Plus elle tournera tard, plus la roue tournera vite.

Plus elle tournera tard, plus la roue tournera vite ! Et plus la vitesse augmente plus le choc est violent. Les gilets jaunes ne sont qu’un tour de chauffe et s’ils recueillent une majorité de sympathies c’est parce que le mal du pays est plus profond. Quelques idées ?

1) l’assemblée nationale ne représente pas le pays réel ,
2) la majorité présidentielle est une fiction qui permet en fait à un président de gouverner les mains libres en considérant que ses idées expriment celles d’une majorité de la nation , la minorité ne servant à rien ,
3) la meilleure preuve en est que bien des lois sont votées par une poignée de députés présents ,
4) ainsi sont-ils rémunérés sans aucune obligation d’être à leur mission ,
5) ils bénéficient aussi de privilèges puisqu’ils n’ont aucun compte à rendre pendant leur mandat,
6) tous les politiques condamnés pour des délits affectant les finances publiques ne sont jamais emprisonnés profitant d’un système pénal immoral,
7) Et tout est là en réalité ! La morale, le bon sens populaire , la chose la mieux partagée , comme disait DESCARTES , n’y trouve pas son compte quand …
– le travail est moins rémunéré que le chômage,
– des familles modestes ne peuvent se loger décemment,
– des trafiquants peuvent agir impunément,
– l’ordre et donc la paix ne sont plus assurés,
– les forces de l’ordre ne sont plus respectées,
– on peut s’interroger sur l’utilité d’un conseil économique , social et environnemental qui sert surtout à apaiser la peine de candidats non élus ou réélus,
Etc, etc .
Les gilets jaunes c’est aussi un peu tout cela et on attend en vain une parole du président ou du premier ministre.
La gouvernance doit refléter ce que ressent profondément le pays et quand personnels soignants, enseignants, forces de l’ordre affichent leur insatisfaction, quand le vivre ensemble s’efface devant des revendications idéologiques, on peut craindre que les gilets jaunes ne sont  que le prélude à des protestations dont la plus violente, malgré sa passivité, pourrait être une abstention électorale massive.

