Ours : à qui appartiennent les Pyrénées ?

Jeudi matin, le maire et éleveur de Sarrance, Jean-Pierre Chourrot, s’exclamait sur l’antenne de France Bleu Béarn, à propos des barrages filtrants, installés sur sa commune, pour s’opposer au lâcher d’ourses : « On est quand même chez nous ! ».

« On est quand même chez nous ! » : cette appropriation des Pyrénées plante bien le décors. Les Pyrénées appartiendraient aux seuls bergers… qui ne montent à la transhumance que fin juin/début juillet pour descendre fin septembre.

Deux à trois mois de présence sur les estives (elles ne représentent qu’une partie de l’espace pyrénéen) permettent-ils d’attribuer la propriété de toute la chaîne à ces seuls bergers et aux rares éleveurs qui habitent encore en moyenne montagne. Sur quel fondement de droit de la propriété peut-on affirmer cela ?

Quid de ces passionnés de nos montagnes qui y font vivre tout un tissus touristique ? Quid des employés des collectivités territoriales qui entretiennent routes et stations de sports d’hiver ? Quid des techniciens qui font tourner le réseau de centrales électriques de l’ancienne Compagnie du Midi ? La liste est longue des pyrénéens qui permettent aux Pyrénées d’être ce qu’elles sont. Il n’y a pas que des bergers dans la chaîne.

Le débat sur la propriété de la chaîne ne devrait-il pas aller plus loin alors même que l’homme a colonisé la grande majorité de la planète terre ?

Dans les plaines, tous les paysages ont été façonnés par lui et pour lui. On en sait le résultat : un appauvrissement remarquable de la bio-diversité. Un recul, toujours plus rapide, du vivant pour le seul bénéfice de son espèce.

Des « poumons verts », rares confettis à l’instar des Pyrénées, parsèment la planète. A qui appartiennent-ils ? Aux habitants locaux, à l’humanité ou à tous les êtres vivants quels qu’ils soient : plantigrades, prédateurs, ongulés, rapaces, batraciens, reptiles, ovins, bovins, hommes. Une autre mixité sociale.

– par Bernard Boutin

L’entreprise privée libérale est-elle aussi merveilleuse que certains le disent?

Nous traversons en ce moment une période de turbulences sociales ; elles furent nombreuses au cours de notre histoire, mais, actuellement, elles se situent dans un monde en révolution économique, ce qui change beaucoup de choses.

Les oppositions en présence résultent de l’affrontement de deux idéologies qui s’enracinent dans le passé.

+L’une s’est développée dans l’Europe des Lumières en réaction à l’absolutisme d’un souverain. C’est le libéralisme. Pour wikipedia :

«Le libéralisme repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux naturels précédant toute association et qu’aucun pouvoir n’a le droit de violer. En conséquence, les libéraux veulent limiter les obligations sociales imposées par le pouvoir et plus généralement le système social, telles que la morale, au profit du libre choix et de l’intérêt de chaque individu indépendamment des autres».

+L’autre, difficilement réductible à un nom, du fait de ses nombreuses variantes, appelons-le «le socialisme» au sens large, est né dans le contexte de la révolution industrielle. Wikipedia nous propose :

«Le socialisme désigne un ensemble de revendications et d’idées visant à améliorer le sort des ouvriers, et plus largement de la population, via le remplacement du capitalisme par une société supposée plus juste.»

Pour cela il faut un état fort qui gère les moyens de production, les biens communs, ceux qui servent à tous et ne doivent pas être la propriété d’un petit nombre. Les richesses produites par tous sont partagées.

Si fondamentalement, l’idée est généreuse, et disons-le, vraiment humaniste, les expériences vécues ont montré que l’application pratique, comme dans le christianisme ou les autres religions, a été un fiaso dès l’instant ou la prise en main était réalisée par un ou quelques individus instaurant finalement un dirigisme.

Finalement, ces deux convictions sont nées à chaque fois d’une opposition à un système de pensée et d’actions de plus en plus contestées.

Ne serions-nous pas à l’aube d’une nouvelle idéologie ?

Actuellement, et depuis bien des années, le libéralisme a le vent en poupe et grignote progressivement les acquis de nombreuses et dures années de luttes pour le maintien d’un service public au service de tous. On considère que la réussite économique, financière, politique, familiale, sociale de quelques individu (entreprise privée) permet d’entraîner les autres vers le haut(1er de cordée).

Est-ce vraiment aussi merveilleux que cela ?

+ Biologiquement parlant, cela ne tient pas la route. L’espèce humaine n’est pas une espèce individuelle mais sociale où chaque individu, au sein d’un écosystème, ne peut pas vivre sans les autres avec lesquels il a des relations et interactions capitales pour la survie de tous. Non, l’être humain ne possède pas de droits fondamentaux naturels précédant toute association et qu’aucun pouvoir n’a le droit de violer, il est lui-même une association écosystémique.

+ Culturellement des exemples mettent en valeur «la réussite» du privé libéral :

++L’épanouissement des fondamentaux :

=Affaiblissement de l’État. Toujours trop dépensier par définition, il faut supprimer des emplois et réduire les impôts.

=Passer sans scrupules au-dessus de la morale en réduisant la protection sociale trop dépensière.., «Les infirmières, aides soignantes et ces milliers de femmes qui tiennent à bout de bras dans les Ehpads les personnes âgées dépendantes….sont emblématiques de ce qu’il faut bien appeler une pathologie de la rentabilité» J-Cl Guillebaud, Sud Ouest.

= Par contre, on demande à l’état de donner de plus en plus d’aides aux entreprises.

= Ne pas mettre d’entraves à la liberté d’entreprendre et ne pas se soucier des conséquences.

Plus concrètement :

++ Dans beaucoup de commerces spécialisés où la technologie est primordiale, la compétence du personnel, pour peu qu’il y en ait, se limite à remplir l’ordinateur et sortir contrats et factures; l’embauche d’un personnel qualifié est trop coûteuse et non rentable. Ne parlons pas du dépannage, il faut envoyer l’appareil à un centre souvent éloigné ; cela se termine le plus souvent par un nouvel achat: modèle épuisé.

