Pouvoir d’achat et environnement: même combat.

Avec le compte-rendu de J. Braud et celui de Sud Ouest, on peut se faire une opinion sur l’importance quantitative et qualitative de la participation, donc de la sensibilisation à ce problème appelé «transition écologique».

D’après Sud Ouest, à Pau, sur les 900 contributions enregistrées depuis le début du Grand Débat, 3,83% portent sur «la transition écologique». Pour le troisième Grand Débat à Pau, ce journal évoque un public plus restreint, plus âgé, plus calme, de 200 personnes environ. Parmi les «Grands témoins», il cite la présence de la vice-présidente de la FDSEA, sans citer le nom !!! Était-ce, par erreur, Maryvonne Lagaronne, vice-présidente de la chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques et administratrice de l’entreprise LUR BERRI ?

Il ajoute qu’il a fallu attendre 25 minutes avant que la parole soit donnée aux présents.

Nul doute que dans cette ambiance conservatrice, il ne pouvait être question d’aborder la «substantifique moelle» de cette transition écologique ; on restait entre anciens.

J. Braud relate un passage intéressant car il devait permettre de centrer le contenu du débat : « François Bayrou, toujours dans le rôle de l’animateur, précise que transition écologique peut revêtir plusieurs formes : développement durable, protection de l’environnement, économie d’énergie, et.)». Malheureusement, c’est surtout l’etc. qui est important, cela restait donc dans le flou des mots que le politique littéraire sait parfaitement manipuler.

A propos de l’intervention de M. Lagaronne, citée par M. Braud :

+«Le monde paysan a reçu pour mission de nourrir la population au moindre coût et dans le respect de la nature.»

En fait, les conseillers agricoles, employés par les entreprises agroalimentaires évoluant dans les grandes coopératives, ont transformé les paysans en agriculteurs industriels à leur service. Poussés à un équipement coûteux (endettement), ils ont produit des quantités toujours plus grandes achetées de moins en moins chères ; dans les secteurs de l’élevage et de la production maraîchère et fruitière, il a été sélectionné des variétés très productives, moins coûteuses et bien peu goûteuses, imprégnées de pesticides, vendues bien avant la maturité, s’abîmant très vite, c’est-à-dire du bas de gamme ; ce comportement ne tient pas la route de la concurrence étrangère qui, dans ce domaine, produit la même chose avec bien plus d’efficacité. Comme pour bien d’autres secteurs c’est le haut de gamme qu’il fallait développer, car beaucoup plus rentable à l’exportation et à la consommation intérieure, en partant du principe que la clientèle achètera, peut-être moins, plus cher, de la qualité gustative non jetable ; le bio évolue dans ce domaine et réussit bien mieux.

Nous sommes en plein dans la stratégie r et K de l’évolution biologique !

+Les respect de la Nature ? En compactant les sols avec les gros engins, en asséchant par le drainage pour rentrer sur les terres, en arrosant pour faire pousser des densités de plus en plus grandes (maïs), en polluant les sols, en supprimant la flore hôte des défenseurs des cultures, les laboureurs naturels (vers de terre), en détruisant les écosystèmes bactériens qui, dans le sol, recyclaient l’azote, en libérant des GES par l’utilisation des engrais, pesticides et herbicides issus du pétrole, en polluant les fossés et rivières…

Non, les agriculteurs industriels ne respectent pas la Nature mais surtout ne respectent pas l’homme !

Heureusement, de plus en plus de vrais paysans se libèrent de ce carcan productionniste, ils prennent conscience de leur responsabilité, de la richesse des terroirs, de la noblesse de leur métier, du rôle incontournable qu’ils ont à remplir; le courage et la foi, qui les animent, méritent un tout autre respect car ils sont l’avenir d’une société plus juste et bien portante . Ceux qui ont pris ce chemin ont réalisé la transition écologique; leur vie est dure physiquement et administrativement car ils doivent surmonter les obstacles des incertiudes de plus en plus grandes du climat, des politiciens et des entreprises agroalimentaires qui se dressent devant eux; ils sont presque toujours récompensés par le travail bien fait, la rémunération au juste prix, la création d’emplois, la liberté de rester maître de leur organisation…

Pourquoi ne pas avoir invité la Confédération Paysanne aussi ?

+Pour l’écobuage, des réponses ont été abordées sur le site.

