« Arrêtez de nous compliquer l’existence »

imgresSous le titre de son dernier livre, « Arrêtez de nous compliquer l’existence »* Max Moreau nous propose 115 préconisations concrètes pour redresser notre économie. Ce Béarnais de souche, de sang et de cœur, sportif éclectique, est un économiste averti. Economiste dans la majorité de ses publications il sait également être romancier. D’ailleurs en même temps que ce dernier livre, il publie un roman sous le titre « Ascendances »**. Cette vingt quatrième publication est pour Alternatives Pyrénées l’occasion d’un entretien avec l’auteur.

A noter que les droits d’auteur de ces deux livres seront reversés à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière.

 1) Votre livre « Arrêtez de nous compliquer l’existence » comporte 115 préconisations que vous qualifiez de concrètes pour redresser l’économie de la France. Quelle est celle que vous jugez à la fois la plus importante et la plus urgente ?

Réponse : Je pense qu’il y a 2 Mesures essentielles :

  1. L’axiome fondamental est d’atteindre dans des délais raisonnables (2à 3 ans afin de ne pas paralyser notre activité économique par trop de contraintes budgétaires) L’EQUILIBRE BUDGETAIRE.

Car si actuellement nous bénéficions d’une période favorable pour le taux d’emprunt français à 10 ans (0,26% au 26 Avril 2015), le coût du pétrole risque fort de remonter, le taux de change de l’Euro ne va pas rester longtemps aussi bas pour favoriser nos exportations industrielles et agroalimentaires, les incertitudes planent sur le devenir de l’UNION EUROPÉENNE et le contrecoup de l’assouplissement quantitatif QE, de la BCE (mesure artificielle de déversement de liquidités à certaines conséquence négatives : revenus des rentiers euthanasiés et qui n’investissent plus, consommation des ménages en baisse), ce qui entraîne déjà une remontée des taux d’emprunt à 10 ans (0,84% au 6 mai 2015).

Nous courrons UN RISQUE de CRACK OBLIGATAIRE PROBABLE.

Seul l’équilibre budgétaire donnera les moyens de bâtir un ETA-ACTIF-PROTECTEUR.

  1. L’élaboration d’un MASTER-PLAN (6 & 3 ans) qui fige les grandes orientations économiques de la Nation, un Plan qui s’interdit la surabondance d’impôts et de taxes, les changements fiscaux conjoncturels aléatoires et les effets rétroactifs qui détruisent la confiance.

2) Vous dites qu’il faut répartir clairement les compétences et les missions territoriales et celles de l’Etat. Pouvez-vous préciser les missions que l’Etat ne peut ni céder ni partager avec les collectivités territoriales ?

Réponse : Fonctions régaliennes de l’Etat :

  • Diplomatie et Défense pour assurent la sécurité extérieure du territoire.
  • Sécurité intérieure.
  • Droit et Justice.
  • Orientation éducative.

3) Dans la même rubrique (n°6) vous listez ainsi la composition du gouvernement (15 ministres), du sénat (250 au lieu de 348), de l’assemblée nationale (125 au lieu de 577), la suppression des départements, la diminution du nombre des communes (10.000 au lieu de 36.700) et enfin la limitation à 2 du nombre des mandats. Récemment le projet de suppression des départements a échoué. A-t-on actuellement les moyens politiques de mettre en place ces réformes et si oui, comment ?

Réponse : Un échec provisoire n’entraîne pas le renoncement.

Le Régime minceur de l’Etat est une obligation. Pour l’engager, il faut avoir le sens de l’Etat, du courage, de l’obstination et de l’abnégation pour faire abstraction des conséquences électives négatives pour ceux qui les mettent en place.

4) La proposition n° 10 parle d’une gestion publique raisonnable. Vous y préconisez une diminution du nombre des fonctionnaires de 6 à 4 millions en 8 ans. Peut-on engager cette réforme sans que la paix sociale ne soit menacée ?

Réponse : En France on est apte à réformer pour tous les secteurs, SAUF le SIEN.

Les comparaisons avec les 5 pays de l’OCEDE où il y a le plus de fonctionnaires sont alarmantes (voir page 19).

Il s’agit de mieux répartir les fonctionnaires, de les former à la connectivité numérique, d’engager progressivement leur diminution et de mieux les rémunérer à la contribution.

5) Éradiquer la corruption dites-vous (page 116) et vous visez principalement le monde politique. Est-ce que cela signifie que l’action de la justice dans ce domaine est insuffisante ou que les lois pénales ne sont plus adaptées ?

Réponse : – Considérer le harcèlement corrupteur comme un délit pénal.

  • Déclencher une opération « Mains propres ».
  • Formuler des Standards d’éthique type anglo-saxon
  • Recourir aux Clignotants d’alerte pour les délits pénaux.
  • Un quinquennat renouvelable une fois pour tous les mandats électifs.
  • Déclaration patrimoniale des élus (en cours).
  • Encadrer d’une manière contraignante le lobbying parlementaire.
  • Définition stricte des conflits d’intérêts.
  • Accroître la pénalisation des trafics illicites de drogue et de blanchiment d’argent sale.

6) Napoléon disait : « La guerre est un art tout d’exécution ». Pensez-vous vraiment qu’il suffise d’énoncer des préconisations pour mettre en place des réformes de nature à redresser le pays ? Est-ce-que cela n’est pas utopique ? A votre avis, que nous manque-t-il pour réformer nos institutions, une volonté politique, un changement de nos mentalités, un homme fort ?

Réponse : Non, ça ne me paraît pas utopique, si j’en juge par le nombre de mes préconisations mises en application :

– Création de l’ASFO en 1962, levain de la Formation Continue de J. Chaban-Delmas.

– Appréciation des Mérites (Loi Mesmer sur l’intéressement 1969 – Notation du Personnel Fonction Publique 2003.

– Répartition des Profits nets de l’entreprise en 3 tiers : actionnariat, management, salariés, appliqué dans de nombreuses entreprises dont DASSAULT. 1964.

– Renoncement au programme du surgénérateur Super-Phoenix par  Pierre Raffarin, 1er Ministre, (arrêté 21 ans après).

– Loi sur la Création d’entreprise de Dominique Stauss-Kahn, d’après le cours d’HEC.

Et bien d’autres…

Pour cela il faut un HOMME FORT avec LE SENS de L’ETAT, et…patienter avec le changement progressif des mentalités !

En France le temps de latence d’incubation d’une préconisation économique est de plusieurs années !!!!

La réflexion économique, c’est 364 jours de doute et 1 seul d’espérance…

Propos recueillis pas Joël Braud

Pau, le 15 juin 2015

 

*Edition l’Harmattan – sorti en mai 2015 – 152 pages – prix 16,50 €

** Edition l’Harmattan – 358 pages – 29 €

Yves Urieta répond aux questions d’Alternatives Pyrénées.

imagesAlternatives Pyrénées a souhaité poser un certain nombre de questions – vingt exactement- aux candidats au prochain scrutin municipal. L’objectif est double, d’une part aborder des sujets inédits et d’autre part éviter la « langue de bois ». Yves URIETA répond à nos questions de façon concise et précise. A vous de juger.

Finances

– Les impôts locaux. Pensez-vous pouvoir  faire baisser la taxe foncière et la taxe d’habitation et dans quels domaines la ville peut-elle  réduire ses dépenses ?
Nous prenons l’engagement de baisser les impôts. Nous réduirons les dépenses de fonctionnement, et feront en sorte de limiter drastiquement les études trop nombreuses et trop onéreuses.

 La démocratie participative

– Envisagez-vous que les membres des conseils de quartiers soient élus ?

 Non. Nous dialoguerons directement avec les Palois et les Paloises dans un souci de proximité au quotidien.

– Souhaiterez-vous organiser un référendum d’initiative populaire et sur quel sujet ?

Non, les élus doivent prendre et assurer leurs responsabilités.

 – Connaissez-vous les termes de la charte de bonnes pratiques des élus et comptez-vous l’appliquer ?

L’équipe municipale précédente ne l’a pas appliquée. Mais il n’est pas besoin d’avoir une charte de bonnes pratiques mise en place, je l’ai prouvé dans ma vie politique.

Grands projets

– Le Bus-Tram. Avez-vous l’intention de réaliser le projet de l’équipe précédente ?

Non puisque je stoppe ce projet.

Les transports urbains peuvent-ils être gratuits ?                                                                          

 Oui, ils le seront, et j’ai expliqué à de nombreuses reprises comment je ferai lors de mes multiples rencontres avec les Palois ou lors de mes conférences de presse.

– Le Grand Prix automobile de Pau. La ville de Pau et la CDAPP doivent-elles  subventionner cette manifestation ?

 Oui car il s’agit de maintenir et même de conforter l’image de la ville grâce aux retombées médiatiques et économiques.

 – Les halles. Comment et quand les rénover, les réhabiliter ou les rhabiller ?

 Ce projet fait partie de nos priorités. Nous les rénoverons en tout début de mandat.

 – La caserne Pissard-Santarelli. Depuis 1999, la ville est propriétaire de cet espace de 22 hectares, que faut-il en faire et quand ?

Nous avons en projet d’y créer de l’habitat à HQE (Haute Qualité Ecologique) et réaliser un bel aménagement urbain dans cet espace. Il sera parmi nos priorités.

 – La friche industrielle du quartier de la gare. Comment aménager cet espace afin qu’il ne continue pas à polluer la plus belle vue de terre ?

J’avais résolu le problème lorsque j’étais maire durant 20 mois. Je reprendrai évidemment ce projet d’un quartier HQE avec de l’habitat et des bureaux.

 – La réfection des voies de circulation. Un grand retard a été pris en ce domaine, pensez-vous pouvoir le combler ?

Oui avec un plan triennal sur la voirie et les trottoirs, car nombre de voies ne possèdent pas de trottoirs à Pau !


Economie

– Le déménagement du Parc des Expositions. Pensez-vous que cela est nécessaire et où situer le nouvel emplacement ?

Non il n’est pas dans mon projet de le déplacer mais engager une rénovation urgente car il reste un des éléments majeurs de la vie paloise.

 – Le centre-ville. Comment dynamiser son activité économique et commerciale ?

En mettant entre autres choses en place la gratuité des transports et des parkings le mercredi après midi et le samedi prévue dans mon programme. Nous mettrons également en place des parkings relais avec des navettes à Gan, Serres-Castets, au Hameau et à Coarraze. Ce dispositif permettra de faire revenir une importante clientèle au centre ville pour redynamiser économiquement le commerce  palois.

 Quel est votre projet concernant le plan de circulation et le stationnement pour accéder au centre-ville ?

– Le palais Beaumont et le centre de congrès. Quel est votre projet les concernant ?

Revoir la tarification afin de donner plus de dynamisme et donc d’intéresser et d’amener des organisateurs nationaux et internationaux à y organiser des congrès et des manifestations aux retombées économiques significatives.

Social.

– Les gens du voyage. Quelles dispositions comptez-vous prendre pour être en conformité avec le schéma départemental ?

 Oui. Nous sommes dans l’obligation de nous mettre en conformité.

 – Maintiendrez-vous au même niveau les aides aux associations ?

Oui, mais en traitant et améliorant le niveau des contrats d’objectifs.  

CDAPP.

Si vous êtes élu postulerez-vous pour la présidence de la CDAPP ?
Oui.

 – Comment vous situerez-vous par rapport à la LGV et la Pau-Oloron ?

La LGV est indispensable pour envisager l’avenir du Béarn qui sera au centre d’une Euro région comportant l’Aragon, Midi Pyrénées et l’Aquitaine. La Pau Oloron  il faudra voir et regarder le sujet pour le développement du Haut Béarn.

 – Pensez-vous que le nombre de grandes surfaces à la périphérie ne peut être augmenté ?

Nous possédons déjà un pourcentage très élevé en m2 de magasins grande surface.  Il faudra se pencher et regarder sur l’avenir global de l’agglo.

 

Ce qu’en pense Alternatives Pyrénées :

Sans conteste, Yves URIETA a joué le jeu des réponses courtes et sans langue de bois. Une seule d’entre elles n’a pas eu de réponse, celle concernant le plan de circulation. C’est vrai que le sujet est technique et nécessite un long développement.

