Bassin de l’Adour – La « Journée Nationale de l’Ingénieur » à Pau : Innover et Entreprendre

Capture d’écran 2014-04-05 à 08.13.00A l’initiative de l’URISBA (Union Régionale des Ingénieurs du Bassin de l’Adour), relais local de l’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France) s’est tenue, jeudi 3 avril à l’ENSGTI (Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs en Génie des Technologies Industrielles) située sur la campus de l’UPPA, la deuxième « Journée Nationale de l’Ingénieur » (JNI). Le thème de la réunion : Innover et Entreprendre.

Près de cent cinquante personnes avaient répondu présentes à l’invitation de l’URISBA. René Beaussier, son Président, ouvrait la JNI en rappelant que son objectif était de susciter des vocations d’ingénieurs et de mettre en évidence tout ce que le métier d’Ingénieur, par sa diversité, peut apporter en terme de développement et de création d’emplois dans le Bassin de l’Adour. S’ensuivit, un ensemble de témoignages, agrémentés de vidéos et de power-points, qui commençaient par celui de Georges Fremy « Ingénieur de l’Année », prix prestigieux décerné par l’Usine Nouvelle.

Georges Fremy, qui travaille au GRL-ARKEMA à Lacq, a expliqué en quoi consistaient les travaux de recherche de son équipe et son application pratique qui se traduit par la construction en cours d’une usine en Malaisie où se fabriqueront 80.000 tonnes par an de Methionine, un complément alimentaire pour les animaux. Un investissent majeur pour ARKEMA, en partenariat avec le coréen CJ, pour un montant total de 450 millions d’euros. Georges Fremy s’est ensuite attaché à montrer aux jeunes présents, étudiants ingénieurs ou élèves en classes scientifiques et techniques, les débouchés qu’il y a pour eux dans le monde de la Chimie.

Bernard Boutin, a son tour, a tenu a rappeler que, sans 6 ingénieurs précurseurs de génie, cette réunion n’aurait probablement jamais eu lieu, à Pau, dans un Béarn essentiellement agricole il y a un siècle et de citer :

– Raymond Saulnier, Centralien, qui, avec les pilotes Léon et Robert Morane, créa en 1911 la « Société des Aéroplanes Moranes-Saulnier », une société qui s’est installée à Tarbes en 1945. Aujourd’hui, le « plus vieux constructeur aéronautique dans le monde », renommé « DAHER SOCATA » emploie 1200 personnes auxquels s’ajoutent quelques centaines d’emplois indirects dans le Bassin de l’Adour.

– L’ingénieur George (sans s) Messier, après s’être lancé en 1919 dans les suspensions pneumatiques pour automobile, deviendra le fondateur de l’industrie du train d’atterrissage en 1927. En 1935, sa société se décentralise à Arudy, puis Jurançon pour s’installer définitivement à Bidos en 1938. La société, reprise par le Groupe SAFRAN, emploie aujourd’hui 800 personnes à Bidos (plus les emplois indirects).

– L’ingénieur Polonais, Joseph Szydlowski crée en 1938 TURBOMECA dans la région parisienne pour finalement s’installer à St Pé-de-Bigorre en 1940 et Bordes en 1941. Initialement, il travaille sur des moteurs diesel et leur compresseur mais très vite se dirige vers les réacteurs de petite taille pour équiper les hélicoptères. Devenu premier mondial dans sa spécialité, TURBOMECA, filiale du groupe SAFRAN, représente 2.600 emplois directs à Bordes et 1.500 à Tarnos.

– En 1951, les Polytechniciens André Blanchard et Jean Féger forent et découvrent du pétrole à Lacq. De cette première découverte, il reste en 2014, 2.750 emplois directs au CSTJF à Pau et près de 8.000 emplois sur le Bassin de Lacq.

