Pas de considérations générales ou de théories désincarnées.
Un exemple pris sur le vif, une sorte de reportage palpitant de vie et de féminité. Une gestion bien adaptée, économiquement viable et durable, accrochée pourrait-on dire à ses montagnes. une sorte de perfection écologique et humaine : le cabinet de Marie-Magdeleine Bosco (1) infirmière aux Baronnies.
Où l’on retrouve Marie-Magdeleine, la déesse aux Baronnies, son corps blanc ou ambré suivant la saison et ses yeux myosotis. Un peu avant, ou un peu après, qu’elle soit montée au cieux… Le lecteur attentif choisira sa version. Monsieur PYC lui a la sienne…
Où l’on retrouve, aussi, Béatrice de Planissolles sa cousine bigémellaire (issue de deux couples jumeaux de sexes opposés qui se sont épousés : l’ultime climax de l’endogamie gémellaire et occitane) qui fait les saisons à Ax les thermes, en Ariège, en plein cathare. Elle vient, en morte saison, donner main forte à Marie-Magdeleine avec laquelle elle a fait l’école infirmière à Tarbes au mitan des années 80.
Une cousine plus délurée que Marie-Magdeleine qui, elle, reste une fille créative,, éblouissante de talents, mais naïve et profonde comme l’Adour . Peut-être parce qu’elle a toujours baigné dans une mouvance homosexuelle et ne comprenait ce que lui voulait les jolis garçons.Plutôt, plus simplement, que ce n’était pas son truc...
De quoi parle-t-on ?
Des baronnies sises en Bigorre
Les baronnies en Bigorre sont un petit pays traditionnel. Un pays au sud d’une ligne Lanemezan / Bagnères à main gauche sur l’autoroute un peu après le viaduc de Lanespède. Une sorte de bassin saturé d’humidité autour de la rivière Arros. Tournay, où naquit Francis Jammes, en est le bourg le plus important. Avec deux très beaux monuments l’abbaye cistercienne de l’Escaladieu et le château-fort de Mauvezin. Une micro-région enclavée, en fort déclin démographique (désormais contenu) d’une exceptionnelle richesse écologique et architecturale. Avec une population aux racines très anciennes rejointe par quelques anglais revenus, par une sorte d’atavisme, dans ces montagnes très humides. Des montagnes qui ne sont pas sans évoquer l’écosse ou le pays de Galles.
Et cela même si, rapidement, au dessus dominent des montagnes très élevées, majestueuses et élancées, qui frisent les 3 000 mètres comme l’Arbizon ou le pic du midi de Bigorre : l’olympe du pays Toy.
Un pic au pied duquel depuis 200 ans Marie-Magdeleine habite une de ses vaste fermes, reçue en héritage, de style résolument bigourdan. Tout en lui gardant sa vocation agricole elle l’a transformée en gentilhommière avec jardin d’hiver, salle de billard, et véranda donnant sur le pic du midi dans un village au dessus de Tournay. Avec un parc peuplé de paons bleus et des paons de l’Himalaya, de poules anglaises, de carpes venues du Siam et de Cochinchine. Marie-Madeleine est résolument chic et paysanne. Une gentlelady, un esthète de hautes Pyrénées, amoureuse de son joli pays. Très attachée aux belles choses et aux objet de bonne marque… Une jolie personne qui vote résolument à droite plus par tradition familiale que par une un quelconque orgueil social. L’empathie aux malades et aux cas sociaux nombreux dans ce département plutôt pauvre et votant longtemps communiste lui étant parfaitement naturel.
Ce qui intéresse plus notre sujet des montagnes parcourues de routes terriblement étroites où, très souvent, deux voitures de grand gabarit de ne peuvent se croiser. En particulier les 4×4 des chasseurs les moins fins. Ceux qui traquent les galinettes cendrées et accélèrent et font un détour pour occire les blaireaux qui ont le malheur de passer à portée de roues. Ce qui fait que Marie, pour se faufiler dans ces défilés impossibles, roule en une petite Chevrolet qui fonctionne au gaz qui passe partout gantée en hiver avec de forts pneus solidement crantés.
De quel métier parle-t-on ?
D’un cabinet libéral de quatre à cinq infirmières dirigé par Marie-Magdeleine sous le statut de SCP (société civile professionnelle). Un statut qui permet de mettre en commun les quelques charges du cabinet ( location du local et les stocks médicaux) puis à chacun (en l’occurrence chacune) de profiter des fruits exacts de son travail.
Elle manage ses collègues (Marie, Élodie, Nadège) et toute la logistique médicale et administrative mais sans rapport réel de hiérarchie. La question étant que pour que cela fonctionne bien est une bonne compréhension et un échange constant d’informations. Et des plannings très soigneusement établis par le mari de Nadège, un militaire à la retraite qui a donc beaucoup de loisirs. Il est vrai : à titre, qu’à titre personnel, que Marie-Magdeleine est un peu fâchée avec l’informatique… Mais ne lui dites pas cette fille très douée est aussi très susceptible.
Et chaque jour un passage de témoins entre collègues sur de l’état des malades et de leurs maladies pour un suivi précis et efficace. Et naturellement des comptes rendus et des instructions aux médecins responsables des malades.
