : Bonjour,  monsieur Jammes qui êtes-vous ?

FJ :  Feu monsieur mon père, mon si sérieux et cher papa, était conservateur des hypothèques dans ce joli département bordé de roses de montagnes et de rêves que je n’ai jamais quitté. Sauf, quelque temps, pour séjourner à Bordeaux où mon pauvre père, qui avait parfois la nuque un peu raide, avait été nommé  après une disponibilité un peu forcée.

PYC : Une nuque raidie  par ses attaches protestantes ?

FJ : On peut le penser…

Je suis né à Tournay dans les hautes-Pyrénées voisines d’où, enfant, je visitais ma  grand-mère  à PAU via les chemin de fer de la compagnie du midi depuis la ligne sublime qui court depuis Toulouse entre gaves sauvages et hautes montagnes si longtemps enneigées.

J’ai fréquenté les petites écoles et les pensions de village notamment à Saint-Palais. Je suis allé au prestigieux  lycée de Pau et à celui de Bordeaux où, piètre élève, sauf en littérature et en botanique j’ai beaucoup souffert de l’enfermement qui ne convenait pas à ma fantaisie naturelle.

Même le bachot n’a pas voulu de moi.

Encore que mon pauvre père m’aurait bien vu polytechnicien. A la rigueur sous-préfet ou apothicaire (dernière fonction qui ne m’aurait pas déplu).

PYC ; Jammes ? Un rat des villes un rat des champs ?

FJ : Fondamentalement je suis un garçon de la campagne principalement des eaux et des bois, un peu à  la mode de Jean de la Fontaine qui fut maître des eaux et forêts dans ce grand nord français qui commence une fois passée l’Adour. Ma sensibilité s’est forgée dans les petites cités et les villages alentours où mon père a été nommé et où réside ma famille.

PYC : Quelles villes, quels bourgs ?

FJ : Assat, Saint-Palais, Orthez et Hasparren.

PYC : Et vos autres occupations en dehors de la poésie ?

FJ : La chasse presque comme une obsession ; singulièrement celle, si subtile, de la bécasse.

La botanique aux travers des herbiers dans lesquels, depuis les collines de Magret et de Sainte-Suzanne, j’épaissis de lourds herbiers comme Jean-Jaques Rousseau en son temps. Par dessus tout les fleurs les plus humbles comme les véroniques (veronica  officialis), les iris des marais ou les papavéracées :  rouges dans la plaine jaunes dans nos Pyrénées si élevées.

Et, bien sûr, toujours les rosacées depuis l’aubépine jusqu’à celles cultivées dans les vastes propriétés tenues par les aristocrates irlandais ou  anglais qui hivernent sur les coteaux de Pau.

Par dessus tout, les pivoines tellement féminines et odorantes sublimes et douces comme  les gorges de nos jeunes filles  qui émergent obstinément  de mes souvenirs.

PYC : les jeunes filles ou les  pivoines ?

FJ : je vous laisse juge.

 PYC : Je choisirai en vous citant :

Tu me mèneras sur ce petit chemin.
Tu ne seras pas nue, mais, ô ma rose,
Ton col chaste fleurira dans ton corsage mauve.
Nous ne nous baiserons même pas au front.
Mais, la main dans la main, le long des fraîches ronces
Où la grise araignée file des arcs-en-ciel,
Nous ferons un silence aussi doux que du miel ;

FJ : Si vous voulez.

 PYC : A ce propos peut-on qualifier votre poésie de géorgique ou de dionysiaque comme on l’entend dans les cercles cultivés à Bordeaux et à Paris ?

 FJ : Pourquoi pas. Encore que la foi catholique, celle des femmes de ma famille,  illumine ma vie et mes écrits. Mais une religion que l’on pourrait qualifier de franciscaine : ouverte  aux pauvres et aux animaux comme ultimes valeurs. Aux chapelles des campagnes plus qu’aux immensités écrasantes des cathédrales.

PYC : Et la place des animaux dans votre sensibilité et dans votre poésie ?

FJ : Dans le prolongement de mon amour pour la botanique, un grand intérêt pour les insectes qui vivent en symbiose avec les plantes surtout les coléoptères bleus de feu ou couverts d’azur .

Tous les insectes pollinisateurs qui, pour moi sont l’image même de la création et des puissances divines : la semence des dieux, celle  des mythes chrétiens ou helléniques… franciscains et orphiques

Un grand intérêt pour la faune fourmillante des eaux comme les si aimables reinettes à la verdeur absolue et les anguilles que, enfant,  je pêchais à la nasse dans les eaux de Saint-Palais. Ces anguilles, revenues des Amériques, que cachoucha (caxuxa?) notre servante basquaise, qui ne parlait pas un mot de chrétien, cuisinait de piments d’Espelette. Voire de quelques piments rouges dont certains vous explosent les papilles et peuvent vous laisser  au bord de la pâmoison.

 PYC : Une attention particulière à nos animaux paysans comme les ânes et les abeilles ?

 J’aime l’âne si doux
Marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles
Et bouge ses oreilles ;

FJ : Exactement monsieur PYC, je vois que vous avez révisé avant de me visiter. Ou que vous appartenez encore à cette génération en train de disparaître  à la mémoire  constellée de vers.

PYC : Si je comprends bien monsieur Jammes vous êtes un vrai Béarnais ?

PJ : Non, je suis un habitant de ce singulier département des Basses-Pyrénées aussi Basques que Béarnaises aussi parpaillotes que catholiques dont beaucoup de familles, dont la mienne, émargent aux deux ethnies, aux deux religions. Même si ma véritable patrie est celle des poètes et se glisse au fond des eaux et dans l’odeur, à jamais insurpassable, des foins coupés.

PYC : Un Pays, aussi, d’esprits forts, de bouffeurs de curés, et de francs-maçons

FJ : Oui  je dois en convenir ; d’ailleurs dans les milieux de l’administration où travaillait mon père on trouvait, beaucoup ce mouvement de pensée… Mais je dirais que la modération est la vraie substance de l’inconscient béarnais que pour ma part j’attribuerais au substrat protestant et à la douceur de vivre. Sauf peut-être dans les vallées sauvages au dessus de votre pays Oloronais. Orthez, à cet égard, est très représentatif de cet état de choses.

PYC : Vous êtes, monsieur Jammes,  au moins, un vrai Gascon ?

FJ : Sans doute mais une sorte de Gascon dionysiaque et parfois un peu  mélancolique, mais un Gascon plein de retenue infiniment éloigné des provençaux, voire même des Languedociens,  auxquels nous amalgament sottement  nos compatriotes venus du nord.

PYC : Comme beaucoup de Pyrénéens vous avez de très  fortes attaches ultramarines.

FJ : Tout à fait : je suis un Gascon de sang créole. Mon père venait des Antilles qui, comme les Amériques plus spécialement latines, font partie de l’horizon  de la population des Basses-Pyrénées.

PYC : Comme vos collègues poètes Jules Supervielle, le grand poète né à Montevideo, enterré à Oloron et monsieur Saint- John-Perse.

FJ : Vous voulez dire comme mes amis très proches qui me visitent souvent même si leur inspiration est plus voyageuse et plus éthérée, moins bucolique certainement.

PYC : A ce propos monsieur Jammes, je résiste difficilement à citer à nos lecteurs  ce texte datant de 1894 où transparaît cette sensualité ultramarine qui coule dans vos veines :

8 juillet 1894,

Dimanche, Sainte Virginie

LE CALENDRIER.
C’est aujourd’hui la fête de Virginie…
Tu étais nue sous ta robe de mousseline.
Tu mangeais de gros fruits au goût de Mozambique,
Et la mer salée couvrait les crabes creux et gris.
Ta chair était pareille à celle des cocos.
Les marchands te portaient des pagnes couleur d’air
Et des mouchoirs de tête à carreaux jaune-clair.
Labourdonnais signait des papiers d’amiraux.

FJ : Évidemment monsieur PYC vous qui me semblez avoir quelques lettres vous avez reconnu une allusion transparente  à Bernardin de Saint-Pierre.