– Plus petit, mais bien réel dans le paysage industriel de la région, Roger Charpentier, diplômé des Arts et Métiers, crée en 1955 à Idron, une société spécialisée dans les produits magnétiques : ARELEC. Localisée à Lons, la société emploie aujourd’hui près des 200 collaborateurs dont 90 sur son site béarnais.

Le ton était donné. Sans ces ingénieurs précurseurs, notre région ne serait pas devenue ce qu’elle est.

Pierre Barrière, inspecteur d’Académie, s’attache alors à montrer l’importance qu’il y a à dédiaboliser l’image de la science, une science qui est devenue suspecte au fil du temps. Pour lui, la réconciliation doit démarrer dès la maternelle. Un chantier nécessaire à ouvrir pour l’Education Nationale. Un autre chantier à ouvrir consiste à combattre un stéréotype : celui de la jeune fille, pas apte à entreprendre des études scientifiques. La suite de la JNI montrera que les femmes, avec Emilie Basset et Magalie Ricarde, tracent leur voie sans complexe dans un monde d’ingénieurs qui n’est plus exclusivement masculin.

Laurent Devecis, directeur du CESI, école d’ingénieur installée sur le site Aéropolis à Assat, présente alors une vidéo produite par son école, sur le thème « Innover et Entreprendre », thème arrêté pour la JNI. Une école qui forme actuellement 350 élèves, toutes formations confondues. Le CESI, présent à Pau depuis 2002, est une des 6 écoles d’ingénieurs du Bassin de l’Adour avec l’ENIT à Tarbes (1968), l’ENSGTI à Pau (1991), l’ESTIA à Bidart (1996), l’EISTI à 2003 (2003) et dernière née, l’ISA BTP à Anglet (2007).

Patrick de Stampa, président de la CCI Pau Béarn, gère deux écoles : l’Ecole des Métiers du Sport et l’Ecole Supérieure de Commerce de Pau, installées sur le campus à deux pas de l’ENSGTI et de l’EISTI. Selon lui, deux chantiers sont à ouvrir : un sur l’image de l’offre éducative du campus palois, avec un travail en commun à faire entre tous les acteurs. Autre axe à développer : la mise en place de passerelles entre les diverses écoles. Un ingénieur doit aussi appréhender les contraintes du management tout comme un manager, à l’inverse, se doit de comprendre le contexte dans lequel évoluent ingénieurs et scientifiques. Une balle est lancée…

Pour ce qui est des acteurs qui aident les ingénieurs à « innover et entreprendre », Franck Metras, qui dirige le « Comité Scientifique et Technique » de la Technopole paloise Helioparc, les connait bien. Chargé, depuis 2001, de les sélectionner afin qu’ils puissent intégrer la technopole, il a accompagné 190 entrants sur le site dont 46 créations par des ingénieurs. Il confirme un constat fait par l’Agence Nationale pour la Création d’Entreprise : plus les ingénieurs sont diplômés, moins ils sont entrepreneurs. Exemple : Un Centralien ne crée jamais son entreprise. Tous sont aspirés par les grands groupes.

Christine Loustalot, avocate au Cabinet Fidal, partenaire de la JNI, vient dire, à son tour, comment les sociétés de conseils peuvent être utiles pour les créateurs. Les domaines sont vastes. Ils vont de la protection des brevets, au dépôt de marques, de la création des sociétés au montage financier etc. Entreprendre oui, mais pas sans conseil.

Marc Bourdat, Délégué régional Grand Sud Ouest chez TOTAL, à l’aide d’un power-point, montre l’évolution de la société, du premier forage à Lacq, du premier centre de recherche Micoulau jusqu’à ce jour où TOTAL fait partie des « majors » pétroliers du monde et dispose à Pau d’un Centre Scientifique et Technique unique au Monde. Fin 2013, il y avait 2.750 salariés sur place. Fin de 2014, ils approcheront les 2.900. Parmi eux : près de 1.000 ingénieurs dans des domaines très variés et presque toujours en pointe.

