Agglo paloise – Le Lanot du Castet : pour un futur modèle de nature et d’agriculture en zone urbaine.

Connaissez-vous le Lanot du Castet ?
C’est du Béarnais et cela signifie « La lande du château ». Situé à Lons il s’étend sur une cinquantaine d’hectares d’un seul tenant, entre le quartier du Tonkin, le chemin des Vignes et l’avenue Santona. On peut y accéder par la passerelle du Bois d’amour à Billère ; par la voie nord–sud qui relie la route de Bayonne à la médiathèque de Lons ; ou encore par le chemin des Vignes ou par le chemin Baraqué à Lons.
Magnifique lieu où la nature s’épanouit dans une mosaïque de biotopes par endroits ensauvagés, il se compose de bois de feuillus et d’un sous-bois des plus intéressants, de prairies fleuries, de champs, d’une rivière, de coteaux, d’une saulaie sauvage, de talus et de fossés.

Un peu d’histoire : le Lanot du Castet fut pendant l’Ancien Régime une réserve du château des Seigneurs de Lons. A la fois jardin potager et fruitier, céréalier et jardin des plantes médicinales, ce quartier de Lons figure dans l’inventaire des biens du château L’oustau de Lons fait par le Marquis de Mirepeix le 24 juillet 1717.
Sous l’Ancien Régime les Lonsois étaient affligés par des épidémies, des épizooties, des parasitoses des végétaux d’une part et d’autre part des canicules, des inondations et des hivers rigoureux qui rendaient la vie difficile par l’absence d’hygiène. C’est pourquoi les Seigneurs de Lons avaient consacré les produits du Lanot du Castet à compenser les aléas climatiques et autres catastrophes agricoles, et donc à subvenir aux besoins de la population. Ils avaient pour cela consacré des greniers, des granges, des fenils et des caves, alimentées par les produit du chemin des Vignes.
Voilà pourquoi les Lonsois, en dépit des réformes révolutionnaires, ont toujours préservé le précieux Lanot du Castet, et ont perpétué son nom jusqu’à nos jours (voir le livre « Si Lons m’était conté. » de Philippe Dubourg).

Mais aujourd’hui ? A l’époque où notre société consumériste exproprie les espèces et les espaces, qu’ils soient naturels ou agricoles, un tel lieu en zone urbanisée se révèle être des plus précieux par son intérêt social, et son intérêt écologique.

Social :
« Les antibiotiques ce n’est pas automatique ! »* Et si les forêts aidaient à combler le trou de la sécurité sociale ? Il est scientifiquement prouvé que les lieux arborés et prairiaux, de proximité et particulièrement en agglomération, jouent un rôle positif sur la santé, particulièrement sur le mental.
– les personnes âgées n’ont pas toujours le moyen d’aller en montagne ou à l’océan, ni même dans les coteaux, c’est ici un espace de nature en ville pour elles, et c’est un site de découverte, d’émerveillement et de jeu pour les enfants du centre de loisirs Le jardin de Toni, situé à proximité.
– le Lanot du Castet est un endroit où se pratique des activités de détente et d’entretien (marche, course, vélo). Il constitue une liaison douce pour les cycladins et les marcheurs entre les villes de Lescar, Billère, Lons et Pau,
– c’est un lieu de relaxation, de contemplation, de médiation et de paix.
– c’est aussi un lieu aux multiples ressources. Des balades contés y ont été organisées, des animateurs et des éducateurs y trouvent matière à éveiller les curiosités, les croqueurs au crayon y soumettent leur talent, et parmi les amoureux des mots, les uns y lisent au calme et les autres y puisent l’inspiration pour écrire.
– c’est enfin un lieu où subsistent les dernières terres arables de Lons. Entre 1960 et 2010, la surface agricole utile sur le territoire français a diminué de 25%. Actuellement, la France perd en moyenne 82 000 hectares de terres agricoles chaque année. Quand on sait qu’il suffirait de deux années consécutives de mauvaise récolte dans le pays pour que s’épuisent nos réserves alimentaires, on comprend aisément l’importance de prendre soin des terres cultivables.
Rappelons-nous ce qu’aimait à répéter le ministre Sully à son ami le roi Henry IV « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ».

