L’ours-e dans le Béarn

Il arrive que je me laisse submerger par la colère … et lorsque cela arrive, c’est que je me retrouve face à une injustice, une abomination, une infamie, un abus de pouvoir … je ne vais pas citer tout ce qui me met en rage car cela tendrait à faire croire que je suis souvent en colère tant nous sommes entourés d’iniquités, d’abus et autres préjudices à l’encontre des humains tout comme cela arrive auprès de nos amis animaux. Eux dont il est question aujourd’hui, plus exactement des ourses, ces femelles déposées malgré elles et par la voie des airs sur un coin perdu de nos montagnes des Pyrénées situées en Béarn. Des montagnes qu’elles vont découvrir la peur au ventre, traquées par des opposants à leur venue, ces derniers armés jusqu’aux dents et bien décidés à en découdre avec ces animelles.

Tous se sont donné rendez-vous des flancs jusqu’aux sommets afin de pourchasser ces malheureuses qui, comme Canelle ou Franska finiront (je ne le souhaite pas) par subir la seule loi qui s’impose, celle que l’Homme oppose à l’animal, celle du plus fort, c’est-à-dire la mort ! Et je suis étonnée d’apprendre qu’un député de la région, M. Lassalle pour ne pas le nommer, se tient aux côtés des pourchasseurs, ces pourfendeurs de l’habitat naturel transgressant certaines lois quand ils doivent en être les garants envers ceux que l’on appelle de grands prédateurs tels que le Loup et l’Ours. Il est vrai que s’il nous restait des ours dans nos Pyrénées, nous n’irions pas les chercher ailleurs, seulement voilà, comme le disait M. Lassalle dans un autre temps « nous ne sommes pas racistes pour les hommes, nous n’allons pas l’être pour les ourses (….) d’autant que d’amener un peu de sang extérieur cela a toujours fait du bien à un peuple et je pense que pour les ours ce sera pareil, donc nous allons chercher une belle fille (…) du côté de la Slovénie » ! (vidéo de Baudoin de Menten datée du14 Mars 2010 sur you tube)

Nous privons la Nature de ce qu’elle contient de précieux, faune, flore, ce patrimoine si riche qu’il vient à manquer quand nous nous en privons par la même occasion. Il est vrai que se retrouver face à un ours doit faire un drôle d’effet. Mais c’est là un autre débat qu’il faudrait penser aborder ! Aussi, car il en est question, l’argent prenant le pas sur ce qu’il nous reste de bienveillance, il donne raison à ceux-là qui croient en sa valeur quand celle qui doit nous tenir à cœur devrait nous guider afin de protéger mais aussi réhabiliter la faune, la flore mais également l’ours dans nos chères Pyrénées, ce merveilleux capital que nous transmettons à nos enfants et auprès duquel nous apprendrons à vivre avec tout ce qui nous entoure … dont les ours !

Alors M. Lassalle, s’il vous plaît, revenez en arrière, faites-nous ce plaisir de penser aux humains, certes, mais aussi à l’ours dans ce cas présent … afin que ni l’un ni l’autre ne devienne des marionnettes, la première au bout d’un fil, l’autre de chiffon et toutes deux sans âme …

Bien à vous.

Samie Louve.

 « Pour moi, l’ours n’est pas un animal comme les autres. C’est une dimension de la montagne. (…)

Pour moi, l’ours doit vivre d’abord parce qu’il est le symbole d’une vraie montagne, parce qu’il est en voie de disparition, qu’il est rare de pouvoir sauver une espèce. N’est ce pas là un enjeu et un pari fantastique dont les bergers et leurs vallées pourront être fiers demain? (…)

S’inscrire dans cette démarche donne une autre dimension et une autre légitimité au métier de berger. (…)

L’Ours est le symbole de la vie pyrénéenne et d’une montagne encore libre et authentique où l’aventure est toujours possible. Il est le reflet d’une civilisation et d’une culture toujours vivante. Sa mort entraînerait la disparition inéluctable de cette culture, le début d’une montagne sans âme vouée aux caprices d’une vie artificielle où tout s’achète et tout se vend, y compris les rêves et l’aventure.(…)
Pour que les peluches de nos enfants ne deviennent pas de simples marionnettes de chiffon sans âme, mais restent de fantastiques objets de rêves et d’histoires merveilleuses en prise avec une vraie vie dans la montagne. Il faut sauver l’Ours. Parce que dans les écoles, on a fait rêver les enfants avec des histoires d’Ours et qu’il ne faut jamais tuer les rêves des enfants. Il faut sauver l’Ours. Si nous ne le faisons pas, quel avenir et quelle montagne leur laisserons-nous ?

Si l’Ours meurt, il y aura, je crois, comme une grande obscurité et un froid silence dans nos vallées. Les nuits seront plus tristes, les rêves plus sombres, l’avenir plus obscur. Alors faisons le pari de la vie et de la générosité » (*) Joseph Paroix, Berger en Béarn, 1999)

–       https://www.youtube.com/watch?v=zEX1zx2jgrQ (Jean Lassalle promet des ours dans les Pyrénées 1997-2010)

–       https://www.youtube.com/watch?v=zsiquCLTOHg  (Jean Lassalle ne veut plus d’ours dans les Pyrénées Oct 2018) cherchez l’erreur

L’homme ne vit pas que de pain

Le festival musical de Louvie-Juzon menacé

C’est la rentrée ! Restent les souvenirs de vacances. Une partie non négligeable des estivants optent désormais pour la montagne ; la côte étant saturée. C’est la chance du Béarn et de ses vallées somptueuses. Encore faut-il que cette opportunité soit bien conduite, soutenue par les collectivités locales : les communes, le conseil départemental; l’État en premier lieu… Il n’y a pas que les routes, les chaussées, les infrastructures : ce bétonnage tout azimut qui a pour alibi un prétendu aménagement qui ressemble plus à de la conduite accompagnée qu’à cette liberté que nous offrent les montagnes. Il y a ce supplément d’âme indispensable à l’être humain : la culture dont on a beaucoup parlé durant la campagne présidentielle, désormais la grande oubliée des promesses de la macronie (cf. le « pass-jeunes) pour laquelle on ne fait rien ou si peu ; particulièrement sur les terres qui jadis appartenaient au « bon roi Henri » et sur lesquelles règne désormais qui vous savez.