Quatre sujets sont inédits, ils concernent la caserne Pissard-Santarelli, le schéma départemental des gens du voyage, la friche industrielle et le pacte des nouvelles pratiques. Nous obtenons des réponses en forme de programme pour l’ancienne caserne et la friche industrielle. L’accueil des gens du voyage rappelons-le, est un vieux sujet qui ne trouvera que difficilement une solution. Il y faudra sans doute toute l’autorité de l’Etat pour que l’agglomération de Pau finisse par se soumettre à une obligation légale. Enfin sur le pacte des nouvelles pratiques proposé par Alternatives Pyrénées, Yves Urieta reste prudent et vraisemblablement, ne le signera pas.

                                                                                               Pau, le 24 février 2014

                                                                                               Par Joël BRAUD

Un entretien avec Martine Lignières-Cassou sur le thème des « Pratiques Municipales »

DSC_0160 mlcA la veille des élections municipales de 2008, Alternatives Paloises avait proposé aux 4 candidats d’alors un « Pacte pour les Nouvelles Pratiques Municipales ». Les mots clefs : Pratiques et Transparence. Martine Lignières-Cassou, François Bayrou et Eric Schatz avaient signé le Pacte. Alternatives Paloises n’avait pu joindre Yves Urieta, maire du moment. Élue, Martine Lignières-Cassou avait ouvert le chantier des nouvelles pratiques et était même allée plus loin en proposant une « Charte Ethique » aux élus.
Cette année, Alternatives Pyrénées va proposer aux candidats à la Mairie de Pau un nouveau pacte moins conceptuel, plus pratique qui prendra en compte les réelles avancées mises en place par Martine Lignières-Cassou au cours de sa mandature. Il intégrera l’Ethique.
AltPy vous propose de faire un bilan avec la Maire sortante sur le « Pratiques Municipales » mais aussi sur d’autres thèmes comme la corruption et le clientélisme.

AltPy – A la veille des élections municipales de 2008, vous aviez signé le « Pacte des Nouvelles Pratiques Municipales » proposé par Alternatives Paloises. Elue, vous avez nommé un adjoint en charge des nouvelles pratiques. Qu’en reste t-il en 2014 ?
Martine Lignières-Cassou – L’élu en charge des nouvelles pratiques était Alain Lavignotte. Je vois aujourd’hui que c’est une démarche reprise dans plusieurs communes. C’est une démarche de transparence, une démarche de non-clientélisme. C’est aussi une démarche de participation. Nous avons tenu notre engagement, passé avec Alternatives, d’entreprendre une telle démarche.

Nous, nous avons l’impression qu’il y a des freins pour la faire avancer. Au cœur du pacte il y a le terme Transparence. Pourtant, six ans plus tard, on ne voit toujours pas en ligne des éléments de transparence comme les comptes administratifs et les budgets complets, les textes complets des projets de délibérations, les procès-verbaux intégraux des conseils municipaux, les bilans annuels de fonctionnement des grands équipements, les textes des conventions passées avec les associations qui reçoivent des subventions, la mise en ligne des offres d’emploi à la Mairie etc. (voir la liste des éléments de Transparence minimum nécessaire, selon AltPy, sur le site de Pau.fr au bas de l’entretien). On a l’impression qu’il y a des freins qui empêchent d’avancer, d’aller plus loin.
Tous les conseils municipaux sont diffusés en direct, tous les rapports sont présentés, expliqués et les débats sont on ne peut plus transparents. Par contre, je ne suis pas au jour le jour ce qui est reporté sur le site de la ville ou de l’agglo…

Le budget, par exemple, il n’est donné qu’en grande masse pour les seules dépenses d’équipement et rien n’est dit sur les frais de fonctionnement…
Je ne suis pas rentrée dans cette dimension-là. Ce qui me paraissait important, c’est que ce soit accessible au plus grand nombre.

Vous aviez eu la volonté mais vous n’êtes pas allée jusqu’au bout…
C’est vous qui le dites mais c’est normal que vous émettiez ce type de remarque parce que la démocratie est quelque chose d’inachevé, surtout dans nos pays de vieille démocratie assise depuis deux longs siècles. La démocratie est un cheminement, et c’est en ce sens qu’elle est inachevée. Au fur et à mesure que la société évolue, ses besoins évoluent. Au fur et à mesure, les réponses qu’on y apporte évoluent. Je pense que par rapport aux fonctions qui m’ont été confiées, et par rapport au temps aussi que nous avons eu, on a bien travaillé.
Je voudrais revenir sur ce que vous me disiez précédemment sur le fait qu’il n’y a pas eu de transparence dans les embauches. Nous avons mis sur pied cinq cents jurys. Ils se composaient chaque fois d’un représentant de la DRH, d’un représentant d’un chef de service concerné et d’un élu a minima.

Quel est le rôle de Pascal Barrère, en charge de «l’inspection générale et audit » ? Quelle indépendance a-t-il par rapport au « pouvoir politique » ? Pourquoi ne publie-t-il pas un rapport annuel rendu public ?
Pascal Barrère fait des tâches qui sont très diverses. Par exemple, c’est lui que je saisis quand un chef d’entreprise m’interpelle pour me dire qu’il ne comprend pas pourquoi il n’a pas eu tel ou tel marché. Je fais alors appel à Pascal Barrère en lui demandant de remonter auprès du service des marchés et du service qui a élaboré le cahier des charges, pour savoir ce qui s’est passé et pour pouvoir répondre. Il a une fonction d’audit de ce type. Je ne vais pas forcément le rendre public, par contre j’écris au chef d’entreprise pour lui exposer le résultat de notre audit.

Mais ce ne serait pas un avantage pour l’élu que les conclusions de ces audits soient rendues publiques ?
Pascal Barrère n’a pas un rôle de juge, il ne constitue pas un tribunal. Il pourrait faire un rapport en disant : « J’ai fait quinze missions cette année de diagnostic de tel ou tel service », mais à mon sens, il y perdrait. Il fait des diagnostics sur des organisations de service, ce qui suppose qu’il y ait un climat de confiance entre lui et les parties prenantes. Le risque est de perdre la confiance des parties prenantes. Le caractère confidentiel des données qu’il recueille reste primordial, en termes de déontologie s’entend. Mais on verra ce que fera le successeur; Il est toutefois possible de faire un rapport d’activités succinct.

Dans la transparence, il y a les Conseils de Quartier. Ils ont été démarrés avec une grande ambition, puis elle s’est petit à petit étiolée ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a manqué au dispositif ? Si c’était à refaire ?
Si c’était à refaire, je l’ai dit à plusieurs reprises, nous n’irions pas si vite. Quand je suis arrivée en 2008, j’avais bien en tête ce que je pensais devoir faire : délimiter des quartiers d’abord. Ensuite, j’avais déjà repéré certains projets pour les quartiers etc.
Mais, d’une part c’est contraire aux principes de la démocratie participative et d’autre part ça n’a pas permis une maturation, une prise en compte à la fois par les citoyens eux-mêmes, par les services, par les élus des différentes contraintes. Cela n’a pas nourri une culture commune. J’ai été trop vite.
Par contre, quand je compare les démarches entreprises dans d’autres villes, un travail d’audit en quelque sorte y a été fait au préalable. Elles ont pris beaucoup plus le temps pour discuter des contours, du fonctionnement, des rapports entre citoyens, élus et services.
Dans le cas d’espèce, la culture participative dans les services est aussi importante que celle des citoyens ou des élus parce que les techniciens sont des « pros » de leur domaine, ils ont une culture bien spécifique. Cela demande du temps, à tout le monde et notamment à ceux qui ont ce savoir faire, pour s’enrichir d’une culture participative.
Nous n’avons pas monté que des conseils de quartier. La culture participative, c’est aussi inviter, au conseil communautaire, le président, et le conseil de développement, à présenter l’avis qu’ils avaient émis sur le schéma d’agglomération. J’ai voulu que l’on redynamise le conseil de développement sur l’agglo et le pays du grand Pau, il a beaucoup travaillé sur l’aménagement de l’espace, sur le schéma de cohérence territoriale, sur le schéma d’agglo. Peut-être prendra-t-il d’autres orientations puisque David Habib parle de conseil économique et social ?
La culture participative, c’est aussi le conseil local des jeunes, l’office du commerce, les ateliers de la cité. On la retrouve dans l’ensemble de nos démarches, y compris en interne, vis-à-vis de personnes liées à des groupes de travail que nous avons montés sur la précarité, sur les discriminations, sur la vie associative. J’ai souhaité la culture participative dans tous les champs de la vie sociale au niveau de la ville.

On est à des années lumière des années Labarrère…
Je n’ai qu’un regret, c’est sur la culture. Nous n’avons pas réussi à monter des lieux de rencontre spécifiques au niveau culturel… Tout n’est pas parfait mais nous avons donné le goût aux Palois de débattre, de s’impliquer dans la vie citoyenne. A la nouvelle équipe de construire sur ce qu’on leur transmet. On verra bien…

Toujours dans ce contexte de contact avec les citoyens, il y avait ce projet majeur sur les nouvelles Halles de Pau. Alternatives Pyrénées avait recueilli 2014 signatures pour que les Palois soient consultés sur les différents projets architecturaux afin que le conseil municipal soit informé de leur opinion avant qu’il ne décide lui-même. Vous n’avez jamais voulu recevoir ni la pétition, ni les signatures, ni vous engager à cette consultation. Pourquoi ?
Avec un peu d’ironie je remarque que David Habib de son côté propose un référendum sur le Bus-Tram. Est-ce que d’une façon plus générale il n’est pas venu le temps de consulter formellement les citoyens sur les très grands projets ?
Je vous avais reçu sur les Halles et avais dit que c’était prématuré. Je ne suis pas hostile au principe de referendum mais je mets en garde sur le fait que la démocratie, ou un acte démocratique, c’est prendre le temps de construire ensemble une vision commune. C’est une co-construction, la démocratie participative. Cela demande du temps, de la réflexion, de l’appropriation des sujets. C’est quelque chose qui est nourri d’échanges et de débats.
Le principe d’un referendum, ce n’est pas ça. Le principe d’un referendum, c’est répondre oui ou non à une question. Je crois qu’il y a confusion sur les termes. Avec le referendum, nous sommes dans la démocratie directe. La démocratie participative, c’est autre chose, c’est un processus.

Pourtant, la demande d’AltPy était simple. Demander simplement l’avis des palois sur les projets pour les Halles. Ce n’était pas possible…
Oui, c’était possible à la condition d’être dans une démarche où l’ensemble des personnes avaient en main toutes les contraintes financières, techniques et pas uniquement architecturales.

Revenant sur la « démocratie participative », n’y a-t-il pourtant pas un moment où les élus doivent décider seuls pour avancer ?
Bien sur. Ils doivent décider. Ce qui n’a pas toujours été clair, c’est que consulter les gens fait partie du processus de décision mais, ce n’est pas la décision elle-même qui sera prise par l’élu qui aura été au préalable nourri par le débat.

Durant votre mandat, vous n’avez pas eu le sentiment que le temps de la consultation a été quelques fois trop long ?
Non. Parce que nous savions que nous ne pourrions pas tout faire. C’était une façon d’éclairer une vision. Les Halles sont complexes. Nous avons cheminé dans le temps avec les services, les commerçants, les riverains, les forains, les producteurs. Il fallait du temps.

Aux yeux des Palois vous apparaissez comme étrangère au clientélisme, avez-vous été sollicitée dans ce domaine ? Pensez-vous que le refus du clientélisme vous a porté préjudice sur la plan électoral ?
Les Palois sont, comme tous les Français, très ambivalents par rapport à cette question-là. Ils revendiquent l’égalité absolue par rapport à la loi et un traitement identique pour tous. Et, en même temps, au fond d’eux-mêmes, ils pensent « pour moi, quand même… ». C’est une ambivalence propre à notre pays qui est, de mon point de vue, un des freins importants à la mise en place de réforme. Il faut les faire mais… chez les voisins !
Cela est une grosse difficulté culturelle à laquelle s’ajoute le fait que nos concitoyens ont la mémoire de la « révolution française », la culture de la révolution dans la tête et pas celle de la réforme.

