Pau, le plan de reconquête républicaine

C’est à partir de ce principe ambitieux que se décline une coopération entre la Police nationale et la police municipale de Pau. Cela se passait le 12 avril 2018 dans les locaux de la mairie où le Préfet et la Procureure de la République étaient venus pour donner de l’éclat à une disposition voulue par le maire. Que faut-il attendre de cette annonce très médiatisée ?

Tout d’abord, il peut paraître étonnant de voir que le représentant de l’État dans le département d’un côté et la procureure de la république de Pau de l’autre, se rendent à la mairie de Pau pour soutenir le maire dans une démarche dont on perçoit l’objectif électoral. Autrement dit, voilà de belles déclarations d’intention confortées par des fonctionnaires d’État. On n’ira pas jusqu’à dire qu’ils sont venus servir la soupe, mais il y a dans les images diffusées par les médias comme une hiérarchisation des rôles. Le maire de Pau a su, en la circonstance, bien s’entourer. Notons également que la responsable départementale de la police nationale est restée dans l’ombre. Faut-il en conclure que son influence sur le fonctionnement de la police nationale est moindre que celle de la procureure de la république ?

Mais bien évidemment là n’est pas l’essentiel. L’objectif est de lutter contre la délinquance et de faire en sorte que les services de la police qu’elle soit nationale ou municipale deviennent plus présents et plus disponibles pour la population. Les statistiques de l’année 2017, comparées aux chiffres de 2016 traduisent une évolution de certaines rubriques. Ainsi les vols avec effraction qui, on le sait, sont les délits qui ont le plus fort impact sur le sentiment d’insécurité, sont en augmentation de 7,9%. Ce n’est pas rien ! « On pourra faire beaucoup mieux ensemble que ce qu’on faisait insuffisamment séparément » déclare François Bayrou. Attendons les résultats de ce plan de reconquête républicaine pour savoir ce qu’il en adviendra. Nous jugerons le moment venu.

L’autre donnée statistique concerne les violences faites aux personnes qui, elles, sont en progression de 6,6%. A ce propos le maire de Pau a cette formule : « Un plus grand dépôt de plaintes ne veut pas dire plus de violences. Depuis les campagnes de sensibilisation, les femmes osent déposer plainte ». Et revoilà la théorie du chiffre noir. Ce chiffre qui signifie que toutes les infractions ne sont pas portées à la connaissance des services enquêteurs ; qu’elles sont certainement plus nombreuses qu’on ne le considère habituellement. Le problème est évidemment de faire un raisonnement à partir d’une inconnue. Mais l’autre aspect de cette déclaration est que maintenant les politiques se sentent habilités à commenter les chiffres de la délinquance. On entrevoit bien de quelle manière, au moment des bilans, nous sera vendue la marchandise.

Enfin c’est à cette occasion que nous apprenons que la police municipale de la ville de Pau dispose de moyens en matériels et en effectifs qui doivent faire baver d’envie les policiers de la police nationale. Pensez-donc, deux unités canines ont été créées, un système de vidéo surveillance (65 caméras) qui, paraît-il, fournit des moyens supplémentaires aux enquêtes judiciaires, a été installé. Un « mur d’images de caméras vidéo » qualifié de bluffant, sera mis en fonctionnement prochainement. Également la ville doit initier un système dit de « voisins vigilants ». Ce concept qui n’est pas nouveau, n’a jamais donné les résultats escomptés.

La « police de sécurité du quotidien » sera forcément une réussite puisque ce seront les politiques qui commenteront les statistiques de la délinquance. Déjà les autres villes de la communauté d’agglomération réclament qu’elle soit étendue et devienne une sorte de police municipale intercommunale. Quand il s’agit de courtiser l’électeur !

