Curieuse coïncidence !

Comparaison n’est pas raison mais c’est troublant parfois !

Il n’est un secret pour personne que notre monde va mal, certains parlent de chaos. Une pathologie frappe de plus en plus fort l’espèce et la société humaine. Le terme de métastase est souvent évoqué.

Homo sapiens serait-il atteint de néolibéro-néoplasie maligne !

Toutes les régions du globe sont atteintes ; la France n’est pas épargnée et les symptômes n’échappent pas aux oncologues.

Résumons les en langage biologique :

La néoplasie maligne est un cancer, terme général désignant une maladie où des cellules d’un organisme adoptent un comportement anormal caractérisé par :
– L’indépendance vis-à-vis des signaux qui stimulent normalement la multiplication des cellules. C’est l’anarchie multiplicatrice.
– L’insensibilité aux signaux et mécanismes anti-prolifératifs régulant les phénomènes de croissance, de réparation, de résistance à l’immunité hormonale et cellulaire. La coordination par les centres nerveux est bloquée.
– La capacité proliférative n’est plus limitée, c’est la croissance infinie.
– La disparition du phénomène d’apoptose, processus par lequel des cellules déclenchent leur auto-destruction en réponse à un signal. C’est la mort nécessaire permettant la régénération, le rajeunissement et l’actualisation des nouvelles structures des organismes (globules rouges, cellules épithéliales, musculaires, etc.). Dans ce cas, ces structures inutiles ne disparaissent pas en réponse aux nécessités adaptatives de l’équilibre.
– La capacité anormale à susciter l’angiogenèse ; c’est le processus de création, extension, croissance de nouveaux vaisseaux sanguins. à partir de vaisseaux préexistants. Les cellules cancéreuses ont besoin de beaucoup d’oxygène et favorisent la prolifération des vaisseaux dans les tumeurs.
– Acquisition d’un pouvoir invasif facilité par l’angiogenèse et la production de métastases destructrices dans tous les organes.
>La société est un super-organisme vivant, traduisons, dans le même ordre, en langage socio-économique :

– «Indépendance vis-à-vis des signaux» : c’est l’indépendance des comportements des acteurs de l’économie vis-à-vis des signaux qui stimulent normalement la reproduction, l’exploitation, la production, la consommation, la pollution… Chacun se veut «libre», indépendant, sans contraintes susceptibles de s’opposer à la loi des échanges. C’est la lutte contre ce qui peut entraver la loi du marché et la concurrence libre, d’où l’anarchie multiplicatrice.

– «Une insensibilité aux signaux et mécanismes anti-prolifératifs» : L’État qui contrôle et régule est un parasite dépensier dont il faut diminuer le plus possible l’influence. Les études qui alertent sur les dangers de l’extension de la pollution, de l’hyper consommation, de la pauvreté…,  des maladies, sont rejetés par le jeu des lobbies, de la publicité, de la nécessité de faire le maximum de profits non ruisselants.

Il ne faut plus de cerveau «raisonnable» mais un stimulateur de consommation déraisonnée d’énergie.

  • La capacité proliférative n’est plus limitée : la croissance est infinie. «Les experts» la valorisent sans arrêt. C’est la multiplication de la production, consommation, gaspillage, de l’épuisement des réserves, des déchets…, d’où les maladies, l’épuisement…
  • La capacité anormale à susciter l’angiogenèse. La société hyperconsommatrice a besoin de beaucoup d’oxygène et de carburant, elle favorise la prolifération «des vaisseaux» ; la création, multiplication, extension, élargissement des voies de communication : routes, auto-routes, LGV, lignes aériennes, lignes maritimes, NTC… autant de réseaux favorisant la diffusion de plus en plus rapide des métastases économiques. Le numérique fait exploser les communications, interrelations et interactions polluantes énergétiquement et psychologiquement, politiquement et socialement aussi. C’est le grand Débat, il est mondial !
  • La disparition du phénomène d’apoptose. Les structures prolifératives ne disparaissent pas en réponse aux nécessités d’un équilibre. Nous sommes en plein dans le renouvellement des mandats, l‘accumulation des textes et des lois, le mille-feuille administratif, le monopole de la gouvernance par les énarques, la persistance insolente et coûteuse des grands patrons du Cac 40, la production de produits dangereux pour notre vie, comme dans l’industrie agroalimentaire, la fabrication du plastique et la persistance des énergies fossiles…
    L’acquisition :
    + d’un pouvoir invasif : prolifération des contraintes administratives complexifiantes et paralysantes,  des banques, emplois et entreprises parasites de «conseils», les fondations, instituts…, vente, expertise, publicité, etc., dans tous les domaines où règne la concurrence : finance, assurance, management, politique…, langage sélectif pour mieux profiter entre soi.