Emilie Basset, jeune chef de projet chez TURBOMECA, nous présente alors les domaines de recherche sur lesquels le motoriste travaille actuellement pour obtenir des réacteurs toujours plus performants et plus respectueux de l’environnement. Diplômée de l’ENSICA (Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs de Constructions Aéronautiques), Emilie Basset a communiqué, à tous les participants de la JNI, son enthousiasme et la passion que lui procurent les challenges auxquels elle fait face.

Magalie Ricarde, INSA Toulouse, enseignante à l’ENSTGI, continue alors sur la veine de l’’enthousiasme et de la passion. Elle crée à Hélioparc en 2010, après 2 ans de conception, sa propre entreprise : BACK PLAN. La société emploie maintenant 5 salariés « plutôt bien payés » et sous « stress ». Son cœur de métier : l’assistance à gestion de projet. Son ambition : passer à l’international. Vu son enthousiasme, l’assistance a pu juger qu’elle devrait y parvenir rapidement.

Georges Labazée, Président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, clôturait cette JNI en rappelant que le Conseil Général, alors qu’il ne s’agit pas d’une de ses compétences obligatoires, est fortement engagé en faveur du développement économique. Il nous dressait alors un tableau des actions entreprises pour mettre en place Aéropolis (site de la nouvelle usine de Turboméca), dans la gestion des Technopoles (Hélioparc à Pau, Izarbel à Bidart, Technocité à Bayonne etc.). Il rappelait aussi le lancement, il y a deux ans du label « Nature & Technology » pour valoriser toute la filière aéronautique du département.

La deuxième JNI organisée à Pau se terminait alors. Pendant 3 heures, dans l’amphithéâtre de l’ENSGTI, la morosité nationale avait bel et bien été gommée des esprits de tous.

– par Bernard Boutin

PS : L’URISBA organisait aussi le 3 avril, une JNI à Anglet.

Les organisateurs
URISBA : http://www.urisba.com
IESF : http://www.iesf-jni.org

Les entreprises
GRL ARKEMA http://www.arkema.fr/fr/arkema-en-france/centres-de-recherche/lacq-r-d/
TOTAL http://total.com/fr/pau-CSTJF
DAHER SOCATA http://www.daher.com
SAFRAN TURBOMECA http://www.turbomeca.com/?lang=fr
SAFRAN MESSIER http://www.safranmbd.com/?lang=fr
BACK PLAN  http://www.backplan.fr/fr/
ARELEC http://www.arelec.com

Les conseils
Cabinet Fidal http://www.fidal.fr/les-bureaux/ville/74/pau.html
HELIOPARC http://www.helioparc.fr

Les écoles d’Ingénieurs du Bassin de l’Adour
CESI http://www.eicesi.fr/centre-pau.asp
ENIT http://www.enit.fr/fr/index.html
ENSGTI http://ensgti.univ-pau.fr
ESTIA  http://www.estia.fr
EISTI  http://www.eisti.fr/?q=node/60
ISA BTP  http://isabtp.univ-pau.fr/live/

Autre
Conseil Général des Pyrénées Atlantiques http://www.cg64.fr

Arelec, une success story à la Béarnaise

USINE EXT (1)-1En 1955, Roger Charpentier crée l’entreprise Arelec, la première usine est à Bizanos, puis une structure plus fonctionnelle et moderne est construite à Idron. Actuellement Arelec, dont le capital est détenu par la famille Donjon à hauteur de 41,7% et par Ciclad (fond d’investissement) : 58,3%, est implantée à Lons. Là est son siège social, une unité de production, de R&D (Recherche et Développement) et de vente.
Depuis sa création, elle développe des produits magnétiques. Elle a d’autres établissements en France : Paris, Limoges. Elle produit et vend en Espagne (Vitoria) et elle a délocalisé partie de sa production en Tunisie. Elle achète et vend en Chine grâce à son bureau de représentation à Shanghai. Elle achète en particulier des terres rares, matières premières de certains de ses produits.
Elle emploie 230 salariés en incluant les filiales espagnole et tunisienne et le bureau de Shanghai, dont 105  en France. L’établissement de Pau avec  90 employés est le plus important.
Sur l’exercice 2013, Arelec a réalisé un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros dont 37% à l’export. Prévisions pour 2014 : 17,4 millions d’euros et 40% à l’export.