Un exemple ? Les « Estives Musicales internationales de Louvie-Juzon ». C’était, cette année, la 39ème édition de ce magnifique festival de musique classique. 146 concerts au compteur, tous de grande qualité ; d’une grande diversité dans le répertoire et avec des musiciens prestigieux venus du monde entier. Il n’a pas d’équivalent dans notre Béarn où la musique classique fait l’objet d’un monopole contestable engagé dans un projet risqué d’inspiration « bolivarienne ». Ce festival se déroule dans la magnifique église de Louvie-Juzon entièrement rénovée qui possède un orgue baroque rénové lui-aussi.

Le public y est mélangé : beaucoup de « valléens » qui donnent un coup de main aux organisateurs mais aussi des touristes de passage, étrangers notamment : anglais ou néerlandais par exemple. On y fait le plein régulièrement ; 400 personnes environ, serrées comme des harengs mais attentives et recueillies comme il se doit pour écouter de la musique de qualité. C’était le cas le 22 août pour un concert autour de Gabriel Fauré avec au programme son magnifique requiem. Concert donné par « les voix d’Oxford », chœur mixte de 14 chanteurs et orgue dirigé par Mark Shepherd. Ils ont déclenché un enthousiasme légitime.

Par contre, la tristesse est venue des déclarations de Jean-Etienne Béliard, cheville ouvrière de ce festival quand il a annoncé publiquement que cela serait sans doute la dernière édition de ces « Estives musicales ». L’argent évidemment… Il n’y a pas le compte… Malgré un budget modeste, 33 000 euros cette année, les organisateurs n’ont pas trouvé auprès des collectivités le soutien financier indispensable à joindre les deux bouts. C’est une baisse successive des aides des collectivités depuis 2008. Comme le souligne Monsieur Béliard : « les artistes doivent être payés normalement ». En effet et c’est une question de fond : les artistes ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche. L’époque de la « Bohème » est loin derrière nous, même si l’opéra de Puccini nous émeut toujours autant. Voilà une réalité que nous avons tendance à oublier.

Un festival de cette qualité a des répercussions très importantes pour la vallée et pour son économie. Il participe à sa vie culturelle dont il est un des phares et plus prosaïquement il a des répercussions économiques non négligeables à l’échelle d’une commune qui dépasse à peine les mille habitants. Pour assurer la pérennité de cet événement il faut bien peu au regard d’un budget du type de celui du Conseil Départemental. L’État lui aussi pourrait même mettre la main à la poche, même si le temps est à l’austérité, car les sommes sont modestes et l’homme ne vit pas que de pain…

Pierre Vidal

Le Béarn sur le Tour de France : inutile et coûteux !

henri au tour    C’est la troisième année que le Conseil Départemental finance le tour de France d’Henri IV censé développer l’image et l’attractivité du Béarn. Est-ce vraiment efficient ? On peut en douter.

J’ai eu l’occasion de montrer l’incroyable addiction de nos élus au tourisme ( « Le tourisme, l’activité préférée de nos élus » AP du 20 mai 2018, à relire en cliquant sur le titre). De la commune à l’Etat, tous les échelons de notre invraisemblable mille feuille se sentent investis d’une mission dans ce domaine et œuvrent en ordre dispersé, dans un grand gaspillage d’argent public. Parmi les plus « touristes » on retrouve le Conseil Départemental et son président de l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique (AaDT, ex Comité Départemental du Tourisme), Jacques Pédehontaa dont les pitreries font la joie des media locaux, et sa gestion le désespoir des habitants de Laas dont il est le Maire fantasque. Depuis quelques années ils promènent dans la caravane du Tour de France une copie d’Henri IV et quelques autres véhicules avec l’aide des agences Crea – Sud et Panenka (Quatre véhicules et une douzaine de personnes). Si on en croit le Conseil Départemental, et les media asservis, c’est un succès…

Un succès, quel succès ? Bien évidement la caractéristique de ces initiatives enfantines c’est qu’elles ne sont assorties d’aucune évaluation sérieuse. Est-ce que l’image d’Henri IV donne envie d’aller passer des vacances en Béarn, même accompagné de la poule au pot ? On peut vraiment en douter, car c’est une image du passé, dépassée. Et puis cette démarche est-elle adaptée au public qui la voit ? Certainement pas. Tous les amateurs du Tour de France qui sont au bord de la route connaissent le Béarn, Pau ville étape à de multiples reprises, le col d’Aubisque et autres hauts lieux de la course, ainsi que la campagne béarnaise ont été télévisés longuement des dizaines de fois au nombreux public qui se trouve sur la route du Tour, avec les commentaires « touristiques » toujours flatteurs de l’historien de service. On voit ici la belle coordination de stratégie entre la ville de Pau et le Conseil Départemental… Sacré mille feuille !

