BAP. LETTRE OUVERTE aux élus. Infrastructures et liaisons aériennes

Madame, Monsieur,

A la veille des Assises sur le transport aérien, prévues par le gouvernement pour l’ensemble des aéroports français, il a paru opportun à BAP de rappeler l’activité de l’aéroport de Pau et son importance économique et stratégique pour le Béarn et la région Nouvelle-Aquitaine.

La lettre ouverte, ci-jointe, consacrée aux infrastructures et liaisons aériennes, fait suite à celle sur les liaisons ferroviaires du 12 janvier dernier.

Avec nos remerciements anticipés pour l’attention que vous porterez à la présente ainsi que pour votre collaboration pour sa diffusion auprès de vos lecteurs et auditeurs.

Bien cordialement.

Pierre SAUBOT, Président de BAP

Pau, jeudi 22 février 2018
Lettre ouverte aux Élu(e)s de la Nouvelle Aquitaine et du Béarn.
Aux Sénateurs et Députés des Pyrénées-Atlantiques
Au Président et aux Conseillers de la Région Nouvelle Aquitaine
Au Président et aux Conseillers départementaux des Pyrénées-Atlantiques
Aux Présidents des Communautés de Communes et d’Agglomération du Béarn
Aux Maires des Communes du Béarn
Au Président de la CCI de Pau-Béarn

Cette lettre ouverte consacrée aux infrastructures et liaisons aériennes fait suite à celle sur les liaisons ferroviaires du 12 janvier dernier.

1) Caractéristiques et points forts de l’aérodrome de Pau-Pyrénées (PUF)
Un peu d’histoire : dès 1909 les frères Wilbur et Orville Wright puis Louis Blériot créent des écoles de pilotage à Pau.
En 1912, l’Armée crée, à son tour, une école militaire de pilotage qui formera, de 1914 à 1918, plus de 6000 aviateurs d’une dizaine de nationalités différentes.
Des conditions climatiques très favorables caractérisées par de faibles variations de températures et, surtout, une absence de vents forts autorisant les vols toute l’année en sécurité, expliquent le choix du Pont Long.
Aujourd’hui : l’aéroport international de Pau-Pyrénées (PUF) avec sa piste bien orientée (SE/NO) est équipé d’un système d’atterrissage tous temps (ATT), tout comme Bordeaux et Toulouse. Non seulement ceci renforce la sécurité de la plateforme mais lui permet aussi d’accueillir les vols vers Biarritz ou Tarbes-Lourdes lorsque les conditions météo, sur leur lieu de destination, les obligent à se dérouter. Le mois dernier, 11 vols ont ainsi été déroutés vers Pau-Pyrénées.
Situé à proximité de l’intersection des autoroutes A64 et A65, de la D934 vers le nord et de la N134/E07 vers le sud, l’aéroport permet d’accéder rapidement aux bassins industriels voisins (Pau, Bordes, Lacq, Oloron, Tarbes) mais aussi à la Bigorre et à l’Aragon et capte des passagers venant du sud des Landes, du Gers, des Hautes-Pyrénées et, bien sûr, du Béarn.
Depuis 1946 l’aéroport est la base de l’Ecole des Troupes Aéroportées de Pau (ETAP) qui a formé des dizaines de milliers de parachutistes français et étrangers (allemands actuellement). C’est également la base de 2 Régiments d’hélicoptères essentiels aux Armées et à la sécurité de la France, le 5ème RHC (Régiment d’Hélicoptères de Combat) et le 4ème RHFS (Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales). Ceci fait de Pau-Pyrénées la plus grande base d’hélicoptères en Europe, base où se trouvent de ce fait, l’Etat-Major des Forces Spéciales Terre (CSFT) et la Direction de la base de Défense Pau-Bayonne -Tarbes (BdD PBT).
Une telle concentration de forces militaires (environ 2000 emplois directs) n’est concevable qu’à condition de pouvoir accueillir des avions moyens ou gros porteurs (Hercules 130, A400M, Antonov 124) indispensables à l’entrainement des personnels et à la logistique des missions des unités présentes.
Si l’aéroport de Pau-Pyrénées est indispensable aux Armées qui prévoient d’y déployer les nouveaux hélicoptères de manœuvre NH90 TTH dès 2020, il est tout aussi indispensable aux grandes entreprises du Béarn : Total, Euralis, Safran (Turboméca et Messier Dowty), Lindt, Arkema et à leurs sous-traitants.
La zone d’activité Aéropôle, contigüe, rassemble 500 entreprises qui emploient 4000 personnes principalement dans les secteurs de l’aéronautique et de la logistique. Indispensable aussi aux Services publics (Hôpital par ex.) et à la Santé.
L’aéroport de Pau-Pyrénées constitue donc un équipement essentiel pour le Béarn, son désenclavement, son attractivité, son rôle stratégique et son développement.