+Pour le glyphosate, non seulement le gouvernement actuel a refusé d’interdire le glyphosate, mais il a également supprimé les aides au maintien en agriculture biologique; il a fait obstacle à une transition bénéfique sur le plan de l’emploi, et nécessaire au plan environnemental. Le bénéfice est pour Bayer-Monsanto, des semenciers, et des gros cultivateurs, céréaliers entre autres.

Mais revenons à la définition du sujet.

L’objectif est de préserver les ressources naturelles sans lesquelles l’humanité ne pourrait pas continuer à vivre, à savoir: un climat compatible avec les exigences biologiques et physiques humaines, la biodiversité assurant la richesse et le fonctionnement des écosystèmes dont fait partie l’homme, les pollinisateurs entre autres, la qualité de l’air, de l’eau, de l’alimentation qui influence nos gènes (épigénétique) et dont la pollution est source de maladies, la mer et ses ressources halieutiques….

Voilà les problèmes à soulever lors du dernier Grand Débat !

En contrepartie, de nombreux emplois sont créés, le pouvoir d’achat est amélioré; c’est l’accès à une vie décente pour un plus grand nombre.

En dehors de la fiscalité injuste sur les carburants, le reste est passé sous silence, par les gilets jaunes eux-mêmes, pour le plus grand plaisir de l’exécutif.

La revendication pour une lutte significative contre le changement climatique est loin d’être une priorité pour les gilets jaunes or, s’ils ont lancé leur mouvement car ils ne pouvaient plus rouler, ne pouvant pas payer la hausse de la taxe environnementale sur les carburants, ils ne se rendent pas compte qu’ils ne pourront plus rouler du tout en ville du fait de la pollution liée au dramatique beau temps dont ils se moquent!

Cette transition est, en fait, une révolution conceptuelle, une véritable philosophie au point de vue théorique et un changement comportemental au point de vue pratique, collectif et individuel.

Pour en entendre parler, pour revendiquer une vraie transition, il faut écouter les jeunes; ils sont, eux aussi, dans la rue, mais pas dans le Grand Débat car ils savent qu’ils seront manipulés par la «grande sagesse» hypocrite et intéressée des anciens. Ils constatent qu’ils vont devoir payer l’irresponsabilité de leurs aînés; ils partirent 500 mais par un prompt renfort des jeunes de l’Europe entière, ils espèrent vaincre le conservatisme ambiant, réveiller les consciences et sauver leur avenir.

«La génération Y recherche plus une mission avec du sens: engagement sociétal, environnemental, qu’un travail, un mentor plutôt qu’un chef. Une étude Viavoice les voit plus nombreux à rechercher une source d’épanouissement qu’une contrainte; une vie privée préservée» Sud Ouest 28/02/2019. Ils ouvrent la voie d’un nouveau monde !

Un constat doit être toujours présent ; si on sépare les problèmes c’est par didactique car dans la réalité tout est lié, de la voiture au pouvoir d’achat à l’alimentation et à la punaise invasive !

Parmi les grandes réformes incontournables, la gestion de l’Energie est constamment évoquée, avec raison, mais d’autres sont aussi prioritaires, comme celles sur l’alimentation et la protection de la biodiversité. Les unes sont à impulser par le gouvernement pour les grandes orientations, d’autres par les entreprises pour la mise en place, les troisièmes par les individus pour s’y adapter.

+Par exemple, les autorités de santé dénoncent les dérives dangereuses de l’alimentation actuelle.

Bien se nourrir, ce n’est pas laisser aller ses émotions :

Pour la forme :

+Supprimer le grignotage, bien mastiquer, convivialité des 3 repas, à heures fixes,

+Cuisiner des produits frais. Manger équilibré donc de tout, modérément. Respecter la 1/2 heure de repos postprandial.

C’est de la plaisanterie actuellement, me direz-vous ! Hélas, vous avez raison !

Pour le fond :

+ diminuer en priorité, drastiquement, la viande, les charcuteries, surtout issues d’élevages industriels (poisson sauvage, œufs, fromages à la place), le sucre industriel (jus de fruits, boissons de type soda et le sel (chips et gourmandises apéritives).

+supprimer tous les produits industriels transformés et ultratransformés.

+ augmenter la consommation de fruits et de légumes, les légumineuses.

+Privilégier les produits bio de saison et de la région, revivre avec le rythme des saisons, c’est reprendre sa place dans l’écosystème.

+ Réduire l’alcool et pratiquer les activités physiques que la vie sédentaire et en voiture nous imposent.

Que d’économies possibles !

En ce qui concerne la viande, en manger la moitié, plus chère, mais de la qualité de terroir ce n’est pas plus onéreux et combien plus savoureux !