Écologique :
« Avant que nature meure ! »* Et si nous nous considérions une bonne fois pour toutes que nous sommes partie intégrante de cette nature maltraité ? Nul besoin de la science cette fois pour s’en convaincre, un peu de bon sens suffit.
– le Lanot du Castet est un lieu d’étude pour les naturalistes Palois, qui confirment la richesse des espèces florale et animale, dont certaines sont protégées, tels : le scarabée pique prune, un insecte capable de bloquer un projet autoroutier ; la couleuvre verte et jaune, le triton palmé, la salamandre tachetée, le crapaud accoucheur, le crapaud commun, le pic noir, le faucon hobereau, le hibou petit duc, et plus de trente espèces différentes de passereaux.
– il s’avère être un site de reproduction et une étape migratoire pour de nombreux oiseaux : huppe fasciée, loriot d’Europe, milan noir…
– la présence de vieux arbres permet l’accueil de 4 espèces de pics (vert, noir, épeiche et épeichette), 5 espèces de mésanges (nonnette, charbonnières, bleue, noire, longue queue), de la sittelle torchepot, du grimpereau, de la chouette hulotte, de l’étourneau, de trois couples de milans noirs, d’au moins un couple d’éperviers, d’écureuils, et de nombreux insectes et chiroptères (chauve-souris).
Il a été recensé en ce lieu, en moyenne par hectare, 8 arbres feuillus de plus de 70 cm de diamètre, et même pour certains d’entre eux, 90 cm de diamètre. Des arbres séculaires d’un intérêt premier.
Le ru Lacabette qui coule en fond de vallon est intéressant avec ses mousses, fougères, champignons, gammares, phryganes, tritons, grenouilles… Son approche est en tout point remarquable pour qui veut l’atteindre. Ici il faut enjamber un arbre tombé mais encore utile, là il faut s’accrocher à quelques racines pour ne pas glisser, un peu plus bas vous serez surpris par la luxuriance végétale qui vous fera oublier la proximité de la ville. Qui à l’âme poète ou l’imagination fertile croira arpenter une gorge sauvage des Pyrénées. Une fois la berge atteinte, le cours d’eau s’écoule paisiblement, par endroits sourd de la roche calcaire une eau claire et chantante.
La saulaie accueille de nombreux petits passereaux et est un lieu de repos pour les chevreuils.
Un couple de renard et un autre de blaireaux tentent de survivre en ce lieu qui pourrait tout à fait leur correspondre, pour peu qu’homos sapiens cessent de déverser des ordures à l’entrée des terriers ou d’y faire des feux de camp. Toutefois, ces mammifères fort intelligents font de la résistance. Mes avis qu’ils attendent désespérément qu’on leur attribue quelques zones de quiétude, en déviant le chemin fréquenté par les vététistes, les joggeurs, les chiens en promenades et les noctambules faiseurs de bruits.
Les prairies abondantes en fleurs, revitalisent les populations d’abeilles et de papillons indispensables à la fructification.
Le patrimoine sauvage du Lanot à besoin de cette mosaïque paysagère. Du chemin au ru, du sous-bois au houppier, du talus au fossé, du pré au champ, de la friche à l’arbre, tous sont indispensables et indissociables. Ils ont pour rôle d’être des zones tampon, des espaces refuge, des cantines, des maternités. La nature aussi souffre de la crise du logement et commence à manquer de ressources alimentaires.

Et demain ?
Demain, c’est à dire sans tarder, le Lanot du Castet doit devenir un modèle de nature et d’agriculture en zone urbaine.
Les idées ne manquent pas :
Un circuit pédestre et cyclable, balisé, d’environ 10 km pourrait se faire en boucle par Billère (secteur Lacaou), Lons (Lanot, bois de Lons, coulée verte Paris-Madrid) et Lescar (Lac des carolins).
Des zones de quiétude pour la faune pourraient y être mises en protection. Des panneaux d’information sur la faune et la flore présente, ainsi que des postes d’observation pourraient être aménagés.
Des associations pourraient y proposer des sorties pédagogiques informatives et citoyennes.
Le Lanot du Castet a été répertorié par le service environnement de la communauté d’agglomération paloise comme un site des plus favorables pour accueillir la Trame Verte, Bleue, Noire (végétale, aquatique et nocturne). Le maintien de l’agriculture et la trame Verte, Bleue et Noire valoriseraient la commune comme l’agglomération dans son ensemble.

