Conte Pyrénéen – Aux éditions « Je s’rai plus là dans deux ans » – La Préfète et l’usine de Tri Mécano Biologique de Bordères sur l’Echez…

imagesA sa demande, le collectif d’associations d’opposants au projet de création d’une usine de Tri Mécano Biologique-Méthanisation à Bordères sur l’Echez, a été reçu le 23 septembre dernier par la Préfète des Hautes-Pyrénées, en présence du Secrétaire Général de la Préfecture.
L’ambiance a été cordiale et apaisante, pour un échange formel. Durant l’entretien, chacun a pu exposer son point de vue sur les points essentiels appuyés sur des arguments documentés objectivement qui n’ont pas été contestés.

Mais il n’y a pas eu de débat proprement dit, chacun est resté fidèle à ses positions. Il n’a pas été tiré de conclusion de notre entretien, et la courtoisie a été respectée.
Les représentants de notre Collectif ont pu présenter les raisons de l’opposition au projet en lui-même, et encore plus, à son implantation dans une zone urbaine appelée à se développer par la construction de nombreux logements, et se densifier par l’implantation de diverses activités.
Après l’audition des exposés le Président de l’ADRISE a résumé ses conclusions.

En retour, la Préfète et le Secrétaire Général sont revenus sur certains points de l’exposé, sans nous apporter d’arguments contradictoires, pour démontrer la qualité du projet et son opportunité, par rapport aux éléments en cause, et dans l’intérêt de la population tarbaise.
Mais le propos, sur le ton et sur le fond, s’est voulu apaisant et rassurant, reprenant tous les éléments sédatifs, déjà entendus lors de réunions multiples déjà tenues avec le futur maître d’ouvrage et les élus intéressés, ainsi que lors de l’enquête publique. Apparemment, l’intention n’était pas de nous convaincre par des explications, mais de nous rassurer pour faire baisser la pression.

Mais, à notre grande surprise, alors que nous étions déjà à moitié rassurés par l’ambiance apaisée, au moment de tirer la conclusion de l’entretien, madame la Préfète nous a clairement fait comprendre, qu’elle signerait l’autorisation d’exploiter l’UTV 65. Ce qui est chose faite à l’heure où nous publions cet article.
Pour justifier cette décision déjà arrêtée à l’avance, quelques arguments soigneusement choisis et des affirmations de principe ont été résumés, qui ne cherchaient pas à démontrer quoi que ce soit, mais seulement à nous rassurer, comme une invite à laisser faire, sans le dire expressément.

C’est pourquoi dans le compte rendu que nous avons à vous présenter, il apparaît nécessaire, de revenir sur quelques-unes des affirmations qui nous ont été opposées, afin de les soumettre à votre réflexion, en toute loyauté.
Tout d’abord l’affirmation : “Il y a un intérêt général, le plan d’élimination des déchets doit être mis en œuvre, la loi Grenelle doit être respectée….”
Nous partageons entièrement cet argument qui résume précisément l’objet de notre visite. Nous dénonçons seulement et vigoureusement, le fait qu’aucune étude n’ait été conduite sur la nature des problèmes posés par le traitement des déchets urbains de l’agglomération tarbaise. Ni qu’aucune tentative d’explication n’ait été présentée, pour démontrer les raisons de l’option du procédé déjà arrêté, ainsi que sur les conditions à remplir pour son fonctionnement régulier, les 2 conséquences à tirer de son application, les limites à observer, pour bénéficier de ce qu’il peut faire, et remédier aux inconvénients de ce qu’il ne peut pas faire. De ce point de vue, selon les informations dont nous disposons, tout est à redouter