Les fruits et légumes bio sont plus chers ! Pas si sûr ! Un simple lavage suffit, inutile de les éplucher donc bien moins de perte : financière, gustative et nutritive.

Manger des produits locaux c’est diminuer aussi le montant du transport.

Naturellement, des emplois seront supprimés mais des formations à payer sont de loin préférables à des morts ou des maladies graves!

Punaise diabolique : comment la reconnaître et s’en débarrasser.  Sud Ouest du 16/02/2019.

La multiplication des transports à longues distances (commerce, tourisme, affaires…) est un facteur d’amplification intense des migrations naturelles et des perturbations très coûteuses de la biodiversité.

«Cet insecte envahisseur, venu de Chine, est régulièrement observé dans les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et le sud ouest; c’est un véritable fléau pour les cultures. Particulièrement friande de fruits et légumes, elle inflige de lourdes pertes aux vergers (cerisiers, pommiers, pêchers, citronniers, poiriers, noisetiers, kiwis). En piquant les fruits et les branches pour se nourrir de leur sève, elle entraîne leur pourrissement en quelques jours. Chez les particuliers, elle s’attaque aux plantes ornementales, aux arbustes et aux potagers. L’efficacité des pesticides, testée aux USA est très limitée. D’autres pistes sont préconisées par les chercheurs: les filets, les phéromones, la lutte biologique par les prédateurs naturels comme les araignées, les oiseaux, les chauves-souris ( détruits par ailleurs!). Le remède le plus prometteur est l’utilisation de guèpes parasitoïdes, à manipuler avec précaution, en vérifiant qu’elles ne menacent pas aussi les espèces locales.»

Puis, comme pour bien des espèces invasives, après une explosion liée à l’absence de prédateurs, une régulation s’opérera mais, avant, il faudra supporter la cohabitation et la flambée des prix des aliments; elle coûtera donc chère aux producteurs et au pouvoir d’achat des consommateurs .

«L’Economie ne pourra pas faire l’économie de l’écologie»

est attribué à Michel Serres.

Signé G.Vallet

crédits photos:Transition écologie : un pas en avant, trois pas en arrière …agirpourlenvironnement.org