Pierre Esposito

Un gilet jaune à l’assemblée

Il a eu un geste bien gascon, Jean Lassalle quand il s’est assis sur les bancs de l’Assemblée Nationale avec son gilet jaune passé sur lui. Un geste que n’aurait pas renié Aramits (Henri d’Aramitz), originaire de la vallée de Barétous, Athos (Armand de Sillègue d’Athos d’Autevielle), né à Athos Aspis, Porthos (Isaac de Portau), né à Pau, deux autres Béarnais, et d’Artagnan, né bigourdan dans le village éponyme. Ils avaient, ces quatre Mousquetaires, avec leur parler fort, leurs gestes rugueux, leur accent qu’ils portaient en oriflamme, des entreprises courageuses et un tantinet provocatrices. Nous avons, de ces lectures de jeunesse, gardé le goût des coups de mains osés, de la vaillance désintéressée, du panache tout simplement et c’est dans cette tradition des héros d’Alexandre Dumas que s’inscrit le geste du député des Pyrénées.
-Ralliez-vous à mon panache jaune !
Que n’as-tu lancé ce cri, emprunté au bon Roy Henri, aux représentants du peuple, réunis en conclave dans cette enceinte sacrée, alors sidérés. Face aux injonctions brutales du Président de l’Assemblée, ton silence obstiné et ton attitude butée étaient eux aussi bien dans la tradition gasconne. Car dans la mêlée on ne recule pas… L’attitude des députés de la majorité à leur retour dans l’enceinte a été bien décevante : ovationnant la morgue d’un ex joueur de poker qui aurait pu, pour une fois, prendre un ton différent de ses postures de matamore habituelles. Comme si, le Louis XIII du roman de Dumas, installé royalement à l’Élysée, était directement menacé par le port éphémère de ce simple gilet. N’est pas Richelieu qui veut… N’y avait-il pas pourtant de la part du chef de l’état de la sympathie à l’égard du député béarnais ? Une complicité entre pyrénéens qui est allée jusqu’à l’offre d’un maroquin refusé pour ne pas sacrifier une indépendance chèrement acquise ?
Dans la politique moderne qui repose sur la communication, un geste en dit parfois beaucoup plus que de longs discours subtils, alambiqués et complexes à saisir. La pensée complexe est nécessaire certes, mais dans ce contexte émotionnel elle n’est pas captée. Mettre un gilet jaune à l’Assemblée cela veut dire beaucoup de la part de quelqu’un qui a arpenté les routes de France pour consigner les doléances citoyennes. Doléances auxquelles l’establishment, politiques et journalistes, n’ont attaché que peu de valeur. Ils auraient dû le faire et peut-être nous n’en serions pas où nous en sommes.
C’est ainsi qu’un esprit libre et indépendant s’exprime : par un geste simple qui parle à tout le monde. Une communication modèle à étudier dans les écoles spécialisées. Le geste a été sous-estimé par les médias nationaux : certains l’ont passé à la trappe, d’autres s’en sont gaussé. Ils ont peur de déplaire à un pouvoir qui pourtant ne les soigne guère… Disons-le : il est dommage, scandaleux même que sur les barrages des gilets jaunes, les journalistes soient l’objet de la vindicte populaire. Peut-être devraient-ils néanmoins faire leur examen de conscience et se poser la question : « avons-nous traité avec équité ce mouvement qui nous ressemble si peu ? »
Mais désormais nous avons les réseaux sociaux. Quoiqu’ on en dise c’est un progrès démocratique. C’est ce qui a permis la mobilisation des gilets. Une « première ». Un moment historique. Il y en aura d’autres qui vont se multiplier tous azimuts. Il n’y a pas besoin d’être madame Soleil pour le prédire. Il faudra intégrer cette diffusion horizontale qui débouche désormais sur des actions concrètes, trouver des réponses appropriées à leurs demandes, organiser le dialogue et un encadrement idoine qui préserve l’ordre républicain.
Ainsi malgré le boycott des « grands médias », malgré (ou à cause) de la réponse méprisante et violente du Pouvoir à ce geste inoffensif, les images de ce gilet jaune à l’Assemblée ont été vues par plusieurs millions de personnes sur internet. Elles sont rentrées dans les foyers et ceux qui se posent tant des questions sur la capacité d’écoute des représentants qu’ils se sont choisis se sont sentis entendus, pour une fois. Ainsi l’honneur de l’Assemblée Nationale a été préservé bien que son protocole ait été bousculé.

Pierre Vidal

 

Photo AFP 

Ça ne marche toujours pas !

 imgresIl y a quelques mois, lors du changement  de premier ministre, nous avons écrit ceci :
« Un nouveau gouvernement, très bien, mais ça ne marchera pas ! »

Ça ne marchera pas tout simplement parce que ça ne peut pas marcher ! Et à cela plusieurs raisons.
La première est que le président de la république n’a pas été élu sur un programme que la plupart des votants n’ont pas lu ou compris. Son élection n’est pas une victoire. C’est en réalité la défaite de son concurrent qui l’a fait président.
La seconde est que, quoi qu’on dise ou fasse, les responsables politiques qui, pour beaucoup d’entre eux n’ont jamais géré une entreprise ni même exercé une activité professionnelle, sont incapables de réformer un code du travail qui dans le souci d’une protection sans cesse plus grande des salariés décourage ceux qui accepteraient de se lancer dans une création d’entreprise.
Quand un système d’allocations en tous genres, permet à certains de gagner plus sans travailler que d’autres en travaillant, il faut trouver les recettes correspondantes et la compétitivité en prend un coup, en même temps que la consommation.
La troisième est que l’Assemblée Nationale ne reflète pas les sensibilités politiques du pays. Le président de la république avait promis la mise en œuvre d’un scrutin proportionnel, où en sommes-nous ? Cette réforme était sans doute plus urgente que celle du « mariage pour tous « .
La quatrième est que nous sommes en présence de responsables politiques faibles qui, soucieux de conserver leurs privilèges d’élus, n’ont pas le courage d’imposer les réformes qui s’imposent pour ne pas déplaire.
Nous ne pouvons rien espérer du nouveau gouvernement. Nous en serons au même point dans trois, quatre, cinq mois.
Rappelons-nous les incantations du président de la république, des premiers ministres ou d’autres membres des trois derniers gouvernements; la reprise était toute proche et il n’en est rien.
Reconnaissons, toutefois, que nous avons les dirigeants que nous méritons. Nous avons été mal habitués par un État-Providence dont nous attendons tout.
Ça ne changera donc pas non plus tant que ceux qui en profitent généreusement ne feront pas un examen de conscience en se demandant ce qu’ils laisseront à leurs enfants ou petits-enfants.
Il y a urgence à changer nos mentalités qui consistent tout à la fois à dénoncer certains privilèges et à revendiquer le maintien d’avantages archaïques qui ne se justifient plus. »
Nous constatons,  au vu des dernières statistiques sur l’emploi, sans en être fier, ni heureux, que ces propos sont toujours d’actualité. Et nous pensons pouvoir affirmer que le chômage ne baissera pas de façon significative tant que des mesures drastiques ne seront pas adoptées.
Notre pays peut-il continuer à entretenir des clandestins dont beaucoup d’ailleurs rejettent notre civilisation, accepter que des casseurs sévissent sans grands risques, que des tricheurs bénéficient d’allocations en tous genres, qu’on conserve des niches comme le conseil économique, social et environnemental, bien utile pour caser des copains n’ayant plus de mandat électoral, ou maintenir à leur  niveau  les nombres de députés et de sénateurs ?
Des économies, le pays peut en faire, mais encore faut-il une volonté politique en ce sens.