2) Le fonctionnement et les difficultés de l’aéroport
En 2008, PUF avait un trafic de 817 511 passagers grâce, en particulier, aux 2 lignes vers Londres Stansted et Amsterdam assurées par Ryanair (143 145 passagers cette même année).
La suppression de ces liaisons, à la suite d’une décision de justice, a entraîné une baisse significative du trafic passager. Cette tendance n’a pu être compensée par l’ouverture de lignes nouvelles vers Marseille, Nantes, Marrakech et autres. Elle a au contraire été accélérée par une concurrence alimentée par des fonds publics et une qualité de service dégradée, tout particulièrement avec Roissy CDG.
En 2017, le trafic passager a connu une nouvelle baisse de 1,3% par rapport à l’année précédente pour s’établir à 600 075 passagers.
Depuis le 1er janvier 2017, l’aéroport a un nouveau gestionnaire, Air’Py, qui associe à la CCI de Pau-Béarn (51%), 2 filiales de la CDC, Egis et Transdev.
De nombreux investissements sont en cours ou en projet. Une nouvelle tour de contrôle qui gère les trafics aériens de Pau-Pyrénées et de Tarbes-Lourdes sera mise en service en juillet, un parking pour gros porteurs sera créé, et le taxiway y conduisant, aménagé. L’aérogare va être restructurée pour améliorer l’accueil et faciliter l’enregistrement des passagers et le contrôle des bagages. Un nouveau gestionnaire pour la restauration et les commerces va rentrer en fonctions.
Au total l’aéroport emploie 159 personnes.
Air’Py mène une politique prudente visant à regagner les passagers perdus en respectant rigoureusement les équilibres financiers, grâce à un équipement qui pourra accueillir 1 million de passagers sans investissement nouveau.
Malgré les difficultés actuelles, l’exploitation de Pau-Pyrénées est équilibrée sans aucune aide des collectivités et vise à accroître le trafic.
3) Les réponses possibles à cette situation
Il y aurait bien sûr celle du laissez-faire. La pire sans doute car ses conséquences seraient désastreuses : concurrence exacerbée, engendrant chez les concurrents des déficits d’exploitation aggravés, et donc un recours croissant à des aides publiques.
BAP ne peut l’envisager et renouvelle sa proposition, plus raisonnable, plus nécessaire et plus urgente que jamais, d’une coopération intelligente entre les aérodromes de Pau-Pyrénées (PUF) et de Tarbes-Lourdes (TLP).
Les chiffres disponibles indiquent qu’une telle solution, couplée à une amélioration des moyens de transport terrestres entre les 2 plateformes, permet de faire croître le trafic de l’ensemble pour le porter à 1,2 million de passagers par an, au-dessus donc des prescriptions européennes, sans faire appel à des subventions et aides de la part des collectivités.
BAP soutiendra activement toutes les initiatives, de la part des propriétaires et des gestionnaires des plateformes comme de la part des élu(e)s en charge, qui iront dans ce sens.

Association loi 1901
Siège Social : BEARN ADOUR PYRENEES – CCI Pau Béarn – 21 rue Louis Barthou – BP 128 – 64001 PAU Cedex
Tel : 05 59 82 56 40 – Email : bap@pau.cci.fr – Site : http://www.bap-europe.com
Facebook : http://www.facebook.com/bap.europe

Lettre ouverte aux élu(e)s de la nouvelle Aquitaine et du Béarn

Madame, Monsieur,

Notre Association souhaite, en ce début d’année, faire un point et alerter tous les élus concernés sur l’état du Béarn et parfois, plus généralement, du bassin de l’Adour et du piémont pyrénéen, dans 5 domaines : le fer, la route, l’air, le tourisme et le numérique.

A titre d’information, nous vous adressons ci-dessous, une première lettre consacrée à l’état des liaisons ferroviaires et à un, ou des, futur(s) possible(s) dans ce domaine.

Elle analyse successivement la situation au Nord puis au Sud, enfin dans l’entre deux.

Vous remerciant de votre collaboration dans le cadre de ce sujet.

Cordialement.

Pierre SAUBOT

Président de BAP

Lettre ouverte aux Elu(e)s de la Nouvelle Aquitaine et du Béarn.
M. le Président de la Région Nouvelle Aquitaine
Mesdames et Messieurs les Conseillers Régionaux
M. le Président du Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques
Mesdames et messieurs les Conseillers Départementaux
Messieurs les Présidents des Communautés de Communes et d’Agglomération du Béarn
Mesdames et Messieurs les Maires des Communes du Béarn

Notre Association souhaite, en ce début d’année, faire un point et alerter toutes et tous les élu(e)s concerné(e)s sur l’état du Béarn et parfois, plus généralement, du bassin de l’Adour et du piémont pyrénéen, dans 5 domaines : le fer, la route, l’air, le tourisme et le numérique.
Cette première lettre est consacrée à l’état des liaisons ferroviaires et à un, ou des, futur(s) possible(s) dans ce domaine. Elle analyse successivement la situation au Nord puis au Sud, enfin dans l’entre deux.
1) au Nord
Depuis le 1er juillet 2017, Bordeaux est à 2h02’ de Paris : soit pour une distance de 630km, une vitesse de 310km/h.
Dans le même temps Pau est à 2h17’ de Bordeaux : soit pour une distance de 235km, une vitesse de 103km/h.
L’arithmétique suggère qu’en termes de vitesse un(e) Bordelais(e) vaudrait 3 Palois(es).
Et que signifie l’égalité des Territoires, chère à nos principes républicains ?
D’autant que les GPSO qui prévoyaient la réalisation de lignes à grande vitesse (LGV) à partir de Bordeaux vers Toulouse d’un côté, vers Mont-de-Marsan, Dax et Hendaye de l’autre, sont suspendus voire arrêtés.
Pourtant la mise en service de la LGV entre Tours et Bordeaux a eu une influence positive sur le trafic voyageur en gare de Pau et sans doute dans d’autres gares telles Bayonne, Tarbes et Lourdes. Alors que le nombre de voyageurs en gare de Pau diminuait régulièrement, passant de 1 million en 2011 à 740 000 en 2016, soit une baisse de 26%, en 5 ans, on observe une remontée du trafic (+ 85 000 passagers dans les 3 mois suivant cette mise en service).
Malgré cela, rien à espérer à moyen terme au Nord. Reste sans doute l’espoir du long terme dont on sait ce qu’en pensait John Maynard Keynes.
2) au Sud
Des réalisations, avec la réouverture, le 1er juillet, 2016, de la liaison ferroviaire entre Oloron et Bedous (25km). Et des projets avec la signature, le 1er décembre 2017, d’une convention pour un programme d’études relatif à la réouverture de la liaison entre Bedous et Saragosse par Canfranc dans le cadre du MIE (Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe).
Des sommes non négligeables sont engagées pour des études (7,355M€ côté français pour le tronçon Bedous – Canfranc, long de 33km) ou pour des mises aux normes européennes d’écartement des voies (72M€ côté espagnol pour une partie du tronçon Huesca – Canfranc).
Tout cela avec une perspective de réouverture complète de la liaison Pau – Saragosse, soit 306 km, en 2027 au plus tôt et une dépense estimée a minima entre 250M et 300M€ pour la seule remise en service du tronçon français long de 33km.
3) et entre les deux ?
Le constat est clair : entre les deux, rien, aucun projet à court ou même à moyen terme.
C’est pourtant dans cet entre-deux que se trouve une très importante demande : celle des voyageurs des Landes, du pays Basque, du Béarn et de la Bigorre, qui se chiffrent par millions chaque année.
Où est la logique ? Où est la cohérence de ces choix publics?
4) les demandes et propositions de BAP
Notre Association demande la réactivation des GPSO, en particulier concernant le tracé Bordeaux/ Captieux/Mont-de-Marsan/Dax. Et elle demande une programmation de ces travaux sur une période de 10 ans.
Dans cette perspective elle propose que soit étudiée la possibilité d’une liaison plus courte que celle passant par Dax et Puyoô pour relier les gares de Pau, Lourdes et Tarbes.
Cette proposition consiste à utiliser au mieux l’emprise de lignes existantes mais non exploitées entre Mont-de-Marsan et Saint-Sever (21km) et entre Saint-Sever et Hagetmau (15km) puis à prolonger par une ligne à créer entre Hagetmau et Orthez (30km environ) pour rejoindre le réseau existant.
Une telle solution, en raccourcissant la distance entre Bordeaux et Pau, actuellement de 235km par la voie ferrée, et en mettant à profit la LGV entre Bordeaux et Mont-de-Marsan, pourrait faire gagner 1h00 sur les trajets depuis et vers Bordeaux et mettre Pau à 3h15’ ou 3h20’ de Paris.
On objectera sans doute que la Loi portant réforme ferroviaire du 4 août 2014, interdit à la SNCF de créer de nouvelles lignes tant que la dette de SNCF Réseau ne se réduit pas. Une perspective lointaine en l’état actuel des choses ! Et une interdiction surprenante infligée à un Etablissement Public Industriel et Commercial dont la vocation est d’investir à long terme d’autant que les taux d’intérêt extrêmement bas actuellement sont précisément très favorables à ce type d’investissement.
A cela nous répondons qu’il s’agit d’un choix politique, que l’Allemagne a fait le choix inverse d’alléger la dette de son entité portant les infrastructures ferroviaires, et que tout choix politique peut être remis en cause.
Nous appelons toutes et tous nos élu(e)s à se mobiliser au nom de l’égalité des Territoires et de la défense de l’intérêt public et à intervenir, ensemble et unis, auprès du Comité d’Orientation des Infrastructures, pour que soit :
– activée et programmée la réalisation du GPSO sur le tracé Bordeaux/Captieux/Mont-de-Marsan/Dax,
– étudiée la faisabilité d’une liaison plus courte vers le Béarn et la Bigorre utilisant les emprises existantes entre Mont-de-Marsan et Hagetmau puis prolongée jusqu’à Orthez pour se raccorder au réseau actuel.
Il y a urgence !