Par ailleurs,  cher monsieur, qui avez travaillé à la commune d’Orthez dans les années 80 du dernier siècle et qui venez d’un autre Béarn que le mien celui du piémont et de la haute montagne ne pourriez-vous pas citer quelques vers de votre cru ? Je me suis laissé dire que vous taquinez non seulement le goujon mais aussi la muse..

PYC : Oui mais alors doucement…

 Alors passer le pont , passer les ponts , se noyer dans le gave….se gaver de noyades juste pour trouver des jupons auxquels se raccrocher .
Il doit rester des lavandières et des pêcheurs d’azur.

 FJ : Lautréamont, Supervielle ; Léon-Paul Fargues un autre style que le mien… Une veine pyrénéenne venue de Montevideo plus aqueuse et moins solaire… mais pas du tout exempte de sensualité…

 PYC : Si vous le dîtes !

 Propos recueillis en cette veille pascale le 19 avril 1924 à Orthez pour la Gazette Alternative des Basses Pyrénées.

 par Pierre-Yves Couderc

 (1) Une nouvelle enquête inédite  du  professeur PYC président à vie  de l’académie des belles lettres du Haut-Béarn et de la Soule méridionale.

Municipales 2014 – Déferlante bleue dans le Bassin de l’Adour

capture-d_c3a9cran-2014-02-05-c3a0-17-00-26Au terme du deuxième tour des élections municipales 2014, la droite prend ou conserve le contrôle de la grande majorité des villes du Bassin de l’Adour : Bayonne, Biarritz, Hendaye (bascule), Anglet (bascule) pour le Pays Basque; Pau (bascule), Oloron (bascule), Orthez (bascule) pour le Béarn; Mont-de-Marsan dans les Landes ; Tarbes en Bigorre. La gauche ne conserve qu’Auch et Dax parmi les grandes villes du Bassin de l’Adour et gagne Lourdes avec Josette Bourdeu face au maire sortant Jean-Pierre Artiganave (centre droit), handicapé sur sa droite par la présence d’un candidat du FN.

Ces résultats dans les principales villes du Bassin de l’Adour, confirment, au niveau local, l’effet de balancier vers la droite observé partout en France. Cela aura des conséquences au niveau de la gestion des départements qui sont tous, pour le moment, entre des mains d’exécutifs de gauche : Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées.

– par Bernard Boutin

Le deuxième tour à Bayonne, 44.331 habitants : Jean-René ETCHEGARAY (UDI) succède à Jean Grenet (UDI)
Deuxième tour 2014 :
Liste Union de la Droite Jean-René ETCHEGARAY « Bayonne un temps d’avance »                   46,21 % 5480 voix
Liste Socialiste Henri ETCHETO Bayonne ville ouverte                                                                 43,92 % 5209 voix
Liste Divers gauche Jean-Claude IRIART « Baiona 2014 – projet de vie – projet de ville »           5,71 % 1171 voix

Rappel du premier tour 2014 :
Liste Divers droite Sylvie DURRUTY « Bayonne avant tout »                                               18,54 %
Liste Union de la Droite Jean-René ETCHEGARAY « Bayonne un temps d’avance »         29,98 %
Liste front de Gauche Serge NOGUES « Bayonne, l’humain d’abord »                                5,92 %
Liste Socialiste Henri ETCHETO Bayonne ville ouverte                                                         35,26 %
Liste Divers gauche Jean-Claude IRIART « Baiona 2014 – projet de vie – projet de ville » 10,30 %

Rappel du deuxième tour 2008 :
Centre-droite Jean GRENET                               7570 voix 47,67%
Union de la Gauche Jérôme AGUERRE             6189 voix 38,97%
Div Droite Yves UGALDE                                    2122 voix 13,36%

Le deuxième tour à Biarritz, 25.903 habitants : Michel Veunac (MoDem) succède à David Borotra (MoDem)
Deuxième tour 2014 :
Liste Union de Droite Max BRISSON             6281 voix    48,36 %
Liste Divers Droite Michel VEUNAC               6706 voix   51,64 %

Rappel du premier tour 2014 :

Liste Front de Gauche Mathieu ACCOH             5,25 %
Liste Front National Franck PERRIN                   5,05 %
Liste Divers Richard TARDITS                            10,69 %
Liste Divers Droite Michel VEUNAC                  17,44 %
Liste Union de Droite Max BRISSON                23,36 %
Liste Union de la Gauche Guy LAFITE              16,88 %
Liste Divers Guillaume BARUCQ                         7,26 %
Liste Divers droite Jean-Benoît SAINT-CRICQ 14,88 %

Rappel du deuxième tour 2008 :
Liste Centre-Mo Dem Didier BOROTRA            5575 voix 43.37%
Liste Div droite ean-Benoît SAINT-CRICQ         3848 voix 29,93%
Liste PS Galéry GOURRET_HOUSSEIN               1804 voix 14,03%
Liste Div Gauche Peio CLAVERIE                        1628 voix 12,66%

Le deuxième tour à Dax, 20.299 habitants : Gabriel BELLOCQ PS réélu
Deuxième tour 2014 :
Liste Union de la Droite Jean-Pierre BASTIAT          42,64 %
Liste Union de la Gauche Gabriel BELLOCQ            49,34 %
Liste Front National Christophe BARDIN                   7,98 %

Rappel du premier tour 2014 :
Liste Union de la Droite Jean-Pierre BASTIAT        38,87 %
Liste du Parti de Gauche Didier ZARZUELO             5,95 %
Liste Union de la Gauche Gabriel BELLOCQ          44,57 %
Liste Front National Christophe BARDIN               10,62 %

Rappel du deuxième tour 2008 :
Union de la Gauche Gabriel BELLOCQ         5468 voix 56,28%
UMP Jacques FORTE                                       4247 voix 43,72 %

Le deuxième tour à Lourdes, 14.282 habitants : Josette BOURDEU PS élue
Deuxième tour 2014 :
Liste Front National Claude HEINTZ                                 640 voix    8,37 %
Liste Union de la Droite Jean-Pierre ARTIGANAVE        3249 voix  42,50 %
Liste Divers Gauche Josette BOURDEU                          6706 voix   51,64 %

Rappel du premier tour 2014 :
Liste Front National Claude HEINTZ                           12,57 %
Liste Union de la Droite Jean-Pierre ARTIGANAVE    38,30 %
Liste Divers Jean-Pierre AUGUET                                   7,53 %
Liste Divers Gauche Josette BOURDEU                       41,67 %

Rappel du deuxième tour 2008 :
UMP Jean-Pierre ARTIGANAVE                                  4092 voix 51,05%
Union de la Gauche Josette BOURDEU                     3924 voix 48,95%

Le deuxième tour à Orthez, 10.886 habitants : Yves DARRIGRAND élu
Deuxième tour 2014 :
Liste Union de la Droite Bernard CAZENAVE            898 voix  16,84 %
Liste Divers Gauche Yves DARRIGRAND                  2257 voix  42,34 %
Liste Socialiste Emmanuel HANON                          2176 voix  40,82%

Rappel du premier tour 2014 :
Liste Union de la Droite Bernard CAZENAVE             25 %
Liste Divers Gauche Yves DARRIGRAND                    31,60 %
Liste Socialiste Emmanuel HANON                            37 %
Liste Extrême Gauche Eric DELTEIL                              6 %

Rappel du deuxième tour 2008 :
Liste PS Bernard MOLERES                         3499 voix 61,05%
Centre-droite Thierry ISSARTEL                 2232 voix, 38,95%

Le deuxième tour à Oloron-Sainte-Marie, 10.854 habitants : Hervé LUCBEREILH élu
Deuxième tour 2014 :
Liste Union de la Gauche Bernard UTHURRY         3066 voix  49,93 %
Liste Divers Droite Hervé LUCBEREILH                    3074 voix  50,07 %

Rappel du premier tour 2014 :
Liste Union de la Gauche Bernard UTHURRY          43 %
Liste Union de la Droite Daniel LACRAMPE             24 %
Liste Divers Droite Hervé LUCBEREILH                    31 %

Rappel du deuxième tour 2008 :
Union de la Gauche Bernard UTHURRY             3290 voix 50,92%
UMP Hervé LUCBEREILH                                      3171 voix 49,08%

Dimanche 30 mars, tous aux urnes !

imag voteUne chute maladroite, un deuil dans ma famille et me voilà éloignée de Pau le jour du scrutin. Oui, je suis une des 41% d’abstentionnistes de dimanche dernier. Abstentionniste pour au plus la deuxième fois de ma vie de citoyenne majeure.
Dimanche prochain, le 30 mars, je serai là, je voterai.

