Dans les épisodes précédents on a obtenu des informations financières, puis découvert comment André Bayrou laissait filer la dette de la ville et de l’Agglomération pour couvrir des investissements, souvent injustifiés et disproportionnés par rapport aux possibilités financières « Bayrou double les impôts locaux à Pau ! » AP du 11/3/2018). Examinons maintenant les coûts de fonctionnement.
C’ est un poste budgétaire majeur que l’on optimise en premier lorsqu’on est un gestionnaire normal, dans la vraie vie. Pour une entreprise, à activité productrice constante on doit noter une baisse régulière de ces coûts par augmentation de la productivité (organisation du travail, innovations, informatisation, etc. ) Qu’en est il à Pau ?
Ville de Pau
en Millions € | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 |
Taxe Foncière + Habitation | 61,6 | 61,4 | 62,1 | 62,7 |
Dette | 55,5 | 56 | 56 | 106,9 |
Coûts de Fonctionnement | 96,2 | 95,8 | 94,9 | 95,5 |
Dont coûts du personnel | 49,6 | 49,6 | 52,2 | 53,3 |
Agglomération
En Millions € | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 |
Dette | 96,7 | 103,3 | 96,5 | 109,3 |
Coûts de fonctionnement | 78,5 | 80,4 | 107,8 | 109,3 |
Dont coûts du personnel | 36,2 | 38 | 38,7 | 39,4 |
Le premier poste dans le fonctionnement est constitué par les coûts de personnel, et le constat est accablant : toujours en augmentation !
Pourtant, rappelez vous, on a crée les intercommunalités pour mettre des compétences en commun : la mutualisation, permettant ainsi de réaliser des économies d’échelle, faire la même chose avec moins de personnel, moins de coûts de fonctionnement.
Pourtant, la Cour des Comptes a, depuis des années, dénoncée cette gabegie où les Maires ont continué d’embaucher des centaines de milliers de fonctionnaires : On a ainsi constaté une forte progression des effectifs dans les échelons territoriaux qui n’étaient pas concernés au premier chef par les changements induits par la décentralisation, notamment les communes. Entre 1980 et 2006, les effectifs des communes ont augmenté de plus de 47 % ; ceux des intercommunalités de 147 %.« (Philippe Seguin 29 Oct 2009) Cette augmentation était alors pour la France de 641 500 postes !
Mais cela a continué, l’augmentation de personnel dans la fonction publique territoriale a été de 321 500 agents supplémentaires entre 2006 et 2015…
On peut aussi citer notre Président de Région socialiste Alain Rousset qui déclarait le jeudi 13 novembre 2014 à la commission des lois du Sénat :
« Oui, nous avons confondu en France l’emploi public et le service public. Oui, nous avons dégradé le service public parce que nous avons privilégié l’emploi public, que ce soit au niveau national ou au niveau territorial. Reconnaissons cela à notre débit. Il n’y a pas de contestation possible là-dessus, tous les recrutements qui ont été faits en redondance avec les communes plutôt que de la mutualisation… »
Tout est dit, et pourtant, à Pau les coûts de personnel augmentent encore… Et que fait Bayrou me direz vous ?
Le candidat à la présidentielle de 2012 promettait pourtant de se comporter en vrai gestionnaire. Lors de l’émission « Des Paroles et des Actes » il se montrait percutant face à la dépense publique de la France atteinte par le même mal :
« Les dépenses de la nation, budget de l’Etat et dépenses sociales, doivent être diminuées de 5% » soit 50 milliards sur un total de 1050″
« ce n’est pas avec une diminution de 5% des dépenses que la France va s’arrêter de fonctionner… » « Bayrou apprends l’arithmétique » AP du 23/1/2012
Bien voilà, appliquons cela aux coûts de fonctionnement de la ville et de l’agglomération paloise, 5% de diminution correspond à une économie de 10 millions d’euro par an (8 M€ pour Pau seul).
Mais ce n’est qu’un début. Le fonctionnement à Pau subit un cancer sournois : l’absentéisme.