+ et de production de métastases de destruction des organes vitaux du service public.

Cette comparaison, purement formelle au départ, prend une tournure relationnelle quand on compare les deux «traductions».
Le néolibéralisme débridé actuel est-il encore du libéralisme ? Ne serait-il pas devenu une branche déviationniste de l’économie, assimilable à de la «néoplasie maligne» ?

Révolution industrielle et libéralisme remontent surtout au XIXème siècle ; les cancers, bien connus avant, se sont surtout multipliés et diversifiés depuis.

Dans les deux cas, l’issue du mal est angoissante ; si des progrès thérapeutiques ont été réalisés en cancérologie, cela empire en économie. Un populisme délirant fait craindre le pire. Des mouvements de résistance se sont successivement mis en place : socialisme, socio-libéralisme, social-démocratie, mouvements écologistes divers ; la macroéconomie les neutralise ; culture bio, circuits courts, économie circulaire …, se portent bien ; la microéconomie est une thérapie d’avenir.


L’école devrait renforcer les défenses immunitaires, ce n’est pas prévu !


Le relationnel prend toute sa force si on se penche sur les liens directs qui existent entre les causes des cancers et les objectifs du système économico-financier actuel.

On admet de nos jours qu’environ les deux tiers des cas de cancer sont imputables aux habitudes de vie, essentiellement au tabagisme et à l’alimentation. L’exposition à des substances cancérigènes présentes dans l’environnement (pollution de l’air, substances toxiques manipulées au travail, pesticides, etc.) accroît aussi le risque de cancer.

Le facteur héréditaire est faible : moins de 10% des cas, tous types de cancer confondus ; des origines épigénétiques de nature environnementale sont démontrées; les experts de l’INSERM écrivaient en 2005 :

L’exposition environnementale est impliquée dans la majorité des cancers.
«La période de 1930-1940 marque une véritable rupture en général, pour le cancer en particulier. C’est la pleine Révolution Industrielle, c’est-à-dire le passage d’une société agricole à une société de production industrielle mécanisée. Cette période a vu naître et croître de très nombreuses industries associées à un rejet de substances diverses n’existant pas avant.»
Le CIRC/OMS a établi une liste des produits cancérigènes présents dans l’environnement. En 30 ans, il en a testé 900 (une infime proportion des plus de 100000 molécules qui sont répandues, à coups de millions de tonnes par an, sans contrôle, par l’industrie depuis 1940). Sur les 900 produits, un seul a été reconnu comme n’étant pas cancérigène ; 95 ont été classés cancérigènes établis, 307 cancérigènes probables, 497 inclassables. Globalement les cancers ont augmenté d’environ 50 % depuis 1950, en tenant compte des progrès du dépistage.

Autrement dit, les tumeurs se sont surtout multipliées pendant le demi-siècle où l’environnement urbain, les transports et l’industrie se sont développés et hypertrophiés.

Actuellement, plus de huit citadins sur dix vivent dans un environnement où les niveaux de pollution dépassent les seuils fixés par l’OMS.

Ajoutons le rôle du tabac, des régimes alimentaires : alcool, viande, gros poissons du haut de la chaîne alimentaire (de plus en plus d’élevage !), contaminants cancérigènes reconnus tels que la dioxine, les PCB ou certains pesticides qui persistent dans l’environnement malgré leur interdiction depuis des années. Le «Canard»signalait que des scientifiques avait trouvé dans les amphipodes (crustacés marins) des fosses de Kermadec et des Mariannes (6 à 10000 m) des doses de PCB 50 fois plus importantes que dans les crabes d’un des fleuves de Chine les plus pollués !