Vraiment le privé, c’est le top !

++ Des «trains» de camions diesel de toutes origines, sur les autoroutes et plus grave, sur les routes secondaires (pour éviter les péages), sont un danger pour la circulation en général mais surtout au niveau des petites communes dont la sécurité n’est absolument plus assurée, sauf la pollution, pour les administrés; qui paye l’usure rapide des routes ? Les transports sur des milliers de kms sont épuisants pour les conducteurs qui sont exploités par des entreprises ne visant que la rentabilité.

++Une des performances les plus spectaculaires des entreprises privées est la production de déchets dont la prise en charge revient le plus souvent au contribuable. Le pollueur n’est jamais le payeur !

Cette accumulation des déchets encombrants est la cause d’apparition de la  vermine, de polluants nocifs pour la santé. L’utilisation des incinérateurs pour se débarrasser des produits organiques est redoutable : pollution en gaz de l’atmosphère, métaux lourds dispersés après dans le sol….La création incessante de nouveaux produits «comestibles» par des marques en compétition, entassés par rayons entiers, à durée limitée de conservation, sont finalement jetés provoquant un gaspillage immoral.

Des produits électroniques, informatiques, numériques, toujours nouveaux, à vie brève, obsolescence ou pas, sont jetés sans possibilité ou intérêt de réparation ; ils sont envoyés en Afrique pour finir sur des décharges mortelles pour les autochtones.

++ L’épuisement des ressources minérales. la surexploitation des ressources halieutiques, l’acidification de la mer, la dispersion des plastiques…..Le réchauffement climatique… Une vraie réussite !

++ L’agriculture et l’élevage industriels ruinent les petits paysans et empoisonnent les consommateurs par l’emploi des produits chimiques de synthèse : engrais, herbicides, pesticides, médicaments vétérinaires. Les espèces utiles à l’agriculture disparaissent, les parasites se multiplient du fait de la monoculture. Les oiseaux se raréfient, les insectes pollinisateurs sont en péril, donc nos récoltes…C’est l’effondrement de la biodiversité, il coûtera très cher !

L’érosion des sols peu organiques, par la pluie, est de l’ordre de 20% du territoire d’après D.Arrouays de l’Inra, l’artificialisation (urbanisation et bétonnisation) menace les sols ; il en est de même de la baisse de la teneur en carbone donc la hausse de la minéralisation, la contamination par des métaux lourds ou des POP (polluants organiques persistants) ; la raréfaction des vers de terre n’est pas une plaisanterie !

++C’est le culte du toujours plus de rentabilité; pour les inégalités, la pauvreté, les sans abris, c’est une réussite, les chômeurs en fin de droit font diminuer le chômage, la création d’emplois de contractuels ou de CDD très courts, aussi.

++Le développement, du fait d’une alimentation dangereuse ou déséquilibrée (trop de viande, perturbateurs, conservateurs, enrichissement en sucre…), de maladies redoutables comme les cancers, les dérèglements du développement (puberté précoce, baisse de la spermatogénèse) l’obésité, le diabète…

++Par ailleurs, la justice, la police….sont à bout de souffle, les SDF meurent sur les trottoirs…Les urgences des hôpitaux explosent :«Le 20 mars le compteur du Samu de France sur Internet affichait 19039 malades restés en rade sur des brancards en deux mois… 2000 toubibs hospitaliers ont alerté le ministre…  Pendant ce temps, la fermeture des lits, comme les économies, continuent. A Paris, l’assistance publique avait prévu de supprimer 180 postes et une centaine de CDD, finalement ce sera beaucoup plus…» Canard du 21/03. Sur la tombe on écrira :

Mort pour cause de rentabilité.

++Toujours dans le Canard, la GVG, l’une des plus grosses maison de négoce de Bordeaux (55 millions de chiffres d’affaires) transformait 2000 hl de vin ordinaire en vins de Bordeaux millésimés ou dotés d’appellation. 850000 bouteilles de vins prestigieux auraient auraient été étiquetées Saint Estephe, Saint Emilion…

Or, le patron de GVG est aussi le Président du conseil des grands crus classés en 1855 ; une organisation chargée de veiller à la protection du classement et des éventuels détournements de la marque !

Sud Ouest en rajoute en annonçant une autre grosse affaire de fraude. Un négociant libournais vendait, à leur insu, du vin du Languedoc en vrac, à de grandes maisons de Bordeaux dont GVG. ; il était transformé en AOC bordelais donnant du faux Pomerol, Saint-Julien ou Margaux. Évoquons, sans plus, les scandales passés.

Peu importe, pourvu qu’on ait l’ivresse…. du profit !

++L’empreinte écologique génère une dette environnementale colossale ; ce sont nos descendants qui la paieront d’une manière ou d’une autre.

Non, les médecins hospitaliers, les enseignants, les infirmières, les policiers, les gendarmes, les pompiers, les juges, les cheminots… n’ont rien à voir avec ces résultats et cette dette là !

Ils sont tout au plus des utilisateurs obligés.

Non, je ne mélange pas tout, ces faits, non exhaustifs, loin de là, ont un dénominateur commun, la course infernale à la production, consommation; la moindre régulation, ou contrôle, est considérée comme une entrave aux profits, comme, par exemple, le respect du personnel et des consommateurs.

Non ce ne serait pas revenir à l’âge de pierre, ce n’est pas sérieux, c’est caricatural et moqueur; la caractéristique du genre humain est la soif de connaissance et de progrès, cela continuera avec toujours deux choix possibles :

= progrès et enrichissement pour certains, miettes ou prélèvements pour les autres.

=partage et progrès pour tous.

La dette est «abyssale», les profits «abyssaux» .

Le gouvernement souhaite une cohésion entre les Français, donc pas de problème !

Le culte de la personnalité, du héro, à l’américaine et à la soviétique de jadis, très en vogue, ne convient pas; dans une compétition, ce n’est pas l’individu le plus fort ou le plus intelligent qui gagne mais l’équipe la plus soudée.

Les deux idéologies vont dans le mur, une troisième voie est à ouvrir en :

++Laissant du temps au temps, en combattant l’immédiateté.