Maladresse et cécité

Jamais , en si peu de temps , un gouvernement n’avait réussi l’exploit de susciter autant de mécontentements. Le pays , insatisfait du président Hollande qui n’a pas osé se représenter à sa succession, et plus généralement des inégalités sociales ainsi que des mœurs politiques, espérait trouver en Monsieur MACRON, qui avait eu l’habileté de réunir des élus socialistes, centristes et républicains, le remède à tous ses maux.
Espérance déçue mais prévisible car le président n’avait obtenu au premier tour de l’élection que 24,01% des suffrages.
Et si Monsieur HAMON s’était allié à Monsieur MELENCHON ce dernier aurait très bien pu se retrouver au second tour.
Toujours est-il que diverses populations sont aujourd’hui dans la rue. Les gilets jaunes ne sont que l’apparence d’une insatisfaction qui ne peut s’expliquer du seul fait d’une taxe désormais supprimée, au moins jusqu’en 2019 ! À côté, les agriculteurs, les infirmières, les personnel des hôpitaux et des services pénitentiaires, les étudiants et même des lycéens soutenus par certains parents, beaucoup trop de mécontents, justifiant le pourcentage de Français soutenant le mouvement de révolte que le gouvernement aurait dû percevoir.
Pourtant, ce dernier a pu aussi régler certaines situations auxquelles aucun autre auparavant ne s’était attaché, comme le prélèvement à la source des impôts sur le revenu ou le statut de la SNCF.
Malheureusement , les vents contraires se sont multipliés du fait d’un excès de précipitation. Monsieur MACRON est trop vite apparu comme le «président des riches» avec la suppression de l’impôt sur la fortune qui, il faut bien le dire , ne profite qu’à une minorité de citoyens. Comment la faire comprendre par ceux dont le travail est la seule source de revenus ? Ceux-ci ne l’ont jamais acceptée. Et à qui s’en plaindre sinon aux députés de la majorité qui bénéficient de ce qui apparaît comme des privilèges et qui ne sont tenus à aucune présence obligatoire sur leur lieu de travail. Hier encore, 5 décembre 2018 ,une loi a été adoptée par 54 voix pour, 34 contre et 1 abstention ! Où étaient les 484 absents qui n’ont pas été sanctionnés d’une retenue sur émoluments ?
Le président avait promis de réduire le nombre de parlementaires. La réforme eut été chaleureusement accueillie mais elle est aujourd’hui lettre morte. Il a sans doute voulu ménager ses élus mais il s’est aliéné sur ce point beaucoup d’électeurs.
Le système électoral qui envoie à l’assemblée nationale une représentation inexacte des électeurs conduit fatalement à des manifestations de rues puisque ceux-ci ne peuvent y faire entendre utilement leurs voix .
Quant à la violence , totalement condamnable, elle est le fruit de trop nombreuses années de tolérance. Comment le gouvernement peut-il s’en étonner alors qu’il a capitulé à Notre Dame des Landes tout comme l’autorité judiciaire face à un blocage des autoroutes en plein été en contestation d’une décision de justice qu’il a fallu réformée en urgence , et que les forces de l’ordre sont régulièrement victimes d’actes de guerre que Monsieur COLLOMB, précédent ministre de l’intérieur a dénoncées avant une opportune démission.
Cette violence qui est devenue un mode culturel de manifestation continue , hélas , de porter ses fruits puisque le gouvernement a reculé sur la taxe carbone à l’origine des contestations des gilets jaunes.
Et que dire de l’immigration illégale contre laquelle les réactions sont si timides qu’elle ne cesse de prospérer tous les jours ? En échange de quoi, le président de la république s’apprête à signer un pacte sur les migrations proposé par l’ONU . Cette soumission à des institutions internationales est bien évidemment une source d’amertume pour ceux qui y voient un abandon de la souveraineté nationale. D’une pierre deux mauvais coups donc.
Aujourd’hui, 6 décembre, certains groupes parlementaires d’opposition ont décidé de déposer une motion de censure du gouvernement. Une initiative totalement inutile puisque l’assemblée nationale est aux mains des élus du président.
La France est difficile à gouverner mais ce qui se passe aujourd’hui était grandement prévisible. Qui n’entend autour de soi de multiples récriminations contre plusieurs orientations gouvernementales ? Et là de deux choses l’une : soit nos dirigeants ne les entendent pas, soit il les ignorent. Et dans les deux cas ils en sont responsables.
La réponse est certes difficile à donner car, à la vérité, la France n’a plus les moyens financiers de ses politiques, sociale, économique et internationale.

Pierre ESPOSITO

Du sacrifice au triomphe

La visite du Président Macron au salon de l’agriculture de Paris, quoiqu’on pense de son déroulement, a le mérite de faire découvrir à la France le désarroi du monde rural. Le « président des villes » en a bien conscience qui voudrait être aussi président des « champs ». Au-delà des problèmes économiques bien réels liés à la compétition internationale, du modèle productiviste qu’on leur a imposé, de l’imbroglio des aides européennes se pose un vrai problème culturel, car l’homme ne vit pas de pain… En fait la vraie question, elle, réside de la place faite à la ruralité en France : que deviennent ses valeurs qui, il y a peu encore, étaient les piliers de notre identité ? Ces valeurs font elles partie d’un passé à enfouir. Ont-elles, au contraire, un avenir et lequel ? On se souvient de de la fable de La Fontaine –inspirée par Esope. Le rat des villes, cette fois, a-t-il raison du rat des champs, ce « rustique » qui prend de haut son compagnon en le traitant de haut lui et les affres de la cité qu’il affectionne :

« Mais rien ne vient m’interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre. »

Les agriculteurs se voient cernés de toutes parts. Leur façon de travailler est contesté : l’apport de pesticides subitement découvert par l’opinion publique devient une sorte de cause nationale –à juste titre, d’ailleurs. La montée exponentielle du mouvement végan atteint les éleveurs dans leur raison d’être elle-même. Mais surtout il y a une sorte de mépris total des « urbains » pour ce qui fait l’âme de nos campagnes, ces spécificités originales passionnantes voir émouvantes si on veut bien s’y arrêter un instant. Elles mériteraient un vrai travail anthropologique.

Je veux parler de la chasse pour commencer si décriée par les réseaux sociaux et par le grand public et pourtant indispensable à la régulation de la faune ; de la tauromachie qui maintient un élevage extensif sur des surfaces qui auraient été livrées à cette agriculture industrielle pointée du doigt. Bref de ces traditions qui font le sel de la vie rurale. Peut-être vont-elles mourir bientôt profitons-en donc le plus vite possible.