TRANSPARENCY INTERNATIONAL classe la France seulement à la 22e place de son indice 2013 de perception de la corruption, loin derrière les champions de la transparence comme le Danemark, la Nouvelle Zélande et la Finlande mais aussi l’Allemagne (12e) et la Grande-Bretagne (14e). Pour la patrie des « Droits de l’Homme et du citoyen », ce n’est pas glorieux. Qu’en pensez-vous ? Qu’avez-vous fait au niveau municipal pour faire reculer la corruption ? Avez-vous ressenti des tentatives de corruption durant votre mandature ?
Pierre Grosanvallon avait noté que l’indice de corruption dans un pays est étroitement lié à l’indice de confiance dans l’autre. Plus un pays est corrompu, moins on a confiance dans l’autre. Plus un pays est « clean », plus on a confiance dans l’autre. C’est une corrélation très singulière qui doit nous interroger parce que nous sommes dans un pays qui est déprimé et sans confiance en soi et dans l’autre.
C’est un élément extrêmement important car « avoir confiance en soi, avoir confiance en l’autre » permet de créer des dynamiques collectives et ne pas se reposer sur un homme ou une femme providentiel.
La corruption, je ne l’ai pas ressentie parce que les gens savent comment je fonctionne. Chaque fois que j’ai été saisie par un industriel à propos d’un marché, j’ai saisi à mon tour la direction générale d’audit parce qu’il s’agit de quelque chose que je ne supporte pas.

Un député gère 3 ou 4 collaborateurs, un maire en gère des centaines, voire des milliers. Les élus sont-ils formés à cette tâche ? Si non, que faudrait-il faire ?
C’est toute la complexité d’une collectivité comme celle-ci. Il y a des élus qui donnent des orientations politiques y compris concernant la gestion du personnel. Mais, à mon sens, dans une collectivité de 2.500 personnes (ville+agglo+CCAS), l’élu n’a pas à gérer en direct ces personnels. C’est toute l’ambiguité qui peut exister dans des collectivités territoriales. Où est la limite des services et celle de l’exécutif ?
Je n’ai pas à décider de l’avancement, en plus je m’y suis refusé, de tel ou tel. J’ai voulu des règles avec un adjoint au personnel chargé de mettre en œuvre une politique, négociée avec les organisations syndicales, notamment sur les avancements et les promotions. Là est le rôle de l’élu mais pas de favoriser un tel ou un tel.
Pour arriver à sa mission, l’élu, comme pour la démocratie participative, doit travailler avec les services sur la répartition des rôles et l’organisation de la gouvernance.

Le cumul des mandats n’est-il pas un terrible « aggravateur » face à un déficit de préparation des élus ? Vous attendiez-vous à la difficulté de gérer à la fois la ville, l’agglo et votre mandat de député ?
Pas tellement en terme de temps. Même si un adjoint au Maire n’est pas le Maire, j’avais déjà une certaine expérience de la vie municipale quand j’ai été élue. Le cumul était effectivement lourd même si j’ai beaucoup délégué à la ville comme à l’agglomération.

Qu’auriez-vous à ajouter sur le thème des « pratiques municipales » (ou sur d’autres) pour nos lecteurs ?
Je ne sais pas ce que j’ai transmis et ce que les Palois auront envie de conserver de cette culture là (celle de la démocratie participative).

Les candidats à l’élection municipale ne parlent pas beaucoup « pratiques »…
Je me suis aperçue avec mon collègue de Montpellier que le sujet est débattu. Même chose à Marseille. Il y a des histoires, des contextes particuliers où la nécessité est plus ressentie dans certaines communes que dans d’autres…

– propos recueillis par Bernard Boutin

Le Pacte des Nouvelles Pratiques Municipales pour les élections de 2008 est : ICI  (14.859 visites à ce jour)

*  Selon AltPy : La liste des nouveaux éléments de Transparence minimum nécessaire sur le site de Pau.fr
– les comptes administratifs complets,
– les budgets complets,
– les textes complets des projets de délibérations,
– les procès-verbaux intégraux des conseils municipaux,
– les bilans annuels de fonctionnement des grands équipements,
– les textes des conventions passées avec les associations qui reçoivent des subventions,
– les comptes rendus d’utilisation
– la mise en ligne des offres d’emploi à la Mairie
– la rémunération des principaux responsables de la mairie

Alain Lamassoure : Prenons le pouvoir en Europe !

hemicycle-parlement-europeenLe rejet de l’Europe constaté, sur AltPy, par Jean Lassalle et Axel Kahn; les sondages qui placent en tête des prochaines élections européennes le Front National, un parti ouvertement contre l’Europe bruxelloise actuelle; autant d’éléments qui mettent de plus en plus la « problématique Europe » au cœur du débat national.

Pau a vu naître Alain Lamassoure, un « pro-européen notoire » depuis bien longtemps. En 1993, il était déjà nommé Ministre des Affaires européennes du gouvernement Édouard Balladur. Depuis, l’Europe a toujours été au cœur de son action politique. Aujourd’hui, le député européen a une fonction clef délicate : la Présidence de la commission des Budgets au Parlement Européen de Strasbourg.

Très accessible, et AltPy l’en remercie, Alain Lamassoure, s’est prêté, à nouveau, au jeu de nos questions. Une occasion salutaire pour prendre un peu de recul et découvrir, entre autres, que dès 2014, l’Europe se dotera enfin du premier « Président de la Commission européenne » démocratiquement élu. Sera-ce suffisant pour faire reculer les eurosceptiques?

AltPy – Une enquête d’opinion donne le Front National en tête des intentions de vote pour les prochaines élections européennes. Comment en est-on arrivé à ce niveau de rejet de l’Europe par les Français ?
Alain Lamassoure – Ne mélangeons pas tout ! L’Europe a-t-elle quelque chose à voir avec la législative du Lot-et-Garonne pour la succession de Cahuzac, ou avec la cantonale de Brignoles ? J’observe que la montée de l’extrême droite dans les sondages s’accompagne d’une baisse de l’extrême-gauche, tout aussi anti-européenne. On l’oublie, mais il y a toujours eu en France un gros tiers de citoyens hostiles ou réticents au progrès de la construction européenne.
Cela dit, le sentiment à l’égard de l’Europe souffre de deux phénomènes. L’un est conjoncturel : c’est la crise, et la récession. Selon les mêmes sondages, le Président de la République que les Français ont plébiscité il y a dix-huit mois est aujourd’hui encore plus impopulaire que l’Europe. L’autre est plus profond : tant que l’Europe ne s’incarne pas dans une personnalité élue, tant qu’elle reste sans visage, elle est le bouc émissaire naturel de tout ce qui va mal. Tous les dirigeants nationaux usent et abusent du procédé. Hélas, ça marche.

N’est-ce pas tout simplement une Europe plus protectrice, plus maternelle, moins libérale que demandent les Français ?
C’est ce que beaucoup, dans tous les camps, voudraient leur faire croire. Eh bien oui, les Français ont besoin de protection : nous avons besoin de nous protéger contre nous-mêmes, et contre nos lois archaïques sur les 35 heures, la retraite à 60 ans, l’émiettement en 36 000 communes, là où tous nos 27 partenaires additionnés n’en ont que 59 000, les trente ans de trou de la Sécu, là où les Allemands dégagent des milliards d’excédents. Rien de tout cela ne dépend de l’Europe ! Des Français insuffisamment maternés ? Les dépenses publiques représentent 57% de la richesse produite, 10 points de plus que chez tous nos partenaires : est-ce vraiment d’une nounou de plus que nous manquons ? Quel programme ambitieux pour des partis qui se réclament de la grandeur passée de la France ! Trop libérale, l’Europe ? Ceux qui l’en accusent sont les mêmes qui tempêtent contre les excès de réglementation de « Bruxelles ».
Ce que je constate en rencontrant chaque semaine des dizaines de nos compatriotes, notamment dans le sud-ouest, est très différent. Les nombreuses crises des dernières années inquiètent les Français, mais elles leur ont aussi beaucoup appris : quand toute l’activité financière mondiale est paralysée, quand la faillite de nos partenaires du sud de l’Europe nous fait basculer dans la récession, quand la guerre civile syrienne menace de faire flamber tout le Moyen-Orient, quand des milliers de désespérés partent en radeau vers nos côtes, aucun de ces problèmes n’a plus de solution seulement nationale. Il faut y trouver ensemble une solution européenne. Globalement, nos compatriotes ne sont pas plus eurosceptiques : ils sont plus exigeants à l’égard de l’Europe, ils en attendent beaucoup plus et beaucoup mieux. Et ils ont raison !

Les Européens trouvent l’organisation politique de l’Union Européenne bien éloignée d’eux. Les prochaines élections européennes vont-elles permettre de changer suffisamment la donne ?
Ils ont raison. On a institué un vrai pouvoir politique européen. Ses compétences sont considérables, mais les citoyens ne voient pas comment ils peuvent influencer les décisions, et ils ne comprennent même pas comment elles sont prises. La très bonne nouvelle, c’est que les nouvelles règles, celles du traité de Lisbonne, vont s’appliquer pour la première fois au Parlement qui sera élu le 25 mai prochain. Jusqu’à ce traité, le Parlement avait un pouvoir d’avis plus que de décision. Non seulement le Parlement prochain aura le plein pouvoir législatif, comme l’Assemblée Nationale en France, mais c’est lui qui élira le Président de la Commission européenne. Jusqu’à présent, ce chef de l’exécutif européen était nommé comme un haut fonctionnaire international. Il sera désormais élu par le Parlement, et comme les partis politiques européens s’organisent pour annoncer leur candidat respectif à l’avance, le chef de l’exécutif européen sera élu en fait par les citoyens à travers le Parlement – exactement comme nous élisons les maires, ou comme nos voisins élisent leur Premier Ministre. Cela change tout : les télévisions organiseront des débats entre les grands candidats, et les électeurs choisiront « Monsieur » ou « Madame » Europe au vu de la personnalité et du programme. Les citoyens prendront le pouvoir en Europe, comme ils l’ont dans leur ville et dans leur pays.

Après tant et tant d’années au service de l’Europe, n’éprouvez-vous pas un sentiment d’échec ou d’amertume ?
Échec, sûrement pas ! Les immenses difficultés actuelles ne doivent pas faire oublier le chemin parcouru. Le miracle de la réconciliation entre les ennemis héréditaires est acquis et irréversible. D’illustres prix Nobel avaient démontré que des pays différents ne pouvaient pas avoir la même monnaie : l’euro a résisté aux pires spéculations financières et monétaires de l’histoire, nous sauvant ainsi d’une guerre monétaire fratricide, dont les conséquences auraient été apocalyptiques. Ce sont les Européens qui ont arraché aux Américains la création de l’Organisation mondiale du Commerce, du Tribunal pénal international, du G20, et qui sont à la pointe de la lutte contre le changement climatique. Le budget européen de la recherche a permis à notre industrie aérospatiale de devenir la plus compétitive du monde et le Feder finance, chaque année, plus de mille projets en Aquitaine ! Ce qui reste à faire est énorme, mais les réussites passées sont le meilleur encouragement.
Amertume, oui. Faire le choix du chantier européen, c’est se condamner à l’exil vis-à-vis de toute la classe politique et des médias nationaux. Un grand nombre des décisions majeures pour notre avenir national se prennent désormais à Bruxelles, mais l’Europe est absente des grands débats électoraux, toute notre vie politique est orientée vers le seul débat franco-français, et ceux qui sont au cœur du dispositif communautaire, sont marginalisés dans leur propre pays. Nos grands partis n’ont pas mis à jour leur logiciel européen. Leurs dirigeants continuent de poser les problèmes européens comme il y a dix ans. En dix ans, l’Europe a changé de siècle. Les Français le sentent, mais ceux qui pourraient l’expliquer et en débattre sont hors du champ des caméras.