C’est suivre les principes de prévention et de précaution ; savoir attendre, avant de lancer une nouvelle molécule ou idée, les résultats d’un contrôle indépendant et d’une réflexion sur les retombées environnementales lato sensu possibles ; c’est aussi contrôler a posteriori (personnel suffisant) le respect des directives exigées.

++Réfléchissant avant d’agir, c’est admettre que les relations actuelles, dans tous les domaines, sont mondialisées, globalisées, interactives et interdépendantes ; le raisonnement linéaire : extraction, production, consommation, rejet, est la théorie simpliste du passé. C’est un contresens de vouloir continuer à traiter les problèmes séparément ; l’éclatement (analyse) fait perdre le sens, elle détruit les relations, celles qui permettent de rééquilibrer les déficits d’un côté par les bénéfices de l’autre (SNCF). L’avenir est dans la synthèse, seule porteuse de sens, donc la globalisation.

De plus, la dynamique n’est pas linéaire mais circulaire.

«La pensée cartésienne, analytique, linéaire, séquentielle et proportionnelle, partagée par tant de décideurs politiques et industriels, appartient à l’ancien paradigme…. Les sciences de la complexité…. permettront de construire notre avenir sur la base d’une vision globale et à long terme de l’évolution des systèmes complexes (économiques, écologiques, industriels et politiques) dont nous faisons partie.» Joël de Rosnay.

Beaucoup ont intérêt à gérer l’obscurantisme !

Si rien ne change ne soyons pas surpris que «l’Intendance ne suive pas !»

Le socialisme a vécu, le libéralisme subit une bifurcation idéologique de type libéralisme « augmenté », le culte du numérique, de l’I.A, en vue, l’intelligence augmentée. Sous-jacent, l’intelligence humaine, trop lente, trop contestatrice, trop dépensière, trop sociale, trop émotionnelle, trop empathique…doit être remplacée par une intelligence artificielle au service : de quelques uns, des automatismes, des robots, des machines sans chair, ni émotions et sentiments mais obéissant aux ordres donnés, sans discuter, sans faire grève…, mais rentables !!! L’intelligence augmentée, entre autres, mettra en péril la cohésion sociale et générationnelle, que deviendra le sous-citoyen ?

C’est la fin de la démocratie, place à l’universalité concurrentielle des marchés.

Qui donnera les orientations, les valeurs à défendre, les ordres ?

Le meilleur et le pire seront en présence, le 0 et le 1 toujours sous l’influence dominante; Stephen Hawking et bien d’autres, se sont élevés sur les risques éthiques et sociaux de l’IA, allant jusqu’à prévoir la fin de l’humanité ! Pourtant, si la raison humaniste l’emportait sur la passion du profit, on pourrait tenir compte des expériences du passé et profiter des possibilités extraordinaires du présent.

En prenant soin de préserver l’intelligence et en se méfiant de l’artificiel.

 

Signé Georges Vallet

crédit photo: h2mw.eu

Le langage des terroirs, une langue vivante en péril si…

À contre courant de l’obsédant matraquage ambiant, j’ai décidé d’aller cultiver mon jardin. Cette période printanière douce et ensoleillée peuple ce bout de jardin abandonné à la nature, de violettes, primevères, pulmonaires et autres renoncules et consoudes en bouton. Des insectes de passage, attirés par la forme, la couleur, l’odeur se nourrissent du nectar, transportent le pollen accrocheur et permettent la continuation de la vie.

«Chaque pomme est une fleur qui a connu l’amour» dit le poète(F.Leclerc).

Les fleurs sauvages échangent avec leur environnement.

C’était, jadis, vers 1970, ce que je rencontrais, en abondance, en me rendant et en circulant près de la maison familiale, à proximité de «la Mecque de la Course Landaise». Depuis, bien des bois ont disparu, les lieux humides, les haies, les jachères «florissantes» aussi ; la surface des champs est recouverte jusqu’au bord extrême par un maïs uniforme, claustrophobe, une terre nue, lessivée, l’hiver, avec les restes des pieds de Datura très toxiques, de plus en plus fréquents depuis quelques années, parfois des étendues jaunes monospécifiques de renoncules ; plus de cresson dans les fossés près de la maison, quelques graminées et angéliques résistantes aux herbicides, quelques restes, par-ci par-là, de la flore sauvage d’origine, des invasives ; un miracle de retrouver l’hoplia bleue ou les longicornes sur ces fleurs !

La campagne béarno-chalossaise a vendu son âme au diable !

La richesse des échanges, donc le langage de la nature s’appauvrit ; l’essence et les sens de la symphonie dite «pastorale»sont un lointain souvenir.

Croissance, compétitivité, dette, consommation, impôts, cumuls, affaires….Telles sont, entre autres, nos préoccupations majeures. Cela fournit du grain à moudre aux médias, permet de s’écharper sur les forums…mais surtout détourne l’attention des événements essentiels. Pendant ce temps, comme disait J.Chirac à Johannesburg :

«Notre maison brûle et nous regardons ailleurs.»

La terre de nos ancêtres a eu une longue histoire mouvementée ; son évolution a subi de nombreuses bifurcations, créations et sélections ont permis l’essor et le maintien d’un grand nombre d’espèces dont la nôtre.

Parmi ces bifurcations, il en est une, dont le sort est incertain ; elle remonte au secondaire, il y a environ 200 millions d’années, celle qui a fait apparaître les plantes à fleurs ; ces dernières se sont fortement diversifiées par la suite, au tertiaire : dicotylédones d’abord, puis, plus tard, les monocotylédones à fleurs plus discrètes chez les graminées. Nous avons pu, avec d’autres espèces, nous maintenir sur terre grâce à elles ; elles apportaient les bases de notre alimentation nécessairement variée : fleurs, fruits, feuilles, graines, tiges, racines, que nous consommons directement, et indirectement, par la viande des animaux herbivores; une coévolution donc.

On peut vivre, difficilement peut-être, avec nos élus, une dette importante, les contraintes économiques et budgétaires, des bouchons en ville, des crottes sur les trottoirs……………….mais pas sans plantes à fleurs !!

