J’ai mal à mon pays. Pour plusieurs raisons.
Il en est une qui est hélas constante : la dégradation de nos paysages (voir par exemple les plaies causées par l’autoroute A 63 à proximité de notre côte). Mais la première raison en ce moment tient à l’image désastreuse que la conduite et l’obstination de M. Fillon donnent de la France, un pays que bien des observateurs étrangers considèrent à peine plus honnête et sérieux qu’une république bananière. Faut-il s’étonner que les taux auxquels nous empruntons soient sensiblement plus élevés que ceux supportés par l’Allemagne ? Comment donner confiance dans les contrats que nous signons, dans les produits que nous exportons si les gens d’ici soutiennent un candidat aux plus hautes fonctions de la nation qui n’est pas plus fiable ? Il y a longtemps que les pays du nord de l’Europe auraient exigé d’un tel candidat qu’il se retire.
La perte de confiance de son électorat n’est pas due à un complot ou à un acharnement, mais à une accumulation de faits troublants qu’il a lui-même créés. Il présente des excuses tout en affirmant qu’il n’a rien fait de répréhensible ! Hélas, son plus probant témoin à charge est sa femme elle-même. Il veut donner l’image d’un mari aimant, mais tout laisse à penser qu’il n’avait pas mis clairement au courant son épouse de son engagement comme attaché parlementaire, la plaçant ainsi en une position fâcheuse. Il se pourrait aussi qu’il n’ait pas rendu service à la carrière de ses enfants en les embauchant dans de telles conditions et en trempant avec son cabinet d’affaires dans des accointances douteuses pour un responsable politique.
Même si les Français manquaient totalement de sens moral, ce que je ne veux pas me résoudre à croire, ils ne pourraient que constater les faiblesses des roueries de M. Fillon. Pour ne prendre qu’un exemple, ils ne peuvent que mesurer la contradiction entre les premières déclarations de M. Fillon, demandant à être rapidement jugé et les dernières récusations du Pôle national financier par ses avocats. Certes deux semaines se sont écoulées dans l’intervalle ; mais peut-on penser que M. Poutine ou M. Trump ne profiteraient pas d’un tel délai dans la défense des positions de la France si par malheur elle devait être la responsabilité d’un tel maladroit ?
Hélas, cette situation n’est pas la seule à me faire souffrir. Constater que le pays ne résorbe pas le chômage comme il le faudrait, observer que le redressement des finances publiques est aussi timide et incertain ne peut que m’inquiéter (et inquiète la Cour des Comptes). Et que penser des sommes perdues avec l’écotaxe en raison de la pusillanimité du gouvernement ? J’ose espérer que ce n’est pas irrémédiable, pas plus que la privatisation des autoroutes (vous étiez bien seul M. Bayrou à ne pas vouloir y consentir !). Et que l’abandon de pans entiers de notre économie en des mains étrangères ne se poursuivra pas. Mais comme il est difficile de nourrir de tels espoirs !
Paul Itaulog
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