Avez-vous un sujet supplémentaire que vous aimeriez aborder ?
A ceux qui disent «Il faut changer d’Europe ! », j’ai envie de dire « il faut changer notre regard sur l’Europe ! » J’ajoute : et s’en servir autrement !
Ne perdons pas notre temps à changer à nouveau les traités : à 28 pays, il faudra dix ans pour aboutir, alors que le traité de Lisbonne nous permet désormais de faire tout ce que nous voulons ensemble, y compris à quelques-uns si les autres ne veulent pas suivre tout de suite. C’est pourquoi, la vraie question n’est plus de savoir s’il faut plus ou moins d’Europe, mais : que voulons-nous faire ensemble, quels sujets traitons-nous ensemble pour être plus efficaces ? L’union politique de l’Europe en paix est aussi incontournable et évidente que le sont les communautés de communes ou d’agglomération au niveau local, et pour la même raison : l’espace pertinent pour traiter certains problèmes majeurs ne correspond plus aux structures anciennes. Les transports publics, le traitement des déchets et des eaux usées, l’aménagement des zones d’activité, désormais, c’est au niveau de l’agglomération que les décisions se prennent, et non plus à celui de la commune. De même, sur des sujets aussi différents que les normes sanitaires, techniques, et environnementales, sur les règles de la concurrence, sur la politique de l’énergie, l’immigration, la défense, les orientations premières doivent être arrêtées ensemble, au niveau européen. Sur les sciences et les technologies du futur, dont dépend toute notre compétitivité, diviser par 28 nos budgets de la recherche est une aberration absolue. L’Europe ne s’use que tant qu’on ne s’en sert pas ! Prenons le pouvoir en Europe !

– propos recueillis par Bernard Boutin

Pau Municipales 2014 : Le PS veut-il vraiment du candidat Habib ?

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La venue de David Habib, député-maire de Mourenx, président de la Communauté de Commune de Lacq (CCL) est envisagée sur Pau. Un sondage le donnerait même largement vainqueur.
Par le passé, A@P a essayé, sans succès, d’interviewer David Habib. Nous voulions parler avec lui du renouveau du Bassin de Lacq. Devant son refus, nous étions allés à la rencontre d’une personne qui le connait très bien : Sylvie de Sury qui mène l’opposition municipale à Mourenx. Bien nous en prit, même si la conversation tourna peu sur l’économie et surtout sur les pratiques ; un domaine de prédilection pour A@P.
Il est à peu près certain que si le Maire de Mourenx venait à succéder à Martine Lignières-Cassou, la volonté de mettre en place de nouvelles pratiques, avec la transparence en ligne de mire, aurait bien du mal à exister sur Pau. Un retour sur certains extraits de l’interview de Sylvie de Sury permet de s’en convaincre.
Quant à David Habib, nous souhaitons toujours le rencontrer. Ne serait-ce pour lui offrir un droit de réponse à sa première opposante à Mourenx…

Extraits* de l’interview du 5 décembre 2011 – Sylvie de Sury est à la tête de la liste d’opposition « Mourenx, vie nouvelle ». Vu la forte personnalité de David Habib, député, Maire de Mourenx et Président de la CCL (Communauté de Commune de Lacq), il ne lui est guère facile de se faire entendre d’autant plus que la ville de Mourenx, au budget de 16 millions d’euros, est littéralement phagocytée par la CCL, située à… Mourenx avec son budget de 82 millions d’euros.
Si l’intégration de la ville se fait à marche forcée dans l’intercommunalité, elle crée de réels problèmes de transparence et de pratiques.
Une tribune qui pose d’une façon plus générale le problème des intercommunalités, de leur gouverance et de leur représentativité. A la CCL, l’opposition de Mourenx ne siège pas. Le Maire en a voulu ainsi.

Alternatives Paloises – Les travaux bouleversent la pénétrante dans « Mourenx, ville nouvelle » au point que l’on a l’impression de pénétrer dans « Mourenx Capitale ». Vous, pouvez nous expliquer ces transformations ?
Sylvie de Sury – Elles ont débuté depuis plusieurs années et se font sans trêve. Certaines ont été commencées par la ville de Mourenx et d’autres par la CCL (Communauté de Commune de Lacq) mais toujours avec le même homme qui décide seul, même s’il s’abrite derrière les autres élus et les vice-présidents à la CCL.
Les derniers travaux réalisés ont été ceux de la rénovation de la Mairie. Actuellement, il y a les extensions du bâtiment de la CCL. Demain démarrent ceux des tennis, de la médiathèque et surtout des nouveaux groupes scolaires qui nous inquiètent.

Alternatives Paloises – Quel est le combat N°1 de David Habib ? Mourenx ou la CCL ?
Sylvie de Sury – C’est la mainmise partout ! C’est une toile d’araignée où tout doit être pris.
(…)

Alternatives Paloises – Avec 82 millions d’euros de budget, la Communauté de Communes de Lacq (35.400 ha.) a un budget largement supérieur aux 16 millions de celui de Mourenx (ndlr : la CDAPP avec 152.000 ha à le même budget que la CCL). Que reste-t-il comme compétences à la ville de Mourenx ?
Sylvie de Sury – Toutes les compétences sont imbriquées les unes dans les autres entre la ville et la CCL. La culture, le sport… En fait, cela dépend des décisions du Président de la CCL. Personne n’y voit clair en dehors de… M. Habib.
Le découpage est très subtil. Des exemples : La compétence des écoles reste aux communes mais l’aide au devoir, les transports en bus sont à l’intercommunalité. Pour la piscine de Mourenx, le fonctionnement est payé par la ville alors que l’investissement a été partagé entre elle et l’intercommunalité. La Foire de Mourenx est subventionnée par la CCL et la Commune. La communication, poste « budgétivore », est en grande partie dévolue à la CCL etc.
Le futur centre culturel va regrouper des services intercommunaux et municipaux, comme le cinéma, avec un financement pluriel. Là encore, on ne sait plus qui fait quoi et du coup, cela n’est pas voté au Conseil Municipal et échappe totalement au contrôle de l’opposition.

Alternatives Paloises – David Habib n’a pas voulu vous céder de poste pour siéger à la Communauté de Communes de Lacq ? Quelles raisons donne-t-il à cela ? Comment jugez-vous ses pratiques ?
Sylvie de Sury – Il nous a dit ne pas vouloir prendre le moindre risque par rapport à la cohésion actuelle de l’intercommunalité. L’opposition de Mourenx n’avait pas à s’en mêler. Les vice-présidents de la CCL sont nombreux. Nous n’avons pas à troubler cet ordre.
C’est absolument anti-démocratique. Du coup, nous ne voyons rien passer sur le projet du centre culturel qui va se réaliser… à Mourenx.

Alternatives Paloises – Comment les Mourenxois vivent-ils leur ville ?
Sylvie de Sury – Nous avons peut-être une belle vitrine mais avec beaucoup de problèmes humains : des chômeurs, des enfants en difficultés, des familles monoparentales. La crise fragilise davantage ces personnes en difficulté qui, néanmoins, s’appuient sur un tissu associatif important. Les travaux surdimensionnés peuvent faire craindre aux Mourenxois, pour l’avenir, des coupes sombres dans les ressources associatives, ce qui leur serait préjudiciable

Alternatives Paloises – L’argent public de la ville comme de la CCL est-il bien employé ?
Sylvie de Sury – Prenons le cas des écoles : du point de vue du fonctionnement, elles sont bien dotées. En revanche, le projet « Nouvelles Ecoles » de la majorité (démolition de toutes les écoles existantes pour reconstruire un groupe maternelle et un groupe élémentaire pour l’ensemble des classes de la ville) est inquiétant tant par le coût financier que nous ne connaissons pas, que sur le plan pédagogique.
Pour le projet de renouvellement urbain, seul le centre ville est concerné (démolition d’un immeuble de 60 appartements pour laisser place au centre culturel : 15M€, rénovation de la Mairie : 3M€), alors que le quartier Charles de Bordeu, plus dense, avec des immeubles souvent moins bien conservés, ne connaîtra qu’une amélioration toute relative. Les bailleurs sociaux (SNI) vont le faire mais nous avions là une occasion d’aller plus loin avec, par exemple, la mise en place de capteurs solaires sur les toits pour fournir de l’eau chaude gratuitement aux résidents qui ont souvent des difficultés financières.
Les Mourenxois attendent aussi la possibilité de transports à la demande sur la ville ou ses extérieurs. Les promesses tardent à être tenues.
Un restaurant pour les personnes âgées avec cuisine sur place serait plus apprécié que la restauration qui vient de l’extérieur.
(…)

Alternatives Paloises – Un séminaire, organisé par Sud-Ouest à Pau, devait se tenir il y a peu sur l’avenir du Bassin de Lacq. Il a été annulé au dernier moment au motif que David Habib n’a pas voulu y venir. Comment interpréter cela ?
Sylvie de Sury – L’analyse faite par Sud-Ouest était à mon avis la bonne. M. Habib voulait que ce séminaire ait lieu dans la CCL sous sa présidence. Il souhaite en permanence tout diriger. Dans le cadre de ce séminaire, comme ailleurs…
Ce séminaire pouvait bien avoir lieu à Pau. M. Habib va bien à Paris discuter de l’avenir du Bassin…
Défendre le bassin de Lacq exige autant de modestie que de fermeté vis-à-vis des interlocuteurs.

Alternatives-Paloises – David Habib cumule les mandats. Quelles en sont les conséquences pour la gestion locale ?
Sylvie de Sury – M. Habib n’a pas le don d’ubiquité. Le téléphone doit marcher beaucoup. Il ne peut pas être assez présent partout que ce soit à Paris, à la CCL ou à la mairie. De toute façon, avec nous, il n’y a pas de dialogue possible. Mais d’une manière générale, il n’est pas assez disponible pour être à l’écoute. En tout cas, il n’est pas possible de bien travailler partout. Sa méthode : imposer pour avancer.
Quant à la loi sur le cumul des mandats proposée par son parti, il souhaite qu’elle soit appliquée … le plus tard possible.

– propos recueillis par Bernard Boutin en décembre 2011

*L’interview dans son intégralité : http://www.alternatives-paloises.com/article.php3?id_article=5500

La communauté de communes de Lacq (CCL) est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) qui a été créé par la fusion des communautés de communes d’Arthez de Béarn, Lacq, Lagor et Monein le 1er janvier 2011. La CCL comprend 47 communes rurales et industrielles, regroupe 35 400 habitants et s’étend sur une surface de 534,2 km². Il s’agit de la plus grande intercommunalité du département.
Le site de la CCL : http://www.cc-lacq.fr/accu

Albert JACQUARD, professeur d’humanistique

arton4720En hommage à la disparition d’Albert Jacquard, nous reproduisons ici son interview publiée sur Alternatives Paloises le 21 février 2011. Elle avait été réalisée par Clémence Legrand et Nicolas Poncato, deux étudiants à l’ESC Pau. Une interview lues par 7608 lecteurs.

Un homme qui malgré son âge, 86 ans, trouve encore la force pour transmettre ses idées, ses valeurs. Un homme qui multiplie les déplacements à travers la France et que nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer lors de son passage à l’Ecole Supérieure de Commerce de PAU le 8 février 2011. Le Professeur Jacquard est ancien directeur de l’Institut National de la Démographie, généticien, démographe, mathématicien, philosophe et surtout humaniste.
Connu du grand public, notamment pour ses engagements humanitaires, défense des SDF et des « sans-papiers » aux côtés de l’Abbé Pierre, il consacre l’essentiel de son activité à la diffusion d’un discours humaniste destiné à favoriser l’évolution de la conscience collective.
Libre à vous de réfléchir sur ses paroles, qui vous convaincront ou non, mais qui, sans nul doute, vous pousseront à réfléchir.

Alternatives Paloises – Pourquoi refusez-vous la compétition dans le monde actuel ?
Albert JACQUARD – La compétition, telle qu’elle est entendue par notre société, c’est la lutte avec un gagnant et un perdant. Un heureux et un malheureux. Cela fait la moitié de l’humanité qui perd, et même beaucoup plus de la moitié actuellement, ce qui n’est pas quelque chose de rationnel. Cela pourrait être différent.

Pourquoi est-ce que face à l’autre j’aurais vraiment besoin de l’emporter ? Il n’y a aucune raison.

Regardez l’histoire de l’humanité : nos arrière-grands-parents, il y a 20 000 ans, étaient des gens qui partaient à la chasse pour les plus forts et les autres, les gringalets, restaient dans les grottes pour les peindre. J’ai plaisir à penser que mon arrière-grand-père, d’il y a 20 000 ans, faisait partie des gringalets qui peignaient des roches plutôt que de ceux qui courraient bêtement après le bison.