Or, les «besoins»(!) de notre économie sont en train de les mettre en péril !

«La FAO estime que 75% des variétés végétales qui composaient notre alimentation au tout début du XXème siècle sont perdues.»

On peut y ajouter les plantes à fleurs des jachères, terrains vagues, bords des routes, fossés, haies, cultures…qui assuraient la vie des pollinisateurs de cultures proches.

Bien des plantes à fleurs vivaces n’ont pu se diversifier et s’étendre que grâce à deux associations à bénéfice réciproque (symbiose), qui s’appauvrissent aussi :
–  l’une avec les champignons (les mycorhizes).
–  l’autre avec les animaux, insectes surtout.

La première a permis leur nutrition minérale, la seconde, leur reproduction.

De plus, les plantes à fleurs ne peuvent pas vivre sans substances minérales, recyclées par des microorganismes infiniment diversifiés, or, on constate, avec la chimie, qu’ils disparaissent.

Mettre en avant la véritable urgence, c’est vraiment trop demander à la plupart des candidats à la présidentielle (et à leurs électeurs) !

Parmi les 6 chantiers prioritaires dévoilés par E.Macron aux lecteurs de Sud Ouest, il n’y en a aucun qui porte sur le souci de retrouver une biodiversité !
«L’homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un Dieu invisible et massacre une Nature visible ! Sans savoir que cette Nature qu’il massacre est ce Dieu invisible qu’il vénère.» Hubert Reeves.

Que l’on soit libéral, socialiste, social-démocrate, social-libéral, communiste….ou, comme maintenant, tout à la fois, on n’a qu’un but, l’efficacité immédiate et le mépris du futur ; le «durable» est un trompe-couillon, la politique de l’autruche !

Deux priorités liées aux problèmes socio-économiques, sont à mettre en avant :
–  Reconsidérer totalement le fond et la forme de l’agriculture productiviste.
– Prendre conscience et agir contre les causes de la disparition progressive des angiospermes ou plantes à fleurs donc des pollinisateurs.

Envisageons le problème de l’agriculture. Beaucoup de données sont issues d’un livre remarquable de Stephano Paludosi, directeur du laboratoire Biodiversity à Rome, au service de l’ONU pour la FAO (à lire après les élections !)

«A la recherche des plantes oubliées»Calmann-Lévy 2013.

La «révolution verte», au lendemain de la seconde guerre mondiale, était une réponse à une explosion démographique dans le monde. Les premiers travaux concernèrent le développement de variétés à haut rendement: blé, maïs… Il n’était pas encore question de modifications génétiques, les OGM ne virent le jour qu’en 80, mais seulement de croisements (hybrid vigor) de variétés traditionnelles sélectionnées.

Il fallait alors investir dans de nouvelles infrastructures d’irrigation, l’achat de gros matériels, d’engrais industriels et de nouvelles semences.

Les résultats furent au rendez-vous, entre 1975 et 1990 la production de céréales doubla dans le monde ; malheureusement, le coût n’a pas pu être supporté par un grand nombre de paysans ; les variétés hybrides ont envahi champs, auges et assiettes ; il en est de même pour les légumes. Développés par et pour l’industrie de la semence, l’agriculteur est obligé de racheter chaque année sa semence car les hybrides F1 ne forment qu’une seule génération homogène exploitable. Résultat : l’exode rural a grossi les bidonvilles et amplifié le chômage. En France et en Béarn, état jadis indépendant, le nombre des petits et moyens agriculteurs a chuté spectaculairement, les entreprises agroalimentaires ont fait l’inverse.

Cette révolution agricole mérite-t-elle d’être encore conservée voire accélérée ?

Les variétés à haut rendement sont non seulement très gourmandes en eau et engrais chimiques mais aussi plus sensibles aux prédateurs, aux maladies cryptogamiques (au vent aussi : verse) : il fallait donc développer et répandre des insecticides et des désherbants très onéreux pour limiter la prolifération des espèces compagnes concurrentes. Pour optimiser la production il faut qu’une seule variété soit cultivée, sur de grandes surfaces, les pieds bien alignés, même hauteur, les récoltes calibrées. Dans beaucoup de pays, original n’est-il pas, le monde paysan doit vivre toute l’année, pour cela, il doit prévoir des cultures échelonnées d’où une diversité dans les espèces, l’espace et le temps. Par exemple, en Afrique, la révolution verte s’est focalisée sur les cultures d’exportation  : café, cacao, arachide, coton… et a complètement délaissé les cultures vivrières. Les techniciens, les monopoles, perdus dans leurs statistiques, avaient pensé à tout (??)… sauf, par exemple, à assurer la pitance de millions d’Africains !

La faim dans le monde demeure le problème majeur et la révolution industrielle semble, plus que jamais, non pas en mesure de l’enrayer mais de l’augmenter.
Pire encore, en éliminant les espèces ou variétés jugées moins performantes pour l’époque, on a entraîné une catastrophe écologique : l’érosion de la biodiversité.

«Il existe des milliers d’espèces cultivables et comestibles sur terre dont seulement….150 sont commercialisées. L’alimentation mondiale est désormais basée sur 30 cultures qui satisfont 90% de nos besoins en calories! A eux seuls, le riz, le blé et le maïs couvrent 60% de nos besoins ! En Europe, au cours du XXème siècle, l’agriculture intensive a fait perdre 95% des variétés originelles de choux, 91% de celles de maïs, 94% de celles de petits pois, 81% de celles de tomates….» Idem pour les autres cultures : maraîchères, arbres fruitiers…

«Tous les deux ans une variété traditionnelle de fruit ou de légume disparaît.»
C’est une épée de Damoclès ; nous sommes à la merci de maladies et de parasites susceptibles de ravager des monocultures fragilisées par la sélection.

«Un panel génétique très réduit revient, comme à la roulette, à miser toutes les économies et la nourriture sur un même numéro. Si le numéro sort, on est riche, sinon, on perd tout» (grippe aviaire!!).