Dans ces démarches c’est d’abord l’évaluation du résultat qui compte. Et là, la mascarade continue…

Il aurait été très simple dans les enquêtes que font les agences de demander précisément qu’est-ce qui a motivé la venue de cette personne en Béarn et d’y glisser une case : « la caravane publicitaire du Tour de France et Henri IV ». Le résultat aurait été réel, mais sans doute nul… Alors les agences qui participent à cette action chiffrent  » les retombées médiatiques, mesurées en contre-valeur publicitaire ». Escroquerie évidente qui ne sert qu’à masquer un bide total. On imagine que le compte est fait du nombre de fois où Henri IV et sa caravane sont cité dans les media ou les radio, et l’on calcule le coût d’une publicité correspondante sur ce media. Sauf que c’est stupide puisque les cibles sont aléatoires et les messages non maîtrisés. De plus l’évaluation est faite par les promoteurs de la démarche eux même, gage d’une grande objectivité ! Ainsi cette caravane est surtout très largement commentée dans Sud Ouest, La République, FR3 Pau Sud Aquitaine, tous les media locaux qui font donc de la publicité… pour le tourisme en Béarn…aux Béarnais et cela est comptabilisé… Cela me rappelle cette campagne publicitaire faite pour le Béarn il y a quelques années avec une soixantaine d’affiches très grand format placées…en Béarn .

Alors parlons un peu des coûts de cette action folklorique.

Le budget serait de 320 000 € en coûts externes. Il faut bien sûr y rajouter les coûts internes et comme toujours cela n’est pas directement accessible pour le citoyen.

L’AaDT dispose d’un budget 2018 de 3,3 M€ pour le tourisme (gigantesque !) dont 1,7 M€ de coût de personnel (en augmentation de 21,5% par rapport à 2017 !!!) soit bien plus que les coûts externes !

Avec ce ratio, on peut donc estimer le coût complet de cette opération à 640 000 €.

Et on peut lire dans la presse ( La République) : « La présence du Béarn et du «bon roi Henri» sur le Tour 2017 auraient généré 770 661 euros d’équivalent publicitaire. »

On le voit le résultat est précis… mais en fait calamiteux.

En attendant et comme d’habitude, les contribuables paieront pour une organisation honteuse où des dizaines de fonctionnaires inutiles se marchent sur les pieds, tout cela pour satisfaire l’ego insatiable de politiciens aux compétences douteuses.

Daniel Sango

Crédit photo : Sud Ouest

L’Europe au quotidien

Nous sommes, concernant la construction européenne, passés de l’euphorie au scepticisme. On a vu aux dernières élections italiennes, pays pourtant fondateur du pacte qui nous lie, une formidable montée des partis eurosceptiques. Le départ de la Grande Bretagne bientôt consommé et le sentiment nationaliste exacerbé des pays de l’Europe Centrale sont des symptômes supplémentaires de cette défiance. Le retournement de ces derniers : Pologne, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, longtemps sous le joug communiste et instamment demandeurs de rejoindre le pack européen, est stupéfiant. Leur voisin russe est pourtant candidat au rôle de parrain. Ils y ont goûté et s’il passe à l’acte ce sera une autre chanson. On a vu par le passé que la tyrannie communiste n’était que la suite logique de la politique expansionniste de l’autocratisme russe qui lentement tissait sa toile sur l’Europe Centrale. Que retiennent les peuples des leçons du passé ?

La technostructure européenne est pour beaucoup responsable de ce gâchis. L’ère Barroso puis celle de Juncker s’inscrivent dans la continuité d’une doctrine étroite qui a pour objectif d’imposer partout un libéralisme débridé, effarant pour les populations. Ce n’est pas étonnant de Junker qui vient du Luxembourg longtemps un État prédateur sur le plan financier. Sa nomination fut un symbole en fait… La dérégulation, l’orthodoxie budgétaire, la finaciarisation sont devenues non pas des moyens mais des objectifs en soi. C’est ainsi que, sous l’influence indirecte de la très conservatrice CSU, la Grèce a été mise à genoux et ses habitants ont été contraints, sans discussion, à une cure d’austérité drastique qui s’est traduite par un appauvrissement généralisé. C’est donc ça le but ?

Comme on le sait il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La construction européenne a su résister aux crises politiques majeures et elle a assuré une ère de paix unique dans l’histoire qui s’est accompagnée d’un progrès économique et social en réalité considérable. Prenons, par exemple, la crise Catalane, plus sérieuse qu’il n’y paraît car elle ouvrait une boîte de Pandore dangereuse : aucun dirigeant européen n’est tombé dans le panneau des indépendantistes, montrant ainsi que l’on ne pouvait pas revenir sur l’idée de nation. Nous sommes ainsi désormais très éloignés de la thèse de l’Europe de Régions qui a fait florès il y a quelques années. L’Europe se pose désormais comme une superstructure, un ensemble original dans une construction difficile qui s’inscrit dans une continuité historique.

Comme « Paris ne s’est pas fait en un jour » il ne faut ni désespérer ni renoncer à faire mieux. C’est ce qu’on attend du volontarisme du Président rejoint une nouvelle fois par la chancelière. Mais il s’agit de discours abstraits et sur le terrain on ne voit que les effets contraignants d’une administration lointaine et toute puissante. Il y a des succès pourtant : le programme Erasmus, voilà une réussite concrète qui crée une vraie solidarité de la jeunesse européenne. Mais que sont devenus les projets liés à ce qu’on a appelé la coopération transfrontalière ? N’y a-t-il pas à faire avec nos vis-à-vis Aragonais ou Basques ? Sur les plan des infrastructures à l’évidence… Combien de temps allons-nous souffrir de l’absence de transports collectifs entre Pau et Saragosse ? Combien de temps attendrons-nous un lien ferroviaire nous reliant à l’Espagne ?  Subirons-nous longtemps ce « camino » qui nous mène au tunnel du Somport ? Une route correcte qui conduise à cette infrastructure sous-utilisée et coûteuse -le tunnel- cela devrait être la priorité des priorités  des élus béarnais… De l’autre côté on est déçu du peu de considération des Français… Les montagnes sont donc infranchissables au XXI ème siècle..? N’y a-t-il pas, par ailleurs, des projets environnementaux, culturels, touristiques à entreprendre avec nos voisins ?

Où sont nos bons apôtres qui, la main sur le cœur, prétendent défendre la construction européenne ? C’est au pied du mur qu’on voit le maçon !