Pierre SAUBOT, Président.

Association BEARN ADOUR PYRENEES – CCI Pau Béarn – 21 rue Louis Barthou – BP 128 – 64001 PAU Cedex
Tel : 05 59 82 56 40 – Email : bap@pau.cci.fr – Site : http://www.bap-europe.com Facebook : http://www.facebook.com/bap.europe

Sisyphe ou Don Juan « de cap tà l’immortèla »

sisyphusNadau donnera deux concerts aux Zénith de Pau ces 17 et 18 février. Le Zénith affiche complet, ce qui confirme la notoriété du groupe. Mais que signifie cette notoriété ?

J’habitais à Paris lorsque Nadau est passé à l’Olympia en 2010. J’avais déjà entendu et apprécié quelques chansons à la radio ou dans des férias du Sud-Ouest. L’occasion de ce concert à l’Olympia était bienvenue pour renouer avec la culture occitane, en supplément du rituel de la visite du salon de l’agriculture.

Quelques jours avant le concert, je suis donc allé au guichet de l’Olympia pour réserver des places. Pas d’affiches dans le hall. Nadau était inconnu du guichetier que ce soit en prononçant à la béarnaise ou à la française. J’ai même persisté en cherchant sur Internet. En vain. Je ne voulais sans doute pas admettre qu’il s’agissait d’une manifestation organisée par une agence événementielle.

Quelques mois plus tard j’ai relevé, sans m’en étonner outre mesure, cet écrit de René Ricarrère quelque peu emphatique : « Nadau à Paris, l’Occitanie à Paris, c’est la France qui accepte d’écouter –oh, un jour par-ci, par là !- l’un de ses cœurs battants, pour elle —» (*). Peut-être que cet événement avait été préalablement présenté chez « Drucker » ou plus vraisemblablement chez « Jean-Pierre Pernaut ».

Nadau à Paris, c’est certainement une performance et cela a sûrement du sens. Mais c’est aussi un entre soi occitan festif transporté à Paris.

J’ai quand même fini par assister à un concert de Nadau à Arzacq lors d’un séjour au pays. Au début du concert j’ai ressenti beaucoup d’émotion mais, au fur et à mesure des chansons et des commentaires introductifs de Nadau, j’ai ressenti un fond culturel qui tourbillonne de l’anarchisme au scepticisme avec un public en parfaite communion d’idées. Cette communion me semble être en phase avec les tendances majeures qui traversent notre société désenchantée (des-encantada).

En fait les chansons de Nadau racontent nos vies de gens ordinaires avec ses combats du quotidien qui côtoient l’absurde. Mais nous sensibilisent-elles à la complexité du monde actuel  et aux conséquences de nos modes d’habiter ? Enchantent-elles ou désenchantent-elles notre avenir ?

Larouture

Crédit photo : Sisyphus_by_von_Stuck.jpg
(*): Citation de R. Ricarrère tirée de « J’habite près de la voie ferrée » ; d’Orthez et d’Oc ; 2011 (page 80), remise dans son contexte :
« L’un des cœurs battants de la France
Nadau à Paris, l’Occitanie à Paris, c’est la France qui accepte d’écouter –oh, un jour par-ci, par là !- l’un de ses cœurs battants, pour elle oui pour elle ! Non contre elle, comme voudraient le dire encore les biens pensants du centralisme bonapartiste. C’est dire si je suis avec attention, passion et intérêt, le dépôt d’une proposition de loi d’origine parlementaire, en faveur de nos langues régionales. C’est un pas formidable ! La Charte et le texte que la commission nationale (que j’ai présidée dix ans à l’A.R.F., l’Association des Régions de France, à Paris) a élaborés et présentés à Caen en Normandie, en 2008, me semblent bien pris en compte. Je vais suivre cela de près… »

L’élevage industriel, une nouvelle source d’énergie renouvelable !

imageEntre les particules fines devenues chroniques, l’élection américaine, les primaires de la gauche…, quelques jours ont été réservés, par les médias, aux conséquences dramatiques de l’élevage industriel dans l’activité régionale entre Garonne et Pyrénées. 