Le mildiou, en raison de l’humidité du climat en Europe vers 1840, fit s’effondrer la production de pomme de terre. Les morts, suite aux famines, se comptèrent par dizaine de milliers : 10000 en France, 40000 dans les Flandres, 50000 en Prusse. En Irlande, la totale dépendance à la pomme de terre se transforma en tragédie. La grande famine, jusqu’en 1848, causa entre 1 million et 1 million 5 morts et poussa 1 million d’Irlandais à émigrer. (comparaison avec l’actualité non exclue !)

Si la révolution verte, en son temps, a sauvé des vies humaines, il convient maintenant d’en corriger les dérives. Avec les dérèglements climatiques cette industrie est à l’origine des famines dans le monde ; elle n’est plus au service de la faim alimentaire mais de la faim insatiable en énergie et argent ! Objectifs à fixer :
–  Recentrer l’agriculture sur sa vraie finalité : une alimentation saine et goûteuse.
– Accepter une baisse des rendements par le partage des récoltes avec d’autres «consommateurs» dont nous avons autant besoin par ailleurs.
–  Retrouver les patrimoines génétiques variés à partir des conservatoires botaniques et favoriser la culture des «plantes oubliées» adaptées aux différentes régions et climats, à culture moins coûteuse ; des initiatives locales existent déjà.
–  Diminuer les variétés «stars» dévoreuses d’eau, d’engrais et d’argent.
–  Redonner de l’importance au fumier animal paillé et à une structure agricole diversifiée, polyvalente, créatrice d’emplois.
– Retrouver la rotation des cultures, l’assolement, pour lutter contre l’appauvrissement des sols.
– Reconsidérer l’urbanisation, l’importance des haies, des fossés, des bords de routes, des espaces boisés, des jachères…
– Compenser, dans nos pays, la baisse de productivité par l’adaptation de notre alimentation trop abondante à notre physiologie et non aux besoins de l’économie.

Heureusement, parmi les anciens et beaucoup de nouveaux paysans, ce dialogue avec le terroir se rétablit, mais pas chez la plupart des candidats qui sollicitent nos suffrages.

Georges Vallet

crédits photos: babelio.com

Réflexions après un petit retour en arrière de quelques milliards d’années.

vignette gv2010Dans le chaos initial, «la soupe primitive» est encore chaude. L’entrechoquement des atomes et des molécules nouvellement créés génèrent des contacts, des répulsions, des attractions, des unions, des désunions…

Tout le monde s’exprime, échange, propose, rejette, dans la plus grande anarchie !

Les retombées positives sont peu nombreuses car la sélection y est sévère. Certaines solutions ou structures de quelques molécules seulement s’édifient et persistent, car adaptées aux conditions du milieu ambiant.

Les premières Start-up se mettent en place.

Les investisseurs sont nombreux et généreux, ce sont les flux stellaires qui apportent l’Énergie, la Matière et l’Information. Ces start-up prolifèrent, les créations se multiplient donc ; certaines grossissent en se réunissant, elles passent aux unicellulaires puis à des édifices pluricellulaires plus complexes et souvent extravagants.

C’est la grande explosion de la biodiversité.

Nous sommes à la base de l’ère primaire, entre 500 et 600 millions d’années: faune d’Ediacara et Burgess.
Les premières petites puis moyennes entreprises voient le jour.

L’évolution particulièrement mouvementée du milieu dans toutes ses composantes: climatiques, géographiques, géologiques…fait un grand balayage ; de nombreuses structures auront une vie éphémère, d’autres, plus favorisées par le hasard ou nouvellement créées, plus adaptées, vont s’imposer, se multiplier, se complexifier, se diversifier. Les moyennes entreprises apparaissent, plus fortes, plus adaptées aux contraintes environnementales : ce sont, pour les animaux, l’apparition des différentes lignées d’invertébrés puis de vertébrés.

Au fur et à mesure, du temps, des évolutions environnementales, des sélections adaptatives, beaucoup de ces petites et moyennes entreprises disparaissent, d’autres apparaissent. Certaines structures se fortifient, se renforcent, se diversifient, se complexifient, les vertébrés avec les oiseaux et les mammifères en forment l’essentiel.

Ce sont les grosses entreprises.

L’une d’entre elles recueille le maximum d’investissement et prend un essor foudroyant qualitativement et quantitativement : les hominidés.

La marche en avant de la complexification a amené la synthèse, par le jeu des hasards de l’évolution, de cette entreprise hautement sophistiquée ; elle devient bientôt prisonnière de sa réussite, de sa complexité, de sa difficulté énorme de gestion, de la nécessité d’un maintien de son équilibre, de la régulation de ses apports et de ses rejets, de son immense pouvoir de prolifération….et de nuisances.

La paléontologie est riche de l’histoire de grandes lignées anciennes qui avaient atteint la limite de leur compétence : nummulites, ammonites, dinosaures…., grands mammifères de la préhistoire, l’évolution adaptative n’est plus possible car la spécialisation est trop grande, le retour en arrière non plus ; c’est le déclin, la disparition sous le poids de leur propre paralysie.

Est-ce la fin définitive ?

Absolument pas, l’histoire culturelle est calquée sur l’histoire biologique ; elle nous offre des schémas possibles d’espoir. Il suffit d’en visionner les grandes lignes car toutes les grandes civilisations ont suivi le même chemin :

  • Création à partir de petits groupes minoritaires, efficaces car non sclérosés, innovateurs d’idées nouvelles, dynamiques, efficients car faciles à manœuvrer, adaptés aux besoins et technologies nouveaux : agriculteurs, éleveurs, artisans, chercheurs…(Start-up)
  • Développement, accroissement, puis hypertrophie et inadaptation liée à leur propre gigantisme.
  • Disparition en tant que telle mais survie de quelques groupes minoritaires, longtemps combattus, prêts avec de nouvelles idées , après sélection, à préparer un nouveau départ.

Actuellement, la civilisation occidentale semble tout à fait en être à la fin de la deuxième étape et l’amorce du nouveau départ est entrain de se faire :

  • Les Start-up de quelques personnes seulement, formées aux nouvelles technologies, font de plus en plus parler d’elles quand on parle de réussites parfois étonnantes.
  • Les investisseurs sont aux aguets prêts à jouer pour leurs intérêts.
  • Les grosses entreprises, du CAC 40 et autres, s’effondrent progressivement.
  • Les petites et moyennes entreprises, plus souples, plus maniables, attendent pour prendre le train en marche.