En outre, il a été rappelé pour nous inciter au silence, la nécessité de l’application des conclusions du Grenelle de l’Environnement, en ces termes : “Or nous rappelons que le Président de la République a signé la Charte de l’Environnement qui stipule que chacun a le droit de vivre dans un environnement sain et équilibré, respectueux de la santé ».
Notre Association s’est constituée sur le constat que le projet d’UTV 65 a été arrêté en violation directe des conclusions du Grenelle de l’Environnement, et en contradiction  des prescriptions définies par le Président de la République. C’est le constat de cette violation qui nous a incités à réagir.
En effet le simple examen du contenu du projet annoncé, et déjà arrêté selon la conclusion de la Préfète, révèle que, dans le cahier des charges défini par les autorités publiques concernées, l’UTV 65 ne traitera pas 7351 tonnes de déchets, lesquels sont destinés à être enfouis. Mais il n’a pas été indiqué à quelle condition, ni à quel prix.
Sur ce point, dans le souci de la protection de l’environnement, la population tarbaise, comme celle de toute la Bigorre et encore au-delà, est totalement opposée, sans nuance ni réserve, à ce qu’il soit enfoui quoi que ce soit comme déchets, dans le milieu naturel sensible où elle est installée. Cet espace situé au pied de la montagne recouvre un réseau extraordinairement dense de cours d’eau souterrains, issus des bassins versants depuis les temps géologiques. La chaîne des Pyrénées arrête les nuages venus de l’océan Atlantique, provoque les précipitations de la pluie et de la neige, et même de la rosée. Toute cette eau recueillie alimente les ruisseaux, les rivières, et les fleuves de l’aval, et bien entendu, la nappe phréatique qui nourrit la vie.

Or, jusqu’ici, comme il l’a été souligné, jamais la population ni les autorités responsables n’ont traité les déchets. Certes, à la campagne les paysans ont toujours produit le fumier qui favorisait la récolte, à partir des déchets de la ferme. Mais les déchets urbains au contraire, n’ont jamais été traités. Ils ont toujours été enfouis dans le sol, empoisonnant le milieu, polluant les eaux, pour compromettre le sort des générations futures pour des siècles. Tant qu’il s’agissait des restes du boucher et du boulanger, l’affaire était supportable. Mais les conditions de la vie en ville ont changé, laissant moins de résidus alimentaires et plus de déchets industriels qui, résistant à tout, ne peuvent être enfouis dans le milieu naturel. Sur ce plan, nous avons déjà fait le plein
Le contenu du projet révèle encore, qu’à partir de nos déchets urbains, il sera produit 17 000 tonnes de compost, présentés comme une richesse bienvenue sans autre explication. Il faudrait d’abord convaincre les agriculteurs de l’utilité de cette manne bienvenue censée favoriser la récolte. Les métaux, les minéraux, les plastiques et autres composés chimiques amassés dans nos poubelles, ne sont pas absorbés par les végétaux. En conséquence ce sont les paysans qui auront à disperser dans la nature ces résidus indésirables des déchets qui ne seront pas enfouis.

L’examen du dossier décrivant le projet tel que défini par le demandeur, et déjà accepté par les autorités publiques, révèle que l’UTV 65, produira encore, à partir de nos poubelles, 29 350 tonnes de déchets inqualifiables qui devront être expédiés par la route à Toulouse, pour y être incinérés soit 773 camions d’une capacité de 38 tonnes. L’énergie produite par la cargaison sera inférieure à celle consommée par son transport. La Charte de l’environnement est violée à l’avance, sur le site comme sur la route. Autant brûler sur place ces combustibles nuisibles, pour en exploiter la chaleur sans encombrer les routes.
En faisant le bilan prévisionnel d’exploitation qui devrait justifier la création de l’usine, il apparaît que le projet prévoit l’enfouissement de 7351 tonnes de déchets ultimes, la récolte de 17000 tonnes de compost qui seront mis sur le marché, et l’expédition de 29 350 tonnes de combustibles de restes à brûler par les autres. Soit un total de 59 701 sur un total de 70 000 tonnes. On ne saurait comment qualifier les 10 299 tonnes manquantes, censées avoir été traitées par l’UTV 65, et qui en justifieraient l’utilité.
Dans sa simple présentation, le projet est indéfendable, nuisible et coûteux, Il n’y a aucune information sur les conditions financières d’une telle opération. Il faudra rémunérer la prestation du bienheureux propriétaire du terrain d’enfouissement, lequel n’a pas encore été défini, mais il bénéficiera d’une rente assurée. Il faudra payer encore le coût du transport à Toulouse, dans des camions spécialisés. Et en plus, payer la prestation assurée par l’incinérateur dans des conditions obligées, mais indéfinies et aléatoires. Et naturellement, il faudra toujours payer la prestation de l’exploitant de l’UTV 65, dont le contenu et les contours sont plutôt incertains, pour ne pas dire flous. En toute franchise l’affaire paraît être un attrape nigaud, sur l’invitation de circuler, il n’y a rien à voir.