Autrement dit, la compétition des uns contre les autres est une idée récente. Un peu stupide. Elle ne correspond à aucune réalité contrairement à la coopération qui est toute évidente.
Je ne comprends pas qu’on puisse se lancer dans la compétition. Lorsque l’on chasse le bison, il vaut mieux s’y mettre à plusieurs. La coopération est de loin la réponse à la difficulté d’être.

Alternatives Paloises – Vous semblez garder foi en l’Homme, n’avez-vous jamais eu peur de sombrer dans le cynisme ?
Albert JACQUARD – Pourquoi ne pas être cynique ? Ce qu’il faut c’est être véridique, être lucide.
Si vraiment j’ai démontré que l’humanité était une catastrophe pour la planète, je le dirais avec cynisme.
Il ne faut pas avoir peur du cynisme, ce qu’il faut c’est avoir peur de l’erreur. Ce que j’aimerais, c’est diffuser de la lucidité, cynique ou pas.

Alternatives Paloises – Vous parlez souvent de l’importance de créer du lien, que pensez-vous des réseaux sociaux du type Facebook qui ont par exemple aidé au soulèvement de la population en Tunisie et en Egypte ?
Albert JACQUARD – Alors c’est peut-être une question d’âge, mais je n’ai aucune confiance en Facebook. Je crois en la nécessité de la rencontre. Est-ce que vraiment, par internet je rencontre quelqu’un ? Cela peut arriver mais c’est très rare.

Pour moi Facebook est plus une façon d’échapper à la nécessité de rencontrer. Pour rencontrer, il faut véritablement un plaisir de s’exprimer, faire des allers-retours. Cela ne se fait pas aussi vite. Par conséquent, j’ai peur que tout ça ne soit qu’un leurre. Je pense qu’au travers d’internet on fait un tri, et nous ne sommes jamais sincères. Être sincère c’est très long, l’ajustement des mots n’est pas une chose rapide.

J’ai envie de vous faire comprendre qui je suis, quel est vraiment mon motif etc. Je ne vais pas faire cela en 5 minutes. Il ne faut pas oublier l’amour dans tout ça. L’amitié aussi est magnifique. Elle a la capacité de dire à quelqu’un autre chose que ce que l’on dit aux autres, non pas pour le cacher, mais pour tourner autour de la réalité.

Je suis en train d’écrire mon prochain livre et pour être sincère justement, cela m’oblige à relire Proust. Proust est un bel exemple de quelqu’un qui tourne autour d’une idée sans arriver à bien la définir, parce qu’il est sincère…il arrive peu à peu à pénétrer dans sa propre pensée, mais c’est long. Avec internet, Proust écrit tout ça en 5 minutes et ainsi on ne sait rien de lui…

L’important, ce sont les rencontres, mais les vraies. Celles où nous aurons ensemble certains réflexes, certaines réactions.

Alternatives Paloises – Et que pensez-vous du site internet WikiLeaks ayant fait polémique par le fait qu’il diffuse des documents diplomatiques ?
Albert JACQUARD – Cela m’a fait sourire, même si je ne l’aurais pas fait à la place de ces gens. Cela au moins a permis à des gens d’être sincères sans le savoir.

Alternatives Paloises – Comment concevez-vous la croissance économique ?
Albert JACQUARD – C’est une stupidité. Quand j’entends un homme politique de gauche ou de droite me dire « heureusement l‘année prochaine il y aura 3% de croissance » je me dis que soit il est idiot, soit il est menteur.
Il aurait dû apprendre ce que l’on enseignait au certificat d’études, à la fin de l’école primaire où on nous parlait des « intérêts composés ». On nous expliquait la chose suivante : Tu mets 1 franc à la caisse d’épargne, et l’année suivante tu auras 1,03 puis 1,06 etc. et cela va se multiplier de telle façon que lorsque tu auras 1000 années d’économies, tu auras une fortune fabuleuse. Ce sont les intérêts composés, la croissance exponentielle. Avant, c’était un simple exercice de mathématiques. Désormais nous disons aux enfants que grâce à cette croissance, tout ira bien.

Mais lorsque monsieur Fillon ou madame Aubry nous promettent 3% de croissance pendant un siècle, cela revient à nous promettre de multiplier par 20 nos capacités de consommation, ce qui est absurde. Heureusement pour la planète.

La croissance n’a de contenu que si elle ne concerne, non pas des biens que l’on consomme et qu’on détruit, mais des biens qui peuvent être développés à l’infini comme l’amitié, la compréhension, le rapprochement entre les gens etc.

Alternatives Paloises – C’est en ce sens que vous avez abordé à plusieurs reprises la notion de décroissance soutenable ?
Albert JACQUARD -En effet, il faut très vite décroître, ceux qui sont au sommet en tous cas. Pour nous, les occidentaux, il s’agit d’avoir très vite une décroissance de 1 à 3%.
Evidemment on ne peut demander cela aux peuples du Bengladesh, mais de notre côté, une croissance de 3% serait insoutenable.
Malgré cela nous continuons les incantations à la croissance.
Il faut que les jeunes en aient conscience, qu’ils sachent qu’en étant bon en marketing, en sachant créer des besoins, on ne leur donnera pas la légion d’honneur car ils sont un danger public.
Dans l’immédiat ils font le bénéfice de l’entreprise, de l’Etat, mais globalement ils nous entraînent vers une catastrophe.

Alternatives Paloises – Aujourd’hui on se tourne de moins en moins vers les hommes politiques, alors selon vous, vers qui pouvons-nous nous tourner ?
Albert JACQUARD – Je vais vous répondre très clairement : vers ceux dont le métier est d’être lucide. Je parle évidemment des scientifiques. Ce sont des gens qui ont appris à raisonner, et même si la plupart d’entre eux l’oublie, leur vrai rôle est d’apporter de la lucidité.

Alternatives Paloises – Pour terminer, une question pratique : Comment fait-on pour changer le Monde ?
Albert JACQUARD – Alors tout d’abord il faut faire attention aux mots que l’on emploie : ce n’est pas le Monde qu’il faut changer, c’est l’humanité. Le Monde, on ne peut pas le définir. Par contre, si je veux changer l’humanité, cela dépend de moi. Et je suis en train de la changer chaque fois que je fais un discours. Tout le monde peut le faire autour de soi.

Par conséquent ce qu’il faut, c’est essayer d’imaginer une humanité meilleure et commencer à la réaliser. Voilà une possibilité.
On s’est donné des moyens d’efficacité extraordinaires pour communiquer avec le monde entier de manière instantanée, profitons-en de manière raisonnable. Je vous parlais du marketing qui est une incohérence. Débusquer les incohérences est une chose nécessaire.

– propos recueillis par Clémence LEGRAND et Nicolas PONCATO
élèves à l’ESC Pau

le 21 février 2011

Nous remercions Albert JACQUARD ainsi que Fernando CUEVAS, organisateur du cycle de conférences à l’ESC Pau qui a permis cette rencontre. Pour les plus curieux : voici quelques liens intéressants afin d’en savoir plus sur Albert JACQUARD et sa vision de l’humanité :

L’intelligence selon Albert JACQUARD :


Citations d’Albert JACQUARD : http://www.dicocitations.com
Une émission très intéressante sur Albert JACQUARD : http://www.dailymotion.com

Les Pyrénées au cœur du social


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La « Cité des Pyrénées », fruit d’un intense travail collectif, principalement développé par la MJC Berlioz à Pau et l’association « La Maison de la Montagne », entame sa première rentrée.

Rencontre avec Damien Maurice, directeur de l’association, où il est question de la médiathèque 100% montagne récemment ouverte, des expositions à venir et des évènements en préparation.
La médiathèque porte le nom d’Henri Barrio, cet instituteur qui après guerre organisait  à Labérouat, au-dessus de Lescun, les premières classes de neige. Henri Barrio avait une certaine vision de la démocratisation de la montagne. Une vision de la « montagne sociale ».

AltPy – L’Association la Maison de la Montagne, la Médiathèque de la Montagne, les Artisans de la Montagne, la Cité des Pyrénées – autant de noms différents en un même lieu, aidez nous à y voir clair !
Damien Maurice – Le mieux pour répondre à cette question-là, c’est de refaire l’historique du projet Cité des Pyrénées et par la même occasion celui de l’association la Maison de la Montagne. Cette dernière a été créée en 2000. Plusieurs personnes originaires de différents milieux professionnels de la montagne, pratiquants, acteurs sociaux, tous passionnés de montagne et aussi deux cordonniers font partie des membres fondateurs de l’association la Maison de la Montagne. Les deux cordonniers exploitaient déjà à cette époque un commerce, situé quartier Berlioz, au nom des « Artisans de la Montagne ».

Pendant plusieurs années la Maison de la Montagne s’est développée, toujours en étroite relation avec la toute proche MJC Berlioz. De cette relation est né un projet commun qui était de voir sur le quartier naître un lieu où pourraient se croiser les habitants du quartier et le peuple montagnard. Ce lieu a été inauguré en mars dernier et la ville de Pau lui a attribué le nom de Cité des Pyrénées.

Pour revenir à l’association la Maison de la Montagne, elle se veut une passerelle entre l’univers de la montagne et les gens. Comment cela se traduit-il ?
Depuis 2000, nous travaillons sur trois volets : un volet culturel montagne, un volet info montagne et un volet montagne sociale. L’idée est justement de rendre la montagne accessible au plus grand nombre. Pour cela, nous mettons en place de nombreuses actions. Trois arrivent rapidement.

En partenariat avec la Maison de l’enfance Marancy, nous organisons une journée « Montagne Pour Tous ». C’est une journée emblématique où nous accompagnons une centaine de personnes en montagne. C’est un événement important sur lequel le Parc National des Pyrénées nous soutient. Il nous soutient d’ailleurs sur quasiment l’ensemble du projet Maison de la Montagne. Durant la journée, nous emmenons des personnes en situation de handicap physique, mental, personnes malades, tout public qui n’a pas forcément facilement accès à la montagne. Des familles issues des quartiers, des gens du voyage et, bien entendu… les bénévoles de l’association. La journée aura lieu le 12 octobre au col du Somport. Nous la proposons aussi aux structures avec qui on travaille tout au long de l’année.

Une deuxième journée aura lieu le 27 octobre : la Fête de l’Escalade. C’est une grande journée d’initiation, ouverte à tous, gratuite qui a lieu à la SAE, la structure artificielle d’escalade, aménagée dans la halle des sports de l’UPPA à Pau. Nous mobilisons une quarantaine de bénévoles et faisons grimper entre six cents et sept cents personnes dans la journée. L’objectif est de faire découvrir l’escalade. Les familles viennent, les structures sociales viennent. La journée est ouverte à tous.

Notre volet social est très vaste. Un dernier exemple : Le 11 septembre, la Maison de la Montagne attaque la deuxième section de travaux sur nos « chantiers patrimoine et insertion » où nous réhabilitons de vieilles cabanes de berger en ruines, avec des jeunes en difficulté d’insertion sociale. Cette année, nous l’organisons avec l’APSAP et l’association Gadjé Voyageurs. Nous irons sur la commune de Béost à la cabane du Pâtre. Toute une série de travaux y a déjà eu  lieu avant l’été et on recommence le 11 septembre.

Et au niveau culturel…
L’association la Maison de la Montagne coordonne l’animation culturelle montagne de la Cité des Pyrénées : rencontres d’auteurs, conférences, expositions.
En ce moment, une exposition intitulée « Le vélo dans les Pyrénées » est ouverte jusqu’au 27 septembre. Pour la clôturer, nous recevrons Jean-Paul Rey qui a sorti un ouvrage intitulé « Eugène Christophe, le damné de la route » paru aux éditions Cairn.
Ensuite, nous allons présenter une exposition nommée « Montagnes sociales d’hier à aujourd’hui » qui retracera l’histoire de la montagne sociale. Elle reviendra entre autres sur l’histoire du refuge de Labérouat après-guerre, ce qu’on appelle l’œuvre de montagne. Un parallèle sera réalisé avec ce qui se fait aujourd’hui. Nous avons sollicité un certain nombre d’acteurs sociaux du territoire pour montrer comment aujourd’hui la montagne est utilisée comme outil social.

