La fin d’une mandature médiocre – Les caciques du PS – Rififi à l’UMP national -Urieta résiste – Bayrou met fin au monopole Habib sur l’économie – Dartigolles peut-il créer la surprise ? – Le Front national sort du bosquet. La campagne municipale paloise vue et analysée par Emmanuel Pène dans une chronique sans langue de bois.
La fin d’une mandature médiocre
Alors qu’un nouveau sondage vient confirmer une légère avance pour François Bayrou, mais aussi une élection très serrée, on a vu jeudi se tenir le dernier conseil municipal de Mme la Maire Martine Lignières-Cassou. Un conseil municipal « teinté d’émotion » pour l’équipe sortante, mais qui apparaît aussi aux yeux de beaucoup de Palois comme la fin d’un chapitre médiocre pour la ville, ce qu’a confirmé d’ailleurs le même sondage CSA en décernant à la mandature sortante la pire note des villes sondées.
Les caciques du PS
Entre les deux candidats favoris, la compétition est féroce et s’intensifie mais elle ne reste pas circonscrite à Pau et à son agglomération ; on l’a vu la semaine dernière avec le rassemblement de plusieurs dizaines de têtes de listes et d’élus socialistes du bassin de l’Adour, venus soutenir David Habib. Un rassemblement sensé donner un poids politique aux projets du candidat socialiste, mais il n’est pas certain qu’un attroupement bigarré de caciques dont beaucoup sont adeptes du cumul des mandats soit de nature à apporter une quelconque dynamique à sa campagne.
Rififi à l’UMP national
François Bayrou, lui, a fait l’objet d’une « motion de méfiance » de la part de jean-François Copé, celui-ci répondant à une question d’un journaliste qu’il ne soutenait « pas vraiment » le centriste. Une déclaration qui a fait son effet dans le Landerneau politicien palois, mais qui a été assez vite contrée par un franc support de plusieurs personnalités UMP, Jean-Claude Gaudin, Jean-Pierre Raffarin, et surtout Alain Juppé qui sera présent à Pau le 8 mars pour soutenir le Béarnais. Il est vrai, il ne faut pas le nier, qu’une partie des sympathisants UMP a du mal à accepter le ralliement de leur parti à François Bayrou. Iront-ils pour autant voter pour un candidat produit du même appareil politique que le Président qu’ils abhorrent ? On a du mal à le croire, mais après tout, ne dit-on pas qu’on a la droite la plus bête du monde ?
La résistance d’Urieta
Une partie de la réponse est peut-être contenue dans le dernier sondage CSA dont un des faits marquants est la résistance d’Yves Urieta qui, avec 14% d’intentions de vote au premier tour, met fin à l’érosion que les précédents sondages ont mis en évidence. Une partie de la droite se reporterait vers l’ancien Maire, sans doute par reconnaissance de son engagement passé auprès de Nicolas Sarkozy, ou par rancune à l’égard de François Bayrou. Le score d’Yves Urieta, et sa capacité de résistance au second tour constituent toujours l’inconnue et peut-être la clé de ce scrutin. Un Yves Urieta dont les propositions manquent pourtant singulièrement d’ambition et d’originalité.
Ainsi, à la lecture de ses propositions pour « redynamiser l’économie », on pouvait s’attendre à quelques mesures exceptionnelles. Au lieu de cela, il s’agit « d’amener du monde en ville pour faire marcher l’économie », la « gratuité du parking le mercredi après-midi et le samedi» ou encore de « revoir tout le plan de circulation à l’échelle de l’Agglo ». Quand la banalité concourt avec les déclarations de bonnes intentions…
Les enjeux économiques et la contre-offensive de Bayrou
L’économie semble être le sujet du moment, d’abord largement exploitée par David Habib qui s’est positionné très tôt sur ce créneau sur lequel il pense avoir quelque atout. Un David Habib, aux propositions économiques nombreuses et ambitieuses en apparence, mais aussi marquées par une complexité et une inspiration technocratique qui font douter de l’efficacité de mesures à l’allure « d’usines à gaz ». En tout cas, ce monopole de l’initiative et du management économique auquel le candidat socialiste voulait prétendre a été cette fin de semaine battu en brêche par les propositions du candidat Bayrou en la matière ; des propositions dont l’ambition est au moins aussi grande que celles de David Habib, mais qui paraissent aussi plus concrètes dans leur application et plus modernes dans leur contenu. C’est un sujet qui sera largement développé dans un prochain article.
En tout cas, il semblerait que David Habib soit gagné par la folie des grandeurs, comme en témoignent ses « 28 propositions pour le logement». On espère qu’en cas d’élection, il sera bien secondé, car on imagine l’armée de collaborateurs, fonctionnaires et missionnés nécessaires pour mener à bien autant de projets. On est bien là dans l’habitude socialiste marquée par l’omniprésence de la puissance publique qui veut tout faire, et par le manque de confiance dans l’initiative privée.
Olivier Dartigolles peut-il créer la surprise ?
A gauche, le patron de Mourenx a un concurrent dont on parle peu, mais qui fait une bonne campagne, Olivier Dartigolles. Idées simples, humilité, contact quotidien avec le « peuple de gauche » ; en somme en opposition de style par rapport au manager économique Habib et à ses collaborateurs plus « bobos » que « prolos ». Bien que la présence au second tour n’ait pas été abordée par les instituts de sondage (et on se demande pourquoi ?), Olivier Dartigolles et son front de gauche pourrait constituer la surprise inattendue de ce scrutin en dépassant les 10% ; ce qui laisse augurer de discussions intéressantes pour le deuxième tour, et surtout d’un virage forcé très à gauche qui sera sans doute moins du goût des méchants patrons spoliateurs séduits par David Habib.
Le Front national se dévoile mais ne s’assume pas
De même, le Front national a commencé à faire parler de lui – il était temps -, ne brillant pas par sa présence aux halles et dans les rues paloises, mais par presse interposée. Les propositions du Front national pour la ville sont toutefois décevantes pour un parti qui nous avait plus habitués à des positions plus iconoclastes et parfois même à des bonnes idées. Le programme de Georges de Pachtère est marqué par une prudence, voire un malthusianisme assumés. On est étonné au passage que les thématiques traditionnelles du Front national (immigration, sécurité, patriotisme, ..) ne soient pas plus mises en avant. Enfin, que dire d’une liste qui n’ose pas dévoiler les noms de ses colistiers ?
Bayrou en biarnés
On terminera cette chronique par un sujet qui me tient à cœur : la langue béarnaise. Après un carnaval biarnés réussi qui a dignement animé les rues paloises, on ne peut s’empêcher de penser à l’identité béarnaise de Pau. On sait que le sujet tient à cœur de François Bayrou, ce qu’il nous confirme dans une interview où non content de parler béarnais, il en récite même quelques vers. Un peu de poésie dans ce monde de brutes… Pau en a bien besoin..
Adixat !
IMPORTANT : Cette chronique est écrite par son auteur en son nom et n’engage nullement l’association Alternatives-paloises.com
– Par Emmanuel Pène
(2 mars 2014)
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