Pour nous amadouer, durant l’entretien à la Préfecture, il nous a été assuré :
Il est hors de question de laisser les clés du camion à l’exploitant de l’usine… Nous exercerons un contrôle permanent, et si cette installation venait à présenter des dysfonctionnements, nous prendrons des mesures qui pourront aller jusqu’à la fermeture…
L’argument est tout à fait respectable, tenu par une autorité responsable de l’ordre public. Mais il est contredit par le “Si” intempestif auquel il est soumis. De deux choses l’une : ou bien le projet présenté est Bon, satisfaisant à toutes les conditions d’utilité publique et environnementales auxquelles il est soumis, et la décision d’autorisation est fondée. Mais cela se vérifie “AVANT“ la décision, sur l’examen des éléments du dossier par toutes les autorités concernées, et la conclusion des enquêtes publiques obligées qui en établiront la recevabilité.
Ou bien le projet n’est pas Bon pour les mêmes raisons, sur le constat de ces procédures préparatoires, et le refus de l’autorisation est oblige par nécessité. En la matière il n’y a pas de place pour le “SI”, lui-même conditionné par la promesse d’un contrôle permanent, à la diligence d’acteurs indéterminés qui exerceront leur contrôle mais “APRES”, une fois que le mal irréparable sera fait. Car une fois que les mesures annoncées seront prises sur le constat des “dysfonctionnements ”, il n’est rien dit de qui en fera les frais ni qui remboursera la dette contractée pour la réalisation de ce établissement trompeur.
Telle que présentée par la voie orale, la réponse de l’administration recouvre une part d’arbitraire qui n’a pas de place dans le fonctionnement des institutions, et dans l’application des Lois.

La suite de l’entretien répond au même constat :
Nous nous sommes aperçus qu’il n’était pas question de création de Commission de Suivi de Site (CSS)…… Dans l’arrêté, nous indiquerons qu’une CSS doit être créée.
L’engagement de la création future d’une Commission en cas de besoin, qui sera chargée de recevoir les doléances et les plaintes de la population, sur le constat des dégâts causés par l’invasion des mouches et autres insectes nuisibles, l’abondance des odeurs pestilentielles portées par le vent, la contamination des microbes pathogènes suivies des épidémies inévitables, du fait de la contagion d’un voisinage dangereux incommode et insalubre, n’est pas la réponse au problème.
Sans compter que ladite Commission de Suivi du Site n’exerce aucun pouvoir particulier. Après avoir enregistré le désastre sur la flore et sur la faune naturelles, vérifié la variation de la fréquentation hospitalière, elle tiendra une conférence de Presse pour rendre publiques les recommandations qu’elle promettra de faire à l’exploitant d’une installation déficiente, imposée à grands risques. Ce dernier ne changera rien à une installation inappropriée, mais objectera des emprunts à rembourser et des emplois à préserver.