L’urbanisation, même partielle, du Lanot du Castet, serait un manque pour le bien-être des riverains et des personnes qui s’oxygènent en ce lieu. Elle signerait la disparition de nombreuses espèces car le site subirait un trop profond aménagement (des rues, trottoirs, lampadaires, bâtiments, une viabilisation inévitable…). Les conséquences seraient : la disparition de végétaux et la disparition de zones de nourriture pour la faune, un surcroît de bruit, une pollution lumineuse dérangeante, des coupes d’arbres remarquables et un piétinement excessif du sous-bois. Il entraînerait la fin des terres agricoles à Lons.
Il existe un blog sur le Lanot du Castet : lanot de castet.canalblog.com mais la meilleure manière de le connaître et d’aller à sa rencontre.

Bonne promenade.

– par Michel CHALVET

Bonus : une pétition pour protéger le Lanot est en ligne sur mesopinion.com
* « Les antibiotiques ce n’est pas automatique » était le slogan d’une campagne publicitaire contre la prise systématique d’antibiotiques.
* « Avant que nature meure » est un essai de Jean Dorst, publié en 1965 aux éditions Delachaux et Niestlé. Cet ouvrage est reconnu pour être l’une des premières analyses vivantes et prémonitoires de la crise d’érosion de la biodiversité, aujourd’hui avérée.

Transparence dans nos communes : un bilan contrasté

site Internet   Résumé des épisodes précédents : Après avoir obtenu la mises en ligne des informations financières sur la ville et l’agglomération de Pau nous nous intéressons à ce qui se passe dans les différentes communes ( « Transparence dans nos communes : si on allait voir » AP du 25/3/2018)

 Nous avons donc regardé les sites Internet, et ensuite, dans le cas d’absence des documents souhaités ou de difficulté pour y accéder on a demandé par mail ces documents, souvent via la rubrique « contact » comme tout citoyen lambda. On recherche : Les Comptes Administratifs 2015 et 2016 ainsi que les budgets 2017 (2018 si validé) Ces documents en M14 (version standard détaillée).

 Les communes transparentes

 Deux communes donnent clairement accès à ces documents via une rubrique Budget de leur site Internet : Billère et Serres-Castet. Félicitations.

 Les Communes coopératives

 Documents présents mais pas toujours de rubrique « Budget », un accès un peu difficile mais après une demande, la réponse est rapide, les documents soit existaient sur le site, soit ils sont rapidement envoyés :

Lons : les documents sont dans la rubrique « Lons en bref » puis « Chiffres clés » Pas évident à trouver quand même… La création d’une sous rubrique Budget dans la rubrique Conseil Municipal serait souhaitable.

Montardon : les documents ne sont pas sur le site (ce n’est pas une obligation pour les communes de moins de 3500 habitants) mais ils me sont transmis très rapidement.

Gan : Les documents sont joints aux délibérations du Conseil Municipal.

Lescar : Suite à demande, les documents sont envoyés par mail. Je fais remarquer que ces documents devraient être sur le site. Réponse constructive de Caroline Minvielle (Service Finances): « Notre site actuel ne le permet pas mais il est actuellement en pleine refonte et cette anomalie sera résolue. »

Gelos : Les documents ne sont pas sur le site, mais suite à ma demande ils y sont placés, avec les délibérations.

Bizanos : Les documents ne sont pas sur le site, mais réponse quasi immédiate avec envoi des documents. Comme je suggère que le site de Bizanos devrait permettre un accès direct à ces documents, comme Billère, j’ai un échange exemplaire et très rapide avec Pascale Déogratias, DGS (Directrice Générale des Services) :

« Effectivement celui de BILLERE est très bien je vais remonter l’info et je vais faire insérer le diaporama des orientations budgétaires de 2018. »

Puis quelques heures après :

« Merci, un avis extérieur progressiste et non agressif (ce n’est pas toujours le cas) est toujours le bienvenu et je partage votre avis sur la nécessité de rendre la gestion de nos collectivités transparentes. »

Puis le lendemain

« …juste pour vous informer que mes collègues sont réactives …. Le site sous la rubrique « les chiffres clés » a été amélioré, nous avons tenu compte de vos observations …. à juste titre … on construit les choses à plusieurs c’est bcq plus efficient…     Merci « 

Je crois rêver, bravo Pascale !