Pierre Vidal

Le doute s’installe !*

Actuellement nous sommes assaillis, le mot n’est pas trop fort, d’informations contradictoires. Plus on lit ou écoute la presse plus on doute. Il devient difficile de se faire une opinion sur bien des sujets.

Commençons par le Béarn. Récemment le premier ministre a fait savoir que l’on allait réintroduire des ours dans notre région. Que n’avait-il pas dit là ? Aussitôt les passions se déchaînent et entre les pro-ours et les anti-ours il est difficile d’imaginer un consensus. Ce sujet est un des principaux sujets de discussion chez nous. Les tenants de la tradition évoquent la présence de l’animal depuis la nuit des temps, les autres se posent comme défenseurs du pastoralisme. Alors quand je lis les arguments des uns et ceux des autres, j’ai du mal à fixer mon opinion. Le doute s’installe.

Autre sujet local réveillé lui aussi par l’actualité. Vous avez tous entendu que, du côté du Pays Basque espagnol, ont été installés des portiques d’écotaxe. Cela a eu pour conséquence de détourner un grand nombre de poids lourds vers le Somport. Résultat, la nationale 134 est encombrée, voire saturée. Les voies de communication de la vallée d’Aspe auraient, selon certains, besoin d’être aménagée. Mais les opposants arguent du fait que ce serait dénaturer un des plus beaux sites de nos belles Pyrénées. Là encore une lecture attentive des arguments des uns et des autres ne parvient pas à forger ma conviction. Le doute s’installe.

A Pau, on nous dit que le BHNS (Bus à haut niveau de service) sera en conformité avec les normes les plus exigeantes de l’écologie. Pensez-donc un bus à hydrogène qui n’émet aucun gaz d’échappement. Sauf que, selon ce que nous a démontré un rédacteur d’Alternatives Pyrénées, il faudra bien produire de l’hydrogène et là il y aura pollution. Alors quel sera le réel avantage de cette nouveauté paloise qui est supposée répondre à un besoin très attendu par les Palois. Qu’en penser ? Le doute s’installe.

En 2008 on nous disait haut et fort que le diesel était le carburant le moins polluant. Résultat, dans notre pays, les véhicules circulant au diesel sont devenus majoritaires. Maintenant on nous dit que, toujours sur le plan écologique, le diesel diffuse des particules très dangereuses. Alors le nombre des voitures au diesel diminue. Une analyse très récente fait pourtant ressortir que les voitures au diesel consomment moins que les voitures à essence et que, de ce fait, l’émission de CO2 est plus importante par l’essence. De plus l’énergie fossile est également davantage brûlée par les voitures à essence. Qui croire surtout lorsque l’on sent bien que nos gouvernants trouvent là le moyen de davantage taxer les carburants ? Le doute s’installe.

Certains affirment, d’autres doutent. Qui a raison, qui se trompe ? Bien difficile de savoir. Je me suis toujours un peu méfié des donneurs de leçons, des pétris de certitudes, sans doute en raison de mon esprit indépendant. Et puis, après tout, est-on obligé d’avoir une opinion gravée dans le marbre sur tous ces sujets ? Je pense à cette citation : « L’ignorant affirme, le sage doute, le savant réfléchit » Aristote.

Pau, le 14 février 2018

par Joël Braud

*La citation originale est : « La justice c’est comme la Sainte Vierge, si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe ». Michel Audiard dans Pile ou face, film de Robert Enrico.

L’attractivité du Béarn

Il est vrai que les atouts du Béarn sont importants et dans beaucoup de domaines, la situation géographique pour commencer à une heure des plages l’été et une heure des pistes de ski l’hiver, mais on ne situe pas Pau et le Béarn dans l’hexagone, sauf peut-être au passage du Tour de France et par les sportifs seulement.

Le doux climat dont A.Taylor a fait la promotion au milieu du 19e siècle est aussi une particularité de notre pays, il a permis à la ville de se développer rapidement grâce aux colonies anglaises et américaines.

L’activité industrielle très importante avec des sociétés comme Total, Safran ,TIGF, Lind, les bassins industriels de Lacq, Oloron et les sous-traitants aéronautiques très nombreux et performants.

Le tourisme est favorisé avec un parc national implanté dans une zone de montagnes superbes, des pistes de ski, des gaves qui font le bonheur des pêcheurs même si les saumons sont arrêtés à l’embouchure de l’Adour de façon anormale.

L’université peuplée de 10.000 étudiants est une manne pour l’économie béarnaise.

La filière agro-alimentaire prend une part importante dans l’économie du Béarn avec en figure de proue la société Euralis qui est le leader européen dans le domaine du maïs, les éleveurs et conserveurs sont aussi des acteurs importants.

Le sport béarnais de réputation mondiale avec le concours complet d’équitation, l’hippodrome, le canoë-kayak sur le site des eaux vives, le rugby, le basket, le golf, le Pau Golf Club est le plus vieux club du monde en dehors des îles Britanniques tout en étant d’avant-garde avec des réciprocités directes avec un vingtaine de clubs français et  étrangers.

Pourquoi ça ne marche pas ? Ou sont les freins ?

Il y en a plusieurs et surtout les infrastructures qui desservent le Béarn.

Le rail, on va de Pau à Bordeaux par un tracé de 260kms qui passe par Dax alors que les deux villes sont distantes de 200kms, le temps de transport est aussi long de Pau à Bordeaux que de Bordeaux à Paris. L’accès aux trains en gare de Pau relève du parcours du combattant pour les personnes âgées ou handicapées.

La route est pénalisée sur l’A65 par le prix trop élevé du péage et l’aménagement de la route 134 vers l’Espagne la déviation d’Oloron et la nouvelle route Oloron-Lescar restent désespérément dans les cartons.