Nous avons été tout spécialement sensibles à ce que les interlocuteurs autorisés, dans l’exercice de leurs fonctions aient souligné à cette occasion :
Les services de l’état n’ont pas pour vocation de juger de l’opportunité d’un projet…
La contradiction est manifeste entre la promesse de création d’une Commission de Suivi de Site, qui aurait la charge de ramener l’ordre pour protéger la santé, et l’absence de vocation des services de l’Etat, de juger d’apprécier la qualité du projet soumis à son autorisation. Ce qui suggère que la notion de l’opportunité serait élastique, une simple affaire de cuisine, sans considération de l’intérêt général.
Une fois la surprise passée, nous avons eu la tentation de dire aux représentants de l’Etat :
“Pas vous et pas ça! Et pas à nous !”
Nous nous sommes tus parce que nous avons eu du mal à contenir notre indignation.
Il revient à la Préfète es-qualité et à elle seule, d’exercer le contrôle de la légalité des décisions de tous les acteurs publics, et spécialement celles des Collectivités locales, devenues libres de leur administration depuis l’application de la Décentralisation. Si la décision est illégale, ou seulement suspecte, il lui appartient de saisir le Tribunal Administratif qui jugera de l’affaire en régularité et en opportunité. Cette réforme visant à libérer les acteurs locaux des contraintes du contrôle des représentants de l’Etat, n’a rien changé au fonctionnement des institutions. Elle en a simplement transféré la charge à la Justice, dans l’espérance d’une meilleure appréciation de l’intérêt public.

Nous avions sollicité cette audience du Préfet, parce que nous sommes assurés de sa vocation de servir l’Etat, dans la nécessité de veiller à la bonne gestion des affaires des Hautes Pyrénées, à la faveur des moyens dont il dispose, y compris la saisine du Tribunal Administratif. Nous persistons à penser qu’il s’agit d’une réponse de circonstance qui nous a été faite, et que au contraire, les services de l’Etat ont pour vocation de juger de l’opportunité d’un projet, affectant les Collectivités et Etablissements situés dans le Département placé sous son autorité.
Dans une situation comparable, une Association de Tarbais a été constituée pour contester une décision du Préfet devant le Tribunal Administratif de Pau. Le défaut du contrôle de la légalité des décisions publiques, soumet le citoyen à l’arbitraire sans limite, et notre société à l’anarchie générale.
Cependant cette réponse inexacte, “ Les services de l’état n’ont pas pour vocation de juger de l’opportunité d’un projet….”, par son excès même, trop accentué pour n’avoir pas été voulu, incite à d’autres contestations plus générales et plus impérieuses.

Le traitement des déchets par la pourriture est de tous les temps. Il obéit à la logique de la digestion des déchets organiques par les bactéries, à la faveur de la méthanisation que l’on perçoit, par les odeurs qui se répandent. Quelques entreprises Allemandes ont eu l’idée d’utiliser le procédé à l’échelle industrielle. La formule a parfaitement réussi pour les déchets agricoles et forestiers, aussi bien pour la production du méthane qui est brûlé sur place, que pour le compost résiduel riche en protéines, très recherché pour l’agriculture. La limite est venue de l’équilibre financier, ne sachant comment rentabiliser cet investissement entre deux récoltes. La solution a été recherchée à travers la combustion du mélange des déchets urbains, associés à celle des déchets de la campagne; puis ensuite par l’incinération des déchets urbains uniquement. L’échec a été total. Les incendies et les explosions ont été multipliés, détruisant les installations. La pollution est devenue insupportable, et la sécurité a été menacée. A l’expérience de ces catastrophes répétées, aujourd’hui, les Préfets allemands veillent à ce que les installations soient implantées à plus de 2 kms des lieux habités. En outre, il est interdit d’utiliser les résidus de la combustion des déchets urbains comme compost pour le jardinage.