                                                                                                                                                       – par  Pierre  ESPOSITO
Ancien bâtonnier du barreau de PAU

Monsieur le député Thévenoud au champ …du déshonneur

ThévenoudAprès son départ du gouvernement, qu’est donc devenu Monsieur le Député Thomas Thevenoud ? Pointerait-il au chômage ? La réponse est dans Sud Ouest du 10 octobre*, sous la plume de Pierre-Yves Crochet.

Le titre et l’introduction :

Thomas Thévenoud : député absent mais toujours bien payé

Plus d’un mois après sa démission forcée du gouvernement pour non-paiement de ses impôts, le député de Saône-et-Loire n’a été présent qu’une seule fois à l’Assemblée nationale ». (…)

Et encore explique SO dans l’article, il est venu saluer des entrepreneurs de sa circonscription en visite au Palais Bourbon ! Envisagerait-t-il de se représenter ? Les entrepreneurs ont-ils eu le courage de lui tourner le dos ? Ceux d’entre eux qu’un contrôleur du fisc titille à tort ou à raison lui ont-ils remis un dossier pour être conseillés et soutenus ?

Plus loin l’article précise :

Invirable de l’Hémicycle
Un mandat de député dure cinq ans. Thomas Thévenoud dispose donc de deux ans et demi devant lui. Ni son parti ni le gouvernement ne peuvent le forcer à démissionner. Du fait de la séparation des pouvoirs, l’exécutif ne peut interférer avec le législatif. À moins d’être déclaré inéligible par la justice, le député peut continuer à exercer ses fonctions de député. (…)

Donc, la constitution de la France permet à un citoyen élu député de passer de l’exécutif au législatif et réciproquement par la volonté du chef de l’exécutif… Bizarre dans un pays si attaché à la séparation des pouvoirs ! Ne serait-il pas logique que, puisque il a choisi d’abandonner à son (sa) suppléant(e) sa fonction de député pour devenir ministre, il soit dans l’obligation de repasser devant les électeurs pour revenir siéger à l’assemblée nationale. Jusqu’à la Présidence de Nicolas Sarkozy, c’était d’ailleurs la règle mais elle a été modifiée et dorénavant, les anciens ministres retrouvent leur mandat de député lors d’un remaniement ministériel. Alors à quoi sert le (la) suppléant(e) si ce n’est à remplacer les morts ?

Et pour finir :

Des indemnités qui continuent à lui être versées.