Les communes peu enclines à la transparence

 Mazères Lezons : Rien sur le site, à la rubrique budget un court article sur le budget 2016…. Demande par mail, pas de réponse. Relance par mail : pas de réponse. Appel téléphonique : le DGS, M. Domenech s’en occupe. Prêt à l’abandon je relance une dernière fois et enfin obtient satisfaction… dur dur.

Lee : Demande par mail pas de réponse, puis suite à relance, mail de la secrétaire de Mairie demandant des renseignements sur ma personne. Visiblement la demande inquiète…

Puis appel du Maire… Soupçonneux, il souhaite savoir qui est cette personne qui veut ces documents. Son passé de militaire lui donne peut être un réflexe de protection de documents qu’il considère secret défense. Il m’indique que personne ne lui a jamais demandé cela…    Finalement je reçois les documents, je n’étais pas fiché…

Les bonnets d’ânes

 Morlaas :

Sur le site de la Mairie on trouve des résumés concernant Budget et Compte Administratif. Suite à ma demande d’obtention des documents complets, mon interlocutrice, Nadège Mahieu, Directrice Adjointe des Services me fait savoir :

« Le budget dématérialisé et transmis à la Préfecture n’est pas communicable en l’état mais je vous invite à venir le consulter en mairie (cf avis n°20073669 de la Cada). Nous demandons à ce que les personnes nous informent lorsqu’elles viennent consulter les documents car nous ne disposons pas de local adapté. Nous souhaitons également qu’un agent municipal soit présent pour des raisons de sécurité que vous comprendrez aisément, et en respect des règles dictées par la Cada. »
(CADA : Commission d’Accès aux Documents Administratifs : sur saisine des citoyens elle contraint les collectivités territoriales et autres administrations à délivrer les documents demandés).

Alors non, je ne comprends pas aisément qu’il faille se rendre en Mairie, qu’un agent municipal soit présent pour des raisons de sécurité. Peut être serai-je menotté pendant que l’agent municipal tournera les pages à ma demande ? Et moi qui ai besoin de trois journées pour étudier les documents, sans compter les revenez-y, quel coût pour la commune !

Les budgets de Morlaas sont donc plus difficiles à consulter que les vieux parchemins du Louvre ?

Devant cette caricature de transparence, j’ai pris ma plume pour écrire au Maire (par courrier). Dino Forté attache sans doute moins d’importance à ces documents vitaux, puisqu’une semaine après je recevais un courriel de la même Nadège Mahieu avec les documents demandés en pièces jointes…

 Jurançon :

La commune de Jurançon propose une rubrique budget où dans le texte des liens devraient arriver sur les Orientations Budgétaires 2017 et un extrait du Budget 2017. En fait cela n’arrive nulle part, mais suite à ma remarque le lien a été rétabli le 21/03. Pas d’OB 2018, pas de Comptes Administratifs, un extrait du BP 2017. Je fais donc ma demande habituelle. Ne recevant pas de réponse, à ma troisième demande je reçois un courriel m’indiquant que ma demande a été transmise. Suite à une nouvelle relance, on me répond :

« Suite à votre demande en date du 20 mars, veuillez trouver ci-joint :

La délibération n°2016-07 relatant l’adoption du CA 2015 par le Conseil Municipal

La délibération n°2017-18 relatant l’adoption du CA 2016 par le Conseil Municipal

Les documents actuellement en ligne sur notre site internet relatifs au BP 2017 : le document de synthèse présentant le Débat d’Orientation Budgétaire (ROB) ainsi que l’extrait du BP 2017

Pour rappel, ces deux document sont téléchargeables depuis la page « Finances-budget » (dernier paragraphe LE BUDGET 2017), accessible depuis la rubrique VIE MUNICIPALE (menu principal).

 Je souhaitais en outre vous indiquer que, conformément à l’art.L2313-1 du Code Général des Collectivités Territoriales, la Commune de Jurançon met à la disposition du public, en Mairie, les budgets adoptés par l’Assemblée délibérante.

Vous pouvez donc, sur les horaires d’ouverture de la Mairie, venir consulter ces archives si vous le souhaitez. Il en est de même pour l’ensemble des actes intégrés au Registre des Actes Administratifs (RAA).