A la faveur du dynamisme industriel, des installations de même nature ont été construites dans d’autres pays, et la France a suivi. Sur le vu des résultats et en écho à la presse régionale, il est constaté qu’aucune de ces usines ne fonctionne convenablement. Mais en revanche, toutes ont entraîné des procès à grands dommages, au grand bonheur des avocats. Alors que l’administration Allemande a le pouvoir d’imposer des conditions à respecter, des limites à tolérer et des servitudes à appliquer, l’administration Française placée devant la même problématique, avoue son impuissance. Le citoyen ne peut compter que sur lui-même, dans la gestion des affaires publiques ! Il ne lui resterait plus que la révolte et l’anarchie.
Quelque soient les innovations techniques envisagées, une chose est sûre : les bactéries ne consomment que des matières issues du vivant. Le reste des autres familles de déchets ne peut être qu’incinéré pour en récupérer l’énergie.

Les responsables publics décident tous seuls dans le secret. Comme la Presse locale est muette, quelque curieux sont allés chercher sur internet par Google et Wikipédia.
La récolte est éloquente : la technique de méthanisation qui nous est proposée est largement répandue en Europe et l’expérience tourne à la catastrophe :
En Allemagne, les premiers servis sont Hanovre, Göttingen, Hamar et d’autres. En trois ans il y a eu 33 incendies et 8 explosions qui ont détruit les installations. Ils ont compris que lorsque la cuve est pleine il faut tout démonter, tout vider et tout reconstruire. Pour gérer cette erreur, ils ont interdit de les implanter à moins de 2 kms des lieux habités; et même d‘utiliser les composts pour le jardinage, en raison des risques de contamination.
En France, Montpellier, Angers, Varennes-Jarcy, Amiens, Lille, Fos sur Mer, le Sytrad de Drôme Ardèche, ont suivi. En Espagne, il y a eu Barcelone, Cadix, La Corogne, en Italie Bassano, et en Belgique Mons.
Partout l’échec est total : l’installation fonctionne très mal, la population est incommodée par des odeurs pestilentielles les mouches les maladies infectieuses et les allergies. La presse régionale Ouest France, le Midi Libre, le Provençal confirment les litiges et les procès, l’embarras des politiques qui ont fait les emprunts et gaspillé l’argent. Un rapport de la Chambre Régionale des Comptes du Languedoc Roussillon dénonce l’échec au constat que la quasi-totalité des « digestats » est simplement enfouie dans le milieu naturel.
Un rapport du Sénat a condamné la filière, pour prévenir les Maires qui les ont élus. Non seulement, il ne faut pas en construire d’autres, mais la question de la fermeture de l’existant est posée, spécialement à Angers, où une indemnisation est réclamée.
L’information sur internet révèle que vu l’ampleur du désastre, il s’est créé un « Réseau sentinelle » à l’échelle de l’Europe qui fait circuler l’information. La consultation du site du quotidien Ouest France révèle que :
Le «réseau sentinelle » qui surveille le fonctionnement de l’usine a enregistré qu’au cours du mois de janvier, les mauvaises odeurs ont été perçues dans le voisinage de l’usine, 23 jours sur 31. (…) 6 Et ces odeurs pénètrent à l’intérieur des maisons y compris lorsque les fenêtres sont fermées.……
Autre souci qui avait peut-être été sous-estimé, voire totalement négligé : les mouches ! (…..), lorsque les beaux jours arrivent mais du côté de l’usine, elles sont là en permanence et en nombre, y compris en hiver….
Et puis les analyses de l’air effectuées aux abords de l’usine ont permis de détecter la présence de champignons, de moisissures et de bactéries aux noms très compliqués et dont on ne sait pas quels peuvent être les effets sur la santé humaine dans la durée. »
Source : St Barthélémy d’Anjou infoplus.

Il est évident que tous les responsables publics sont informés de cette situation, bien mieux que le commun. Mais apparemment ceux de la Bigorre pensent que, vu leur passivité aveugle, les gens des Pyrénées, ne fréquentent pas internet.