C’était, jusqu’à présent une forme d’élevage «moderne», rentable, destiné à augmenter la production de viande ou de dérivés comme le foie gras ; pour cela, on densifie les animaux sur l’exploitation en s’affranchissant plus ou moins fortement du milieu environnant (confinement).

En ce moment, une panne intervient dans le cycle de production avec le virus H5N8, elle sème la panique dans le monde des «anatidaephiles» (néologisme proposé !).

Heureusement, comme l’avait prédit Anaxagore :« Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ».

La machine animale reste quand même rentable, si les uns sont en grosse difficulté, d’autres en profitent, ce n’est pas perdu pour tout le monde.

Cette méthode montre que le besoin impérieux de croissance ne se préoccupe pas des retombées négatives possibles, alors que l’application des connaissances scientifiques permettrait de les éviter. Toute une filière est ainsi sinistrée du fait d’un management incohérent de syndicats majoritaires et de grosses structures agroalimentaires. Le résultat d’une telle aberration est un désespoir des éleveurs et une demande d’indemnisation par l’État que, dans l’ensemble, les adhérents de ces syndicats critiquent en permanence.

En ce qui concerne la production de viande, chez le poulet, le porc ou les bovins, si l’élevage industriel produit de la matière «mangeable», en quantité et rapidement, elle est un non sens qualitatif.
– La qualité gustative est médiocre et la perception organoleptique est celle d’une chair molle, flasque, sans goût, car pas assez mature. La quantité d’eau rejetée dans la poêle par une escalope de veau non labellisée est impressionnante !
– Le stress permanent au cours de l’élevage et de l’abattage est tel que cela retentit aussi sur la qualité de la viande.
– La concentration en nombre sur des volumes restreints, souvent confinés, est générateur de contamination rapide de maladies d’où les traitements vétérinaires.
En ce qui concerne la production du foie gras, objet des problèmes actuels :
– La sélection génétique, pour le vite et beaucoup, implique un «tous identiques» au sytème immunitaire affaibli donc une sensibilité très grande aux maladies.
– La sélection des spécificités fait que l’élevage n’est plus suivi par le même responsable, il y a des déplacements dans le temps et l’espace, de masse d’animaux au cours desquels les contaminations sont multipliées.

«Les grosses coopératives ont taylorisé la production de canards ; le canard au cours de sa vie, trimballé en camion d’un site spécialisé à un autre ce qui augmente à chaque fois le risque de propagation du virus. Le palmipède naît dans un accouvoir géant. Les deux plus gros accouveurs en France produisent à eux seuls 8 millions de canards par an ! Le tout sous la férule du groupe Maïsadour (8000 agriculteurs et près de 1,5 milliard de chiffre d’affaires). Après avoir quitté l’accouvoir il reprend la route pour aller séjourner environ 13 semaines dans un élevage de prégavage où il va se retrouver en compagnie de plusieurs milliers d’autres palmipèdes. Puis il est de nouveau transbahuté vers un atelier d’engraissement où il sera nourri 5 ou 6 fois par jour avec des rations hyperénergétiques.» Canard enchaîné du 11 janvier 2017.

Résultat : 1 million de canards abattus en France, même ceux qui ne sont pas malades, et ce n’est pas fini, même si on n’en parle plus ; quel gaspillage, quelle perte pécuniaire, quel désastre social ! Voilà l’avantage de l’élevage industriel ! Les petits producteurs, ceux qui font de l’élevage traditionnel bien plus sécurisé car sans transport, du jeune caneton au foie gras, en subissent aussi les conséquences.

Les oiseaux migrateurs ont bon dos, ils sont plus contaminés que contaminants !

Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres. Grâce à la grippe aviaire rien ne se perd, c’est le recyclage productif « made in France». Je vous invite à lire le petit article paru dans le dernier Canard :

Conflit de canard : «Mettez du canard dans votre moteur»
«200 tonnes de canards chaque jour sont traitées par l’usine Atemax. A la sortie la pâte est récupérée donnant de la graisse liquide et de la farine protéinée qui va être utilisée comme combustible par les cimentiers ou fabricants d’électricité verte (!). La graisse liquide est vendue au prix du fioul lourd pour faire tourner les chaufferies collectives ou vendue environ 550 euros la tonne.»

La grippe aviaire, une pathologie au service du développement durable !

Que le sort de tous ces cadavres soit un réel problème, c’est un fait, mais cette hécatombe insupportable est-elle incontournable ? Cette pathologie est-elle seulement le fruit du hasard des migrations et des mutations du virus contre lequel on ne peut agir qu’a posteriori ?

Non, le principe de précaution, vivement combattu car il est une entrave à la liberté de produire, pourrait en grande partie l’éviter.

Le hasard n’existe pas, c’est la méconnaissance ou la volonté de méconnaissance qui existe.

La promiscuité et la densité de milliers de bêtes semblables dans un espace clos, la sélection de variétés plus rentables et non plus résistantes, les manipulations et les nombreux transports…, toutes ces actions favorisent les mutations et le renforcement pathogène du virus, la transmission rapide à tous les individus identiques affaiblis du fait d’un système immunitaire déficient. De plus, le virus est plus résistant qu’on l’imagine et les conditions d’hygiène dans les manipulations sont très insuffisantes ; d’après le Pr. Patrick Berche, Hôpital Necker-Enfant, Paris, la persistance du virus influenza dans l’environnement est de 30 jours à 4°C dans les excréments; 3 mois dans le fumier au froid. La contamination par les fèces dans les élevages, la manutention et le transport sont sous-estimés ; 100 à 300 virus est la dose infectante or la dose émise par ml est estimée entre 10 puissance 3 à 7. Comment faire disparaître et traiter entièrement des tonnes de lisier sans contamination, comment transporter en camion des canards à gaver sans laisser derrière du lisier se répandre sur la route ??