 Il est recommandé, si vous envisagez cette option, de nous indiquer au préalable le jour de votre venue : cela nous permettra en amont d’aller rechercher dans nos archives, le document que vous souhaitez examiner. »

 Aïe, cela part mal … Ma réponse :

« J’ai bien reçu votre mail et vous en remercie. Depuis mon premier mail l’accès aux documents sur le site est correct. Mais je souhaite obtenir le BP 2017 complet (pas un extrait). De même pour les Comptes Administratifs 2015 et 2016 (Pas les délibérations).

Dois-je comprendre que je ne puis obtenir ces documents, que je ne puis en avoir une copie et que je ne puis que les consulter, et ceci sur place ? »

 Et la réponse que j’imaginais :

« Je ne suis malheureusement pas en mesure de vous transmettre ces éléments en version numérique car nous ne disposons que des seuls exemplaires papiers.

Je vous invite donc à venir en Mairie pour la consultation de ces pièces. »

Bien évidement cette dame se moque de moi en affirmant qu’elle ne dispose que d’exemplaires papiers… qu’il faut aller chercher au fin fond des archives… Peut être a-t-elle mal lu et pense-t-elle que je souhaite le budget de 1917 ?

Je suis obligé de conclure cet échange peu constructif :

« Votre réponse me laisse sans voix… d’autant que ces documents sont dans votre ordi et que vous pouvez les joindre à un mail à ma destination en un clic…

Jurançon serait donc la dernière commune de France à écrire ses documents à la plume Sergent Major ?   Sourire. »

On le voit, la transparence c’est pas encore gagné, mais ça progresse. Ce qui reste étonnant c’est l’immense éventail de la façon dont les communes et leurs fonctionnaires appliquent cette transparence. Il y a du travail, mais il dépend aussi des citoyens d’être curieux…

Prochaine étape, les notes de frais des élus sur Internet ?

Daniel Sango

Mauvais gestionnaires les Maires ?

dépenses  « Les Maires s’insurgent » tel est le titre de l’article du Sud Ouest du 11/07/2015. Ainsi donc nos Maires des Pyrénées Atlantiques seraient maltraités par l’Etat qui leur demande, comme à tout le monde d’ailleurs, de faire quelques menues économies.

Les maires de France ont pour leur immense majorité une vision très égoïste du fonctionnement de l’Etat. Pourtant, depuis des décennies la France, et donc les communes, vivent très au dessus du nécessaire. Pire, ils n’ont fait durant ces trente dernières années aucun effort pour améliorer et rendre performant le fonctionnement de leurs communes, et l’intercommunalité qui devait permettre de faire des économies par mutualisation des moyens est un vrai fiasco. Nos partis politiques ont toujours capitulé devant les Maires car ce sont eux qui constituent le maillage du clientélisme, qui décident des rentes de sénateur, ou des signatures pour les présidentielles, et constituent aussi un bassin d’emploi non négligeable pour leurs encartés …

Ils n’ont jamais voulu fusionner entre communes pour faire de réelles économies d’échelle et de moyens, chose que tous les États européens comparables ont fait depuis plusieurs décennies. Quant à la compétitivité, ou ici la performance, elle est inexistante.

Quelques chiffres :

En 2009 déjà, la Cour des Comptes avait enfoncé le clou et rappelé que l’emploi territorial avait bondi entre 1980 et 2007 de 71,2 % ! A comparer avec les + 14 % constatés dans le même temps dans la fonction publique d’État.

Plus récemment la Cour des Comptes a donné des chiffres sur l’évolution ces dernières années, les collectivités locales ont globalement créé 287 000 postes entre 2004 et 2010 (+ 2,9 % par an), 152 000 de ces postes l’ont été hors décentralisation, soit une augmentation de 1,6 % en moyenne annuelle (+ 25 000 postes par an).

L’emploi a surtout augmenté dans le bloc communal. Dans les communes, il est passé de 956 000 postes en 1998 à 1,14 million en 2010. Et dans les intercommunalités, les effectifs ont bondi durant la même période de 50 000 à 171 000. Pour compléter le panorama de cette gabegie, il faut citer ce que disait Didier Migaud Président de la Cour des Comptes et homme de gauche le 2/07 /2012 en présentant son rapport : « Hors transferts de compétences, les effectifs des collectivités territoriales se sont accrus de plus de 260 000 postes depuis 2002, dont près des trois quarts concernent les communes et intercommunalités ».