Et vous tous, aussi, les abstentionnistes de dimanche dernier, vous devez voter.

41% d’abstentions, c’est ébranler la légitimité du futur maire de Pau. Avec 59% de votants, Celui-ci sera élu par seulement 30% des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cela donne la partie belle à ses futurs détracteurs, ils diront et répéteront que le maire ne représente que 30% des Palois.

Un raccourci tout à fait hors la loi. Pour être élu, au second tour, il suffit d’obtenir la majorité relative, c’est à dire le plus grand nombre de voix. Ce score obtenu, on est légitimement maire pour six ans.

Suffrages exprimés, de fait, cela exclu tous les bulletins de ceux qui, par erreur ou volontairement, ont voté blanc (ou nul). C’est injuste, prétendront certains, les pourcentages ne prennent pas en compte les votes de protestation, alors autant s’abstenir.

Eh bien non ! Quand on est citoyen, on use de son droit de vote. Il vaut cent fois mieux être confondu avec un électeur étourdi qui commet une erreur en votant qu’avec un pêcheur à la ligne ou autre adepte de loisir. Et le jour où on aura 41% de bulletins blancs, même s’ils ne sont pas pris en compte, cela aura, dès le résultat connu, le même impact que 41% d’abstentions : les mêmes gros titres dans la presse.

Et, surtout, tout au long de son mandat, le maire devra peu ou prou tenir compte du fait que 41% des électeurs se sont déplacés pour aller faire un non choix entre les candidats. C’est beaucoup plus fort que de rester devant sa télé ou à attendre la truite paresseuse.

Pau n’est ici qu’un exemple, les citoyens de nombreuses villes de la région Adour retourneront aux urnes dimanche prochain et au premier tour les pourcentages d’abstention étaient à deux chiffres et en hausse par rapport à l’élection de 2008.

Alors, le dimanche 30 mars, votez tous !

– par Hélène Lafon

Municipales 2014 – Le premier tour dans les principales villes* du Bassin de l’Adour

capture-d_c3a9cran-2014-02-05-c3a0-17-00-26Municipales 2014 : les résultats des principales villes du Bassin de l’Adour Auch, Bayonne, Biarritz, Dax, Lourdes, Mont-de-Marsan, Orthez, Oloron et Tarbes. Sont réélus, dès le premier tour, les maires de Auch (PS), de Mont-de-Marsan (MoDem) et de Tarbes (UMP). Percée du FN dans 2 villes de notre région : Lourdes où le candidat fait 12,57 % et Dax 10,62 %. Ces candidats peuvent se maintenir au deuxième tour et ainsi « compliquer » les traditionnels duels gauche/droite. A noter qu’à Biarritz, 5 listes pourraient se maintenir pour le deuxième tour.

Le premier tour à Auch, 21.871 habitants : Le maire PS élu dès le premier tour
Elu avec 62,10 % des suffrages en 2008, le Maire PS d’Auch, Franck Montaugé est réélu avec 51,89 % des voix. Une baisse de 10 % des voix par rapport à 2008 mais qui n’empêche pas sa réélection.

Liste UMP Christel DULHOSTE                      13,43 %
Liste Extrême Gauche Joëlle REYNAUD          8,67 %
Liste Divers Droite Pierre TABARIN                17,5 %
Liste DIVERS Alexis BOUDAUD                        8,51 %
Liste Socialiste Franck MONTAUGE               51,89 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
Union de la Gauche Franck MONTAUGE 5523 voix 62,10 %
Divers droite Pierre TABARIN 2273 voix 25,56 %
UMP Henri SANTISTEVA 1098 voix, 12,35 %

Le premier tour à Bayonne, 44.331 habitants : La gauche pourrait gagner Bayonne dimanche prochain.
L’enjeu : Qui pour prendre la suite de la « saga GRENET » sur Bayonne ? Une saga de 55 ans. Pour mémoire, Henri Grenet, père de Jean Grenet, actuel Maire, a été Maire de Bayonne sans discontinuer de 1959 à 1995, année à partir de laquelle son fils a pris la suite.
En 2012, au premier tour des élections présidentielles, François Hollande avait rassemblé 31,18% des votants là où le candidat UMP se hissait à 24,55%.
Le premier tour place le candidat du PS en tête avec 35,36 des voix qui additionnées à celles de Front de Gauche et des Aberzales fait un total de 51,48 %. La gauche pourrait gagner Bayonne dimanche prochain.

Liste Divers droite Sylvie DURRUTY « Bayonne avant tout »                                                  18,54 %
Liste Union de la Droite Jean-René ETCHEGARAY « Bayonne un temps d’avance »             29,98 %
Liste front de Gauche Serge NOGUES « Bayonne, l’humain d’abord »                                     5,92 %
Liste Socialiste Henri ETCHETO Bayonne ville ouverte                                                             35,26 %
Liste Divers gauche Jean-Claude IRIART « Baiona 2014 – projet de vie – projet de ville »     10,30 %

Rappel Municipales 2008 :
Centre-droite Jean GRENET 7570 voix 47,67%
Union de la Gauche Jérôme AGUERRE 6189 voix 38,97%
Div Droite Yves UGALDE 2122 voix 13,36%

Le premier tour à Biarritz, 25.903 habitants : L’UMP fait mieux que le MoDem, parti de Didier Borotra qui ne se représentait pas.
L’enjeu : Qui pour succéder à Didier Borotra (MoDem), 76 ans et emblématique maire de Biarritz depuis 1991 ?
En 2012, au premier tour des élections présidentielles, François Hollande avait recueilli 24,88% des suffrages là où Nicolas Sarkozy recueillait 37,34%.
Max Brisson, UMP arrive en tête et 5 candidats peuvent rester en lice pour le deuxième tour. Des tractations vont avoir lieues et il est probable que des fusions de listes de fassent. En tout état de cause, Biarritz devrait rester à droite.

Liste Front de Gauche Mathieu ACCOH              5,25 %
Liste Front National Franck PERRIN                    5,05 %
Liste Divers Richard TARDITS                             10,69 %
Liste Divers Droite Michel VEUNAC                   17,44 %
Liste Union de Droite Max BRISSON                 23,36 %
Liste Union de la Gauche Guy LAFITE               16,88 %
Liste Divers Guillaume BARUCQ                          7,26 %
Liste Divers droite Jean-Benoît SAINT-CRICQ   14,88 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
Liste Centre-Mo Dem Didier BOROTRA 5575 voix 43.37%
Liste Div droite ean-Benoît SAINT-CRICQ 3848 voix 29,93%
Liste PS Galéry GOURRET_HOUSSEIN 1804 voix 14,03%
Liste Div Gauche Peio CLAVERIE 1628 voix 12,66%

Le premier tour à Dax, 20.299 habitants : Le Maire PS sortant en ballotage plutôt favorable
Gabriel Bellocq, PS et maire sortant, réalise 38,87 % des voix et peut compter sur les 5,95 % de voix du Parti de Gauche. Le candidat du FN peut rester en lice puisqu’il fait 10,62 %. On ne voit pas dès lors comment Jean-Pierre Bastiat pourrait surmonter son handicap dans une triangulaire.

Liste Union de la Droite Jean-Pierre BASTIAT         38,87 %
Liste du Parti de Gauche Didier ZARZUELO              5,95 %
Liste Union de la Gauche Gabriel BELLOCQ           44,57 %
Liste Front National Christophe BARDIN                 10,62 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
Union de la Gauche Gabriel BELLOCQ          5468 voix 56,28%
UMP Jacques FORTE                                        4247 voix 43,72 %

Le premier tour à Lourdes, 14.282 habitants : Une élection à suspens

Avec un Front National à plus de 12 %, un maire sortant, Jean-Pierre Artiganave, en deuxième position (38,30%) derrière la représentante du PS, Josette Bourdeu (41,67 %), il est difficile de prévoir qui sortira premier du deuxième tour. Le FN se maintiendra-t-il tout d’abord ?