– Par Patrick MILLOT
Président de l’ADRISE

Usine de TMB-méthanisation de Bordères sur l’Echez

Capture d’écran 2013-09-15 à 11.11.17Le cadre de vie, la qualité de l’air et la santé des riverains menacés. Il semblerait que certains élus et porteurs du projet de l’Unité de Traitement et de Valorisation 65 (UTV 65), future usine de TMB-méthanisation (Traitement-Mécano-Biologique) de Bordères sur l’Echez, soient atteints du mal dénommé : « le syndrome de Pinocchio »…

Les signes permettant de repérer la ou les personne(s) atteinte(s) se manifestent toujours de façon identique : discours redondant occultant VOLONTAIREMENT toutes les facettes dérangeantes de la réalité.

Cette ancienne pathologie a apparemment refait surface en 2012 et les premiers symptômes ont été détectés chez certains élus, qu’ils soient Vice-président, Maire de commune, Président d’un Syndicat Mixte…

Voici les meilleurs extraits auxquels nous apporterons des précisions.

Le maire de Bordères sur l’Echez, le 14 décembre 2012 dans son bureau en présence d’un témoin :

« Nous avons visité l’usine d’Angers, avec une délégation d’élus. Cette installation ne dégage aucune odeur… Peut-être un peu à l’intérieur des hangars…/… Nous avons doublé les capacités de filtrage de l’air vicié, par rapport à l’usine d’Angers. »

« Si je me représente et si je suis élu, en cas de dégagement de nuisances par l’usine que nous allons faire construire à Bordères, je prendrais mes responsabilités de maire, je ferais stopper le fonctionnement de l’usine jusqu’à ce que des modifications soient apportées afin qu’elle n’occasionne plus de nuisances… »

Le maire de Bordères sur l’Echez, le 04 juillet 2013, lors d’une réunion publique à Bordères sur l’Echez :

« Même en cas de nuisances, on ne peut pas faire arrêter l’exploitation d’une usine de 50 millions comme ça… »

Le 1er Vice-président de la Communauté de Communes du Grand Tarbes, dans un article du magazine l’Agglo n° 40, à propos de la future usine TMB-méthanisation :

« Les gens ont été rassurés. Mais je tiens à préciser que, ni le Grand Tarbes, ni la Mairie de Bordères, ne se sont lancés à l’aveugle sur ce projet. Nous sommes allés visiter une demi-douzaine d’usines de méthanisation en Allemagne et en France. Nous avons constaté que selon les procédés que l’on désire, il y a peu de nuisances ou aucune nuisance. L’usine d’Angers, installée au milieu des lotissements, ne génère pas la moindre odeur. »

Monsieur le maire et 1er Vice président du Grand Tarbes, dire et écrire que l’usine d’Angers ne génère aucune odeur, c’est se moquer ouvertement des riverains de cette installation, qui souffrent au quotidien depuis sa mise en service en 2011. Et c’est prendre les personnes que nous représentons pour de simples NIMBY (1)

Effectivement, une délégation d’élus de Bordères sur l’Echez et du Grand Tarbes est allée visiter l’usine BIOPOLE d’Angers. Il y a eu trois visites :

· Le 04 novembre 2010, BIOPOLE n’était pas en service.

· Le 28 mai 2011, l’association SEBIO (2) nous confirme qu’à cette période, les riverains subissaient des nuisances olfactives et une invasion de mouches.

· Le 21 mai 2012, l’association SEBIO nous confirme qu’à cette période, les riverains subissaient des nuisances olfactives et une invasion de mouches.

Et pour preuve, l’association en question nous a envoyé la copie des mails des riverains signalant ces nuisances. Nous les tenons à votre disposition.

Vous tenez le discours qui a été tenu aux riverains de l’usine Biopole d’Angers, à qui on a même dit que les erreurs de Montpellier ne se reproduiraient pas. Mais le discours tenu était fallacieux.