La voie aérienne n’est pas mieux servie, si la ligne Pau-Paris est bien desservie c’est à un prix exorbitant, le cabinet CEIS souligne que ce vol est plus cher que Paris…..Pekin. Les autres lignes peu nombreuses ne desservent aucune destination vers le Portugal le sud de l’Espagne ou bien les îles Britanniques.Le nombre de passagers qui passent à l’aéroport est en baisse régulière .

Pau et le Béarn se trouvent au centre d’une zone de 300 kms de rayon qui englobe les villes de Bordeaux, Toulouse, Lourdes, Saragosse, Pampelune, Bilbao, San Sébastien, Bayonne, de quoi faire des échanges de toutes natures, faire venir des investisseurs et assurer l’avenir des jeunes dans ce beau pays de Béarn

Yantet

Crédit image : Wikipédia

Jean Paul Mattei en marche pour l’Assemblée

MatteiDans la seconde circonscription, les jeux sont faits, rien ne devrait empêcher Jean Paul Mattei d’obtenir la consécration.

Nathalie Chabanne, élue par accident il y a 5 ans se présente là avec un grand passif. Elue dans le sillage de François Hollande, elle a très vite montré son vrai visage, frondeuse à la gauche du parti socialiste, ce qui ne correspond absolument pas à la majorité de cette circonscription.

Il faut dire un mot des Républicains absents du second tour qui dans notre Béarn ne sont pas capables de présenter des candidats de grande qualité. Ce sont des candidats d’une autre époque, ayant intrigué dans le parti pour enfin décrocher ces investitures. Les Républicains doivent eux aussi se mettre en marche pour rénover de fond en comble ce parti, en balayer ces vieux cadres et faire la place à des nouveaux visages ayant démontré leurs compétences dans leurs vie professionnelle et ne désirant pas faire carrière en politique.

Le débat de ce matin sur France Bleu Béarn n’a rien apporté, il fut simplement un commentaire de la situation nationale, Mattei modeste, Nathalie Chabanne résignée, on aurait dit une discussion entre journalistes, sauf sur la fin quand l’échange s’est porté sur le développement économique local, domaine où le député n’a pas un grand rôle…

Revenons à Jean Paul Mattei, il ne correspond pas bien sûr totalement au profil du marcheur moderne puisqu’il trempe dans la politique locale depuis des décennies, mais il faut lui reconnaître de grandes qualités. Il a tout d’abord fait la preuve de ses compétences en développant son étude notariale. Il possède en plus toutes les connaissances pour effectuer au mieux les tâches d’un député. Il a enfin un excellent relationnel, il saura être à l’écoute des électeurs. Il aurait pu obtenir l’investiture En Marche sans l’aide de Bayrou.

Il a évidemment un grand défaut, il appartient au MoDem, ce petit parti (14 000 adhérents) dirigé autocratiquement par François Bayrou depuis des années (et UDF avant). C’est aujourd’hui pour lui l’occasion de s’en affranchir car il n’a plus rien à y prouver. Il a par le passé montré qu’il savait être très critique vis à vis de François Bayrou, pour ne pas dire plus. On attend enfin un langage de vérité, à commencer par les affaires qui concernent le fonctionnement du MoDem, sujet qu’il a éludé malgré la question du journaliste. Dommage.

Dans ses premières réactions aux résultats du premier tour et dans le débat il n’a cessé de répéter : « Il faut faire de la politique autrement » « une nouvelle ère de la politique (commence) ».

On attend cela avec impatience en Béarn !

Daniel Sango

Crédit photo : La République

Législatives en Béarn : En Marche à reculons ?

LégislativesCeux qui par le passé ont lu mes billets d’humeur savent combien je suis critique vis à vis de cette classe de politiciens « professionnels » ou voulant le devenir, prêts à tout pour être (ré) élus. Le vent d’En Marche semble donc souffler dans la bonne direction. Qu’en est-il en Béarn, et ce dans tous les partis ?

La France est prisonnière de ses élus. Prêts à tout pour continuer leur représentation ils ont été incapables de réformer la France qui est maintenant le mauvais élève de l’Europe. Les partis, creusets de toutes ces compromissions, sont aussi remis en cause. Enfin ! Ce serait donc la fin de ces élus dont on peut décrire quelques traits marquants.

En général ils ont commencé leur carrière jeune, dans la base d’un parti, puis ont appris à ramer, à avaler des couleuvres, à lécher des bottes du puissant pour enfin obtenir l’indispensable sésame : l’investiture. Ensuite si on a choisi l’un des deux ou trois bons maillots, pas besoin d’être brillant, ni d’avoir des idées, il suffit d’être patient, l’alternance leur offrira pitance…

Certains sont plus rapides, ils ont par copinage, ou autre moyen amical, réussi à obtenir le poste d’attaché parlementaire et adopté bien sûr la carte du parti de l’employeur. Ils ont vu qu’être député ou sénateur c’était vraiment un job en or, très agréable. A la première ouverture ils ont passé le pas et obtenu la promotion de leur rêve.

Certains autres ont commencé comme les premiers, mais ils avaient une qualité supplémentaire : la mobilité pour changer d’employeur. Faculté qui peut faire gagner du temps pour gravir les étapes en utilisant au mieux le vent. Et leurs convictions me direz-vous ? Mais non, ne soyez pas mauvaise langue, regardez, ils étaient en avance sur leur temps…

Il y a aussi ceux qui, comme les artistes, sont génétiquement doués, et que papa, élu depuis des décennies, propulse dans le bain grâce à son carnet d’adresses. Ben voyons quel mal y a-t-il a être doué de père en fille pour la politique ?

Certains autres encore ont aussi commencé comme les premiers, mais disposaient d’un atout majeur, c’étaient des femmes. Dans les partis il y a peu de femmes, car l’esprit féminin s’accommode mal de ces magouilles et autres compromissions. C’est la voie royale pour celles qui militent puisque la loi impose une (qualificatif au choix du lecteur) parité.