Liste Front National Claude HEINTZ                          12,57 %
Liste Union de la Droite Jean-Pierre ARTIGANAVE   38,30 %
Liste Divers Jean-Pierre AUGUET                                 7,53 %
Liste Divers Gauche Josette BOURDEU                     41,67 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
UMP Jean-Pierre ARTIGANAVE 4092 voix 51,05%
Union de la Gauche Josette BOURDEU 3924 voix 48,95%

Le premier tour à Mont-de-Marsan, 31.388 habitants : La Maire MoDem rélue
En 2012, au premier tour des élections présidentielles, François Hollande avait récolté 34,08% des votes en 2012 alors que Nicolas Sarkozy atteignait 24,9%.
Beau succès pour Geneviève DARRIEUSSECQ qui est confortablement réélue avec 55,77 % dès le premier tour.

Liste du Front de Gauche Céline PIOT                           5,3 %
Liste Front National Julien ANTUNES                             8,8 %
Liste Union de la Gauche Renaud LAHITETE               29,8 %
Liste Union de la Droite Geneviève DARRIEUSSECQ  55,77 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
Centre Droite Geneviève DARRIEUSSECQ 7545 voix 52,88%
Union de la Gauche Philippe LABEYRIE 6723 voix 47,12%

Le premier tour à Orthez, 10.886 habitants : Une triangulaire à venir au résultat improbable
Le maire PS Bernard MOLERES ne se représentait pas. Son adjoint aux finances, Emmanuel Hamon fait 37 % des voix devant Yves Darrigrand 31,60 % et le MoDem 25 %. Difficile de prévoir quel sera le prochain Maire d’Orthez.

Liste Union de la Droite Bernard CAZENAVE     25 %
Liste Divers Gauche Yves DARRIGRAND            31,60 %
Liste Socialiste Emmanuel HANON                    37 %
Liste Extrême Gauche Eric DELTEIL                      6 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
Liste PS Bernard MOLERES 3499 voix 61,05%
Centre-droite Thierry ISSARTEL 2232 voix, 38,95%

Le premier tour à Oloron-Sainte-Marie, 10.854 habitants : La droite est majoritaire
En 2012, au premier tour des élections présidentielles, François Hollande avait récolté 34,19% des votes en 2012 alors que Nicolas Sarkozy recueillait 18,21%.
Si Daniel Lacrampe qui atteint 24% des voix se désiste en faveur de l’ancien maire, Hervé Lucbereilh qui recueille 31%, il se pourrait que Bernard Uthurry, maire PS sortant ne soit pas reconduit. Que fera Daniel Lacrampe ?

Liste Union de la Gauche Bernard UTHURRY    43 %
Liste Union de la Droite Daniel LACRAMPE        24 %
Liste Divers Droite Hervé LUCBEREILH               31 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
Union de la Gauche Bernard UTHURRY 3290 voix 50,92%
UMP Hervé LUCBEREILH 3171 voix 49,08%

Le premier tour à Tarbes, 42.888 habitants : Le Maire sortant élu dès le premier tour
En 2012, au premier tour des élections présidentielles, Nicolas Sarkozy avait rassemblé 22,68% des voix alors que François Hollande recueillait 32,9%. Dans une ville de gauche (aux élections présidentielles), le très UMP Maire de Tarbes, Gérard Trémège, est élu pour la troisième fois par les Tarbais.

Liste Union de la Droite Gérard TREMEGE              52 %
Liste Divers Gauche Michèle PHAM-BARANNE       18 %
Liste MODEM Pierre LAGONELLE                             11 %
Liste Front de Gauche Marie-Pierre VIEU               14 %
Liste Extrême gauche François MEUNIER                 5 %

Rappel Municipales 2008 second tour :
UMP Gérard TREMEGE 10673 voix 54,34%
Union de la Gauche Jean Galvany 8968 voix 45,66%

* Le premier tour dans les principales villes* du Bassin de l’Adour : en dehors de Pau. Pour Pau, aller à : La Chronique 9 – Le vent du changement

Orthez Municipales 2014 – Questions à Yves Darrigrand, tête de liste « Oser Choisir »

IMG_4328A Orthez, Bernard Molères, maire PS, ne se représente pas. Emmanuel Hanon, 1er adjoint chargé des finances de la ville depuis 6 ans, tentera en mars d’assurer sa succession. Il trouvera sur sa route deux candidatures : celle de Bernard Cazenave qui était présent, en 2008, sur la liste du maire précédent Thierry Issartel. Il trouvera aussi Yves Darrigrand, associé à Bernadette Prada, bien connue des Orthéziens puisque élue à la ville de 1989 à 2008. Yves Darrigrand, tête de liste « Oser Choisir » et candidat sans étiquette, répond aux questions d’AltPy.

AltPy – Quel regard portez-vous sur la mandature qui s’achève ?

Yves Darrigrand – Je mets en regard le programme de l’équipe municipale il y a 6 ans et la réalité de la situation aujourd’hui. Au programme 5 postes d’investissement lourds : plaine des sports, maison des associations, le pôle santé, la dynamisation(sic) et le contournement. Aucun n’a été réalisé. Seul, le dossier du contournement de la ville a avancé dans ce qu’il avait de moins urgent. Le centre ville est en déshérence avec des magasins qui ferment chaque mois. Le seul investissement (considérable) qui a été réalisé est celui d’un cinéma mal situé et qui, surtout, ne figurait aucunement dans les priorités annoncées. Sa réalisation a porté l’endettement de la ville à un niveau record. Dans le même temps, la fiscalité directe locale (Taxe d’habitation et taxe foncière) a bondi de 33%, atteignant un niveau insupportable pour beaucoup d’Orthéziens.

AltPy – Quels sont les principaux grands enjeux auxquels est confrontée la ville d’Orthez (en dehors du thème de l’emploi) ?
Yves Darrigrand – L’enjeu n°1 est celui de la revitalisation du Centre Ville qui doit tenir tête à deux grands pôles commerciaux périphériques et qui s’enfonce dans une paupérisation (habitat) et une désertification économique alarmantes. Nous avons placé ce problème au cœur de notre programme.
L’enjeu n°2 est de permettre aux Orthéziens de rester à Orthez : l’augmentation des taxes locales est un élément d’exil vers les communes environnantes avec lesquelles le différentiel de taux est considérable.
L’enjeu n° 3 est le désendettement durable de la ville par un contrôle rigoureux des dépenses et une recherche plus ardente de subventions pour les chantiers de rénovation de la ville.
L’enjeu n°4, plus large, tient à la fusion des communautés de communes d’Orthez et de Lacq. Effective depuis le 1er janvier 2014, elle a été mal préparée et exige aujourd’hui qu’Orthez se fasse entendre dans un dialogue empreint de respect et d’équité.

AltPy – Quelles réponses comptez vous y apporter ?
Yves Darrigrand – La revitalisation du centre ville est un travail de longue haleine. La réponse est forcément plurielle. La première réponse, incontournable, est de sortir les poids-lourds en transit du centre ville (Place d’Armes) : pour cela il n’y a qu’une solution qui n’a pas été mise en œuvre avec l’énergie qui convient : la réouverture d’un échangeur d’autoroute à l’Ouest d’Orthez ( la Virginie). Nous nous y attaquerons dès le lendemain des élections. .Mais il faut en même temps engager des chantiers aussi bien sur l’esthétique de la ville (voirie, places à aménager, rénovation du patrimoine) que sur l’activité culturelle, artistique, et sur l’accompagnement des acteurs économiques ( commerçants, artisans, industriels…). Nous mettrons en place un pôle élus-professionnels pour assurer l’accueil, l’accompagnement et l’implantation de ces activités.
Enfin, nous nous sommes engagés à ne pas augmenter les taux communaux pendant la durée de notre mandat.

AltPy – L’emploi est la préoccupation première des français et donc des Orthéziens. Elu, quelles actions souhaitez-vous engager pour favoriser la création d’emplois ?
Yves Darrigrand – Sur ce sujet, tous ceux qui se sont engagés dans des promesses ont du faire machine arrière ! Mais comment ne pas imaginer que la revitalisation de la ville, l’implantation de nouvelles activités, l’animation culturelle, artistique, touristique (Orthez dispose de beaux atouts !), le projet de rénovation du site de la Minoterie (aujourd’hui friche industrielle négligée par les élus) , le développement des circuits commerciaux pour les producteurs locaux ( maraîchers …) ne créent pas une dynamique nouvelle et porteuse d’espoir dans le domaine de l’emploi ?