La Maison de la Montagne, c’est aussi une médiathèque…
Son nom officiel : « Médiathèque de la Montagne Henri Barrio ». Elle appartient au réseau des médiathèques de l’agglomération de Pau, ce qui veut dire beaucoup de choses. Toute personne qui dispose de la carte du réseau, carte gratuite que l’on peut obtenir à la Cité des Pyrénées, peut venir emprunter des ouvrages, de la même façon que sur l’ensemble des médiathèques du réseau.

Henri Barrio a beaucoup participé, après guerre, à ce qu’on appelle la montagne sociale. Instituteur, il a organisé à Labérouat, en vallée d’Aspe, les premières classes de neige. Il avait une certaine vision de la démocratisation de la montagne et faisait venir les enfants à Labérouat, pour découvrir la montagne. C’est ce que l’on appelle « l’œuvre de montagne ». C’est une histoire très vaste que l’on va présenter à partir du mois d’octobre.

Que met à disposition la médiathèque ?
Initialement, les ouvrages étaient destinés à un public d’initiés. Maintenant, il s’agit d’avoir une offre correspondant à une médiathèque grand public. Le montagnard très expérimenté va y trouver de la documentation technique, des topos, des voies d’escalade, des voies d’alpinisme, essentiellement dans les Pyrénées mais aussi ailleurs dans le monde. Pour les autres, le grand public, passionné de montagne, il y a de nombreux ouvrages sur les montagnes du monde, des romans qui se situent en montagne , des revues spécialisées etc.  La médiathèque s’adresse aussi aux plus jeunes avec un fonds jeunesse important.

Combien de livres proposez-vous ?
De mille ouvrages avant l’ouverture de la nouvelle « Médiathèque de la Montagne Henri Barrio », nous sommes passés à 3.000 et à terme, nous atteindrons les 4.000 ouvrages.

Pouvez-vous rappeler qui se trouve sous le toit de la Cité des Pyrénées actuellement ?
La Cité des Pyrénées abrite quatre associations régulièrement. Tout d’abord, les deux « historiques » dans le projet Cité des Pyrénées : la MJC Berlioz et la Maison de la Montagne rejointes pendant le développement du projet par les Amis du Parc National des Pyrénées et le Club Alpin Français de Pau.

D’autres associations proposent leurs permanences de façon plus ponctuelle. Parmi elles, le Cyclo Club Béarnais et la Revue Pyrénées.

Une question ouverte, un message de votre part…
La Cité des Pyrénées est le fruit d’un travail de plusieurs années, certes de salariés mais aussi de beaucoup, beaucoup de bénévoles qui sont l’ossature vivante de toutes les associations installées ici. Il convient de les remercier pour leur engagement. La Cité des Pyrénées vient d’ouvrir. Reste à faire connaître le lieu pour y attirer les passionnés de montagne. Professionnels comme grand public…

– propos recueillis par Bernard Boutin

A lire aussi : La Cité des Pyrénées, un entretien avec Daniel Hebting : c’est ICI

Blog de la Maison de la Montagne : c’est LÁ

Crédit photo : Réunion avec le maître Henri Barrio à Labérouat

Du libéralisme et du bien commun

20130509518b184b91621-0-772770Tout comme Jean Lassalle, Axel Kahn est parti à la rencontre des Français. Un parcours débuté à Givet dans les Ardennes pour s’achever au Pays Basque. Une grande diagonale. Croiser ces deux parcours, les comparer permet d’approfondir l’analyse de notre « gamberge nationale ». Axel Kahn a découvert notamment une « France en sécession ». Une France bien peu préparée à la mondialisation.
Que restera-t-il de ces entretiens sur le terrain réalisés par les deux marcheurs ? Pour Axel Kahn, une chose est certaine un livre à paraître dans quelques jours : « L’homme, le libéralisme et le bien commun ». Un titre où tout s’oppose : le libéralisme et le bien commun.

Alternatives Pyrénées – Vous avez parcouru 2200 kilomètres en 72 étapes. Quelles principales conclusions tirez-vous de vos contacts avec les Français ?
Axel Kahn – Ce parcours avait certes pour but de rencontrer des gens mais il avait aussi pour but de m’insérer dans le paysage. C’est la raison pour laquelle, je suis peu passé par les villes.  Par contre, j’ai pris totalement contact avec le monde de la ruralité et des petites cités.
Les leçons que je retire de cette grande diagonale depuis les Ardennes jusqu’à St Jean de Luz, c’est que j’ai vu, en réalité, trois France. Mes contacts avec les Français dépendent de ces trois France.

Premièrement, j’ai vu une France à l’extraordinaire beauté, avec ses paysages à la très grande diversité, son patrimoine et ses chefs-d’œuvre laissés par la main de l’homme. Nous avons un pays splendide et dont nous avons toutes les raisons d’être fiers.

Une autre France que j’ai vue, et là j’ai un petit désaccord avec Jean Lassalle, constaté lors d’une interview croisée, est une France agricole qui était dans l’ensemble extraordinairement prospère. Cela ne nie pas du tout le phénomène de désertification des campagnes, celui des déserts médicaux, de la disparition des magasins ou des petites exploitations etc. Il n’empêche que lorsque vous passez dans ces pays depuis le sud des Ardennes jusqu’au Pays Basque, vous avez l’impression que les agricultures, d’une manière très différente de ce qui se faisait il y a 30 ou 40 ans, tirent le meilleur de la terre française. Il peut s’agir des très grandes cultures à haut rendement ou à l’opposé de la typicité comme au Pays Basque qui n’est pas très fertile. En Béarn, on y trouve les deux aspects.
La désertification des campagnes et la difficulté de la ruralité sont liées au fait qu’il faut 20 fois moins de personnes pour cultiver les terres aujourd’hui qu’il n’en fallait il y a 30 ans. Tout le reste s’ensuit bien évidemment.

La troisième France est celle de l’industrie qui a été touchée de plein fouet par des crises successives, celles de l’avant-guerre et de l’après-guerre. Elle m’a amené, depuis la fin du Rouergue, du Lot jusqu’à Figeac en passant par le Haut-Forez au-dessus de la vallée de la Loire, à traverser une France profondément sinistrée, voire effroyablement sinistrée dans laquelle il ne reste pratiquement rien de ce qui a fait sa richesse.

Quand je suis arrivé dans le Sud-Ouest, les choses ont changé. Je suis arrivé dans des terres où il y a eu un autre croisement, une conjonction d’activités économiques qui se sont portées les unes les autres. Les terres sont souvent assez fertiles. C’est vrai naturellement dans le Gers, la Gascogne avec la « maïsculture », les fruits et légumes ou encore certaines terres céréalières. Mais aussi, on y trouve le maintien d’une très grande fierté, liée à la typicité; au final : Etre Béarnais, être Gascon, être Basque, l’amour de vivre. Tout cela entraîne un ressort, une activité qui se ressent dans l’industrie.

Quand j’ai surplombé les bassins miniers, par exemple dans les vallées de la Loire, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, ce ressort était épuisé. Rien n’avait été prévu pour la suite. Par contre, dans le Bassin de Lacq, j’ai été rempli d’enthousiasme en voyant qu’il y avait aujourd’hui autant d’emplois industriels qu’aux meilleurs moments de l’exploitation du gisement de gaz. C’était extraordinaire ! J’ai été follement heureux.

Jean Lassalle dit que les politiques sont détestés des Français. Etes-vous d’accord avec lui ? Quelles mesures simples pourraient les réconcilier  les uns avec les autres ?
Les politiques ne sont pas détestés. Les Français considèrent qu’ils sont complètement déconnectés. C’est extrêmement vrai pour toute cette frange de la population, allant du Sud-Est au Nord-Est, qui vote entre 30 et 40% pour le Front National. C’est moins vrai dans le Sud-Ouest même si le Lot-et-Garonne pour remplacer Jérôme Cahuzac, en a été un témoignage.

J’ai rencontré un phénomène que j’ai appelé celui de la « sécession ». Il s’agit de gens qui peuvent être très riches comme les producteurs de Champagne, comme des communautés très pauvres, laminées par la crise, les plus pauvres du pays pour lesquels il est évident que le présent est bien pire que ne fut le passé. Ils sont persuadés que le futur que préparent les autres : les Politiques, dans les régions ou à Paris, mais surtout à Bruxelles et la mondialisation, leur veulent du mal. Pour eux, l’avenir n’est que mauvais et rien ne peut conduire à l’optimisme.

En plus, ils sont complément ulcérés que toutes les règles pour conduire et bâtir cet avenir leurs aient été ôtées. Ils sont également ulcérés que les valeurs de la ruralité à laquelle ils étaient très attachés, la chasse, la pêche, l’élevage soient tellement maltraitées aujourd’hui dans la société. Cela fait qu’une partie de la population, selon les régions, est pratiquement fermée à tout échange discursif rationnel. C’est la « France en sécession ».

Leur parler de la réalité, de la situation moderne, des contraintes etc. est inutile. Persuadés qu’on ne les entend pas, ils ne veulent pas nous entendre. Or, naturellement les politiques en général, Madame Marine le Pen exceptée, sont amenés à utiliser ce langage rationnel et cela entraîne une totale surdité de cette partie de la population.

Faut-il plus d’Etat ou faut-il plus de décentralisation ?
Il faut des moyens qui, au niveau territorial ou au niveau central, puissent faire valoir le bien commun. Cela me semble totalement essentiel.
Un exemple : les gouvernements qu’ils soient de gauche ou de droite, pensent avec les dogmes de l’économie libérale, aujourd’hui toute puissante. Un de ces dogmes important est celui de la destruction créative : à savoir qu’il ne faut pas artificiellement tenir la tête hors de l’eau d’une industrie ou d’une activité qui est « obsolète », sans avenir ce qui retarde les changements qui vont permettre d’envisager avec optimisme un futur à bâtir. C’est une théorie qui n’est pas fausse que l’on doit à Schumpeter en 1937 aux Etats-Unis.

A l’heure de la mondialisation justement, il faut reconnaître que la destruction, au niveau local ou régional et même au niveau national mais dans une moindre mesure, est exceptionnellement créative. Elle l’est éventuellement au niveau mondial. Lacq est une exception bienheureuse.

Lorsqu’une activité est en effet « obsolète », lorsque la ressource naturelle va s’épuiser, on ne peut pas, d’une certaine manière, se résoudre à l’inéluctable. Il ne faut pas soutenir tel canard boiteux etc. etc.

Le rôle de la politique est alors de s’occuper des gens, des gens réels qui continueront à vivre dans les territoires. La destruction ne sera pas seulement une destruction d’activité mais une destruction du lien social. Pour accompagner ces moments difficiles où les ressources s’épuisent, où la concurrence amène à rendre « obsolète » les productions; il faut une volonté territoriale ou nationale pour préserver autant qu’il est possible le bien commun.

Jean Lassale dit « Nous, les élus, n’étions pas préparés à la mondialisation »…
Je pense que cela est vrai. L’analyse économique et politique des phénomènes qui se sont déroulés, dans les 20 ou 30 dernières années, n’a pas été faite par l’immense majorité des politiques comme par exemple, cette notion de destruction qui est au mieux créatrice au niveau mondial, rarement au niveau local. Je ne connais personne avant moi qui l’ait énoncée de manière aussi évidente. Pourtant, elle concerne au premier chef, les politiques. Je vais publier, dans quelques jours un livre qui s’appelle « L’homme, le libéralisme et le bien commun » dont c’est justement le thème.

L’éducation nationale prépare-t-elle bien les Français à la mondialisation ?
La formation de base en France est en règle générale de bonne qualité. Je suis ancien président d’université et me suis beaucoup impliqué dans la formation des Maîtres. J’ai bien vu ce qui était insuffisant et qui devait être amélioré. Ce qui n’a pas totalement été appréhendé, une des conséquences de la mondialisation, c’est que beaucoup plus qu’apprendre à faire, à exécuter, il faut aujourd’hui enseigner au citoyen à apprendre à réagir, apprendre à se repositionner parce que dans le monde, tel qu’il est aujourd’hui, il est exceptionnel que quiconque qui s’engage dans une activité, pourra la continuer toute sa vie. Il lui faudra presque toujours se réorienter. Parfois d’une manière radicale. Par conséquent, la formation doit mettre le paquet sur l’agilité comportementale et intellectuelle.