Ils ont tous, dans leurs mandats, utilisé à fond la démagogie, distribué généreusement moultes subventions, entretenant à grand frais les jeux du cirque, veillant à ne vexer personne, à ne perdre aucune voix, en vue de leur indispensable ré élection.

Une fois élus, ils ont tous le même réflexe : trouver à tout prix un second mandat de manière à ne plus jamais retourner dans la vraie vie. Elu, c’est un sacerdoce disent ils, mais c’est quand même mieux…

En général ils ont un métier, souvent fonctionnaire, dans lequel ils ont peu travaillé et où très souvent, s’ils l’ont fait, n’y ont guère brillé.

Mais les français ont tout compris, et Emmanuel Macron l’a proclamé : tout ça c’est fini ! Place à la société civile, aux chefs d’entreprises, militaires, commerçants, agriculteurs, etc.   qui ont réussi professionnellement, démontrant désintéressement, dynamisme, capacité d’innovation, esprit d’équipe, communication, humanisme, etc. Ils ne feront qu’un ou deux mandats maximum avant de reprendre leurs carrières professionnelles.

Enfin le Béarn va avoir des élus formidables !

Euhhhh, sur la ligne de départ, ça n’a pas l’air d’être vraiment cela…

Même les représentants d’En Marche ont un air de déjà vu et revu… C’est vrai que c’est Bayrou qui a choisi les candidats… Le MoDem serait-il En Marche à reculons ?

Nous allons donc dans les prochains articles, passer en revue les candidats des trois circonscriptions qui briguent nos suffrages (et je suppose que de nombreux rédacteurs le feront aussi). Nous commencerons bien sûr par éliminer les représentants des partis d’extrême droite et d’extrême gauche dont le programme serait mortel pour la France, puis tous ceux dont le parcours vient d’être plus ou moins décrit.

Daniel Sango

Trente ans de dégustation quotidienne de nitrates et pesticides dans le Nord de Pau, et l’eau n’est pas transparente !

hand pours water into a glass from faucetL’eau potable dans le Nord de Pau est douteuse, mais en plus elle est trouble. La transparence n’est pas le point fort de nos élus, on le savait. Ils ont aussi la lourde responsabilité de ne pas avoir modifié les sources d’approvisionnement en eau depuis plus d’une dizaine d’année.

Résumé de l’épisode précédent, relire « Dégustation quotidienne de nitrates et pesticides dans le Nord de Pau » AP du 7/02/2017)

Pour commencer, il faut clarifier un peu l’organisation de la production et de la distribution de l’eau dans le Nord et l’est de Pau. Le SMNEP (Syndicat Mixte du Nord Est de Pau) est le producteur d’eau pour 5 collectivités (100 000 habitants). En fait, il délègue à la SAUR (Société d’Aménagement Urbain et Rural, société privée). Le Président du SMNEP est JP Peys, Maire de Sauvagnon, également Président du SIAEP Luy Gabas Lées, un des Syndicats Intercommunaux d’Adduction d’Eau Potable, qui distribue l’eau (délègue à la SATEG société privée), client du SMNEP. Pour compléter il faut signaler que la qualité de l’eau aux différentes collectivités peut varier suivant les sources de production et leurs volumes.

Comme je l’ai écrit dans l’article précédent, on sait que la qualité de l’eau produite est très mauvaise sur les puits de Bordes qui récupèrent tous les nitrates pesticides et autres résidus de la plaine agricole de Nay. Déjà en 2010 je demandais à JP Peys, déjà Président, de trouver des sources d’eau de qualité pour remplacer ces forages.

Déjà dans sa réponse du 4/10/2010 il m’indiquait :

« le Syndicat Mixte du Nord Est de Pau vient de lancer la réalisation d’un nouveau Schéma Directeur qui prendrait en compte progressivement la substitution de certaines des ressources »

Les solutions étaient nombreuses. D’une part, on pouvait regarder du côté des sources disponibles telles que celles utilisées. Une recherche a été lancée, mais elle n’a pas vraiment abouti.

On savait aussi que la nappe (nappe du gave de Pau) exploitée à Baudreix donnait de bons résultats, il était donc très facile et rapide de forer un ou deux puits à proximité pour pouvoir fermer les puits de Bordes incriminés. Cela n’a pas été fait, pourquoi ?

A-t-on préféré  continuer à amortir les installations de Bordes au détriment de la qualité de l’eau ?

Les habitants dégustaient donc nitrates et pesticides, mais dans des limites jugées acceptables, jusqu’à mi 2014 où il a été décidé de rechercher les produits issus de la dégradation des pesticides, des produits aux noms charmants : les métabolites (ESA et OXA), de l’acétochlore, de l’alachlore, du métazachlore et du métolachlore. L’alachlore est le composant actif du Lasso, le désherbant utilisé dans la culture du maïs, interdit depuis 2008.

Et là, comme on pouvait s’y attendre, les taux de ces produits sont trouvés à des teneurs dix fois supérieures à la norme, les pesticides n’avaient pas disparu, ils avaient été dégradés… On considère que ces métabolites ont une toxicité analogue à la molécule mère puisque leur limite admissible est la même.

Comment est-il possible que personne n’ait su que les pesticides se dégradaient rapidement en des métabolites tout aussi toxiques et donc qu’on allait inévitablement les retrouver dans l’eau produite à Bordes? Cela paraît pour le moins curieux et grave. Car lorsqu’un produit de ce type est mis sur le marché il est inévitable que l’on connaisse son interaction avec les sols. Et on sait très bien que la demi vie de la molécule active est très courte (quelques jours, voire semaines) On connaît aussi son mécanisme de dégradation et donc ses métabolites.