 

  « On est à l’os. Que le préfet vienne regarder nos budgets, et qu’il nous dise quelles dépenses sont indues », lance, comme un défi, Jean-Yves Lalanne (Maire de Billère)

Bon, on va regarder …

Comme dans toutes les municipalités, le cancer est constitué par les coûts de fonctionnement et principalement la masse salariale. Evidemment on pourrait trouver de nombreuses sources d’économies dans tous les secteurs, mais la Mairie de Billère ne donne aucune indication sérieuse sur ses budgets et leur évolution.

Il n’y a ni Budget primitif, ni Comptes Administratifs, ni même les délibérations concernant ces budgets sur le site Internet de la Mairie !… Où est la transparence à Billère ? Des choses à cacher ?

Regardons donc quand même a partir du site national « Collectivités-locales.gouv.fr » et le journal publicitaire de la Mairie.

Depuis le création de l’agglomération paloise, la masse salariale de Billère s’est accrue de 42% (5,5 M€ en 2000 à 7,8 M€ en 2013). Pendant le même temps, la masse salariale de la CDAPP, partie de rien, est arrivée à 27,7 M€. L’agglomération est la mise en commun de différents service pour chacune des communes. Billère avec ses 14 000 habitants compte pour environ 10% dans l’agglomération, sa quote-part « masse salariale »est donc de 2,7 M€ a rajouter à l’augmentation communale. Ce qui donne une augmentation de 5,5 à 10,5 M€ soit 5 M€, près d’un doublement de la masse salariale !

D’un autre côté JY Lalanne nous dit que Billère devrait voir sa dotation globale de fonctionnement (DGF) passer de 2,3 millions en 2014 à 1,8 million en 2016 soit une baisse de 0,5 M€

C’est pas sérieux ! C’est rien du tout, et la masse salariale doit sans problème absorber cette baisse, et même bien plus !

Car, en plus, JY Lalanne augmente sans cesse les impôts locaux : le taux communal a augmenté de 1,64%/an de 2000 à 2007 de 1,03 % de 2007 à 2014 et de 2% en 2015 !!! Sachant bien sûr que la base imposable augmente automatiquement comme l’inflation. Produit fiscal supplémentaire : 140 000 € pour 2015. Ceci sans compter les recettes supplémentaires liées à l’augmentation des tarifs dans certaines activités. La baisse de recettes est donc inférieure à 0,36 M€ pour un budget total de 22 M€ soit – 1,6% ! C’est à dire invisible.

On a d’ailleurs déjà démontré, avec l’exemple de la ville de Pau, que l’incidence de la diminution de dotation de l’État était négligeable dans le budget communal : « Bayrou et le budget de la ville de Pau : où est la vérité ? » (AP du 22/4/2015).

JY Lalanne est donc un mauvais gestionnaire, tout comme « André » Bayrou, car il ne diminue pas les coûts exorbitants de fonctionnement mais diffère les investissements. Réflexe de la facilité lié sans doute à son passé de syndicaliste professionnel à la CGT…

Ainsi le budget d’investissement de Billère va évoluer autour de 2 M€ pour les années à venir ce qui est vraiment bas, conséquence de coûts de fonctionnement disproportionnés. Mettons cependant à son crédit la volonté de mutualiser les services municipaux avec l’agglomération ou les communes voisines. Mais il se garde bien de dire comment et combien de postes il pourrait supprimer …

Il est clair qu’une commune comme Billère aurait dû depuis longtemps fusionner avec Pau. Quelle différence entre deux habitants de l’avenue Jean Mermoz ? L’un est palois et celui d’en face Billerois … Ridicule, mais caractéristique de notre invraisemblable désorganisation communale.

Il faut dire à la décharge des maires de l’agglomération que la mauvaise gestion de la ville de Pau et le niveau invraisemblable de ses impôts locaux n’encourage pas à cette démarche pourtant indispensable et inévitable. Et « La folie des grandeurs » d’André Bayrou n’arrange rien !