(…) Seule l’indemnité de fonction (les 1 420,03 euros) peut pâtir du manque d’assiduité d’un député à l’Assemblée nationale. L’article 159 du règlement de celle-ci prévoit une retenue sur indemnité pour les députés qui ne prennent pas suffisamment part aux scrutins solennels. Selon un calcul effectué par Europe 1, la pénalité serait de 940 euros maximum chaque mois (…)

SO nous livre son calcul et au total, annonce : 9 138 euros bruts par mois.
Une honte… alors que les parents qui n’envoient pas régulièrement leurs enfants à l’école peuvent se voir supprimer les Allocations Familiales !

Et pour conclure :
Tous ceux qui ont démissionné pour avoir plus ou moins bafoué leur fonction représentative et la République doivent en faire des cauchemars la nuit. Et la plupart de ceux qui siègent doivent rêver nuit et jour que, quasiment impunément, ils « oublient » de payer loyer et impôts !
Mais laissons à tous le bénéfice du doute, une hirondelle ne fait pas le printemps…

– par Hélène Lafon
Pau, le 11 octobre 2014

* Pour lire l’article, c’est ICI

Crédit photos : http://www.huffingtonpost.fr/2014/09/09

Hollande doit-il dissoudre ?

assemblée nationale

La situation française est extrêmement critique. Une fronde se constitue dans l’aile gauche du PS contre la ligne Hollande qui pourtant jusqu’à présent n’est faite que de mots.

Manuel Valls n’aurait donc pas de majorité pour défendre sa ligne qui s’appuie principalement sur le pacte de responsabilité et par une économie de 50 milliards sur les dépenses publiques en vue de passer sous les 3% de déficits. Ligne bien douce par rapport à ce qui attend la France en réalité.

Que proposent ces parlementaires, où on retrouve bien sûr notre inénarrable députée Nathalie Chabanne élue par une majorité de Béarnais de droite et du centre ?

« 1 Obtenir une réorientation européenne par un plan de relance contre la déflation et une révision des règles budgétaires insoutenables et ennemies de la croissance et de l’emploi.

 2 Concentrer les moyens publics sur la création réelle d’emplois et, ainsi, intensifier le redressement productif.

3 Défendre des décisions de justice et de pouvoir d’achat. »

Traduction : lancer un plan de relance européen, basé sur des emprunts massifs (on parle là de plusieurs milliers de milliards, garantis bien sûr par l’Allemagne…) Ben voyons ! Ce seraient donc les cigales qui voudraient piller les fourmis.

Pour quoi faire de ces milliards ? Bien sûr relancer la consommation par le pouvoir d’achat, au grand profit de la Chine et de nos partenaires européens puisque notre balance commerciale est calamiteuse.

« Les Français n’ont pas changé depuis le 6 mai 2012, ils sont déçus. Ils ne sont pas versatiles, ni ralliés à l’UMP qui n’a rien d’autre à proposer que la dérégulation et l’austérité. Il est impératif d’exprimer une vision claire et offensive du futur de la France et de son rôle en Europe. Les Français ont le sentiment que la politique qu’ils avaient choisie n’est pas assumée. Ils nous l’ont dit dans les urnes. »

L’erreur de diagnostic est incroyable ! En mai 2012, une petite majorité des Français n’a pas voté pour Hollande et son programme démagogique, mais contre Sarkozy. Et quand même pas loin d’un sur deux s’est  exprimé en sa faveur…

Certes, il y a bien une petite minorité de Français, qui pensent qu’il faut continuer à s’endetter en ne se préoccupant pas de ce qui se passera demain. Mais une immense majorité a compris qu’on ne peut pas continuer à vivre en faisant des dettes qui seront payées par nos enfants, qu’on ne peut multiplier sans cesse les emplois dans la fonction publique. Ils l’ont d’autant mieux compris que nos voisins européens montrent qu’une politique de rigueur obtenant des résultats est tout à fait possible.

Heureusement l’Europe est là pour nous protéger de la faiblesse de nos dirigeants. Allez Angela, tiens bon! ( « L’Europe dans la main d’Angela » 28 novembre 2011)

Ces trublions irresponsables demandent que Hollande respecte son programme, il faudrait leur rappeler qu’il prévoyait le retour à l’équilibre budgétaire en 2017 !!! On en sera loin puisqu’il vise maintenant 3% de déficit par rapport au PIB soit un objectif rabaissé de plus de 90 milliards d’euros !

