La décentralisation au risque de la métropolisation.

aquitaine Deux citations sont communément empruntées à Charles de Gaulle et à François Mitterrand pour commenter la décentralisation française. Toutes deux ont pour point commun de rappeler la dette historique de la France à l’égard de la centralisation tout en appelant à désormais promouvoir davantage de décentralisation :

Dans son style inimitable, un rien pompeux et chevrotant, en 1968 Charles de Gaulle déclarait : « L’effort multiséculaire qui fut longtemps nécessaire à notre pays pour réaliser et maintenir son unité malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées, ne s’impose plus désormais. Au contraire, ce sont les activités régionales qui apparaissent comme les ressorts de sa puissance économique de demain » (Charles de Gaulle, 24 mars 1968).

Il est vrai qu’au-delà du discours et du référendum de 69 (une sorte de suicide politique et une année érotique) rien ne sortit de cette volonté, le général était au fond de lui, sans doute, un vrai jacobin.

Dans son style moins limpide François Mitterrand lui répondait : « La France a eu besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour se faire, elle a aujourd’hui besoin d’un pouvoir décentralisée pour ne pas se défaire » (François Mitterrand, 15 juillet 1981). Et là il y eut un chemin réel du discours aux actes. Aux termes des lois de 1983 et de 1984, pilotées par Gaston Defferre, la France entrait en décentralisation ….et monsieur Pyc, sans enthousiasme excessif, pour échapper aux métropoles, après avoir renoncé à élever des chèvres ou des lamas voire à une brillante carrière de pisteur secouriste rentrait dans l’administration locale.

S’il y eut des effets pervers à la décentralisation il est très difficile de ne pas y voir un progrès réel pour remédier à « Paris et au désert français » : une modernisation et une revivification du pays et une place beaucoup mieux équilibrée dans la nouvelle frontière du pays soit l’Europe de 12 à l’époque et celles des 28 aujourd’hui. La Province disparaît et les 22 régions apparaissaient. En particulier autour des métropoles d’équilibre imaginées par la DATAR et Olivier Guichard dans les années 60 et 70.

Aujourd’hui, de fait, les régions et leurs capitales ont pris une autonomie certaine et un lustre plus évident par exemple au niveau culturel et économique. Néanmoins la réforme très baroque, voire bâclée, des régions à laquelle nous venons d’assister a, au moins, réussi à ramener ce chiffre à 14 mais au prix de constructions pour le moins déconcertantes :

–        Comme l’Aquitaine étirée en longueur sur sa façade maritime plutôt qu’un grand Sud-ouest autour de Bordeaux et Toulouse des Pyrénées à l’océan, de la Méditerranée à L’Atlantique.

–        Comme l’Auvergne, cette gésine du monde français, cette terre des présidents depuis Vercingétorix jusqu’à François Hollande, rayée de la carte en s’agrégeant au Lyonnais avec lequel elle n’a pas grand-chose à voir. En mariant le faible au for,t on affaiblit le fort sans doper le faible.

–        Comme la Bretagne privée de Nantes et de sa conformation historique par peur ridicule et jacobine de la voir s’échapper de la mère patrie française et faire accession comme une Écosse mélancolique.

Le fond de l’affaire, le dit et, plus encore  le non-dit, est que cette nouvelle avancée s’est faite au profit unique des villes et des nouvelles icônes métropolitaines censées retenir le pays à flot dans le tsunami dévastateur de la mondialisation. Hors des métropoles pas de salut et, comme en Chine on a sacrifié allègrement les campagnes : les provinces définitivement trop reculées, et même les villes de second niveau comme Pau, Bayonne, Blois ou Castres.

Au bout du bout du processus : Une ville mondiale PARIS en concurrence avec Londres et de nouvelles métropoles Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg ou Nantes. C’est le nouveau schéma qui s’est imposé au contraire et en opposition aux métropoles d’équilibres d’essence gaullienne et à la décentralisation des années 70 censée répondre au joli slogan « vivre et travailler au pays » à ne pas confondre avec celui, plus contestable, Volem rien foutre al païs.