Réfléchir avant d’agir, c’est trop demander à bien des industriels de l’aviculture !

Georges Vallet

crédit photos : francebleu.fr

Presse pas lib ?

media-mensongesVous connaissez peut être le blog d’information régionale Presse Lib, sponsorisé par les CCI régionales, le Conseil Départemental et beaucoup de clubs sportifs professionnels. Il y a quelques jours, deux articles ont attiré mon attention.

Le premier traitait du forage géothermique de Lons, projet que j’ai eu l’occasion de traiter longuement ici par l’intermédiaire de trois articles:

« Géothermie à Lons : un projet de recherche de fond (1) » AP 16 septembre 2013

« Géothermie à Lons : un projet de recherche de fond (2) » AP 18 septembre 2013

« Géothermie à Lons : un projet de recherche de fond (3) » AP 19 septembre 2013

Il est écrit dans l’article de Presse lib: « Sur Lons, le chantier, dont le coût devrait s’élever à 80 millions d’euros, va pouvoir dès l’an prochain permettre de produire 5,5 MW d’électricité et de chaleur. » Evidemment ceci n’est pas vrai car, si par miracle tout se passait comme envisagé, c’est un délai beaucoup plus long qui est nécessaire, au minimum trois ans en commençant demain, ce qui est loin d’être le cas…

J’en fis la remarque dans les commentaires, sans pseudo, mais celui ci fut effacé…   Pensant à une erreur, j’ai recommencé… avec le même résultat.

Peu de temps après, un autre article titrait : « Feu vert pour le gaz de schistes dans le Gers »

Ce titre provocateur concernant le forage de Saint Griède n’est pas en ligne avec la réalité puisque les objectifs pétroliers de la société australienne concernée sont la recherche d’hydrocarbures conventionnels comme l’indique d’ailleurs leur site dont un lien se trouve dans l’article…

De la même façon, ma remarque dans les commentaires est passée à la trappe.

Presse lib n’apprécierait donc pas que les lecteurs rectifient les « erreurs » de leurs articles ?

Sans commentaire.

Daniel Sango

La Tyre, ça roule !

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Ce week end, traditionnelles Portes Ouvertes en Madiran, l’occasion d’aller goûter les productions de nos amis vignerons. J’avais choisi l’un des plus emblématique, Brumont, au Château Montus.

On ne présente plus Alain Brumont, visionnaire et grand promoteur du tannat, ce cépage local qui produisait des vins imbuvables dans notre jeunesse…

Ses portes ouvertes au Château Montus sont un feu d’artifice des sens : dégustation de sa très large gamme de vins, repas gastronomique, concert, dégustation des Icônes (une dégustation à l’aveugle de 10 très grands crus, dont trois vins de Brumont), dégustation gratuite d’une verticale de La Tyre, le vin haut de gamme de la propriété. La Tyre est une parcelle (forte pente exposée Sud Ouest, galets roulés et argiles rouges et bigarrées) qui donne lieu à ce grand vin quand les conditions sont bonnes, sinon il va rejoindre le Montus, un grand vin lui aussi.

La verticale montre cette évolution où la puissance du tannat de la fin des années 90 laisse peu à peu place à un vin plus complexe, plus élégant, toujours très frais, prêt à vivre longtemps. Un tournant s’est fait dans les années 2005 avec un allongement de l’élevage, et curieusement, cet allongement ne produit pas un boisé plus présent, au contraire. C’est grâce à des échanges avec Véga Sicilia, le célébrissime producteur de Ribera del Duero que s’est faite cette évolution. On n’en est pas encore à l’élevage de « El Unico », leur grand vin qui lui est élevé 8 à 10 ans alternativement en fûts et cuves avant d’être proposé à la vente.

La Tyre n’est plus un Madiran, c’est un très grand vin. C’est un vin qui tire vers le haut les Montus Prestige et Bouscassé Vieilles Vignes, les autres grands vins de Brumont, plus abordables ceux là. C’est d’ailleurs confirmé par la dégustation en aveugle où trois de ces vins sont dégustés avec les plus grands vins de la planète et font quasiment jeu égal, voire mieux (Cette année Opus One, La Mouline, Hermitage de Chave, Lynch Bages, …etc)

Mon préféré de la verticale, La Tyre 2010, très frais, fruité, encore une toute petite pointe de boisé vanillé il allie puissance et élégance, il peut se boire dès maintenant, et pendant longtemps.

Beaucoup moins cher, le Bouscassé Vieilles Vignes est une valeur sûre, un tannat plus « classique ».

Bonne dégustation, avec modération.

Daniel Sango

Plaidoyer pour une région au Sud de l’Ouest de la France

OssauAprès un premier commentaire sur le forum d’AltPy, il y a quelques semaines, Romains l’Ossalois réagit à l’article d’Emmanuel Pène, « Aberrations politiciennes en Béarn ». Le cri du cœur, d’un homme jeune, 28 ans… l’analyse plus que pertinente de la situation des pays du piémont pyrénéen. Un appel à la mobilisation citoyenne face à la mollesse et au renoncement de nos élus. A lire impérativement, à lire ci-dessous.

Je suis largement d’accord avec M Pène.
Une nouvelle carte des régions sera donc validée mardi. Les deux grands ensembles qui émergent ne font qu’étirer les actuelles régions d’Aquitaine vers le nord (et sacrément!) et Midi-Pyrénées vers l’est. Vu d’ici, l’analyse est simple: amplification de ce que lesdites régions produisent depuis leur création il y a 30 ans. La coupure en deux et la marginalisation géographique, politique et économique de notre pays.

Notre pays? Certains l’appellent géographiquement Pyrénées, Sud-Ouest, d’autres plus locaux Béarn, Pays Basque, Bigorre, Landes, Armagnac, Comminges… « 3B » (pays Basque-Béarn-Bigorre) pour un ancien député, Pays de l’Adour pour une Université, Pyrénées-Gascogne, Adour-Pyrénées… les noms officieux abondent quand on a disparu des cartes officielles.