A l’origine, elle a su profiter de la vogue des premières cuisines pas encore intégrées mais déjà équipées d’éléments en Formica, en produisant et vendant des fermetures magnétiques pour meubles. Ses clients étaient alors les cuisinistes des années 60, les fabricants de meubles en série, le secteur de la menuiserie. Le particulier pouvait acheter les produits d’Arelec dans les quincailleries.

En parallèle, elle offre au secteur industriel des produits pour fixer, fermer, lever machines et produits semi-finis, par exemple des fermetures magnétiques pour des fours ou des machines ou encore des systèmes de levage, des supports aimantés…

En 2010, 65 % de sa production est destiné aux entreprises industrielles.

Depuis, Arelec entretient un partenariat avec certaines d’entre elles qui va beaucoup plus loin que la vente de produits magnétiques ou que laCapture arelec sous-traitance. C’est le plus révélateur de sa stratégie fondée sur l’innovation. Elle apporte son expertise en matière de magnétisme à ses partenaires et met au point avec eux des solutions qui intègrent le magnétisme à leur produit. Ainsi Arelec intervient dans la fabrication des éoliennes offshore intégrant des rotors à aimants permanents. Et nos automobiles, nos machine à laver, nos réfrigérateurs sont eux aussi, « aimantés » par Arelec.

Enfin, Arelec développe des produits destinés à la PLV (Publicité sur le Lieu de Vente) tels que des fermetures de présentoirs, des étiquettes aimantées à forte fixation, des aimants pour le maintien des affiches grand format. Spécificité de ces produits, ils peuvent être déplacés lors d’un réagencement sans dégrader le support.

Actuellement, les clients d’Arelec sont, au principal, des entreprises industrielles. Cependant elle ne néglige toujours pas la vente au consommateur final via les quincaillers et les grandes surfaces. Depuis le mois de juillet, nouvelle expérience : elle a ouvert un site d’e-commerce, grâce auquel le particulier peut directement consulter et passer commande.

aimants arelec« C’est une première pour nous, puisque jusqu’alors, nos produits n’étaient vendus qu’à de gros distributeurs », commente Benoit Donjon, directeur administratif et financier, également chef de projet. Le site s’intitule  http://www.aimants-et-idees.fr, il regroupe déjà plus de 300 références de produits, une gamme très variée qui se développe de jour en jour : buttée de portail, barres aimantées pour la cuisine, aimants pour tableaux blancs, punaises, ruban magnétique adhésif… et la toute dernière nouveauté, le papier photo magnétique. Pour éviter les frais de port le client peut même venir récupérer sa commande sur place.
Depuis le début de l’année 2014, le nombre de commandes passées sur le site de e-commerce a augmenté de façon significative se réjouit Benoît Donjon. Le site semble avoir décollé

La famille Charpentier est arrivée dans le Béarn pendant la deuxième guerre mondiale, fuyant l’invasion allemande. Elle y est restée et a contribué au développement économique de la région. Et elle n’est pas la seule dans ce même cas. Faudra-il des circonstances aussi tragiques pour que des entrepreneurs, au sens premier du terme, viennent s’implanter à Pau et y créent richesse et emploi ? Notre futur président de la Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées, en charge de la politique économique, prendra-t-il conscience que la prospérité de l’agglo et de ses habitants, son attractivité dépendent plus de l’activité économique qui s’y développe que des équipements collectifs en forme de monuments pharaoniques et surdimensionnés que l’on y érige ?

– par Hélène Lafon