Au contraire à la notion de réseau de villes sur lesquels sont construits des pays heureusement équilibrés comme l’Allemagne ou l’Italie, qui, il est vrai ont échappé à l’excessive centralisation d’un état millénaire. Des réseaux équilibrés de villes principalement générés par les fleuves dont dispose la France depuis la conquête romaine. Peu importe que, par millions, les cadres et l’ensemble des habitants parisiens fuient et surtout veulent fuir une capitale minée par la pollution, le coût du foncier et les problèmes sécuritaires. Peu importe qu’on vive mieux sans doute à Pau, à Bayonne, à Albi, à Castres qu’à Bordeaux ou à Toulouse. Des métropoles devenues, ou en passe de devenir, millionnaires en population, obèses et en passe accélérée de perdre leur charme provincial et identitaire qui, pourtant, en aucune façon ne mettait en cause leur prospérité et leur attractivité.

La réforme ratée des départements au lieu de les transformer en circonscription des nouvelles régions, comme l’avait imaginé le Petit Nicolas, qui n’avait pas que de mauvaises idées, n’a rien arrangé. Au lieu des les organiser et de les construire autour des intercommunalités, on a gardé le système obsolète et totalement illisible des cantons. Il est vrai que l’intention à peine cachée était d’occire les dits départements fils pourtant de la révolution et du bonapartisme. Le résultat contre la volonté des populations c’est une métropolisation accélérée probablement irréversible des emplois supérieurs administratifs et privés. Chacun voit bien ici en Aquitaine que ses enfants qui ont fait des études si, dans le meilleur des cas, ils ont réussi à échapper à Paris sont condamnés à devenir Bordelais ou Toulousains sans grand espoir de retours avant la retraite. Sauf à élever des chèvres, des lamas ou des oies, dans la montagne pyrénéenne ce que d’ailleurs beaucoup font mais le secteur est moyennement porteur….

Quant au semi-rural (Oloron, Mauléon, Orthez) quels que soient ses atouts en termes culturels d’équilibre et de douceur de vivre, il voit dans cette logique imparable ses hôpitaux partir au mieux à Pau ou à Bayonne mais aussi à Toulouse ou à Bordeaux dans des établissements certes excellents mais gigantesques et déshumanisés qui, certainement, seraient plus heureux et plus efficients dans des conformations moins démesurées. Certes ces petites villes attirent toute une population nouvelle souvent dynamique et imaginative qui prend le mal à la racine en créant, elle-même, des activités productives sources de valeur économique. Mais on peut douter que cela soit suffisant à combler comme à Orthez la fuite d’une maternité et tous les nombreux emplois induits.

Quant au rural profond et souvent sublime (Barcus, Arette, Bedous, Tournay) il n’a souvent même plus les yeux pour pleurer (sans bureau postal, sans supérette, sans collège, sans boîte de nuit) même s’il attire une population parfois argentée souvent venue de nord de l’ Europe souvent âgée qui reprend le bâti et les terrains adjacents. Une population qui se mêle plus ou moins aux Espagnols et aux Portugais, ces latins presque Occitans venus d’outre Pyrénées (tras los montes) et heureusement à la population historique encore très majoritaire autour des très forts marqueurs culturels qu’ils soient, dans les circonstances de l’espèce,  Occitans Basques, Toys ou Béarnais.

Une misère certaine est plus présente dans le cœur des villes (le quartier Carnot à Pau celui de la gare à Bordeaux) que dans les zones ultra périphériques du Béarn non palois ou celui du pays basque intérieur (notamment de la Soule).

Et ici dans nos Pyrénées atlantiques très prospères malgré tout la vision est déformée par rapport aux Pyrénées centrales et orientales : l’Aude, l’Ariège, les Pyrénées orientales  implantées sur un substrat économique beaucoup plus faible et où cette pauvreté nouvelle est plus évidente. Pareil pour toute la Gironde, non bordelaise, où le Front national fait durablement son nid.

S’il n’est pas trop tard reconnaissons et faisons reconnaître que cette métropolisation à marche forcée est une erreur historique, en contradiction et à rebours, avec la décentralisation des années soixante expérimenté en France et en Europe.

Le pire n’est jamais certain contrairement à ce que veulent nous faire croire les libéraux et mondialistes ….qui ne croient qu’aux forces du marché.