Notre pays a pour colonne vertébrale un espace qui échappe largement à l’influence directe de Bordeaux et de Toulouse et qui se caractérise par/

– une fraternité de tous les domaines avec le Pays basque, la Navarre et l’Aragon, que de Toulouse et de Bordeaux on n’abordera jamais que comme un froid partenariat,
– une prégnance de langues et de pratiques qui n’ont pas grand chose à voir avec ce qu’ailleurs on ne sait nommer que folklore,
– un réseau polycentrique de villes petites et moyennes qui n’a pas les mêmes besoins ni le même fonctionnement qu’une métropole nombriliste et hypertrophiée par essence,
– une dynamique et des marqueurs culturels, économiques et identitaires suffisants pour être identifiés et appréciés de l’extérieur par des partenaires de premier plan,
– un point de vue différent sur les grands chantiers et besoins en infrastructures et investissements.

Incapables de s’entendre, les deux sœurs rivales de la Garonne ont élargi leur aire d’influence. Les nouvelles régions seront leurs bras tout musclés de compétences élargies et de recettes renouvelées.

En leur sein, les départements auront un dernier choix à faire, avant que de disparaître ou de végéter: exercer ou non un droit d’option vers une région voisine.
Pourrons-nous alors réunir notre cœur de pays ?

Je ne vois pas Toulouse lâcher le Gers, ni Bordeaux les Landes. Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées tenteront-elles un rapprochement? Qu’elles optent pour Toulouse ou Bordeaux, elles seront en bout de ligne hélas.
Nous aurions pu faire cause commune, plus d’un million d’habitants entre l’Adour et les Pyrénées, proposer une collectivité d’avant garde fusionnant les compétences des régions et des départements, former un pack cohérent mais solide pour peser dans les débats, disposer de la taille critique pour parler à nos voisins, tout en gardant une précieuse proximité, une efficacité au contact du terrain que nous allons perdre définitivement. De vraies économies, quoi.

La politique est-elle si bien captée par les partis nationaux et leurs états-majors contrôlent-ils si bien les choses, que les responsables de mon pays… n’ont rien pu faire?
N’est-ce pas grâce à une culture politique différente que la Corse ou les Outre-mers ont échappé à cette histoire de grandes régions?
Ou est-ce qu’à moins d’être sur une île, aucun projet régional n’est viable sans métropole en son centre?

Pourtant, avec les mêmes partis et des métropoles tout aussi excentrées que Toulouse et Bordeaux le sont pour les Basques et les Gascons, les Bretons ont fait entendre leur voix. Ils arracheront peut-être même Nantes aux Pays de Loire.
D’une taille comparable à la nôtre et dans une position frontalière similaire l’Alsace a failli maintenir son autonomie.
Alors que n’avons-nous réagi quand Poitou et Limousin parvenaient à réorienter complètement Bordeaux vers le Nord? Quand Toulouse et Montpellier parlent de rebaptiser leur région Languedoc, faut-il se réjouir que la Gascogne se réduise à un conseil général du Gers privé de la moitié de ses compétences?

Les débats ont eu lieu au Parlement. Qu’ont fait nos parlementaires? C’est-à-dire les députés et sénateurs PS que nous portons de plus en plus majoritairement à chaque élection? Rien ou presque si l’on compare au PS Breton. Des élus Modem-UDI ou Radicaux de gauche vinrent quelques tentatives: amendements, « sauvetage » des conseils généraux…

Si l’atonie de la société civile fut à la hauteur (si j’ose dire), je ne comprends que l’armada d’élus du parti qui gouverne n’ait rien pu faire. Avons-nous les plus mauvais de France? Voulaient-ils en fait aboutir au résultat actuel?

Noun i endeni arré…

– par Romain, Ossalois, 28 ans.

 

Crédit photo : Bernard Boutin

Pyrénées – La mule et l’intello (4) : Le Canigou se défile

DSCF2552
La Canigou

Refuge de Batère, le 19 août : La mule émet un préalable à reprendre la grimpée vers le Canigou. Elle veut inspecter le pique-nique que l’intello vient de charger dans son barda. Il s’agit de tenir toute la journée avec. Le sac papier (biodégradable) contient un sandwich jambon blanc, une salade de nouilles, une pomme, un fromage blanc et une barre céréalière faite au refuge. Somme toute, un panier repas assez classique. L’intello met le GPS en route. Il prévoit 941 m de dénivelé positif et une distance à parcourir de 16,1 kms. Plutôt cool. L’équipage se met en route.

C’est une très belle « promenade » en forêt qui accompagne nos deux compères même si le brouillard rend l’atmosphère un peu étrange. L’ambiance est bonne. Enfin, la « haute » montagne s’approche. Au passage d’un ruisseau, un magnifique bouvreuil décolle à quelques mètres. Un moment rare !

Le sentier finit par sortir du bois, le brouillard s’épaissit. L’heure de la pose approchant, c’est face à un rocher « tagué » que le pique-nique est dégusté. Le tag, « street art » à l’origine, prend de l’altitude. Un peu plus loin, la carcasse d’un avion anglais, qui s’est « craché » là dans les années soixante, est aussi tagué. Sacrilège ou non ? L’avion Londres-Barcelone aurait eu ses instruments de vol déréglés par la masse ferrugineuse du Canigou. Les 80 passagers périrent sur le coup. C’est un moment à part que de découvrir cette épave le long du sentier mais, déjà, la sortie du bois s’approche et apparaît le bel ensemble de bâtiments en pierres de taille qui compose le refuge des Cortalets. Pour la première fois depuis le départ, la cote des 2000 m est passée. Le refuge est situé à 2150 m d’altitude et offre une très belle vue sur le Canigou. Vraiment un beau coin.

Il y a beaucoup de monde au refuge et autour. Il faut dire que le Canigou se gravit, depuis les Cortalets, en 1h30. Tout le monde (ou presque) peut y accéder. Le lieu est très populaire d’autant plus que la Canigou est emblématique pour tous les Catalans, du nord comme du sud. On le voit depuis la mer, on le voit depuis la plaine. Il est un symbole de la nation catalane, surtout pour les Catalans « espagnols » qui le gravissent en masse équipés de drapeaux rayés jaune et rouge. Photo souvenir oblige.

A la St Jean, fin juin, les « locaux » montent des fagots de bois en grande quantité au sommet du Pic pour y mettre le feu à la nuit tombée. Il est alors vu de très loin. Le flamme est ensuite récupérée et conservée toute l’année dans la vallée avant d’être régénérée à la St Jean suivante. Une belle tradition qui crée un lien fort entre tous.

