L’attentat contre les rédacteurs et dessinateurs de Charlie-hebdo nous concerne tous. C’est la liberté de la presse qu’il met en question. Or notre pays l’a conquise de haute lutte depuis plus de 150 ans, avec des périodes de remises en cause qui nous la font encore plus apprécier.
Cet attentat est aussi une attaque contre l’humour, c’est-à-dire la possibilité de prendre du recul et d’user d’intelligence et de sens critique, à la manière de Voltaire. Charlie Chaplin (dans le film « Les temps modernes »), ce génie du cinéma, avait eu maille à partir avec ceux qui n’admettent pas la dérision et ne reconnaissent qu’une idéologie figée et indigente. Mais cette fois-ci, c’est à la vie même des rédacteurs et des dessinateurs qu’on s’en est pris. C’est lamentable !
Cette attaque sauvage a fait disparaître plusieurs des meilleurs dessinateurs de notre pays (et aussi des « petites mains » et des policiers, ce que l’on ne peut oublier). C’est une erreur monstrueuse, mais une erreur, une ineptie de la part de ceux qui l’ont commise : ces disparitions feront naître de nouveaux talents, de nouvelles ardeurs, car l’admiration pour ceux qui ont bravé les menaces est grande. Nos valeurs ne disparaîtront pas sous les rafales d’armes de guerre.
A notre petite échelle, nous avons aussi usé d’humour et publié des caricatures dans le passé. Elles ne visaient que des dirigeants locaux aux pratiques discutables ; mais elles pouvaient avoir des conséquences regrettables pour leur auteur(e). Ce talent mis au service de citoyens pour les appeler à réfléchir et à sourire doit être renouvelé et amplifié dans tout le pays.
C’est le sens de l’appel de tous ceux qui se disent des Charlie.
Rejoignons-les.
– Par jean-Paul Penot