– propos recueillis par téléphone par Bernard Boutin

Le blog d’Axel Khan : http://axelkahn.fr/blog/
La page Wikipédia d’Axel Kahn : http://fr.wikipedia.org/wiki/Axel_Kahn
crédit photo : http://www.lunion.presse.fr/region/parti-mercredi-de-givet-axel-kahn-poursuit-sa-route-ia3b25n37904

« le populo a du bon sens »

2477366Jean Lassalle continue son tour de France. Après avoir parcouru à pied 3.600 kilomètres, il est maintenant à Aurillac. Si quelques uns ont pu sourire au début de son initiative, le député, « représentant du peuple souverain qui aujourd’hui, ne se sent plus souverain de rien », mesure chaque jour plus le désarroi des Français. L’homme mûrit. L’homme entre peu à peu « en résistance dont on sait quand cela démarre, mais pas comment cela se termine… ».
Un entretien, long et passionnant, avec un politique qui prend le temps de l’écoute auprès du peuple comme de ses élites locales.  Qu’en sortira-t-il ? Nul ne le sait. En attendant, le site du député reçoit, jour après jour, toujours plus de « cahiers de l’espoir », version moderne des « cahiers de doléances » des années pré-révolutionnaires. Principaux griefs de nos concitoyens : la « financiarisation » du monde et la dette, l’Europe, la déliquescence de l’Etat et l’éducation.
Jean Lassalle n’est pas pressé d’achever son périple tant l’entreprise d’écoute le passionne. Le jour où il reviendra dans sa vallée, il ne sera assurément plus le même et n’aura probablement de cesse que de repartir…

Alternatives Pyrénées – Dans le Progrès de Lyon, vous dites qu’en Béarn votre démarche est incomprise. N’est-ce-pas parce que les Béarnais n’en voient pas la finalité ?
Jean Lassalle – Ma démarche n’est pas incomprise par tous. Quand Pyrénées Presse a fait son sondage, au début de mon périple, j’ai terminé avec 70% d’intentions favorables. Si je n’ai pas fait de campagne d’explications, c’est qu’à aucun moment, je n’ai  voulu donner le sentiment qu’il s’agissait d’une opération électoraliste. Je suis l’élu des Béarnais et des Basques. Ils m’ont toujours renouvelé leur confiance. Sans elle, jamais je n’aurai pu faire ce que je fais. J’en suis honoré. Si l’initiative avait été prise par un député du Nord, tout le monde aurait considéré que c’était bien. Nul n’est prophète dans son pays.

Les temps sont extrêmement durs en France même si, chez nous, comme vient de le répéter Axel Kahn, « c’est une oasis ». Le contexte national est dangereux à court et moyen terme parce que, hélas, beaucoup de conditions sont réunies pour que des évènements graves se produisent dans notre pays comme cela a pu être le cas dans le passé.

Les gens se rendent compte de la profondeur de mon engagement. Je ne ménagerai pas ma peine lorsque cela sera fini pour leur rendre compte de ce que j’ai fait, pourquoi je l’ai fait et quelle en est la signification profonde.

Comment seul seriez-vous capable de faire bouger les lignes ? N’avez-vous envie de créer un mouvement pour fédérer tous les « réformateurs » potentiels que vous avez croisés ?
Je suis un député de la Nation. Une notion que je fais réapparaître et qu’aucune des constitutions des cinq Républiques n’a changé d’un iota. Le député est le représentant de la Nation et c’est pour cela, entre autres, qu’il bénéficie de l’immunité parlementaire. A tout moment, si nous le souhaitons, nous pouvons aller visiter une prison, un commissariat au nom des citoyens. Une chose que ne peut pas faire le simple citoyen.

Cela permet au député de rentrer directement en contact avec l’ensemble de ses concitoyens. Une phrase résume tout : « Le peuple souverain, dans sa diversité, élit ses représentants députés au suffrage universel. Lorsque les députés se réunissent, ils fondent l’Assemblée Nationale » . Les axes majeurs de l’Assemblée nationale sont l’élaboration et le vote de la loi, l’élaboration du budget, le contrôle du gouvernement.

Vous parlez de la désaffection des Français pour la politique et la technostructure. Quelles mesures simples pourraient commencer à effacer cette désaffection ?
La France est « soulée » de partis, de groupes de réflexions, de ceci et de cela. La France a besoin de retrouver son calme et ses citoyens forment un peuple capable du pire mais aussi du meilleur. La Révolution français est la seule qui se soit faite au monde mais elle parle au monde entier. Ce n’est pas la peine d’en faire une seconde. La France est un des rares pays que l’on qualifie d’universaliste. Le pays parle toujours au monde.

Si moi, après avoir fait 3600 kilomètres, j’avais déjà compris ce qu’il manque en France, ce qui n’est pas bon pour la France, je serais alors « super Einstein ». Il faut, en fait, que je poursuive mon action pour bien prendre la mesure de ce que ressent profondément ce peuple qui a fondé les droits de l’homme, qui a osé, le premier, écrire qu’il était « le peuple souverain » et qui, aujourd’hui, ne se sent souverain de rien.

J’ai besoin d’écouter et de faire remonter par lui même, par l’intermédiaire des « cahiers de l’espoir » inspirés des « cahiers de doléances », ses propres griefs. Les « cahiers de l’espoir » sont une démarche que j’ai entreprise sur mon site internet où je propose à tous les Français de dire leur sentiment. Celui qui domine actuellement, et c’est très grave, c’est un sentiment de résignation. Dans une très grande majorité, les Français ne croient plus en rien et surtout plus en les politiques qu’ils détestent. Ils n’ont plus confiance en eux. Ils ne croient plus dans l’ensemble des élites.

Les Français sont en manque d’identité. Une Alsacienne me disait : « J’ai 70 ans. J’ai vu cette maison changer 5 fois de nationalité. Aujourd’hui à 70 ans, alors que j’ai enseigné passionnément mon pays, je ne sais plus si je suis Alsacienne, Française, Européenne ou Mondiale… ». « Pour en arriver à quoi ? Pourquoi tant de sacrifices, tant de sang, tant de malheur ? » Je trouve qu’elle résumait très bien la situation.

N’est-ce pas au gouvernement de faire bouger la France…
Les gouvernements se succèdent pour le résultat que l’on sait. Ils sont aussi rapidement désavoués les uns que les autres. Pour preuve, les indices de popularité des présidents et premiers ministres. Effrayant !
Les décideurs n’ont plus de marge de manœuvre. La financiarisation a confisqué l’argent des Etats. D’immenses empires financiers ne font plus que de la spéculation et mettent à mal les pays les uns après les autres et en particulier le nôtre. Quant au peuple, il est tellement bloqué en lui-même, brisé dans son lien social jusqu’à l’intime et sa famille…

Votre constat est très négatif…
Ce constat, ce n’est pas le mien mais celui de 9 Français sur 10. Tous les jours, je suis accompagné par 3 ou 4 accompagnateurs et des journalistes. Ils sont abasourdis par ce qu’ils entendent.

Si c’était moi qui le disais, on ne me croirait pas et ce n’est pas uniquement le « Français moyen » qui dit cela. Si vous saviez le nombre de juges, de procureurs de la République, de préfets même, de généraux de gendarmerie qui me rencontrent incognito pour me dire : » on ne sait pas ce que donnera votre initiative. En tout cas, elle est salutaire parce que notre pays est en grand danger ». 9 français sur 10 que je croise sont très inquiets.

L’originalité de ma démarche, c’est d’aller à la rencontre des Français d’une manière très simple : en marchant. Autre démarche aussi simple : celle d’écouter. J’écoute des heures et des heures. Les Français ont un énorme besoin de dire leur désarroi.

Lorsque, en tant que député, je suis normalement aux affaires sur mon immense territoire, je suis tenu par la montre, je suis tenu par d’autres rendez-vous, et je ne peux pas passer des heures à écouter des citoyens. Pendant la marche, si on ne peut pas finir notre échange, la personne revient me voir le lendemain ou vient à mon hôtel ou encore vient même marcher avec moi…

Je trouve très peu de gens qui ne sont pas d’accord avec moi. L’un d’entre eux, après m’avoir signifié son désaccord, a fini par me rejoindre pour marcher 3 jours avec moi.

Une fois nos entretiens terminés, je leur dis qu’il faut se prendre en main, qu’on ne peut pas laisser les événements nous emporter. Je les appelle à compléter leur « cahier de l’espoir ». Ils y disent leur sentiment de peur, de résignation, de très grande déception mais aussi de grande colère qui les animent comme celui qui, à 45 ans, vient de perdre son emploi ou celui qui, à 28 ans, avec son Bac +6, est obligé de partir au Canada. Je leur demande aussi de donner dans leur « cahier de l’espoir », quelques pistes de réflexion et de mentionner les dossiers qu’il faudrait remettre sur la table.

Vous-même, vous ne voyez pas des pistes urgentes à apporter dès maintenant à nos décideurs ?
Si je rentre dans ce jeu-là, je vais apparaître comme le 3250ème à faire des propositions pour la France, comme quelqu’un qui veut créer son propre parti et me retrouver pris à nouveau dans une mêlée qui ne mène à rien.

Il faut que je reste dans cette dynamique où le peuple continue à faire ses propositions. Néanmoins, je sais les points les plus importants qui reviennent partout et qui chagrinent les Français. Le monde a changé au cours de ces 25 dernières années, le mur de Berlin est tombé. On a cru que notre système était le meilleur, il est devenu fou furieux.

Les Français disent en premier lieu: « nous aimerions savoir ce qu’il en est de la dette ». « Comment, alors que nous n’avons rien fait de spécial au cours de ces 10 dernières années, pouvons-nous nous retrouver aussi endettés ? Et avec des intérêts d’emprunt pas très chers au départ qui ensuite deviennent exorbitants ? ».

Ils veulent comprendre car, au nom de la dette, on leur demande des sacrifices qui font que nous ne pouvons plus rien mettre en place. Les petits chefs d’entreprise, les patrons de PME me disent : « Je voudrais faire quelque chose. Mais, je suis incapable de trouver un bout d’emprunt, de ramasser trois sous car on me retire tout ». La mère de famille dit la même chose : « J’ai du mal à boucler la fin du mois parce qu’on me prélève sans arrêt pour cette dette. Qu’en est-il exactement de cette dette ? N’a-t-on pas le droit de savoir la vérité ? »

Deuxièmement, et c’est ma plus grande surprise, je ne l’avais pas senti, contrairement au reste. L’Europe est très gravement remise en cause. Je suis étonné, estomaqué. Je suis passé par Lille, tout le Nord où j’ai fait tant de mariages, de meeting politiques dans ces terres profondément européennes. J’ai passé toutes ces zones frontalières qui ont eu tant à souffrir de la guerre. Partout, le sentiment de méfiance vis-à-vis de l’Europe est devenu « radical ». Une fois sur deux, le rejet de l’Europe est même violent.

Je leur dis : « Ce n’est pas possible que vous teniez des propos pareils, vous avez un cimetière militaire tous les 300 mètres, vous ne pouvez pas dire cela ». Ils répondent : « Mais enfin, M. le Député, que nous apporte l’Europe aujourd’hui ? Nous sommes dans les plombs, les uns après les autres, parce que nous ne sommes pas à égalité avec les charges que nous payons. Nous subissons des concurrences extrêmement déloyales, organisées par nos propres frères des autres pays européens ».

Personne ne semble être maître du jeu. On a l’impression que cela avance au petit bonheur la chance. Les Français vont mettre fermement ce sujet sur la table à l’occasion des européennes en mai 2014. Nous allons voir à quel point ils vont voter extrême pour ces élections. Ils le disent : « on ne va pas faire de mal directement à la France et on va poser le problème pour savoir une fois pour toutes où nous en sommes… »

Troisièmement, les Français sont très désappointés qu’on ait détruit leur Etat. La France a besoin d’un Etat rationnel, or il a été « dézingué » pour diverses raisons. Tantôt pour mettre la poste directement en compétition avec la poste allemande. Comme si cela à un sens… Tantôt pour mettre les télécoms français en compétition avec les télécoms allemands etc.