Le refuge est une « grosse machine ». Près d’une dizaine de personnes sont nécessaires pour le faire tourner. Il reste cependant « cozy » et agréable. Pour dîner, je suis avec des Catalans de Barcelone qui veulent à tout prix me démontrer que l’indépendance de leur territoire est légitime. Madrid pomperait toute leur richesse vive, les Andalous seraient des paresseux etc. Le républicain français que je suis leur rétorque que notre nation est « une et indivisible », que la solidarité entre les territoires est nécessaire et qu’ils vont précipiter la balkanisation de la péninsule ibérique. Ce n’est pas leur problème. L’égoïsme des riches ! Bref, la tension monte d’un cran…

Etant seul dans ma chambre, je dors plutôt bien sans trop savoir si je pourrai gravir ou non le Canigou le lendemain. Depuis, le refuge, la montée se fait par le versant nord, ce qui ne pose pas de problème mais, dans mon cas, pour continuer ma traversée des Pyrénées, je dois redescendre le pic par sa face sud et là, une cheminée aérienne m’attend. Ludique à monter, elle devient compliquée à descendre pour faute de visibilité et le poids du sac peut compliquer la chose. Une descente à ne faire, que si le rocher est sec et accompagné de préférence.

20 août : Il bruine. Il y a du brouillard. Le randonneur itinérant n’a pas le choix. Il doit avancer. Je dois donc contourner le massif du Canigou par l’Est en montant les crêtes du Barbet qui atteignent tout de même 2712 m soit quelques dizaines de mètres de moins que le Canigou lui-même. Une consolation, la vue, si le brouillard le permet, sera belle sur celui-ci. Au fur et à mesure que je monte la crête, le vent augmente, la pluie se transforme en grésil. Serre-tête, poncho et protège-sac deviennent de rigueur.

Je marche malgré tout bien et dépasse trois Béarnais partis devant moi. Les nuages sont au-dessus de moi, en-dessous aussi. Une triste journée alors qu’elle devait célébrer la montée de l’emblématique Canigou. Pas de chance. Je reviendrai. C’est toujours ce que l’on dit dans ce cas-là.

Le col de la Porteille de Valmanya est atteint assez facilement. Descente vers le refuge de Mariailles (1718 m) dans une belle longue vallée. Près du refuge Arago, je vois les deux premiers isards de mon « périple ». Le manque de pastoralisme, en Catalogne, ne favorise pas la chaîne alimentaire. Les rapaces et autres prédateurs sont plutôt rares par rapport à la partie occidentale de la chaîne. Les montagnes, si belles soient-elles, paraissent souvent mortes. Dommage.

Il pleuvote jusqu’au refuge de Mariailles qui est « bondé ». Nous sommes entassés comme des sardines dans les dortoirs. Bon dîner, un peu court sur les portions, avec deux groupes de Béarnais autour de moi, les uns de Pontacq, les autres de Lembeye. De sacrés montagnards que ces Béarnais !

Vivement le lendemain et la montée au Pla Guilhem qui se prolonge, par une ligne de crête d’environ 12 kilomètres, entre 2200m et 2400m. Le guide, Trans’Pyr, annonce que cette crête est unique dans les Pyrénées et qu’elle ressemble à un plateau Népalais. Sa découverte : un moment important attendu, par la mule et l’intello, dans cette traversée des Pyrénées. Terminée la crête, l’équipage descendra vers le sud, à partir de la Porteille de Morens, en direction du refuge d’Ull des Ter en Catalogne espagnole.

Le moral est bon. La mule n’a pas de problème avec son genoux droit arrière. Par contre, devant, ses bâtons ont une fâcheuse tendance à se rapetisser quand ils sont trop sollicités. Il faudra les régler. Cela peut-être dangereux en dévers.

– par Bernard Boutin

Le diaporama de photos : C’est ICI (en bas de la page)

Révolution numérique : Ce que les écolos – et la classe politique en général – n’ont pas vu venir…

covoiturage_illustr_copieDepuis des années, les « écolos » et autres défenseurs de mère-nature, nous disent de mettre au rencard nos voitures et d’aller à pied, en vélo ou en transport en commun. Pour leur faire plaisir, les Politiques piètonnisent les centres-villes sans prendre en compte que beaucoup de nos citoyens vivent éloignés de ceux-ci, ne sont pas adeptes du vélo ou ne sont pas desservis par les  « transports en commun ».

« Mettre la voiture au rencard » : il est vrai que pour transporter un être humain de 80 kilos, nous n’avons pas trouvé mieux que de faire des chars de 800 kilos. Pas très efficace en terme d’espace pris et de besoin énergétique pour une seule personne.

Mais voilà, le numérique bouscule tout et très rapidement. Les logiciels qui s’appellent : uber, lyft (lire à ce propos le sujet du Monde) ou encore BlaBlaCar vont permettre de mieux « remplir » les voitures. Conséquence immédiate : moins de voiture sur les routes, les autoroutes et les cœurs de villes. Baisser le trafic, augmenter le nombre de personnes transportées, le numérique le permet.

Ces logiciels font le pari que, dans leurs déplacements, les automobilistes ont tout intérêt à partager leur voiture pour rentrer dans leur frais. BlaBlaCar, success-story à la française, transporterait plus d’un million de passagers par mois en Europe, autant que les TGV de l’EuroStar. Un logiciel contre le « mammouth SNCF » !

Un million de passagers par mois, c’est un million de personnes en moins dans leur véhicule particulier mais aussi dans les trains, les bus ou les avions.

On imagine de suite que de nombreux intérêts, conservateurs et sectoriels, ne peuvent apprécier cette nouvelle concurrence. La SNCF, les sociétés autoroutières, les bus régionaux ne peuvent voir d’un bon œil la notion de « coefficient de remplissage » devenir un critère des propriétaires de véhicules particuliers !

Si BlaBlaCar est spécialisé dans le trafic de région à région, rien n’empêche, d’imaginer que demain, au moment où vous voulez aller en ville ou dans votre centre-commercial favori, vous consultiez votre écran d’ordinateur pour voir si tel ou tel voisin ne propose pas de faire « la course ensemble »… Dans un autre domaine : Quid de la dépose et de la ramasse des enfants à l’école ?