Aujourd’hui, il est admis qu’il existe un lien entre stress et cancer car le stress pousse à adopter des comportements qui ont prouvé leur caractère cancérigène : manque d’activité physique, carence du sommeil, alimentation défavorable, alcool, précarité pour consulter un médecin…., taux de suicides.

Déchets : le 30/11/ 2006, l’Institut National de Veille Sanitaire a présenté une étude accablante sur 120 incinérateurs de déchets actuellement en France. Il existerait une relation significative entre le lieu de résidence sous un panache d’incinérateur de 1972 à 1985 et l’augmentation du risque de certains cancers, notamment les cancers du sein…

On ne peut plus parler de libéralisme ou néolibéralisme, c’est devenu un « isme » où le meilleur est remplacé par  celui qui s’impose par la force.

L’actualité brûlante  montre que les soins intensifs s’imposent si on ne veut pas passer en soins palliatifs ! 

Pour le biologique et le socio-politique, les solutions sont toujours les mêmes mais volontairement ignorées.

Pour éviter les conséquences dangereuses il faut s’attaquer aux causes

«Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux»

Marcel Proust.

Signé Georges Vallet

crédit photo:telavivcat.unblog.fr

Tiens-toi bien au pinceau, je retire l’échelle.

!cid_90B64188-4B71-413C-9CE1-6E280917D7D8@homeLa «bulle culturelle», comme le fou de l’histoire, est en train de couper le cordon ombilical qui l’unit à ses racines biologiques.

Danger !

Les relations entre le culturel et le biologique ont été, et sont toujours, marquées par deux conceptions.

1°) La première pense que l’homme, au bout d’une dizaine de milliers d’années d’existence, ne fait plus partie de la nature. Il a été le fruit d’une création, et il peut maintenant organiser lui-même son évolution, la nature étant à son service. Cette conception est toujours très proche de l’évolution culturelle actuelle.

Il suffit de se retenir au pinceau !

2°) La deuxième soutient que le culturel s’enracinant dans le biologique, l’évolution de la société humaine est inséparable de son fonctionnement biologique.

La société ne peut pas vivre sans l’échelle et se retenir seulement au pinceau !

Dans son livre :« Spinoza avait raison»(Odile Jacob) Antonio R. Damasio établit un lien très étroit entre le corps, le cerveau et l’esprit. L’objectif inconscient, à tous les niveaux, est la recherche d’un équilibre : «l’homéostasie» en biologie, appelée «bien être» en psychologie.

De l’humble amibe aux êtres humains, tous les organismes vivants naissent, non pas libres et égaux, mais munis de procédés aptes à résoudre automatiquement, sans qu’il soit besoin de raisonner, les problèmes de base que pose la vie : trouver des sources d’énergie, l’incorporer et la transformer, préserver un équilibre chimique intérieur compatible avec les processus de la vie, se défendre contre les agents extérieurs : maladies et blessures physiques, se reproduire.

La machine homéostatique s’est perfectionnée dans le temps en développant des niveaux hiérarchiques adaptant évolution organique, physiologique puis culturelle. A.Damasio définit quatre niveaux :

Premier niveau :

>Les réponses immunitaires : protection contre les virus, les bactéries, les parasites et les molécules chimiques toxiques d’origine externe ou interne.

>Les réflexes de base : comportements d’arrêt, de fuite, attirance ou répulsion vis-à-vis de la lumière, de la chaleur, de substances chimiques.

>Les régulations métaboliques : réactions gouvernant par exemple le pouls, la pression du sang, le sucre, les ajustements acides et alcalins dans le milieu interne, le stockage et la distribution des substances énergétiques, des enzymes…

Deuxième niveau :

Les besoins et motivations : faim, soif, curiosité, le jeu, le sexe : «appétits» d’un organisme engagé dans un besoin particulier.

La douleur contribue à lutter contre le dommage subit ; le plaisir génère un corps détendu facilitant les relations avec les autres ; la sécrétion d’endorphines permet la réalisation du plaisir recherché.