Vous avez également annoncé (dans le cas d’une hypothétique candidature et d’une non moins hypothétique réélection) : «  Je prendrai mes responsabilités de maire. Je ferai stopper le fonctionnement de l’usine jusqu’à ce que des modifications soient apportées afin qu’elle n’occasionne plus de nuisances« .

Pourtant, plus haut, le 04 Juillet 2013, vous avez dit :« Même en cas de nuisances, on ne peut pas faire arrêter l’exploitation d’une usine de 50 millions comme ça… »

Auriez-vous oublié l’article L.2212-1 et 2 du Code Général des Collectivités Territoriales, qui stipule que le maire d’une commune a le devoir d’assurer :

· la sécurité, qui tend à éviter les dangers menaçant la collectivité ou les particuliers

· la tranquillité, qui tend à prévenir certaines gênes excédant les inconvénients normaux de la vie en société

· la salubrité, qui est la prise en compte des préoccupations liées à l’hygiène ou la santé publique au sens large

Le Président du SMTD 65 dans un article de presse de la Nouvelle République des Pyrénées, le 04 juillet 2013 :

« Les investissements nécessaires à la qualité de vie des riverains seront faits à l’unité de méthanisation de Bordères…/… Certes, les nuisances olfactives subies par les riverains des usines d’Angers et de Montpellier se sont effectivement produites. Mais elles ont conduit les collectivités à engager de nouveaux travaux pour y remédier. Le président assure que le projet de Bordères tient compte des difficultés rencontrées par les premières usines construites en France et bénéficie de tous ces retours d’expériences. »

Monsieur le Président du SMTD 65, nous constatons que vous avez bien appris votre leçon, ou qu’on vous a particulièrement bien soufflé les réponses….

Vous vous basez sur des chiffres, comme tous ceux qui ont décidé de ce projet, sans qu’il y ait eu de véritable étude(s) comparative(s) sérieuse(s). Pour notre part, nous fondons notre jugement sur des faits réels et le vécu des riverains des ces installations.

Pour information, entre autres, une société proposait une solution associant les technologies suivantes : tri-extrusion, méthanisation, production de carburant (partenariat avec CENTRIEX, ROCANDA/DOMUS). Cette solution innovante semblait pourtant présenter un réel intérêt sur un plan technique mais également financier pour le Conseil Général 65. De plus, ce procédé ne dégage absolument aucune nuisance.

L’A.D.R.I.S.E, l’UNPI 65 et la PPR 65 s’interrogent sur les raisons ayant conduit à écarter ce procédé innovant du dialogue compétitif. S’il s’agit uniquement d’un manque de recul par rapport à ce procédé, que peut-on dire alors du recul que vous avez par rapport au procédé Tri Mécano-Biologique, qui montre ses limites partout où il est mis en place et notamment à Montpellier et à Angers ?

A ce jour, sur l’installation d’Angers, le surcoût est de 21,5 millions d’euros depuis la mise en service. Et les nuisances sont toujours présentes !

L’usine que vous projetez de construire à Bordères/Echez est quasiment une copie conforme de celle d’Angers, mis à part qu’elle ne produira pas d’électricité et d’eau chaude. Malgré vos propos faussement rassurants, nous connaissons déjà le triste scénario et nous demandons à chaque lectrice et lecteur de bien s’imprégner des lignes qui suivent pour s’en faire l’écho.

Nous sommes certains, que, dès le début du fonctionnement de cette installation, nous aurons à subir de fortes nuisances olfactives qui s’étendront, selon les vents porteurs de 2 à 3km à la ronde. Rapidement, s’ensuivra une invasion de mouches.

Concernant les mouches, au début, on nous dira qu’il n’y en a pas plus qu’à l’accoutumée, que ça ne vient pas de là,…, que c’est le changement climatique. Mais quand le ton montera, on nous répondra : « mais les mouches ce n’est pas sale ! » Durant à peu près un an, pour nous calmer, on nous dira que l’usine est en phase réglage. »Ne vous inquiétez pas ça va s’arranger »: diront les porte-parole.