> Deviendront-elles par la suite de grosses entreprises à nouveau inadaptées ?

> Cette voie ouverte par la souplesse et la jeunesse des idées et des technologies est-elle aussi la voie d’une vie meilleure pour les survivants ?

On n’a guère avancé de ce côté là car la réponse, cette fois, est beaucoup plus entre les mains de l’homme lui-même, de son intelligence, de ses connaissances, de l’application des valeurs que sa société a édifiées, que des hasards de l’évolution naturelle et de la volonté divine.

Et pourtant : l’impossible est toujours possible !

– par  Georges Vallet

crédits photos: raimbault.g.free.fr

L’ours attaque… en justice

Logo+nomferusCette semaine, les associations Ferus et Pays de l’Ours-Adet ont adressé à AltPy comme à tous les organes de presse locaux, un nouveau communiqué de presse. A lire ci-dessous.

                                                                                     Hélène Lafon

 

Arbas, le 16 avril 2015

Pyrénées : Ferus & Pays de l’Ours – Adet passent à l’attaque

Confrontées depuis des années à l’évidente mauvaise volonté de l’Etat, les associations Ferus & Pays de l’Ours – Adet déposent ce jour un recours devant le Tribunal Administratif contre l’Etat pour « manquement à son obligation de protection de l’ours brun dans les Pyrénées ».

Les études sont formelles : la population d’ours dans les Pyrénées n’est pas viable et le seul moyen de la sauver est de lâcher des ours supplémentaires.

Face à l’immobilisme du Ministère de l’Ecologie, nous n’avons malheureusement pas d’autre choix que de saisir les tribunaux.

Les manœuvres gouvernementales pour perdre du temps durent en effet depuis 2010, avec la fin du dernier « Plan de restauration de la population d’ours ».
Chaque ministre s’ingénie depuis à « jouer la montre » en demandant une Nième étude ou une concertation de plus, dont tout le monde connaît les conclusions, juste dans le but, inavoué mais évident, de passer ce dossier « délicat » à son successeur …

Maintenant, c’en est trop !

Puisque la Ministre de l’Ecologie n’a plus les convictions nécessaires pour protéger la biodiversité, nous avons décidé de l’y contraindre en demandant au Tribunal Administratif de reconnaître ce manquement fautif de l’Etat en regard des Lois et Directives Européennes.

Peut-être qu’une condamnation compensera son manque de bravitude …

L’équipe de Pays de l’Ours – Adet

Un bel exemple de courage et d’énergie pour défendre des convictions…

Mais pourquoi tant de réticence de la part de l’Etat ? En raison d’un coût exorbitant ? En raison d’un risque pour les hommes, les troupeaux et plus généralement l’activité des zones concernées ? En raison de l’opposition ou tout au moins d’une faible adhésion des autochtones ? Et avant tout, est-il vital pour l’avenir des Pyrénées d’y réintroduire des ours ? Est-ce chercher à maintenir un élément de biodiversité ou à réaliser un rêve d’enfant.

Pour ? Contre cette réintroduction ? Faisons le point confrontons les avis. Donnez-nous le vôtre.

– par AltPy Rédacteurs

 

Vieilles forêts pyrénéennes

compr DSC09922Dans les Pyrénées existent de vieilles forêts insoupçonnées accomplissant la totalité de leur cycle, peu ou pas exploitées depuis des siècles. Elles ne ressemblent pas aux boisements que l’on parcourt avec bonheur lors de la promenade dominicale, aux troncs bien droits qui s’élancent vers le ciel. Actuellement, les forêts efficacement protégées, principalement des forêts matures, représentent seulement 30000 ha en France, soit à peine 0,2 % de la surface forestière nationale. Ces hauts lieux de naturalité pourraient représenter presque 10000 hectares sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne.

Le recensement dans les Pyrénées est en cours
L’étude actuelle concerne la région Midi Pyrénées. Depuis 2008, le GEVFP (Groupe d’Etude des Vieilles Forêts Pyrénéennes) évalue et cartographie des sites de forêts vieilles et anciennes dans le cadre du projet « vieilles forets des Pyrénées » avec le soutien financier de l’Union Européenne (Fonds FEDER), de l’Etat français et du Conseil Régional de Midi-Pyrénées (1). Ce projet pluridisciplinaire de grande ampleur met en lumière un patrimoine naturel pyrénéen encore méconnu, peu protégé et dont on ne tient souvent pas compte dans les politiques forestières publiques ou privées.

La forêt française est-elle en bonne santé écologique ?

Globalement, et si nous nous comparons à d’autres pays, la forêt française est correctement gérée. Voyager est un excellent moyen de se rendre compte que dans de nombreuses contrées, occidentales ou du tiers-monde, la « nature ordinaire » est exploitée avec très peu d’égards, alors que dans ces mêmes pays, d’immenses Parcs Nationaux permettent à une nature choisie de resplendir pour la joie des visiteurs de tous bords. Pourtant, à y regarder de plus près, nous pouvons aller ici aussi de surprise en surprise : En France, la surface forestière est en augmentation, mais la qualité écologique des forêts, quant à elle, n’est que très peu concernée par cette augmentation quantitative. Dans plusieurs départements, nombre de forêts publiques sont traitées en futaie irrégulière respectant la structure de la forêt. Mais en règle générale, les forêts exploitées sont « cultivées » avec un taux de prélèvement ne leur permettant pas d’évoluer vers une certaine maturité naturelle. Ne nous y trompons pas, l’évolution qualitative se fait à l’échelle du temps forestier, bien plus lent que le temps de la vie humaine. Une forêt ayant recolonisé un pré il y a 100 ou 150 ans est une forêt jeune.

