L’année dernière l’archange de Bordères, ci-devant maire de Pau et bientôt roi du pays Béarn proposait comme sujet de dissertation : le bonheur. Il se propose, par ailleurs, d’annexer la Bigorre au futur pays de Béarn : de quoi nous ravir puisque c’est le fief de Marie-Magdeleine notre petite déesse aux baronnies qui, passionnément, a aimé son enfant en sa gentilhommière des Baronnies semée de paons et de grands arbres.
Le bonheur est un concept très riche auquel on peut rattacher le plaisir, la plénitude, la joie l’accomplissement et la sérénité…
D’évidence un joli sujet pour lequel monsieur PYC n’avait pas rendu de copie. Il est vrai que l’archange, un rien goujat, ne l’y avait pas invité. Cette année, marquée par les attentats, c’est l’enfance qui a été choisie : pas vraiment un un concept pas vraiment un sujet. Une sorte d’ attrape tout, certes universel et rassembleuse, mais pas forcément éclairant notamment dans les temps tragiques que nous traversons.
Par ailleurs le journal le monde nous parle, chaque jour, dans une chronique sensible et individuelle racontée par les proches les vies brisées et des corps martyrisés sous la mitraille djihadiste- aveugle et fanatique- dans les attentats de Paris. Une chronique bizarrement nommée «en mémoire» plutôt que «in mémoriam» sans doute trop connoté ou trop vielle France.
Des portraits sensibles et des photos pas trop hagiographiques mais très bien réussis sur une le contenu d’une feuille au format A4, qui racontent l’espace étroit et lumineux d’une vie – Peut-être d’une âme entre deux corps.
Peut-être une sorte de définition à contrario de la notion de bonheur.
Dans l’ensemble de jeunes adultes selon une définition indéfiniment étirée disons de 25 à 45 ans. Des happy fews, souvent voyageurs, dans les métiers de l’art et de la communication éventuellement de l’ingénierie ou du commerce.
Dans les temps anciens à 12 ou 13 ans soit l’âge de la puberté vous deveniez un homme ou une femme à 13 ans. Même si dans nos Pyrénées l’âge du mariage comme dans l’aristocratie était indéfiniment repoussé à presque 30 ans pour des raisons malthusiennes et pour protéger les patrimoines et renforcer une endogamie vécue comme un idéal protecteur.
Où l’on retrouve Marie-Magdeleine, la déesse aux Baronnies, son corps blanc ou ambré suivant la saison et ses yeux myosotis. Pervenches aussi parfois, les yeux.
Une madeleine chantée par Brel.
Ce soir j’attendais Madeleine
Tiens le dernier tram s’en va
On doit fermer chez Eugène
Madeleine ne viendra pas
Elle est pourtant tellement jolie, elle est pourtant tellement tout ça
Elle est pourtant toute ma vie…
Cette madeleine là (Marieke en flamand) ce n’est pas cette Marie-Magdeleine portraiturée par Rubens le plus célèbre des flamingants dans le tableau en illustration. Un chef-d’œuvre absolu d’un Rubens qui, pour une fois, à su canaliser son emphase et qui peint un Christ fort et musclé : sexué pourrait-on presque dire dans un corps musculeux et blanc comme la mort qui le prend et qui doucement s’affaisse et s’abandonne dans les bras de Marie-Magdeleine vêtue de bleu.
Peut-on souhaiter aux défunts du petit Cambodge ou du Bataclan dans l’au-delà dans lequel on les a projetés d’être accueillis ainsi suivant leur foi ou leur non foi. Même si eux, très probablement, ne ressusciteront pas.
Et nous pour illustrer la notion de bonheur nous avons réçu de Marie-Madeleine aux baronnies un petit message joliment troussé comme quoi elle avait bien reçu les chocolats que nous lui avions envoyés auxquels nous avions joint un peu hypocritement des affaires laissées chez vous et sans vous parler d’une lettre, cent fois refaite, que vous aviez jointe et qu’elle a forcément lue.
D’autant cette Marie-Madeleine c’est celle de Brel pétulante de joie et de féminité toute chargée de fantaisie. Mais aussi l’infirmière compassionnelle et miséricordieuse qui accompagne ses malades, parfois en fin de vie, dans le joli pays où elle exerce sa profession, et qui, en sortant, certainement doit couper les griffes de Célestine la chatte, un rien enveloppée, qui accompagne le malade à même le lit et , du coin de l’œil, lorgne les souris.
Comme on aimerait être le Christ accueilli ses bras et lui promis au mythe de la renaissance. Les mythes sont peut-être des inventions humaines mais ils sont tellement pleins de consolation.
Pierre-Yves Couderc
Tournay le 6 décembre 2015 trois semaines après les attentats
moins de 2 jours après qu’elle a daigné vous envoyer une joli message.
Et que Swan son paon le plus proustien
empanaché d’or et de cobalt
ait failli être écrasé par le voisin un rien chasseur
comme une vulgaire galinette cendrée.