Pour terminer, il faut mettre une nouvelle fois en exergue le manque de transparence dans le fonctionnement des collectivités territoriales et Billère est gravement coupable, puisqu’on ne trouve rien sur le site Internet de la ville. On attend donc au minimum, les budgets primitifs (M14) et les Comptes Administratifs (pour les 5 dernières années), et avec ces documents, il y aura la possibilité de trouver de très nombreuses autres sources d’économie…

On en profite pour relancer le Conseil Départemental qui, malgré les promesses écrites de JJ Lasserre n’a toujours rien publié, ou la ville de Pau et la CDAPP où malgré nos nombreuses relances les informations sont toujours très incomplètes.

Vous ne croyez pas ce que vous disent vos élus, et vous avez raison. La plainte des Maires est un vilain mensonge, à moins qu’ils ne soient réellement incompétents ou démagogues, ou les deux à la fois…

 

par Daniel sango

Mais qui donc a gagné ces élections ?

abstention-frizou-1Adresse aux élus des quatre plus grandes communes de la Communauté d’Agglomération de Pau Pyrénées (C.D.A.P.P.) qui viennent, croient-ils, de remporter une élection. Vous qui allez vous installer dans le fauteuil de maire, êtes-vous bien certains de représenter la majorité des électeurs de votre commune ?

Il existe en effet plusieurs façons de calculer les résultats d’une élection, quel que soit son niveau d’ailleurs. Est retenue la façon officielle mais une autre, certainement plus significative, plus porteuse de sens, comme on dit maintenant, doit permettre de comprendre la faiblesse actuelle de notre démocratie.

Retenons donc les quatre plus grandes villes de la C.D.A.P.P. et plaçons dans le challenge la catégorie des « non exprimés », regroupant ceux qui se sont abstenus, ceux qui ont voté blanc et ceux qui ont voté nul.

Billère :
– Inscrits : 8472
– Non exprimés : 3422 soit 40,39% des inscrits.
– Jean-Jacques Lalanne : 2971 voix soit 35,06% des inscrits
– Patrick Cléris 2079 voix soit 24,53 % des inscrits.

Lons :
– Inscrits : 9181
– Non exprimés : 3420 soit 37,25 % des inscrits
– Nicolas Patriarche : 3076 soit 33,50 % des inscrits
– Patricia Garcia : 1768 soit 19,25 % des inscrits
– Philippe Arraou : 917 soit 9,98 % des inscrits

Lescar :
– Inscrits : 7531
– Non exprimés : 2191 soit 29,09 % des inscrits
– Philippe Coy : 2670 soit 35,45 % des inscrits
– Christian Laine : 2670 soit 35,45 % des inscrits

Pau :
– Inscrits : 52955
– Non exprimés : 23746 soit 44,84 % des inscrits
– François Bayrou : 18388 soit 34,72 % des inscrits
– David Habib : 10821 soit 20,43 % des inscrits

A partir de ces chiffres il apparait clairement que le principal vainqueur de ces élections municipales est le groupe des non exprimés. A l’exception toutefois de Lescar où, fait rarissime, les deux candidats obtiennent exactement le même nombre de voix. Il est possible, comme le feront les récents élus, de balayer d’un revers de main ces résultats en prenant bien soin de ne pas en tirer de conséquences. Ce n’est pas vraiment brillant de gagner ainsi des élections avec les voix d’un peu plus du tiers du nombre des inscrits.

Alors il devient urgent de s’interroger sur la mauvaise santé de notre démocratie et d’essayer de comprendre ce qui peut conduire une proportion si importante de nos concitoyens à se taire. Jamais pour les municipales cette catégorie n’avait été aussi grande. Ceux qui ont décidé de ne pas s’exprimer ou qui se sont vus contraints de ne pouvoir voter ou encore qui ont « oublié » de se rendre aux urnes ont un comportement significatif. Mais significatif de quoi ? D’une défiance envers les politiques, de l’inanité de leur rôle, d’un rejet d’une classe très, trop, éloignée des préoccupations quotidiennes. Il est évidemment bien difficile de savoir ce que pensent ceux qui se taisent.

A partir de ces données chiffrées, nos élus doivent se la jouer, nous la jouer, modeste, voire humble. Ils ne représentent en définitive qu’environ un tiers des électeurs, enfin de ceux qui ont capacité à voter. Ils seront cependant au service de tous.

Pau, le 31 mars 2014
par Joël Braud