D’autre part, à l’heure actuelle, la surface forestière ancienne efficacement protégée dans notre pays est dérisoire, malgré l’armada de statuts permettant de préserver de près ou de loin la richesse de nos territoires. A l’ouest, rien de nouveau : Le plus souvent, ce sont les impératifs économiques qui priment.
Une première observation découle de ce constat : Des espèces exigeantes en matière d’habitat forestier sont très faiblement représentées, et souvent en régression constante depuis plusieurs décennies, qu’il s’agisse d’oiseaux comme le grand tétras ou le pic à dos blanc, de papillons, de mousses, d’insectes, etc.
Alors que la superficie couverte par la forêt a largement progressé sur l’ensemble du territoire national depuis le milieu du XIXe siècle, celle des vieilles forêts reste très faible.

Qu’est-ce qu’une vieille forêt pyrénéenne et où les trouver ?

Une forêt naturelle présente un mélange d’espèces et d’âges, avec un fort volume de bois mort. C’est un milieu mosaïque avec des habitats pionniers, des milieux ouverts, de très gros bois, en perpétuelle évolution. Une forêt qui n’est plus exploitée depuis les années 50, ce qui est un passé récent, va présenter de toute évidence des déséquilibres importants, une partie de son cycle ayant été tronquée : pas encore de bois mort sur pied par exemple, pas de gros diamètres d’arbres ou très peu de bois mort au sol. Il lui faudra des siècles pour retrouver une structure équilibrée.

Il serait prétentieux de chercher à expliquer le fonctionnement d’une forêt dans cet article, mais l’on peut dire qu’il s’agit d’une myriade d’interactions entre les espèces, champignons, plantes, arbres, mammifères, insectes, mousses et micro-organismes, en adaptation constante selon les fluctuations du milieu. De très nombreux micro habitats favorisent une faune et une micro faune riche et particulière. La superficie joue un rôle prépondérant pour la complexité des processus d’interactions entre espèces, et la représentativité des micro-habitats.

La quasi-totalité des forêts pyrénéennes ayant été exploitée par le passé, c’est dans des endroits inaccessibles que l’on retrouvera ces sylves aux fonctionnements naturels. La majorité d’entre elles sont en Haute Garonne et dans les Hautes Pyrénées.

Protections ……
La plupart des vieilles forêts pyrénéennes d’altitude sont des hêtraies sapinières ou sapinières de forêts publiques. Certains hauts lieux de naturalité sont mis en repos dans les documents d’aménagement de l’Office National des Forêts pour leur caractère remarquable, des îlots de sénescence ou de vieillissement sont créés. Quelques réserves forestières en Ariège et en Haute Garonne voient le jour, avec un degré variable de protection réelle. La Trame Verte et Bleue et autres politiques publiques en terme de gestion des espaces naturels sont en construction, avec des actions ciblées envers la forêt, et peut être certaines vieilles forêts. Ailleurs, les forêts matures sont protégées de fait par leur inaccessibilité.

…….. et menaces
A l’heure où nous écrivons, et selon ce que nous connaissons, les vieilles forêts de la chaîne sont menacées : par les coupes à câble de communes forestières du Haut Béarn recevant des subventions européennes via une association locale ; par les schémas de mobilisation du bois dans le noyau de vieilles forêts communales des Pyrénées centrales, dans le Comminges ; par des taux excessifs de prélèvements et des schémas de desserte ne tenant pas compte du caractère remarquable de ces forêts et ne s’en tenant qu’aux textes (par exemple, pas de coupe avant le 15 Juillet pour le grand tétras, pas d’exploitation dans les sites vitaux à ours) dans le 64, 65, 31 et 09 ; par la pression exercée prochainement par les centrales à granulés s’installant en piémont béarnais ; par les énergies dites renouvelables et les projets de diverses stations de ski.

Le travail effectué aujourd’hui par des entités comme le GEVFP, divers organismes et associations de protection de la nature, ainsi que par le site www.vieillesforets.com, est essentiel pour la reconnaissance des vieilles forêts pyrénéennes. La mise en lumière de ces joyaux de la nature encore méconnus permettra prochainement nous l’espérons, une protection efficace.

– par Philippe Falbet

(1) : Voir l’interview dédiée : http://vieillesforets.com/le-gevfp-groupe-detudes-des-vieilles-forets-pyreneennes/

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«Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» (C.Perrault)

Gvallet«Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» (C.Perrault)
«Je me crains de quelques grands désordres !» (Henry de Laborde Péboué)
Un questionnement pas inutile à l’aube des élections européennes.
En effet, comme Dieu, pour Pierre-Simon Laplace, la Nature devient de plus en plus une hypothèse dont on peut se passer !

Comme jadis le citoyen Laplace, des chercheurs présentent, depuis pas mal d’années, une réactualisation de l’«Exposition du système du monde» à nos dirigeants, aux médias, au citoyen de base.

Parmi nos responsables, pour des raisons électoralistes, certains évoquent, avec une vraie fausse conviction, l’intérêt qu’ils y portent. Il a même été constitué, jadis, une publicité hypocrite pour valoriser la notoriété de l’auteur ; c’était le «Grenelle de l’Environnement». Ces rencontres, réparties en trois périodes, devaient déboucher sur des accords permettant la réalisation d’un soi-disant développement durable en restaurant la biodiversité, en diminuant le rejet des gaz à effet de serre et en améliorant l’efficience énergétique.

Bon nombre de participants, sincères, ont cru à la volonté de changer quelque chose et ont donné beaucoup de leur temps, de leur compétence, de leur argent, pour apporter le maximum de participation positive. Les résultats débouchèrent sur une grande désillusion, les engagements pris n’ayant de valeur, la suite le confirmera, que pour ceux qui voulaient bien y croire.

  • La biodiversité n’a cessé de diminuer sous la pression conjuguée de l’urbanisation, de la pollution, de l’agriculture industrielle….
  • L’émission des gaz à effet de serre n’a jamais été aussi abondante.
  • Les dépenses énergétiques sont en plein essor.

Assez rapidement, «l’environnement commença à bien faire» et les objectifs étaient repoussés à chaque fois «à plus tard» ! En effet, la priorité, toujours prioritaire !, est d’inverser la courbe du chômage (en supprimant des postes nous affirme-t-on !!! Curieux !!!) ; il faut donc permettre, par tous les moyens, le redémarrage de la croissance quantitative. Tous les obstacles à l’amélioration de la compétitivité économique, aussi bien au plan social qu’ environnemental doivent être ignorés.