Devant cette situation ubuesque, qui ne peut que durer, la dissolution semble inéluctable. Elle permettrait de remettre un peu de réalisme dans la vie politique française, mais Hollande en aura-t-il le courage ?

A défaut, un gouvernement Valls condamné au compromis avec ses députés irresponsables ne fera qu’aggraver la crise française.

Pauvre France !

 

par Daniel Sango

Une loi inapplicable.

 imagesCe mercredi 4 décembre 2013, l’Assemblée Nationale a voté en dernière lecture la loi visant à pénaliser l’usager de relations sexuelles tarifées. Qui dit dispositions pénales dit forcément répression. Comment les policiers et les gendarmes pourront-ils appliquer ces dispositions dont le côté pratique a visiblement totalement échappé au législateur ?

 Il ne s’agit pas de revenir ici sur les motivations de ceux qui sont à l’initiative de la loi. La suppression de la prostitution, cet esclavagisme honteux, constitue leur préoccupation essentielle et c’est particulièrement honorable.

 Il ne s’agit pas non plus, à l’instar des syndicats de police, de dire que les services répressifs ont autre chose de plus important à faire. Parce que ce ne sont pas ces derniers qui déterminent les priorités mais leur hiérarchie. A moins que, au sein de cette administration,  la hiérarchie ne puisse décider sans l’accord des syndicats.

 Il ne s’agit pas encore de raisonner sur les mesures socio-éducatives destinées à éduquer les adeptes habituels des amours tarifées. Ni même de gloser sur leur coût.

 Il s’agit plus simplement de se mettre « dans la peau d’un flic » pour savoir comment s’y prendre pour établir de manière incontestable l’infraction du niveau de la contravention, prévue et réprimée par la loi. Le rapport sexuel doit donc être tarifé et non pas gratuit, spécifie celle-ci. Toute la difficulté se trouve dans ce mot « tarifé ». Nul doute à ce propos, que la jurisprudence sera, dans un premier temps, pour le moins hésitante.

 Rappelons en premier lieu que la charge de la preuve incombe au service répressif ou si vous préférez à l’accusation. Dans l’hypothèse où, après une surveillance, le policier interpelle un « consommateur », imaginons ce dialogue qui n’aurait rien de surréaliste :

 Le flic : Bonjour monsieur, vous venez d’avoir un rapport sexuel avec une personne qui exerce de façon notoire le métier de prostituée.

Le client : oui !

Le flic : Avez-vous payé et combien ?

Le client : Je n’ai rien payé.

Le flic (se tournant vers la péripatéticienne) : Ce monsieur vous a payé et combien ?

La péripatéticienne (soucieuse de ne pas perdre un client habituel) : Je n’ai pas reçu d’argent.

 Comment le policier pourra-t-il établir  ce que chacun suppose, mais qui ne sera jamais  démontré de façon incontestable ? Aura-t-il le pouvoir de s’immiscer dans la chambre pour observer s’il y a remise d’argent ou pas ? Sera-t-il interdit à une prostituée d’avoir des relations sexuelles autrement que professionnelles ? Comment dans ce cas d’incertitude, le tribunal appelé à en juger, se prononcera-t-il et appliquera-t-il la sanction ? D’autre part, en l’absence d’infraction prouvée, l’identité du client ne devra pas être relevée. Il semble que le législateur (ou plutôt les vingt de l’Assemblée Nationale qui étaient présents pour étudier ce projet de loi), ne se soit jamais posé cette question.

 Ainsi nous sommes devant une loi inapplicable. Peu importe qu’en Suède  une disposition légale identique ait permis de faire diminuer de moitié la prostitution de rue. Oui de rue et seulement de rue, car il n’existe pas d’autres statistiques. Nous verrons à l’usage que les services répressifs, devant l’impossibilité d’établir de façon formelle cette contravention, finiront par renoncer.

 Alors, les vertueux, les bien pensants, les doux rêveurs, les utopistes, les rigoureux de la morale, les bons apôtres devront se rappeler que les bonnes intentions aussi louables soient-elles, ne suffisent pas.

                                                                                                           Pau, le 5 décembre 2013

                                                                                                          Par Joël Braud