AltPy – En quoi votre méthode de gouvernance serait-elle différente de celle de l’équipe municipale actuelle ?
Yves Darrigrand – Notre équipe rassemble suffisamment de talents pour nous permettre d’envisager un mode de gouvernance différent. Nous comptons réduire le nombre d’adjoints (7 au lieu de 9) et répartir des délégations ciblées au plus grand nombre de conseillers pour que le terrain des préoccupations soit mieux couvert, l’écoute de la population plus précise, les décisions mieux informées et mieux suivies.

AltPy – Quel rôle êtes-vous prêt à donner à l’opposition municipale ?
Yves Darrigrand – L’esprit de notre équipe est un … esprit d’équipe ! nous partagerons avec les conseillers d’opposition qui l’accepteront le partage des tâches et des responsabilités, dans le souci du bien commun. Nous le ferons parce que nous n’avons pas de parti pris idéologique ni de tutelle politique contraignante.

AltPy – Quelle place donnerez-vous au conseil de quartier, référendum d’initiative populaire ou toute autre méthode pouvant amener les citoyens à participer à la vie de la cité ?
Yves Darrigrand – Orthez est une ville de 11000 habitants. Les réunions de quartier organisées par l’actuelle équipe municipale ont lassé les participants. Rien ne s’y passe. Nous réfléchissons à l’idée de donner à chaque quartier d’Orthez la possibilité de se munir d’un Conseil de Quartier qui rassemblerait les questions, les projets, les attentes et les présenterait au Conseil Municipal qui aurait ainsi une vue d’ensemble permettant de hiérarchiser équitablement les projets pour la durée du mandat.
Je n’imagine le référendum d’initiative populaire que sur une question lourde qui surviendrait en cours de mandat, n’aurait pas été formulée pendant la campagne et ne figurerait donc pas dans le programme qui engage les élus. Il ne faut donc ni en faire l’excellence de la démocratie ni en exclure la possibilité. Le referendum doit respecter l’élection.

AltPy – Comment envisagez vous la place de votre ville dans le cadre de la Communauté de Communes de Lacq-Orthez ? Quelle est votre position par rapport à la Présidence de celle-ci ?
Yves Darrigrand – Orthez est la commune la plus importante de la CCLO. Elle est nantie d’une richesse historique, patrimoniale, culturelle qui aurait dû en faire la « capitale » de la CCLO. En réalité, pour des raisons politiques qu’il appartiendra à chacun de discerner, la fusion s’est pratiquée sur le mode de la jonction : Orthez rejoignait Mourenx/Lacq, la petite CCO rejoignait la grande et riche CCL. La marque symbolique forte de ce que nous disons est inscrite dans le logo de la CCLO qui a gardé, intact, le logo de la CCL … en y joignant simplement le O. Nous tenons à la fusion, c’est à dire à la naissance d’une entité nouvelle, véritablement nouvelle où chacun va pourvoir être entendu et faire valoir sa personnalité. Nous allons dans cette nouvelle entité avec un désir vrai d’entente, de compréhension réciproque, d’équilibre et pour tout dire d’équité.
En conformité avec ce que je viens de dire, il nous semble juste que, comme dans l’immense majorité des Intercommunalités (ex : PAU !), la présidence revienne à un élu de la commune la plus peuplée… Nous le proposerons.

AltPy – Question ouverte au sujet de votre choix
Yves Darrigrand – Extension urbaine ou rénovation urbaine ?
Il faut choisir parce qu’on ne peut pas tout faire…
Notre mandat sera celui de la restauration de notre ville. Nous n’avons pas dans notre programme de construction prestigieuse. Nous voulons faire revivre des friches industrielles qui isolent la ville de sa gare ( site de la Minoterie) ; nous voulons valoriser un patrimoine historique remarquable et mal mis en valeur ( ex : la maison Jeanne d’Albret). Nous voulons réparer les places défigurées par un manque d’entretien ou par le tout voiture. Et surtout nous voulons remettre au cœur de la ville l’activité qui fait battre son pouls et réjouit ses habitants. Beaucoup de notre travail depuis un an s’est attaché à cela. Nous avons l’équipe pour le réussir !

– propos recueillis par Bernard Boutin

Pays de l’Adour, Municipales 2014 – Questions à…

Capture d’écran 2014-02-05 à 17.00.26Les interviews d’AltPy des candidats aux élections municipales de mars 2014 dans les principales villes du Bassin de l’Adour.  

28 février
Biarritz Municipales 2014 – Questions à Michel Veunac, tête de liste du « Rassemblement pour Biarritz » : ICI

26 février
Pau Municipales 2014 – Questions à Georges De Patchère,  tête de liste « Pau Bleu Marine »  (réponses de Pierre Esposito, porte-parole de la liste Pau Bleu Marine » : ICI

25 février
Pau Municipales 2014 – Questions à Olivier Dartigolles, tête de liste de « une ville pour nos vies » : ICI

24 février
Pau Municipales 2014 – Question à Yves Urieta, tête de liste de « Pau Avant Tout » : ICI

22 février
Biarritz Municipales 2014 – Questions à Guy Lafite, tête de liste « Esprit de Biarritz ! » : ICI

20 février
Pau Municipales 2014 – Questions à Martine Lignières-Cassou sur les thèmes des Pratiques, de la Transparence, de l’Ethique et de la lutte contre la Corruption et contre le Clientélisme : ICI

14 février
Mont-de-Marsan Municipales 2014 – Questions à Céline PIOT, tête de liste « Mont2Gauche  » : ICI

12 février
Biarritz Municipales 2014 – Questions à Richard Tardits, tête de liste de « VIVRE BIARRITZ »  : ICI

5 février
Biarritz Municipales 2014 – Questions à Jean-Benoît SAINT-CRICQ, tête de liste de « BIARRITZ ENSEMBLE » : ICI

1er février
Auch Municipales 2014 – Questions à Pierre TABARIN, tête de liste de « Auch la vie »  : ICI

24 janvier
Orthez Municipales 2014 – Questions à Yves DARRIGRAND, tête de liste « Oser Choisir »  : ICI

18 janvier
Tarbes Municipales 2014 – Questions à Pierre LAGONELLE, tête de liste « Tarbes pour Tous » : ICI

Recensement – Pau, Lourdes, Tarbes plus en difficultés que les autres grandes villes du Bassin de l’Adour

nouveau_logo_insee_0Indiscutablement la côte semble avoir plus la « cote » que les Pyrénées. Entre les deux derniers recensements (2006 et 2011), les département des Landes a vu sa population augmenter de 7% pendant que les départements des Hautes-Pyrénées ne progresse que de 1% et les Pyrénées-Atlantiques de 3%.

Parmi les villes dont la population est supérieure à 10.000 habitants, au niveau des Landes : Mont-de-Marsan progresse de 5% et sa voisine St Pierre-du-Mont passe de 8171 à 9081 habitants soit plus 11,1%. Une forte croissance. Dax baisse un peu : – 2% mais voit son importante voisine, Saint-Paul-les-Dax grimper de 6%. Tarnos : +5%, Capbreton +7% (8087, contre 7565 en 2006) et Soorts-Hossegor + 5% (3758 contre 3586 en 2006) confirment la « bonne » tendance générale du département des Landes. (A noter qu’un tableau joint au bas du sujet reprend le détail de tous les chiffres)

Dans la Côte Basque, la surprise vient de la très côtière et frontalière Hendaye qui gagne 14% de population et près de 2.000 habitants en 5 ans. Probablement, l’implantation de nombreux Espagnols explique cette forte hausse. Un effet que ne retrouvent ni Anglet (plus 2%), Bayonne (population stable) et encore moins St Jean-de-Luz (-5%), ni Biarritz (-3%). Les villes les plus touristiques de la Côte Basque sont-elles devenues trop chères ?