Ce qui fait voitures roulent et les portables crépitent de 5 heures du matin à tard le soir y compris les dimanches et les jours de fête. Une mécanique bien huilée qui ne supporte pas l’amateurisme et, moins encore, le laisser aller.
Un cabinet qui tourne bien ce qui permet à Marie-Madeleine de sortir un revenu tout à fait confortable ente 3 et 4 000 euros soit tout de même le haut des revenus des infirmières libérales presque l’étiage des médecins libéraux pas excessivement actifs… ou trop consciencieux. Il est vrai que le cabinet principal sis à Esparros où elles ne font que passer est loué pour une bouchée de pain par la communauté des communes des Baronnies. Une manière d’aider une des rares activités économiques qui fonctionne en sus du tourisme et de l’agriculture.
Pour quelle population ?
Bien sûr beaucoup de paysans souvent dépassés par la tâche et qui ont beaucoup de mal à tout faire tourner.
Des RMIstes du cru ou venu se perdre dans ces jolies montagnes pas si éloignées de Pau de Tarbes ou même de Toulouse.
Egalement un population très âgée au près de laquelle les 4 infirmières et, le cas échéant, Béatrice assurent des prestations d’accompagnement et d’assistance souvent lourds. Avec une densité dans les rapports, et une légèreté proprement occitane, qui n’a rien de ténu. D’autant que les malades comme les infirmières sont des fils et des filles du pays et se parlent en français ou en Bigourdan.
Pour Marie-Madeleine une vraie vocation d’assistance sans ce pays périphérique dans lequel elle est revenue après une carrière classique en hôpital avec par dessus tout une joie et un enthousiasme que coule naturellement.
Avec beaucoup de cas dramatiques et romanesques comme le père qui s’en va mourir à Tarbes et le fils qu’on retrouve, pendu, le lendemain. Mais c’est juste la vie qui suit son cours comme depuis toujours. Et beaucoup de services et de menus cadeaux sous forme de paniers d’œufs, de poulets, ou de pommes de terre.
Également des sidéens venus se ressourcer dans ce pays marginal et magnifique et dont les affections conduisent souvent à la violence et à la folie. Et qui, en dernière analyse, reviennent, le plus souvent, mourir dans leurs enfers urbains.
Mais quand la mort arrive les infirmières se retirent ce n’est plus leur job.
Étrangement de ce métier qu’elle aime et qui la fait bien vivre elle donne une image un peu dévaluée non pas sur la qualité et l’intérêt du travail mais au niveau du statut social. Peut-être un regret de n’avoir pas poursuivi de plus hautes études… Certaine de ses voies restent impénétrables.
Il est vrai qu’elle a vécu en son premier mariage alors qu’elle était monté à Paris au début de sa carrière avec un neurochirurgien, un syrien qui lui fit un enfant un petit prince alawite et occitan, sur qui elle projette beaucoup d’ambition. Il est vrai qu’à se naissance, comme Gabrielle d’ Estrrée, elle a faillit succomber d’éclampsie.
Une étrange vision de la hiérarchie sociale qu’il est difficile d’analyser.
Mais des interrogations sur ma société et le bien vivre ensemble qui l’ont fait intégrer la maçonnerie dans une obédience féminine pas trop marquée à gauche…
Le service rendu.
L’utilité sociale est évidente en aidant, entre autres tâches plus quotidiennes, le plus possible les plus proches de la mort à mourir chez eux parmi les leurs. Globalement une utilité économique dans un environnement qui en a bien besoin et surtout des économies de ressources publiques pour construire des maisons de retraite qui, aussi bien qu’elles soient gérées, ressemblent à des mouroirs.
Mourir et, plus encore, trépasser est certainement un grand passage ; un ultime expérience.
Selon les uns un graal de la souffrance ou une entrée dans l’espérance. Mais mourir chez soi avec le panache somptueux du Pic du midi c’est certainement plus apaisant. Surtout si, aux deniers jours, vous avez vu flotter, dans votre conscience qui se délite, le yeux et le sourire lumineux non de la vierge noire mais de Marie-Madeleine la petite déesse aux Baronnies et ses yeux myosotis. Et le sourire plus narquois mais pas moins miséricordieux de sa cousine bigémellaire Béatrice de Planissolles.
Et si vous la rencontrez, là haut aux Baronnies, bien sûr vous la reconnaîtrez. Naïve et profonde comme l’Adour vous ne pouvez évidemment pas la manquer.
Dites lui que monsieur PYC ne s’est jamais remis de ne plus trouver, au matin, une goutte de son sang sur une compresse d’infirmière. Une goutte écarlate et translucide parmi les philtres surgras qu’utilisent les femelles depuis 300 000 ans et qui embaument l’asphodèle la pervenche et le myosotis.
Et que seules savent encore utiliser les plus jolies des infirmières bigourdanes entre Bagnères et Loudenvielle
Une belle Minerve est l’enfant de ma tête
Une étoile de son sang me couronne à jamais
par Pierre-Yves Couderc
(1) of course les noms et les lieux ont été légèrement modifiés