A partir de ce moment (mais peut être bien avant), les élus et les autorités savent qu’une majorité des habitants du Nord et de l’Est de Pau boivent une eau qui dépasse la limite ( Syndicat d’Arzacq, Syndicat Luy et Gabas Ouest, Syndicat Luy et Gabas Centre, Syndicat Vallées de l’Ousse Ouest)

Plus grave, ils savent que cela fait près de vingt ans ou plus que ces habitants boivent une eau non conforme !

 » la dégradation observée depuis 1985 de la qualité de l’eau issue des forages de Bordes (augmentation continue de la teneur en nitrates) et des non conformités récurrentes aux limites de qualité pour les pesticides des eaux mises en distribution…« (délibération SMNEP du 26/11/2015).

Mais rien ne s’accélère.

L’information donnée en 2015 (Rapport annuel 2014 de l’ARS, Agence Régionale de Santé ) minimise la situation, on aurait eu des mesures « momentanément hors norme ». Forcément elles ont débuté mi 2014 et une partie d’entre elles a été faite sur les eaux non polluées de l’Ouzom et des sources ! Toutes les mesures faites à Bordes et à Serres Castet montrent un dépassement de 3 à 6 fois la norme.

Sauf que tous les intervenants savent maintenant que cette situation dure depuis des dizaines d’années…

Les mesures de 2015 confirment bien sûr ces dépassements, jusqu’à dix fois la norme, et, « ces molécules ne présentent pas un danger pour la santé aux teneurs retrouvées »

Pire, le rapport de l’ARS 2015 qui aurait dû être donné aux consommateurs début 2016 n’est pas diffusé par le SIAEP, il ne le sera qu’en janvier 2017 après que la SMNEP ait obtenu une dérogation de la Préfecture… certainement pour minimiser la situation et ne pas affoler les consommateurs. Une rétention d’information illégale.

On s’oriente, enfin, vers de nouveaux forages complémentaires sur Baudreix pour pouvoir fermer les puits de Bordes. Avec ces « mesures correctives » une dérogation est demandée le 16 juin 2016 et accordée par la Préfecture mi décembre 2016 jusqu’à fin 2018.

Une dérogation pour exploiter cette eau avec un taux 20 fois supérieur à la limite maximale autorisée !

Ci dessous extrait de l’arrêté préfectoral du 22/12/2016 :

 Considérant que l’eau produite par le SMNEP, à partir de la station de Bordes, présente des dépassements récurrents aux limites de qualité pour le paramètre pesticides (0,1 μg/L par substance individuelle et 0,5 μg/L pour le total des pesticides) et que cette eau est distribuée, en l’état, aux usagers par les Syndicats de distribution susvisés ;

Considérant que ces non conformités sont liées à la présence de plusieurs molécules issues de la dégradation de substances actives de produits phytosanitaires : métabolites (ESA et OXA) de l’acétochlore, de l’alachlore, du métazachlore et du métolachlore, et que, selon l’avis sanitaire et scientifique de la Direction Générale de la Santé, celles-ci ne présentent pas de risque pour la santé aux teneurs retrouvées ;

Considérant qu’il n’existe, dans l’immédiat, aucun moyen raisonnable pour maintenir la distribution d’une eau conforme aux exigences de qualité ;

…. sont autorisés à distribuer l’eau produite à la station de Bordes par dérogation aux prescriptions de l’article R. 1321-2 du code de la santé publique.

Cette autorisation, sans restriction de consommation, est délivrée pour les métabolites de l’acétochlore, de l’alachlore, du métazachlore et du métolachlore, jusqu’aux valeurs de tolérance maximales suivantes :

– 2 μg/L par substance individuelle.

– 3 μg/L pour la somme des pesticides comprenant les métabolites précités.

On multiplie donc par 20 la limite admissible et bien sûr, aucun risque, d’autant que le cocktail associé de pesticides et nitrates est des plus varié. Ils sont vraiment idiots ceux qui ont fixé une limite aussi basse…

Cette dérogation semble se baser sur un avis de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire Alimentation Environnement Travail) du 2/01/2014 (voir PJ) liée à une pollution analogue à la nôtre, dans les Landes (pesticides liés au désherbage du maïs). Cette étude est réservée aux spécialistes. Elle permet la dérogation, mais écrit aussi dans ses conclusions :

« qu’il convient de mettre en œuvre les moyens permettant de ramener la concentration en pesticides, ou en leurs métabolites d’intérêt, dans les EDCH, au moins au niveau de la limite de qualité réglementaire de 0,1 μg/L dans les meilleurs délais possibles« 

Nous buvons donc de l’eau très largement hors norme depuis plus de vingt ans (depuis l’existence des forages de Bordes en 1985 !), or les études de toxicité de ces métabolites ont été faites sur des rats et des chiens sur des durées de …90 jours. L’ANSES va donc pouvoir venir compter les conséquences médicales d’une consommation de cette eau polluée durant plus de 20 ans dans le Nord et l’Est de Pau. Une expérimentation en vraie grandeur avec de vrais cobayes, à l’insu de leur plein gré !

D’ailleurs, il faut se pencher sur la légalité d’une telle dérogation. En effet, elle n’est renouvelable que deux fois, et encore, pour la seconde fois il faut l’accord de la Commission Européenne. Or ici on accorde une dérogation alors que nous dérogeons implicitement depuis plus de 20 ans !

Côté transparence, c’est pas mieux, l’information du consommateur reste très incomplète.

La note d’information du 14/2/2017 envoyée aux consommateurs par M Peys Président du SIAEP Luy Gabas et Lées indique que les dépassements de la norme existent depuis 2004 mais passe sous silence la nature du polluant, l’ampleur du dépassement et surtout la durée car cette pollution a toujours existé ! Sauf qu’elle n’était pas mesurée !

Comment une limite sanitaire peut passer de 0,1 µg/L à 2µg/L soit une multiplication par 20 ! Cela pourrait se comprendre pour une période courte dans le temps.