Troisième niveau :

Les émotions :

Présentes chez les vertébrés supérieurs pourvus d’un cerveau, les unes sont innées, les autres acquises.

On distingue des émotions :

– primaires : peur, colère, surprise, joie, tristesse…
– sociales : embarras, honte, anxiété, orgueil, envie, admiration, indignation, mépris, la jalousie,…
Elles régulent spontanément les processus de la vie et favorisent la survie. Certaines sont désagréables comme la peur ou la colère, d’autres agréables comme certains échanges, jeux ou rapports sexuels.

Elles nous sont très utiles à condition qu’elles n’atteignent pas des intensités trop fortes et qu’elles ne durent pas trop longtemps : «Devant l’injustice, une colère indignée peut être appropriée, alors qu’une explosion de rage destructrice ne l’est pas» Matthieu Ricard.

Quatrième niveau :

Les sentiments : amour, amitié, empathie, haine, bien être, bonheur…, représentent la perception d’un certain état du corps. Ils résultent d’une synthèse des émotions automatisées ; ils permettent l’émergence de réponses nouvelles, non stéréotypées.

C’est le passage de l’homme biologique à l’homme culturel.

Ils nous aident à résoudre des problèmes non «routiniers» impliquant créativité, jugement et prise de décision, lesquels nécessitent la manifestation et la manipulation consciente des très grandes quantités de connaissances acquises. Cette intégration siège uniquement au niveau du cortex hypertrophié de l’homme.

Conclusion :

Du fait de la nécessaire immédiateté dans laquelle on vit actuellement, la politique, le comportement médiatique, la réaction sociale aux problèmes actuels…, sont basés de plus en plus largement sur l’émotion : colère, agressivité, peur, ressenti, violences,…: processus instinctifs, biologiques, qui ne laissent pas la place à un contrôle volontaire, à la réflexion consciente, à l’utilisation des connaissances, à l’intelligence donc.

Lors d’un entretien avec Jean-Jacques Urvoas publié par le Nel Obs n°2700 en août 2016, ce dernier se disait inquiet «de la virulence des propos qu’on lit sur les réseaux sociaux. Menaces et vociférations remplacent les arguments.»

Cette inquiétude est justifiée !

Cette nouvelle finalité, qu’est l’émotion, maintient notre interprétation du monde au niveau de la réaction spontanée, non réfléchie, et non à ce qui fait la supériorité de l’homme : la pensée synthétisée et consciente.

Il y a là, très probablement une des explications aux problèmes de notre monde.

A. Damasio nous démontre que les conventions sociales, les règles éthiques, les lois, la démocratie…, sont des extensions des dispositifs homéostatiques de base au niveau de la société et de la culture. Elles ont pour but un équilibre de vie assurant survie et bien-être. Il en est de même des instances mondiales de coordinations sociales : OMS, UNESCO qui favorisent l’homéostasie mondiale.

Comme les équilibres de base, ces structures sont fragiles, des perturbations trop importantes risquent de les mettre en péril ; c’est ce qui explique l’angoisse et tous les problèmes actuels liés à l’inadéquation entre la vitesse de l’évolution économique et financière et la possibilité adaptative d’un homme biologique, récepteur sacrifié, abandonné et soldé pour ce que certains appellent «l’intérêt général»
Comment passer d’une gestion du monde purement physique et instinctive, basée sur l’émotion, à une gestion réfléchie, intelligente, pensée, véritable condition du sentiment de bien-être ?

Peut-être redécouvrir la durée du temps, l’importance de la mémoire, de l’histoire, de l’imagination et de l’empathie ; le «care» est un comportement évoqué qui fait intervenir les sentiments.
Dernièrement Jean-Claude Guillebaud écrivait :

«Nous sommes malades du temps. L’immédiateté haletante a pris le pas sur les autres : l’intelligence, l’histoire, le long terme, le lien, le projet… Il est urgent d’apprendre à résister aux infos intimidantes, aux commentaires insignifiants….»

Signé Georges Vallet

Crédits photos: virusphoto.com