Les villes béarnaises progressent modestement (environ 5% pour Lons, Orthez et Lescar) ou se maintiennent (Billère, Oloron). Seule Pau décroche avec une perte de plus de 4.000 habitant soit -5%. Plus forte baisse en volume dans le Bassin de l’Adour.

Pour autant, le décrochage en pourcentage est plus accentué encore à Tarbes – 6% et Lourdes -7% (-2545 et -983 habitants respectivement). Les villes bigourdanes sont à la peine. Ces deux communes subissent fortement la concurrence des périphéries puisque, malgré elles, le département lui-même progresse légèrement : plus 1%.

Dans le Gers qui progresse de 4%, la ville d’Auch, seule ville de plus de 10.000 habitants dans le département, voit sa population augmenter légèrement : + 2% à 21.871 habitants.

Au total, les 4 départements traversés par l’Adour voient leur population passer de 1.408.787 habitants à 1.462.658 habitants soit plus 3,8 % et 53.871 résidents de plus en 5 ans. A noter toutefois que le département des Landes croît plus vite en volume que celui des Pyrénées-Atlantiques sur la période : plus 25.102 habitants contre 19.759. Les Hautes-Pyrénées font moins bien que la tendance générale avec une faible augmentation de 2.092 habitants.

Pour finir, 53.871 résidents de plus en 5 ans, dans les 4 départements traversés par l’Adour, signifie combien de milliers de voitures en plus qui circulent sur les routes ? Combien de logements supplémentaires à construire ? Quel pourcentage de terre agricole amputé ?

L’augmentation de population d’un territoire est-elle une fin en soi ?

– par Bernard Boutin

PS : Il est dommage que l’INSEE de donne pas ses chiffres par bassins de vie pour une analyse plus fine.  Elle doit pouvoir être faite, si vous en avez le courage (je ne l’ai pas) et un bon tableau EXCEL : la source : http://www.insee.fr.

Tous les chiffres sont repris dans le tableau ci-dessous (cliquer dessus pour agrandir) :

Capture d’écran 2014-01-03 à 07.56.37

Langues régionales et municipalités

Mairie Pau Hestiv OcDéfendre ou développer les langues régionales apparaît aux yeux de beaucoup de monde comme incongru, inutile ou démodé. Pourtant, parmi ceux-là, nombreux sont ceux qui vont voir un concert de Nadau, ou qui sont fiers d’écouter un Jean Lassalle chanter « Aqueres Mountagnes » à l’assemblée nationale. Si on parle du Pays Basque, il est évident que l’euskara joue un rôle social voire économique qui dépasse la simple communication. En réalité, on touche là à des notions plus profondes, mélange d’identité, de patrimoine, et de vie en société. La première question est donc quelle est l’importance réelle des langues régionales ou plutôt pourquoi est-ce important de sauvegarder une langue régionale ? Il est ensuite intéressant de regarder comment sont gérées, aujourd’hui ces langues par les collectivités locales, et en particulier par les municipalités : qui décide des politiques et qui les met en œuvre ? Enfin, au travers du constat qui est fait, en particulier dans les collectivités du Béarn et de Gascogne, d’une délégation complète de ces politiques à des associations privées militantes, nous tenterons de proposer des solutions pour une reprise en main citoyenne dans les municipalités.

D’après le Larousse, une langue est « un système de signes verbaux propre à une communauté d’individus qui l’utilisent pour s’exprimer et communiquer entre eux ». Ainsi, outre l’aspect utilitaire de communication, une langue est aussi reconnue comme un marqueur d’une communauté ; c’est donc aussi un élément identitaire, ce qui est mis en avant par la socio-linguistique. L’évolution défavorable des langues régionales en France, à laquelle la langue béarnaise n’a pas échappé, a conduit à une quasi-disparition de la valeur utilitaire de celle-ci, désormais cantonnée à certaines familles, aux générations âgées, au folklore, ou à quelques groupes de militants. En revanche, la valeur identitaire de la langue est restée. Les Béarnais y sont d’ailleurs très attachés, comme on le voit au travers des succès commerciaux de Nadau ou des tee-shirts « adishatz » pour ne citer qu’eux.

L’histoire est une dimension importante d’une langue, en ce que sa profondeur et son importance historique renforcent sa légitimité présente. On peut ainsi noter que le béarnais revendique des siècles d’utilisation dans les textes de loi ou de coutumes locaux, depuis au moins le XIIIè siècle et jusqu’à la révolution française. Gaston Fébus écrivait dans cette langue comme il écrivait en français, et les gouvernements municipaux de Morlaas, Orthez, ou même Bayonne ou Bordeaux utilisaient quasi-exclusivement le gascon dans leurs écrits au moyen-âge. Le béarnais fut langue officielle au parlement de Navarre jusqu’au rattachement par Louis XIII à la France, et même après la révolution française et la généralisation du français, de nombreux écrivains, ouvrages, almanachs, continuèrent à être publiés.

Héritage de l’histoire, les langues régionales ont donc aussi une valeur patrimoniale, ce qui d’ailleurs fut consacré par l’introduction de l’article 75-1 de la constitution française le 23 juillet 2008, qui dit de manière laconique : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». On notera au passage que le législateur n’a pas souhaité mettre les langues régionales au même niveau que le français, qui lui, à l’article 2, est « LA langue de la République »

Tout cela participa à faire de ces langues un élément de l’identité parfois renaissante des communautés régionales. Cet effet est particulièrement fort dans certaines régions comme le Pays Basque ou la Catalogne, ou la langue est devenue un fédérateur et un catalyseur d’un développement culturel, social et économique. Cela peut être critiqué, on peut être contre, mais il faut reconnaître, que, dans le cas du Pays Basque, les effets bénéfiques dépassent largement les inconvénients, du moins tant que les extrémismes ne s’expriment pas violemment, ce qui est le cas en France pour le moment.

Et le Béarn ? Il n’a pas su tirer profit de son patrimoine culturel comme le Pays Basque. Certes, ce dernier et la Catalogne bénéficient d’une aide culturelle en provenance de leurs homologues du nord de l’Espagne, et qui représentent tout de même les deux régions parmi les plus riches de ce pays, mais cela n’explique pas tout. Les Béarnais n’ont pas compris qu’ils avaient là un patrimoine d’exception, et ont laissé ce chapitre de leur identité à quelques associations militantes, au folklore et aux bouquinistes spécialistes de régionalisme. Les responsables politiques ont ainsi, à l’exception de quelques indiens éparpillés sur les coteaux, délaissé ce champ qu’ils jugeaient peu vendeur, ou ont fait mine de s’y intéresser en distribuant quelques subventions ou en favorisant telle initiative ou évènement. Pour cela, voulant éviter d’avoir à gérer ce sujet directement, ils ont massivement délégué à des associations militantes de défense des langues régionales, non seulement l’action publique elle-même, mais aussi la réflexion et la stratégie sur le développement de ces langues. Pour le béarnais/gascon/occitan (appellation « consensuelle » décidée au conseil général 64), ce sont ainsi dans l’écrasante majorité, des associations ou organismes liés au mouvement « occitaniste »,  mouvement qui, il faut le reconnaître, a su développer un réseau d’associations important dans tout le sud de la France, ainsi que les calandretas, écoles en occitan pour les enfants, ce qui a fini par donner l’impression qu’en dehors d’eux, nulle politique en faveur du béarnais n’était possible.

Or, toute association militante est par essence politisée, même si le sens de politique n’est pas à prendre au sens de l’échiquier gauche-droite. Chaque mouvance défend en effet sa vision du monde, et un projet bien particulier. Pour les occitanistes, c’est l’existence et la promotion d’une langue du sud de la France, l’occitan, et de son corollaire, l’Occitanie, pays défini dans ses frontières par l’aire sur laquelle est parlé l’occitan. Les béarnistes ou gasconnistes, ne veulent pas être englobés dans un  occitan dont certains nient l’existence, et défendent un projet caractérisé par la défense du patrimoine existant et d’un certain statu quo. Hors de ces mouvements, une grande majorité qui n’a guère de goût pour ces joutes byzantines sur fond de graphie, des gens qui aiment leur langue et qui ont conscience que cela fait partie de leur identité, mais qui ne se sentent pas légitimes pour la défendre autrement que par quelques joutes verbales ou chants de fêtes..