Mais on peut vous garantir que ça ne s’arrangera pas. Et quand l’exploitant en aura assez d’essuyer les plaintes liées aux odeurs et aux mouches, il emploiera des produits masquant et des insecticides. Bien entendu, avec ces produits, il y a des risques pour la santé. Personne ne l’ignore, mais on va le faire quand même, comme à ANGERS.

Face à la durée des nuisances, on nous dira qu’on cherche une solution. Et ça durera, ça durera encore des semaines, et des mois. Bref, ça durera des années ! Des années où il ne fera plus bon vivre dans nos demeures. Des années durant lesquelles chacun se dira : « si on avait su ». De bien mauvaises années.

Un autre effet, sera la baisse des biens immobiliers allant jusqu’à 60%, selon la distance qui les sépare de l’usine.

Ne négligeons pas non plus le fait que l’UTV 65 et l’usine EDEN AGRO (autre usine ayant pour but de traiter les déchets agro-alimentaires…) seront quasiment côte à côte. Nous sommes certains que l’exploitant de L’UNE ne manquera pas de rejeter la faute sur l’AUTRE.

Enfin, la partie écologique de ce projet se résume uniquement par la réinjection de gaz dans le réseau GRDF, dont les quantités encore une fois, ne sont basées que sur de savants calculs. Vous annoncez une production de gaz équivalente à la consommation de 20 000 habitants.

Ce que vous ne dites pas, c’est que pour arriver à ce résultat, vous allez détériorer gravement le cadre de vie et la qualité de l’air d’environ 5000 à 6000 personnes, et pour de nombreuses années. Quant au compost produit, il ne trouvera pas preneur et finira soit à l’incinération puis en décharge, soit en décharge directement, au Bécut à Bénac, avec un surcoût par rapport à vos prévisions.

N’hésitez pas à relire cet article, à le conserver et le faire circuler car nous ne noircissons pas le tableau, nous vous informons pour que vous réagissiez avant qu’il ne soit trop tard. A cet effet, nous demandons à toutes et à tous de vous mobiliser contre ce projet qui n’a rien à faire si près des habitations.

Nous demandons aux élus impliqués dans ce projet de bien réfléchir aux orientations prises car ils auront à en répondre dans un proche avenir. Le moment est venu de faire preuve de probité et de courage intellectuel.

Nous demandons aux élus des communes avoisinantes de se positionner au plus vite sur ce projet qui va impacter leur population.

Nous demandons aux élus et aux habitants des communes plus éloignées de nous soutenir dans notre démarche.

Nous demandons à chacune et à chacun de bien prendre la mesure de ce qui nous attend, de ce qui attend vos enfants, vos petits-enfants et tous vos proches, ainsi que vos amis et de se mobiliser pour que le cadre dans lequel nous vivons ne devienne pas rapidement et irrémédiablement invivable.

Nous utiliserons tous les moyens légaux que les lois de la République mettent à notre disposition pour faire avorter ce projet insensé de TMB-méthanisation, pour que le Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PEDMA) soit modifié et que l’on étudie très sérieusement une solution de traitement des déchets ne produisant aucune nuisance.

Au final, si nous n’obtenons pas de résultats positifs nous n’hésiterons pas un seul instant à faire de Bordères sur l’Echez, un second « Notre Dame des Landes ».

(1) Le terme NIMBY est employé par les pouvoirs publics pour dévaloriser le point de vue des habitants, qui ne doit pas être négligé, ne serait-ce parce qu’ils raisonnent à une échelle différente et qu’il est nécessaire, en géographie et aménagement, de prendre en compte toutes les échelles

(2) SEBIO : Association Sauvegarde Environnement Biopole.

le site de l’A.D.R.I.S.E : https://sites.google.com/site/associationadrise/

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