Pau, le 16 avril 2018

par Joël Braud

Crédit photo : francebleu.fr

TAFTA – TTIP

imagesEssayez-donc de poser la question à votre entourage : « Que signifient cet acronyme et ce sigle ?». Peu parmi eux pourront répondre tant les négociations de ce traité se font dans l’opacité et le secret. De quoi s’agit-il ? Qui négocie ? Quelles pourront être les conséquences d’un accord qui n’est pas que commercial ?

Il sera difficile voire impossible d’analyser ici dans le détail le contenu et les conséquences du projet de traité qui est actuellement négocié. Jusqu’alors, c’était le silence, mais le président des États-Unis d’Amérique s’est rendu en Allemagne et il a largement évoqué cette négociation en espérant qu’elle aboutira à un accord le plus rapidement possible. Le sujet est devenu d’une brûlante actualité.

Que signifie l’acronyme TAFTA ? Transatlantic Free Trade Agreement – traité de libre-échange transatlantique.

Que signifie le sigle TTIP ? Transatlantic Trade And investissement Partnership – partenariat transatlantique de commerce et d’investissement.

La négociation qui en réalité a pris naissance le 22 novembre 1990 entre la Communauté européenne et ses 12 États membres et les États-Unis, a donné lieu à une «Déclaration transatlantique». Ce texte a pour objectif de promouvoir les principes de l’économie de marché, de rejeter le protectionnisme et d’étendre, de renforcer et d’ouvrir davantage le système commercial multilatéral.

Actuellement la négociation se fait dans le plus grand secret entre l’union européenne et les Etats-Unis. Le haut fonctionnaire européen chargé de celle-ci se nomme Ignacio Garcia Bercero. Les peuples des 28 Etats membres de l’union européenne (505 millions d’habitants) de même que leurs parlementaires nationaux ont été tenus à l’écart. Il n’y a pas eu jusqu’à maintenant de débat public sur ce sujet.

Le partenariat économique transatlantique vise à intensifier la coopération bilatérale en faveur de l’ouverture des marchés et s’engage à la suppression des entraves dans le commerce et les investissements. Tout est fait pour parvenir à une harmonisation des réglementations et des normes qu’elles soient salariales, sociales, sanitaires, phytosanitaires alimentaires, environnementales, mais aussi l’organisation des marchés publics et la protection des investisseurs à tous les niveaux : national, régional, départemental et local. Contrairement à l’affichage, ce ne sera pas un simple accord de libre-échange.

On peut donc s’interroger. Que vont devenir nos normes comme l’I.G.P. (Indication géographique protégée) A.O.C. et A.O.P. ? Pourra-t-on encore fabriquer des fromages avec du lait cru ? Sera-ton obligé de manger du poulet aux hormones après les avoir arrosés d’eau de javel ? Les O.G.M. seront-ils autorisés sans restriction ? L’exploitation du gaz de schiste sera-t-elle autorisée comme aux U.S.A. ? Le règlement des différends entre les firmes privées et les pouvoirs publics nationaux seront-ils de la seule compétence des tribunaux arbitraux indépendamment des juridictions nationales ?

Beaucoup d’inconnues qui ne peuvent que nous rendre méfiants d’autant que si l’accord est signé, il bénéficiera du principe de « living agreement ». Autrement dit demeurer vivant et être susceptible de modifications ; il comporte actuellement 46 articles.

« Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire » (David Rockefeller). C’est ce qu’on appelle la mondialisation néolibérale, elle consiste à déléguer au secteur privé la maîtrise des choix, c’est à dire redéfinir le périmètre de compétence de l’État. Et nous Français, sommes-nous prêts à une révolution de nos usages et traditions ?

Pau, le 27 avril 2016
par Joël Braud

Crédit photo : Jour de colère

Bibliographie : Le grand marché transatlantique – La menace sur les peuples d’Europe de Raoul Marc Jennar – Editions Cap Bear (mars 2014). Raoul Marc Jennar est docteur en science politique, spécialiste des relation internationales, des questions européennes et du droit de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Pétition : https://secure.avaaz.org/fr/stop_ttip_fr_loc/?akXjEkb