C’est cet état de fait – abandon des politiques et des actions en faveur des langues régionales à des associations spécialisées mais politisées – que je dénonce. Il y a certes des réussites, comme le carnaval biarnés à Pau, mais en dehors de quelques jours de fêtes, le béarnais et plus largement le patrimoine culturel béarnais, ne mobilise pas grand monde. Le monopole laissé aux associations militantes, et le désintérêt des collectivités locales pour prendre en compte directement ce sujet, font que le béarnais est vu par la plupart des personnes comme un sujet de peu d’importance, ou qui ne concerne pas le citoyen lambda.

De plus, ces associations ont souvent tendance à faire passer leur message et leurs revendications avant la langue elle-même. C’est ainsi que l’on voit régulièrement, lors d’évènements organisés avec l’argent du contribuable, des messages faisant l’apologie de l’Occitanie, drapeau du Languedoc déployé, quand ce ne sont pas des messages purement politiques, « antinucléaires » ou « pro-palestiniens » pour ne citer qu’eux. Ceci contribue encore plus à ce que la population se détourne de ce qu’elle perçoit comme un combat sibyllin.

Certains diront toutefois qu’il convient de laisser ce combat aux acteurs de terrain, et à ceux qui connaissent, donc qui défendent tous les jours la langue. Certes, mais pourrait-on imaginer alors que la politique en faveur de l’emploi fût laissée au patronat seul, ou aux syndicats seuls ; ou que la politique environnementale fût laissée aux seuls écologistes ; ou encore que la politique en faveur du patrimoine fût abandonnée aux associations de mécènes ? Non, bien sûr : le pouvoir public doit prendre en main ces choses-là et définir une action politique ; alors pourquoi en serait-il différemment des langues régionales, et donc du béarnais ?

Les langues régionales ne sont pas en simple artefact de l’histoire. Elles sont un des éléments (certes pas le seul) de l’identité d’un peuple, d’une communauté. Plusieurs régions, au premier titre le Pays Basque, ont su développer une identité forte et un dynamisme culturel jaillissant sur toute la société, basé sur une appropriation de leur langue régionale. Le Béarn a aussi sa langue, le béarnais. La population y est attachée, mais il est insuffisamment mis en avant car les collectivités locales – à de rares exceptions comme certaines initiatives du conseil général 64 – ont délégué la gestion de ces dossiers à des associations militantes n’ayant pas, par nature, vocation à représenter le plus grand monde.

Il est donc nécessaire que les futurs magistrats des municipalités proposent un vrai programme sur les langues régionales, qui ne se résume pas uniquement à laisser faire des associations subventionnées, et permettent surtout que le citoyen s’approprie ce qui lui appartient, car, qu’il parle ou non le béarnais, qu’il la comprenne ou non, qu’il soit d’ici ou qu’il vienne d’ailleurs, c’est bien du patrimoine de tous les Béarnais qu’il s’agit.

Par Emmanuel Pène (www.emmanuelpene.com)

(Ancien Président de l’Institut béarnais et gascon 2006-2009)

En soi et sur soi

DownloadIl est question d’un très nébuleux pôle métropolitain en Béarn qui engloberait, à tout le moins, la communauté d’agglomération de Pau et, semble t-il, le ventre mou du Béarn, la communauté de communes de Lacq. Pierre Yves Couderc va se permettre ici de donner son sentiment ; forcément très partial et subjectif sur le pays qu’il s’est choisi. Plus précisément de sa singularité dans le beaucoup plus vaste et imposant objet pyrénéen qui est le propos spécifique du présent site. Assez peu alternatif au demeurant.
Pays qui, en son entier ou dans ses démembrements, peut se qualifier de micro-région, de principauté, de département plus ou moins croupion, voire de pôle métropolitain (en faisant fi de toute sa richesse et de son essence rurale et montagnarde).
.

L’en soi du Béarn :

A cette fin PYC reprend une classification toute personnelle, et non déposée, déjà développée antérieurement .

Pour cela il est utile de rappeler quels sont les 4 infra-pays béarnais qui génèrent le territoire.

  1. Le Béarn de la haute montagne soit les deux vallées d’ Ossau et d’Aspe auxquelles on peut ajouter, partiellement au moins, Barétous et Ouzoum.
  2. Le piémont oloronnais vers lequel convergent, en éventail, les vallées et, subséquemment, les gaves qui les ont partiellement enfantées. Un piémont pourvu d’une riche plaine agricole. Plaine agricole qui se prolonge dans le Béarn des gaves vers Navarrenx et Sauveterre qui pourrait accéder au titre de cinquième démembrement ou, pourquoi pas, de micro-région des gaves.
  3. Le Béarn rural des coteaux entre Pau et Orthez, d’une part, et entre Pau et Tarbes, d’ autre part.
  4. La très importante agglomération paloise qu’on peut compter, suivant les définitions, pour 150 000 habitants ou des brouettes..la deuxième d’Aquitaine tant en population qu’en poids économique.

Soit, au final, une quasi égalité, un match nul, entre villes et campagnes :150 à 200 000 habitants pour chacun des sous-ensembles. Même si une analyse plus fine pourrait faire émerger les péri-urbains au sein des urbains et les ruraux profonds et néo-urbains au sein des ruraux.

Cela dit trois seules véritables villes, Pau Oloron et Orthez qu’il serait malséant de ne pas nettement différencier. Dont il serait malséant et maladroit de ne pas se servir pour générer 3 sous pays qui auraient, naturellement, à coopérer dans une entité Béarn à développer vis à vis de l’extérieur et pourquoi pas dans une marque plus ou moins commerciale.

A partir de cela, et seulement à partir de cela, devraient se structurer les entités politiques et administratives à partir de fondations historiquement géographiquement et économiquement solidement établies. Avec un principe d’exclusion de toutes les entités (autres que ces 3 pays fédérés en communauté de communes ou d’agglomération voire, si c’est nécessaire, en fédération de communautés). Avec, naturellement, exclusion en ce qui concerne les antiques syndicats à vocation plus ou moins unique à vocation plus ou moins inique. Notons qu’à l’intérieur de ces pays devrait être encouragée, voire imposée, la fusion des communes vraiment trop petites ou parfaitement englobées dans une commune plus grande. Exemple Bidos ou Goès sur le pays d’Oloron. Lée, Idron ou Gelos sur l’agglomération paloise (Même si, là, je m’aventure sur un terrain glissant que je maîtrise moins). Sans parler de l’inénarrable commune associée à Orthez de Sainte-Suzanne qui perdure dans un folklore aussi coûteux que pitoyable.

Reste la haute montagne qui a des spécificités, des fortes richesses et des forts handicaps, qui me paraissent relever d’un traitement bien différencié. A placer logiquement dans un quatrième chapeau. Même si, au bout du bout, le but et de d’accoucher d’un territoire équilibré, solide sur ses appuis, complémentaire et ouvert il nous paraît difficile et contre-productif, d’un trait de plume, d’évacuer les césures villes/ campagnes d’une part et coteaux /haute-montagne d’autre part. A partir de là mais pour des questions de clarté et de non redondance il n’est pas interdit d’imaginer des collaborations spécifiques avec la Bigorre (l’aéroport et les stations de ski) et le pays basque mais dans le cadre des départements et des régions existantes… ou futurs.

Puisqu’on a tenté, d’un rapide survol, de brosser l’en soi du Béarn dans ses structures politiques et administratives passons au second sujet le positionnement de la province dans le monde Pyrénéen .

Le sur soi du Béarn :

Le sur soi du Béarn c’est ,évidemment, le grand monde pyrénéen en tout premier lieu dont le Béarn constitue un gemme particulier dans l’épaisseur minérale culturelle et historique de la chaîne. Même si, au plan économique, voire administratif, c’est sans doute moins évident. Mais notre conception des choses assez peu mondialisatrice nous amène à privilégier les réalités géographiques historiques et culturelles pour construire , dans un second temps, sur des bases bien assurées l’économique et le politique. Et naturellement de s’ouvrir, autant qu’il est souhaitable, autant que c’est possible, aux vents du vaste monde mais avec des règles établies autre que la violence libérale ou, a contrario, le repliement excessif sur soi. Versus bonnets rouges et idées courtes.