On a enlevé un peu partout des fonctionnaires qui étaient des fonctionnaires utiles et qui faisaient dire que l’Etat aux yeux des Français était le symbole de l’égalité des chances pour tous les territoires. Aujourd’hui, on a laissé des croupions d’administration partout. Des croupions qui sont devenus pratiquement autonomes, car trop peu nombreux, et presque revanchards. Une espèce de technocratie qui ne fait pas la part des choses.

Ensuite, ils sont trop nombreux là où il ne faudrait pas. Par exemple à Bercy ou au « commissariat au plan » alors que nous n’avons même plus de plan depuis 20 ans. Nous y avons des fonctionnaires de très haut niveau qui préparent la politique de la France en la peignant tantôt en bleu, tantôt en rose.

Les Français voudraient retrouver un Etat moderne, plus léger mais plus efficace qui puisse remettre de l’égalité sur tous le territoires parce qu’il n’y en a plus aucune. Le Français ne sait plus du tout qui s’occupe de quoi et dans quelles conditions ? Comment les lois votées sont mises en application ? Qui s’en occupe ? Qui contrôle ? Rien n’est prévu.

Les Français pensent aussi qu’on a beaucoup trop alourdi ces régions pléthoriques où vous avez 2.000, 3.000, 4.000 voire 5.000 fonctionnaires. Mais pour quoi faire ? Où sont les résultats si probants pour que l’on ait à payer de telles additions ? Partout les Français disent cela.

Maintenant, cela va être la mode des immenses communautés de communes, communautés d’agglomérations et les métropoles. Les Français réagissent alors : « On nous dit que le cumul des mandats est fini, mais les 3 ou 4 hommes ou femmes dominants de chaque département vont présider une des 3 ou 4 grandes communautés de communes du département… ». Dans les Pyrénées-Atlantiques, il y a environ 600 communes. Chacun aura pratiquement 200 communes à soi. Mais ce seront, dans les faits, les directeurs choisis qui auront les réelles responsabilités. On va à nouveau recréer des administrations pléthoriques mais qui régleront quoi ?

L’histoire de la France n’est pas dans ces administrations là. Elle est dans la subsidiarité : démarrer au plus bas. Là est la démocratie. Au contraire, on va laisser tomber 25.000 communes de moins de 1.000 habitants. En 2014, elles vont voter pour la dernière fois car, en 2020, elle n’auront même plus besoin de voter puisque les habitants se seront rendus compte que cela ne sert à rien. Entre temps, la communauté de communes aura tout pris, toute la DGE et toute la DGS. Ce n’est pas cela qu’aime la France. Ce qu’aime la France, c’est sa complicité historique entre l’homme et son territoire.

Il faut retrouver ce mouvement qui était très bénéfique pour la France entre, d’une part un Etat, organisé et moderne, et d’autre part les Provinces de France. C’est cela qui a fait l’originalité de la Nation : ce sont ses Provinces. Là où cela se passe encore mieux, c’est dans les territoires où l’identité est restée la plus forte. En Alsace, j’ai trouvé une forte identité tout comme en Bourgogne, composante historique de la France. Dans ces régions, on y retrouve un sens commun, tout comme en Béarn et au Pays Basque.

Le quatrième point soulevé par les Français est que l’on ait un véritable projet d’instruction publique pour la France. Après Sedan, où nous venions d’être fracassés, il s’est trouvé des hommes pour dire : « on va instruire, apprendre à lire et à compter à ce peuple ». On a eu, ce jour là, un des plus beau projet qui ait jamais été réalisé en France. S’il n’y avait pas eu la République pour m’apprendre à lire et à compter, je ne serais jamais devenu ce que je suis devenu. Les Français sont très attachés aux valeurs républicaines et à celles de l’instruction. Ces 4 exemples, je les entends tous les jours.

C’est une entreprise énorme que vous abordez. Qui pour la conduire ?
Ce n’est pas si énorme que cela. La France a déjà montré qu’elle était capable de se refaire en 10 ou 12 ans. Regardez, pendant la dernière guerre, l’Etat avait collaboré avec l’ennemi tant qu’il avait pu et plus rien ne fonctionnait. 15 ans plus tard, les « 30 glorieuses » démarraient.

Notre pays a tout ce qu’il faut. Les Anglais nous attribuent le « French flair ». La France peut être en mauvaise position, menée face à l’Uruguay au dernier match qualificatif, alors qu’on a perdu les deux premiers matches, et par 3 pirouettes elle va les battre pour finir championne du monde.

Aujourd’hui, la France et son peuple souffrent d’un manque de considération. Les Français sentent très bien que nous sommes dans un monde mondialisé. Ils ne sont pas idiots mais personne ne leur a expliqué pourquoi ? Personne ne leur a expliqué ce que devenait ces flux financiers ? Personne ne leur a dit quelle Europe on avait choisie? D’ailleurs, on en a choisi aucune puisque entre l’Europe des Nations de de Gaulle ou l’Europe fédérale d’Etats fondateurs, on a toujours pas choisi. On a laissé glisser la misère. On a laissé filer les très grands cerveaux qui sont devenus des technocrates.

Les Français disent aussi : « Mais si nous, nous trouvons une réponse, cela permettra aussi de trouver des solutions au monde. Un monde aujourd’hui sans le moindre élément de régulation, en dehors de deux connus et au cœur de pierre : le Front Monétaire International, dont chacun connait la profondeur de sentiment et l’Organisation Mondiale du Commerce. » En quoi les citoyens français sont-ils instruits des décisions prises dans ces lieux mystérieux et dont les chefs d’Etats ne paraissent même pas en avoir fait le tour ?

Le Français n’est pas bête. De Gaulle disait « le populo a du bon sens ». Il suffit de les écouter et pour cela, il faut du temps.

– propos recueillis par Bernard Boutin

Les cahiers de l’Espoir : http://www.ledeputequimarche.fr/blog/cahiers-de-lespoir/

crédit photo : l’Express

« Les années drones »

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Eric et Sébastien Martin, gèrent OTIDEA, une agence « multimédia » basée à Tarbes. L’un est plus un homme d’image, l’autre plus un homme de technique. Ensemble, en partenariat avec l’ENIT (Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tarbes), ils ont mis au point des drones qui permettent de réaliser des vidéos professionnelles dont les champs d’application paraissent sans fin.
AltPy se devait d’un petit coup de chapeau à une équipe solide qui ne craint pas les challenges et lance là un produit qui, très vite, fera partie du quotidien de nombreux entrepreneurs et collectivités. Les médias parlaient déjà depuis longtemps de drones militaires, place donc maintenant aux drones civils. 
Rencontre avec Eric Martin, qui, avec son frère Sébastien, assurent aussi par leur logiciel, l’envoi très régulier des newsletters d’Alternatives Paloises d’abord et d’Alternatives Pyrénées maintenant.

AltPy – Vous venez de présenter un « drone » à ERDf pour surveiller son réseau. Comment vous est venue l’idée de développer cet engin alors que votre métier de base tourne autour de la création et la gestion de sites internet ?
Eric Martin – Notre métier de base est en fait la communication « multimédia ». Bien entendu une grosse partie de notre activité est basée sur la conception de sites internet mais à côté de cela, nous avons des prestations de création graphique, de marketing mais aussi de vidéo. A l’origine, j’ai une formation audiovisuel et nous nous sommes souvent dit que, quand nous faisions des prises de vue au sol, cela pourrait être intéressant d’avoir un système pour prendre des vues plus hautes sans avoir à  passer par des grues ou des hélicoptères.
Par de la recherche et de la veille, nous nous sommes rendus compte que les nouvelles technologies avaient évolué et permettaient maintenant d’embarquer des caméras sur des engins pouvant comporter plusieurs moteurs ou plusieurs rotors.

AltPy – Quels ont-été les problèmes techniques principaux rencontrés pour mettre au point ces drones « évolutifs »?
Eric Martin – Il y a un parallèle intéressant. Autant pour les sites internet, nous essayons de trouver des solutions correspondantes aux besoins du client ou à notre problématique en interne, autant pour les appareils, nous avons voulu les adapter en fonction, là aussi, des besoins.

Dans certains cas, nous utilisons des petits drones en configuration 4 moteurs et caméra légère et dans d’autres, nous utilisons 8 moteurs pour des caméras plus importantes.

AltPy –  Avec quelle énergie fonctionne le drone et où avez-vous trouvé les éléments nécessaires pour les mettre au point ?
Eric Martin – Ils fonctionnent à l’énergie électrique. Les moteurs électriques ont énormément évolués. Ils consomment beaucoup moins, ont de meilleurs rendements avec des batteries de plus en plus puissantes.
Le cœur d’un drone, c’est toute l’électronique qu’il embarque : Un cumul de technologies et de composants qui vont permettre de gérer toute la stabilité du drone. Nous l’avons mis au point en interne et avec la collaboration d’élèves de l’ENIT qui sont intervenus en soutien pour le projet.
Les drones évoluent sans cesse. Nous en sommes au quatrième. Au fil des mois, les composants changent et nous n’arrêtons pas de modifier les engins.
Beaucoup d’électronique vient depuis la Chine qui est en avance sur la France à ce niveau-là. De même pour une grande partie de la motorisation. Mais la conception, qui est plutôt bonne, est bien française !

AltPy –  Pendant le vol du drone, peut-on contrôler les images filmées ?
Eric Martin – Sur tous les vols, nous avons un moniteur de retour au sol. Nous voyons exactement, en temps réel, ce que filme la caméra ce qui permet d’orienter, si nécessaire, soit le drone, soit la caméra qui peut être dissociée de son axe.
Il y a toujours aussi un pilote qui accompagne le drone. Il doit avoir un brevet de pilotage et chaque drone doit obtenir une autorisation de la DGAC. La législation est contraignante mais elle va dans le sens, nécessaire, d’une plus grande sécurité.

AltPy – Quel est le champ des applications potentielles ?
Eric Martin – Plus nous avançons dans notre projet, plus nous découvrons des champs d’application intéressants et utiles. En vue aérienne, nous avons déjà inspecté des vignes pour détecter des maladies. L’inspection de panneaux photovoltaïques est aussi une autre application intéressante. L’ONF est intéressé par nos images pour des inspections plus rapides (NDLR : cas des couloirs d’avalanches). ERDF peut soit contrôler ses lignes, soit ses pylônes.
La notion de sécurité est aussi importante puisque l’on déplace une machine en vol plutôt que des hommes sur des lieux compliqués d’accès. Le drone peut donc opérer rapidement. Toujours sous le contrôle de l’homme.

AltPy – Pour le moment, vous louez des heures d’utilisation de votre drone. Pensez-vous en lancer une fabrication en nombre pour le commercialiser ? 
Eric Martin – Nous vendons plutôt notre prestation puisque nous venons toujours sur place. Pour ce qui est de fabriquer, nous sommes sollicités même par des fonds d’investissements. Il y a beaucoup d’intérêt pour les investisseurs vu le champ d’applications. (NDLR : à ce titre, voir la vidéo ci-dessous, qui montre de nombreuses applications très différentes dont une concerne les dégâts provoquées par les inondations dans la vallée de Barèges et qui intéresse à ce titre les Travaux Publics).
On se refuse de se lancer aujourd’hui dans la fabrication en série qui a ses propres problématiques (suivi de production, commercialisation, SAV etc.). Nous préférons nous concentrer sur de la prestation « à la carte ». Ce que nous savons faire.
A chaque tournage, comme pour les sites internet, nous avons un besoin particulier qui appelle à de nouveaux développements pour que les drones soient toujours plus opérationnels. Nous avons 4 drones différents à ce jour.

AltPy – Ces premiers drones vous ont-t-ils donné des idées pour de nouveaux développements ?
Eric Martin – Nous avons pleins d’idées dans les cartons mais les laissons de côté pour l’instant…

AltPy – Quelle est la réaction des clients face à ce nouveau moyen ?
Eric Martin –  Chaque fois que nous le présentons à des clients différents, nous leurs ouvrons de nouvelles voies. Nous sommes curieux de voir jusqu’où cela va aller.

– propos recueillis par Bernard Boutin

le site d’OTIDEA : http://otidea.com
Contact : Eric Martin 05 62 44 22 34
OTIDEA dans la Dépêche du Midi  (drone en photo : 6 moteurs, moins de 4 kgs)