L’univers des possibles semble gigantesque. Comme il est évident, que tôt ou tard, le monopole du taxi, lui aussi conservateur et sectoriel, sera mis en brèche.

Dans cette conjoncture, le Politique saura t-il s’adapter et anticiper les changements à venir ? Il lui faudra multiplier les aires destinées au co-voiturage en créant de véritables espaces facilement accessibles, sécurisés et pourquoi pas offrant des services (connexion wifi notamment). Mais, en même temps, il lui faudra anticiper des baisses de trafic sur le rail (les RER régionaux) ou encore les bus que financent à perte les conseils régionaux : les fameux bus à 1 euro. Des transferts d’investissements sont à prévoir.

Ce retour en grâce d’une voiture, mieux utilisée, pragmatique, rentabilisée n’a pas fini de bousculer les mentalités (des écolos notamment) : Moins de voitures sur les routes et plus de monde dedans.

La France rebondira, le jour où nos Politiques, jamais préparés à la mondialisation, prendront la direction de la Silicon Valley pour y humer l’air du temps et préparer notre futur… Mais, à propos : do they speak english ?

– par Bernard Boutin

PS : Le 7 août, sur le site de BlaBlaCar, il y a 520 trajets Pau-Toulouse et 328 Pau-Bordeaux proposés. Ce n’est qu’un début !

MARCIAC : Plus que du Jazz, une « movida » !


DSCF2423Marciac, « since 1978 », offre un des meilleurs festivals de l’été aux fans de Jazz. Cela les aficionados le savent depuis longtemps. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil à l’affiche du JIM 2014 : ICI.

Moins connu, surtout par ceux qui ne fréquentent pas Marciac, c’est cette « movida » qui au fil des années, a fait que Marciac-in-august, c’est bien plus que du Jazz ! C’est un art de vivre, un art de flâner, un art de respirer un grand bol de création, d’inspirations au milieu des multiples expositions artistiques aux 4 coins de la vieille bastide gersoise.

On peut ne pas aimer le Jazz (est-ce possible ?) et, toujours trouver mille raisons d’aller à la redécouverte de la ville. La culture y a pris ses quartiers : Peintures, sculptures, dessins ont envahi les moindres recoins de Marciac. Il y a en a pour tous les goûts et tous les styles.

Difficile de les mentionner tous. Pourquoi ne pas démarrer par la « Galerie ESPACE EQART » ? Un lieu à part qui s’inscrit dans la durée. Créé en 2008, il expose, tout au long de l’année dans ses ateliers, des créateurs « bien singuliers et si particuliers ». Sylvain CORENTIN « construit un monde fait de tours aux allures précaires d’une grande élégance »… Sabrina GRUSS, « glaneuse de néant, extirpe des landes des lieux abandonnés et des fourrés, racines, crânes d’oiseaux, coquilles vidéos sans sépulcre »… Jean-Michel CHESNE dessine à l’encre blanche et « révèle un peuple fantasmagorique de créatures inquiétantes et séduisantes à la fois »… L’ambiance est donnée. La Galerie expose en août trois autres artistes : Cambon, Joël Lorand et Evelyne Postic. Plus sur le site de la galerie : ICI.

La Galerie « Rue des Cinq Parts » nous fait découvrir un artiste « Anglo-Gascon » : Perry TAYLOR qui s’applique par le dessin à traduire l’esprit du sud-ouest : ses habitants, ses paysages, son patrimoine… Un œil qui capte tout, sans concession, et des dessins qui le rendent avec un humour « So British » !  Plus ICI.

Le peintre Rémy TROTEREAU  qui a posé ses valises à Marciac, ouvre son atelier au public afin d’échanger sur son art. L’artiste « explore la matière avec force et conviction. Reliefs mystérieux, matières triturées, œuvres venues d’un autre monde, d’une présence indéniable. Elle couvre de nombreux registres : sculpture, relief, peinture, gravure. Sa peinture exploite le thème du corps, animal ou humain. Toutes ses thématiques s’expriment dans une gestuelle vigoureuse, une écriture griffée souvent marbrée de coulures. *». A ne pas manquer.

« Paysages in Marciac » propose, dans le très beau site de la « Chapelle Notre-Dame de la Croix » qui domine la ville, une sélection d’artistes. Parmi eux, Loïc PLOTEAU et ses sculptures, de fer ou d’acier, « composées à partir d’objets détournés, s’inspirent, pour la plupart, des thèmes baroques ; anges dans tous leurs états, suspensions de cœurs métalliques, échelle de Jacob. Des clins d’œil, de la distance, et un grand coup de dépoussiérage du baroque ». Les cloches de « nos blondes d’Aquitaine » trouvent aussi chez l’artiste un parcours nouveau !

Jean-Jacques ABADIE, photographe, présente de très belles scènes des Pyrénées. Toutes en noir et blanc. Des vues chaque fois originales qui font découvrir les Pyrénées sous un angle nouveau et souvent magique.

« Paysages in Marciac »  propose aussi des peintres, P. HARREN, JM LORHO et Roger LAUT qui expose ses « Paysages d’hiver » et « Vignes en Gascogne » dans le cadre majestueux du porche de l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption. Des toiles souvent peintes, à deux pas de Marciac, dans le Vic-Bilh. Roger LAUT dont l’œuvre a déjà fait l’objet d’articles sur Alternatives Paloises.

L’Office du Tourisme de Marciac mentionne d’autres galeries. Bien d’autres artistes sont à découvrir sur la ville.

Même si le Jazz ne vous attire pas (encore, est-ce possible ?), n’oubliez pas d’inscrire dans votre emploi du temps d’aoûtien MARCIAC. Entre casetas, restaurants gastronomiques, wine et foie-gras testing, artistes en tous genre, vous ne perdrez pas votre temps et, même vos oreilles, pourraient y trouver de nouveaux plaisirs en trainant du côté du Festival Off sur la place de l’Hôtel de Ville. Vive la Marciac Movida !

– par Bernard Boutin

* http://www.marciactourisme.com/detail/a03362cdd45dd6b91355c81c068fa809/412397