Dans ce sens, je voudrais évoquer la Course Landaise très présente dans le nord Béarn à Orthez, Garlin, Lembeye, Arzacq, Morlane où elle est intimement liée aux fêtes locales, journées de ripailles mais aussi de retrouvailles et d’une convivialité perdue dans nos grandes cités. Voilà une activité qui, dans une grande discrétion, se maintient très bien dans les Landes, le Gers et le Béarn ; c’est-à-dire chez nous. Elle est typique de cette tradition gasconne où le courage physique, la ruse, le défi mais aussi l’humilité sont valorisés. C’est une sorte de jeu –qui peut être mortel- inventé sur place qui est un condensé d’authenticité.

« Du sacrifice au triomphe »* un livre remarquable signé des photographes Roland et Marie Costedoat –présenté samedi dernier à Pontonx- accompagné d’une exposition, fait une sorte d’inventaire des acteurs de cet art populaire qui a toujours de nombreux adeptes. Chaque portrait, de ces hommes aux visages burinés, aux regards fiers et aux allures modestes est accompagné des mots essentiels qu’ils ont sur le cœur.

On pénètre ainsi dans un univers qui a sa part de mystère et sa dose de poésie auquel beaucoup de nos concitoyens ont hélas tourné le dos. Là se trouve la quintessence de ces valeurs traditionnelles, paysannes dites dans des mots simples mais forts par ces hommes qui ont affrontés les coups sans se plaindre et qui savent maîtriser leurs peurs. Car le toro, la vache c’est la matérialisation de l’angoisse, ce loup sombre qui hante nous nuits et qui nous relie à notre condition d’être humain. Ce n’est pas l’argent ou le pouvoir qui attirent ces hommes simples, sans prétention mais le désir d’exorciser la peur qui nous avons possède, le choix de se mettre en danger, le plaisir de se surpasser, de perpétuer une tradition dont ils connaissent le prix.

Accepter la modernité sans renier les valeurs du passé n’est-ce pas la quête qui devrait nous animer ?

Pierre Vidal

*dusacrificeautriomphe@gmail.com de Roland et Marie Costedoat. Prix 35 euros plus 5 euros de port.

Comment aider les agriculteurs ?

imagesHuit Français sur dix déclarent se sentir en accord avec les agriculteurs dans leur mouvement de révolte. Mais que font-ils pour marquer leur solidarité ?

Rien, ou peu. Il est vrai que les leviers ne leur semblent pas être entre leurs mains. Ils ne sont guère plus entre les mains du gouvernement, lié par les décisions de Bruxelles et n’ayant d’autres armes que la baisse ou le report de charges sociales ou l’aide d’urgence. C’est la loi du marché qui régule les prix. Or les agriculteurs ne maîtrisent pas la demande. D’où leur colère et leur exaspération.

Leurs moyens d’action ne sont pas sans conséquences économiques. Bloquer les routes, causer des retards, mobiliser les forces de l’ordre a un coût. Celles et ceux qui le subissent sont le plus souvent étrangers au conflit. On ne leur a pas demandé s’ils préféreraient payer quelques centimes de plus leur lait ou leur viande plutôt que de subir les préjudices qu’ils encourent. Ont-ils d’autres moyens ?

D’abord être mieux informés. Cette information ne sera pas livrée volontiers par les distributeurs. Raison de plus pour insister. Si une bonne partie des consommateurs posaient des questions sur l’origine de la viande des plats préparés au comptoir des grandes surfaces, l’écart de prix entre l’achat au producteur et le prix exigé du consommateur (souvent de l’ordre du triple ou plus) et bien d’autres questions, il en résulterait des queues. Les directions seraient obligées d’en tenir compte d’une manière ou d’une autre. La pression s’exercerait directement sur les distributeurs.

Il existe sans doute d’autres moyens. Boycotter les marques ou les enseignes qui se fournissent à moindre coût en achetant dans des pays qui n’ont pas les mêmes normes de qualité ou les mêmes modes de production. On ne peut pas oublier le rôle rempli par les agriculteurs dans le domaine de l’environnement et le maintien d’une vie rurale par
exemple.

Aider les agriculteurs à mettre en place des circuits courts et de qualité. Dans un pays ou tant de jeunes et de seniors ne trouvent pas de travail serait-il impossible d’organiser des tournées, de tenir des stands qui seraient facilement accessibles aux consommateurs, de remplir des tâches (comme les formalités administratives, la comptabilité ou la
prise en charge des enfants) qui soulageraient les agriculteurs ?

Faisons travailler notre imagination et notre sens de l’entraide.

Paul Itaulog