Voyons ce que dit la Cour Régionale des Comptes dans son rapport de Mai 2015 :
« Dans ce contexte, la commune de Pau aura tout d’abord à maîtriser l’évolution de sa masse salariale, qui représente près de la moitié de ses charges de fonctionnement. D’après les données communiquées par la ville, le taux d’absentéisme du personnel communal atteint 16,3 % en 2013 contre une valeur moyenne de 7 à 9 % dans les autres communes. »
Ainsi donc l’air palois qui attirait les Anglais en villégiature serait donc devenu nocif ?
D’ailleurs pour les rescapés, ceux qui tentent de travailler, on voit bien que le rendement, la forme, n’est pas là.
Qu’a fait Bayrou pour revenir à une situation acceptable ? Rien de visible en tout cas puisque les coûts de personnel continuent d’augmenter.
Car l’équation est simple avec ce taux d’absentéisme, tous les matins ce sont plus de 400 personnes en arrêt maladie sur la ville et l’agglomération. Incroyable !
Avec un taux moyen d’absentéisme « standard fonctionnaire » (7%) on pourrait supprimer immédiatement 225 postes soit une économie de 8,4 millions d’euro par an. (7 M€ pour les palois). Et ceci sans aller vers des taux d’absentéismes du privé autour de 4% …
Au delà de l’absentéisme, le niveau de la masse salariale doit être au moins ramené au niveau de celle de 2015 soit une économie pour les palois de 5,3 M€ (3,7 M€ pour Pau et 3,2 M€ pour l’agglo). D’ailleurs la Cour des Comptes le suggère :
« L’avancement d’échelon à la durée minimale bénéficie à quasiment tous les agents de la collectivité alors qu’il devrait en principe tenir compte de la valeur des agents. Enfin, en ne procédant pas au remplacement systématique des 280 agents partant à la retraite au cours des prochaines années, soit près de 20 % de l’effectif total, la commune aurait la possibilité d’entamer une diminution progressive de ses effectifs. »
Voilà donc plus 20 millions € d’économies par an pour les seuls Palois ( 5% de réduction des coûts : 8 M€ Absentéisme à 7 % : 7 M€ retour niveau 2015: 5,3 M€ ), ceci sans trop entrer dans le détail, car un audit privé de ces coûts identifierait de nombreux gisements d’économies supplémentaires.
L’ensemble de ces pistes d’économies, recommandées par la Chambre, peuvent être utilement complétées par la commune qui reste la mieux placée pour déceler d’éventuels gisements d’économies supplémentaires. A cet égard, le service de l’inspection générale, commun à la ville et à la communauté d’agglomération, pourrait non seulement voir son rôle accru en matière d’audit et de maîtrise des risques mais aussi de contrôle de gestion, afin de déterminer les zones de surcoûts. Pour cela, il est nécessaire que la commune se dote d’une véritable comptabilité analytique, outil indispensable dans une commune de la taille de Pau dont les charges de fonctionnement avoisinent 90 millions d’euros.
C’est vrai que depuis des dizaines d’années toutes les entreprises suivent leurs coûts avec précision grâce à une comptabilité analytique. Elle permet de donner le coût complet de chaque projet, de chaque objet de dépense y compris tous les coûts internes. Et l’intérêt serait très important pour la transparence si les résultats étaient accessibles aux citoyens. Et là c’est pas gagné…
Il faudra aussi dire un mot de la trajectoire financière de l’Agglomération qui est critique. Donc habitants de Lons, Lescar, Idron, et autres, votre horizon n’est pas dégagé, mais ce sera pour une autre fois.
Nous avons à Pau un mauvais gestionnaire, il serait bon de le remplacer avant que la situation de Pau ne devienne intenable. Et dire qu’il voulait gérer la France …
Mais ce qui est aussi étonnant c’est que cette situation, n’est pas vraiment dénoncée, ni par les media (normal, pas de vague, parlons plutôt des gladiateurs) ni l’opposition de gauche (bon, ils sont aussi coupables dans cette dérive) ni les marcheurs (que l’on fait marcher, mais qui ne parlent pas) ni la droite (au fait c’est qui la droite ?)
Quand les citoyens s’éveilleront…
Daniel Sango