Secondairement le second sur soi c’est évidemment les grand Sud-Ouest aquitain et languedocien. Atlantique et méditerranéen. De Perpignan à Bayonne de Brive à Poitiers. Avec les deux capitales garonnaises : Toulouse et Bordeaux.

Le troisième et non le moindre ( the last but not the least) étant la grand isthme européen insurpassable et protecteur.

Les atouts et les handicaps du Béarn :

Le premier de ces handicaps paradoxal c’est d’être un véritable pays de cocagne.

Pays de cocagne dont on a tout de suite conscience en descendant en train depuis Bordeaux. Avec le moutonnement des coteaux enchâssés de jolies fermes parsemées de troupeaux. Moutonnement succédant à la monotonie landaise en longeant le gave entre Puyoo et Pau. Avec, en arrière, par plans successifs, les différentes lignes de colline puis, formidable, la haute chaîne longtemps enneigée et l’image, tutélaire et découpée, de l’olympe béarnaise sa majesté l’Ossau.

Au niveau agricole avec la toute puissance du maïs pour lequel en France au moins peut-être dans le monde grâce au climat chaud et humide parfois presque subtropical il n’est pas de meilleur terroir. Sans parler de la qualité des terres alluvionnaires profondes et fertiles. On peut même imaginer qu’en gérant mieux cet excès d’humidité qui tourne parfois au déluge on devrait pouvoir cultiver en se diminuant l’irrigation voire les traitements chimiques.

Une richesse céréalière qui jusqu’ici au moins s’est opposée au développement d’un maraîchage et de cultures légumières mieux développées pour répondre à la demande des grandes (ou moins grandes) agglomérations via des circuits plus courts et mieux maîtrises. Ce qui est d’autant plus dommage qu’existe et perdure une profonde culture paysanne à défaut de gastronomie pour développer ce secteur qui n’a jamais été abandonné. D’autant que l’élevage et la forêt constituent un idéal complément. Un idéal complément agro-sylvo-pastoral.

Au niveau politique pour protéger et développer cet important secteur il convient de manière impérative, de s’opposer à l’étalement urbain et à une certaine culture fondée sur la voiture et la grande distribution. Et, au final, le grand n’importe quoi urbanistique.

Au niveau économique, plus par hasard que par excessive vertu, ou véritable tradition le Béarn dispose, d’une part, tout à la fois du gisement de Lacq (aujourd’hui épuisé) et du siège technique de Total. D’autre part des installations aéronautiques de Bordes (Turboméca) et d’Oloron (Messier). Des secteurs prospères, même en temps de crise, et qui génèrent des emplois bien rémunérés et très protégés (ce qui n’est un mal en soi.) .Mais pas forcément un excès de dynamisme et de remise en cause.

Au niveau culturel et de l’affirmation de soi on peut considérer que le Béarn souffre d’un excès de modération, de trop de quant à soi, de trop de pudeur peut-être, voire de républicanisme un peu mou, version radicale et troisième république, un rien défraîchi. De manque de spiritualité, sans doute, aussi.

Un manque de flamboyance et de gasconitude aurait pu dire la duchesse du Poitou retirée sur ses terres du grand nord aquitain depuis que les parpaillots rochelais ont souhaité éluder ses avances. A l’image de la ville de Pau, propre sur elle, modérée à l’excès, verte et grise, secrète et sans aspérités ; provinciale à l’excès.  Alors que, comme la petite province, elle dispose d’atouts naturels évidents beaucoup plus que la plupart des villes de France. De trop d’atouts sûrement pour lesquels les gestions personnelles et désordonnées de l’ineffable Dédé (au demeurant personnalité brillante et rigolote) n’ont certainement pas constitué un atout. Même si dame Martine a fait des efforts notables, parfois désordonnés mais parfois réussis, pour s’en départir .

Alors pour notre Béarn quel avenir ? Se bouger les fesses certainement sur des bases politiques et administratives équilibrées ci-dessus évoquées. Dépasser la poule et la garbure au pot mais pas Henri iv grand roi pacificateur et modernisateur. Développer et affirmer fortement son identité pyrénéenne, Atlantique et méditerranéenne, dans un grand Sud-Ouest qui court de Perpignan à Bayonne de Brive à Loudun avec ses deux poids lourds garonnais : Bordeaux et Toulouse. Pourquoi pas dans ce grand jeu de poupées russes intégrer un plus grand flanc sud-ouest européen qui intégrerait Barcelone Montpellier et Lisbonne et qui pourrait remonter jusqu’à Nantes.

– par Pierre yves Couderc / Oloron.

PS : L’image jointe c’est juste pour faire joli. Pas de messages cachés. Pas de mésanges fâchées.

Anghorqueue

Une exposition à la maison de Francis Jammes

3_50bb443a69f81« Et le nid de Henri IV est une écaille de tortue dans un château qui communique avec le gave, à la mode du martin-pêcheur. » (1) Je tombe nez à nez avec cette belle phrase en feuilletant un ancien livre de Francis Jammes à la Maison Chrestia (2) à Orthez qu’il a habité durant 10 ans.

Une nouvelle fois, Christian me reçoit chaleureusement et me dit qu’il y a une exposition Francis Jammes et ses amis peintres. Bien sûr, je suis venu ici pour la voir et elle ne me déçoit pas. La pièce du bas est remplie de peintures, de dessins, de portraits et de petits textes. Une merveilleuse peinture de Charles Lacoste de facture classique représente Jammes dans les coteaux d’ici et une jolie gravure sur bois de Valentine Hugo, fille de Victor Hugo et peintre, se trouve là. Un autre fantastique tableau de Louis de Meuron représente Jammes au Paradis avec ses ânes et les anges d’après son célèbre poème déjà illustré par Jacqueline Duhême, l’illustratrice de Prévert, Eluard et Cendrars. Je crois rêver. Les petits livres Folio avec ses célèbres illustrations sont sur la table avec d’autres. Quelle merveilleuse exposition !

Dans la pièce principale à côté, une photo de la maison de Jammes prise en 1919 environ y trône toujours, on y voit sa mère, l’écrivain Charles de Bordeu, M. Lamieussus et Pierre Caillebar. Une autre représente deux patriarches, Jammes et Lacoste, émouvant… Jean Heïd, cousin de ce premier, se trouve aussi en photo sur les vieux murs blancs, c’était le fils d’Aménaïde Heïd habitant au 6 rue Marca au 14 Juillet. Partout dans la maison des livres de Jammes à consulter, à vendre, vraiment pas chers. Des livres anglais, tchèques, espagnols, allemands, coréens, japonais puisque Jammes a été traduit dans une vingtaine de langues. Ils attendent une édition chinoise. Les murs de la cage d’escalier recouverts de panneaux, de dates, d’extraits de poèmes mènent à son bureau où il écrivait et à la chambre de sa mère en haut, je viens ici en pèlerinage chaque fois. Ses sept enfants sont nés ici entre 1908 et 1918, Françoise, Bernadette, Marie, Paul,… et il y a été le plus heureux des hommes avec sa femme, Geneviève.

En ressortant de la maison, Maison des Illustres depuis l’an dernier, un ciel bleu strié de bandes de beaux nuages blancs m’attend. Le soleil cogne fort. Direction Per Noste, les éditions juste à côté, les Clarisses, monastère, puis la tour Moncade, vestige du château de Gaston Fébus dominant Orthez. Le paysage aujourd’hui offre une merveilleuse vue sur Orthez, ses toits d’ardoise, les Pyrénées bien dégagées et les collines de Sainte-Suzanne. Qu’il fait donc bon vivre dans ce pays de cocagne… Oui j’adore Francis Jammes et Orthez.

– par Jean-François Le Goff

(1) p° 241, L’ange gardien de Bernadette dans L’école buissonnière ou Cours libre de Proses choisies, éd. du Mercure de France, 1931)
(2) Facebook : maisonchrestia – site : www.francis-jammes.com
Maison Chrestia, 7 avenue Francis Jammes, 64300 Orthez (05.59.69.11.24.)
Heures d’ouverture : du lundi au vendredi 10 à 12 h et de 15 à 17 h.