Tout le monde l’affirme, sauf des irréductibles, pas tous Gaulois d’ailleurs, qui voient plus loin que leur compte en banque (pas toujours localisé en France!) ou que la fin de leur mandat.

C’est le déni officiel du lien réciproque, on ne peut plus étroit, qui existe entre crise économique, crise écologique et crise sociologique.

Depuis quarante ans il a été souligné, en vain, par les scientifiques et les philosophes.

«La croissance pour la croissance, c’est l’idéologie de la cellule cancéreuse. Elle se suicide, elle et sa descendance, en faisant disparaître l’être dont elle est issue et qui la nourrit.» (Edward Abbey. Une analogie redoutable).

Continuer dans cette voie, c’est promouvoir une aggravation de plus en plus grande des conditions de vie dans tous les domaines : politique nationale et internationale, social, professionnel, familial, climatique, alimentaire, santé…

Quelques exemples dus au mépris environnemental, parmi une infinité d’autres !

Les seuils de dangerosité, dans tous les domaines, ne sont pas évalués ou sous-évalués, ne tiennent pas compte des effets d’accumulation, des effets de groupe…On les adapte même aux nécessités de la croissance en les augmentant pour qu’ils ne soient plus dangereux ! L’évaluation est faite par le producteur car il est bien connu que son «honnêteté» n’hésiterait pas à arrêter la production si les tests à long terme s’avéraient mauvais ! Servier et autres confirment cette morale !!!

Dernière nouvelle du 29 avril dans la presse :

Des mèches de cheveux de 30 enfants de 3 à 10 ans, vivant dans des zones agricoles , ont été prélevés afin de mesurer le niveau d’imprégnation aux pesticides : «On a cherché une cinquantaine de molécules différentes et on en a trouvé plus de la moitié par enfant, un véritable cocktail de pesticides» (F. Veillerette, porte-parole de Générations Futures, l’association qui a commandé l’étude). « Un effet cocktail qui n’est pas pris en compte dans les évaluations ». Des pesticides interdits d’usage en France depuis des années ont même été retrouvés (rémanence) dans les échantillons.

Or, on contourne l’interdiction d’épandage de pesticides en décidant des dérogations !

Les zones Natura 2000 peuvent être affectées par des autorisations de destruction d’espaces protégés en les accompagnant de mesures dites de «compensation pour la réalisation d’aménagements dits économiquement indispensables ! Compensation !!, le grand mot, «réconfortant» pour le petit peuple, qui laisse supposer qu’en remplaçant, par exemple, une zone marécageuse par une zone aride de même superficie, cela revient au même ! J’ai vécu une telle opération, il y a fort longtemps, lors de la construction du barrage sur le Verdon dans les Alpes de Haute-Provence. Pour la mise en eau, on avait déplacé les agriculteurs des terres riches de la vallée qui allait être inondée, en amont du barrage, en leur attribuant, «en compensation», des terres de la garrigue ultra sèche du plateau dominant la vallée !!

On prend soin de ne pas supprimer les niches fiscales en faveur des pollueurs :

  • exonération de la taxe intérieure sur l’énergie pour l’aviation.
  • taux réduit pour le fioul utilisé comme carburant.
  • remboursement partiel de la taxe intérieure sur l’énergie pour les routiers «sympas».
  • défiscalisation partielle des agrocarburants.
  • TVA à taux réduit sur les engrais…….

Au total, ces avantages concédés à la pollution représenteraient chaque année plusieurs milliards d’euros en moins pour l’Etat.

Pourquoi les mesures indispensables ne sont-elles pas prises?

D’une part ces mesures seraient un obstacle au développement économique souhaité.

D’autre part, toutes ces activités économiques favorisent la pollution et le réchauffement climatique, or, le PIB comptabilise toutes les activités économiques en particulier celles qui découlent :

  • Des calamités climatiques : constructions ou reconstructions après les tempêtes, les ouragans, les inondations, les incendies de forêts…
  • De la pollution de l’eau de l’air, du sol : traitements des déchets, de l’eau, dépistage et traitements des allergies, cancers, troubles de la reproduction, des épidémies…

«Croître et multiplier» la production et la consommation, sans se soucier des retombées sociales dramatiques, est dû à une volonté délibérée. Les grands supporters de la croissance durable sont des êtres intelligents et calculateurs ; ils savent très bien que ces calamités et dommages, en pleine croissance !, sont une des pistes, inavouée car diplomatiquement inavouable bien sûr, pour que le PIB et les profits redémarrent ; c’est d’ailleurs en bonne voie en y ajoutant :

  • Les activités spéculatives dues à la raréfaction des ressources.
  • Les tensions mondiales (armement) et les guerres locales qui se multiplient souvent pour la maîtrise des ressources énergétiques et de l’eau.

Voilà pourquoi il n’est pas question, bien au contraire, d’envisager les mesures évidentes qui assureraient non pas le développement durable mais l’équilibre durable.

Le programme d’action communautaire pour l’environnement est une source considérable d’emplois, il couvre aussi bien l’air, le milieu marin, la prévention et le recyclage des déchets, l’utilisation durable des ressources naturelles, le milieu urbain, les sols….

Un état seul ne peut que montrer le chemin, l’Europe est le passage obligé pour corriger ces comportements suicidaires. Ses pouvoirs sont immenses mais ses dirigeants sont majoritairement les grands prêtres du libéralisme, les sacerdotes du culte de la croissance. S’abstenir de voter ou choisir ceux qui veulent détruire l’Europe est une très lourde faute ; il est indispensable de profiter de cet avantage pour désigner massivement ceux (sur les 24 listes promises j’en ai finalement trouvé une !) qui s’engagent à peser pour promouvoir une autre Europe, celle du citoyen européen soucieux de la vie saine de ses descendants et non des intérêts des paradis financiers.

– par Georges Vallet

crédit photos: lamauvaiseherbe.net