Qui est irresponsable ? Celui qui a fixé la norme à 0,1 µg/l ou celui qui délivre une dérogation alors que le dépassement de dix fois dure depuis plus de 20 ans, et qui dit que cela n’a aucune conséquence sur la santé ?

Aujourd’hui, deux puits ont été forés à Baudreix ils doivent être raccordés et mis en production rapidement. Il faudra peut être faire un bilan des conséquences de ce dépassement durant une aussi longue période sur la santé…

La situation est sans doute grave et nos élus n’ont fait preuve ni de professionnalisme ni de transparence. Ils ont une grande responsabilité, ces forages auraient du être faits il y a une dizaine d’année, au moins.

En attendant, la dégustation de nitrates et de pesticides continue,… à votre santé !

Daniel Sango

PJ : info-siaep-qualite-eau

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Dégustation quotidienne de nitrates et pesticides dans le Nord de Pau

hand pours water into a glass from faucetNous vivons près des Pyrénées, mais la qualité de l’eau potable est médiocre, en fait mauvaise. Pourtant, il est très facile d’obtenir de l’eau de qualité. Les élus qui gèrent le Syndicat des Eaux, le SIAEP Luy Gabas Lées qui alimente le nord de Pau ont une grande responsabilité dans cette situation scandaleuse.

L’agglomération paloise a fait le bon choix en terme d’approvisionnement en eau potable. Une résurgence d’eau venant de la vallée d’Ossau délivre une eau intacte de tout nitrate et pesticide. Pas de gros traitement et un tarif intéressant en plus de la qualité.

Le bon sens me direz vous, on est dans les Pyrénées, pas en Beauce. Pourtant il n’en est plus du tout de même dans les communes du Nord de Pau : Uzein, Sauvagnon, Montardon, Serres Castet,Navailles Angos, Buros, Saint Castin, …etc.

Ces communes adhérent en majorité au Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau « Potable » Luy Gabas Lées qui sous-traite l’alimentation à la SAUR. Le Président en est depuis des années JP Peys, Maire de Sauvagnon, bien connu pour son action dans « la mise en valeur » de la plaine de Sauvagnon, pas très écologique ( « L’agonie de la plaine de Sauvagnon » AP du 8 janvier 2017 ).

La qualité de l’eau distribuée est jugée médiocre dans la dernière publication de « Que Choisir »( La qualité de l’eau chez vous : https://www.quechoisir.org/carte-interactive-qualite-eau-n21241/ ).

Dans le dernier rapport de l’ARS (Agence Régionale de Santé) que les abonnés ont reçu avec la facture de janvier 2017 (rapport de l’année 2015 en PJ.  On se demande pourquoi un retard d’un an !) On note :

Le taux de nitrates est élevé, jusqu’à 30 mg/l ( avec une limite autorisée à 50 mg/l)

« La présence de pesticides à un taux supérieur à la limite de qualité a été détecté. Cependant le niveau atteint ne présente pas de danger pour la santé. Valeur maximale relevée 0,930 µg/l « 

La teneur ne doit pas excéder 0,1µg/l. Dix fois la valeur autorisée…

Plus loin :

« Eau de qualité physico chimique ayant été momentanément hors normes. Sur l’eau de la station de Bordes, des teneurs en pesticides (ESA-alachlore et ESA métolachlore) ont été mesurées supérieures à la valeur maximale autorisée qui est de 0,1 µg/l par substances individualisées. Selon l’avis sanitaire et scientifique de la Direction Générale de la Santé, ces molécules ne présentent pas un risque pour la santé aux teneurs retrouvées. »

On se demande bien pourquoi fixer une limite dix fois plus faible puisqu’il n’y a pas de problème…

La cause en est très simple. L’eau provient de forages à Bordes (plaine agricole de l’est de Pau) dans la nappe phréatique qui est très contaminée par les nitrates et les pesticides de l’agriculture intensive. Un complément d’eau provient des captages plus montagnards d’Aygue Blanque et Aygue Nègre ainsi que de l’Ouzom, qui descend des Pyrénées avec une eau de très bonne qualité. C’est cette eau qui, mélangée avec l’eau infecte des puits, permet de faire redescendre les concentrations en dessous des valeurs admissibles.

En fait, dans le Nord de Pau, on boit un premier verre d’eau potable, comme à Pau, puis un second verre d’eau totalement impropre à la consommation…

Et bien entendu, il n’y a aucun risque…

Ce qui est scandaleux, c’est qu’il existe bien sûr une solution simple : fermer les forages, prendre plus d’eau dans l’Ouzom et augmenter les captages.

Il y a 6 ans, je m’étais inquiété de cette situation inadmissible. J’avais écrit aux élus et bien sûr à M Peys, déjà le Président du SIAEP. Dans sa réponse du 4/10/2010 il m’indiquait :

« le Syndicat Mixte du Nord Est de Pau vient de lancer la réalisation d’un nouveau Schéma Directeur qui prendrait en compte progressivement la substitution de certaines des ressources »

Ouf ! Ce que je suggérais était bien pris en compte, c’était même en cours… Mais en six ans : rien de neuf. On voit ainsi l’incapacité de ces élus à traiter un problème pourtant grave, de santé publique. J’ai pris ma plume à nouveau…on verra bien la réponse.

En attendant, la dégustation continue. Est-ce que comme moi vous aimez bien ce petit goût de noisette que donne les acides sulfoniques et oxaniliques de l’alachlore et du métolachlore, et cette finale légèrement tannique des nitrates qui apportent une belle structure et de la longueur en bouche, le tout sur un fond chloré du plus bel effet ?

Vous êtes concerné par ce doux nectar ? Alors diffusez largement cet article à vos amis et mettez donc votre Maire face à ses responsabilités.

Daniel Sango

PJ : Rapport de l’ARS 2015 : eau-potable-2015