 

 

PYC
Oloron le 31/05/2015

Soutenir les Bonnets rouges?

bonnets rougesBretons, (et vous surtout, Bretonnes) je vous aime ! Vous formez un peuple courageux et fier, respectueux de ses racines et qui tient à sa spécificité, plus encore que les Basques, les Béarnais et les Bigourdans. Mais vous n’êtes pas les seuls excentrés.
Les Français les plus éloignés du centre vital du pays sont les habitants des Alpes maritimes. Ensuite viennent les Pyrénéens. Mais reconnaissons qu’entre un berger isolé dans la montagne et le propriétaire d’une villa luxueuse de la Côte d’Azur, il y a un monde. Les différences sociales entre un gros exploitant agricole breton et un marin pécheur ne sont pas minces. L’un pollue et l’autre souffre de la pollution. La tentative de regrouper sous une même bannière les salariés et les patrons bretons a fait long feu, malgré la ferveur régionaliste et la rancune des curés après la loi du mariage pour tous.
Pourtant, les références historiques ne manquaient pas. La décision de faire encaisser lécotaxe par un partenaire privé ne peut que rappeler le système des fermiers généraux qui collectaient les impôts sous l’Ancien Régime. La révolte des Bonnets rouges fait explicitement référence au soulèvement de 1675 contre un nouvel impôt. Il y a une différence de taille cependant : le pouvoir central n’a pas mandaté un duc de Chaulnes et 6000 soldats pour mater la rébellion. Heureusement, car la répression fut sanglante et nombre de clochers furent rasés, notamment en Pays bigouden. On dit que pour marquer leur soutien aux pendus et leur résistance, et rappeler leur fiers clochers, les femmes brodèrent de hautes coiffes défiant le vent. La coquetterie féminine a dû aussi jouer un rôle au fil du temps…
Le gouvernement a plié. Comme l’avait fait le Général de Gaulle, qui n’a pourtant pas la réputation d’avoir été un mou (bien que sa fuite auprès du Général Massu en 1968 ne soit pas un épisode bien glorieux). Sa promesse de doter la Bretagne d’un réseau routier moderne et gratuit a été tenue. Bien des régions de France peuvent l’envier. Basques et Béarnais qui paient le prix fort pour leurs autoroutes peuvent être au premier rang dans cette envie. De plus, pendant des décennies, les tarifs aériens et ferroviaires ont accentué leur isolement. Que de fois dans la liste des villes bénéficiant d’un tarif promotionnel de la SNCF avez-vous pu chercher Lourdes, Pau ou Tarbes sans les trouver ! Cette situation quasi-coloniale semble se terminer. C’est heureux car nous étions en quelque sorte condamnés à une double peine. Mais sur ce site, on ne peut qu’appeler à la vigilance.
Reste la question de l’écotaxe. Elle doit d’autant moins devenir un enjeu politique que si c’est la gauche qui s’apprête à la mettre en œuvre, c’est la droite qui l’a mise au point. Il faudrait pouvoir l’envisager du point de vue de Sirius, ou du moins de celui du Siècle des Lumières. Dans la hiérarchie des devoirs Montesquieu ne faisait-il pas passer en avant ceux qui sont dus à l’humanité entière avant ceux qui concernent un cercle plus étroit ? Or la pollution (on parle de 15.000 morts par an en France dus à l’emploi du diesel), l’épuisement des ressources non renouvelables commandent des changements radicaux. Sans compter le fait que les capacités de raffinage en France obligent à importer du diesel non transformé dans le pays. Les collectivités territoriales sont par ailleurs amenées à investir lourdement pour sécuriser des axes que les camions empruntent pour éviter de payer les péages d’autoroute : l’exemple du trajet par Angoulême et Barbezieux pour éviter une portion de l’autoroute A 10 entre Bordeaux et Poitiers en fait foi.

On peut aussi s’étonner de voir circuler sur l’A 64 des poids lourds venus d’Europe centrale. Pour des trajets d’une si grande longueur, la voie ferrée ne s’imposerait-elle pas ? Cela supposerait sans doute des aménagements sociaux et techniques. Par exemple constituer des gabarits de conteneurs pouvant facilement passer du rail à des transporteurs routiers afin de conjuguer les avantages des deux transports et notamment la souplesse du transport routier ? Souvenons-nous du fait que la puissance de l’Empire romain et de l’Empire de Chine tenait au fait que l’écartement des essieux y était unifié et que les voies étaient adaptées à cet écartement.
N’est-il pas temps en Europe de songer à un grand système de transport de fret ferroviaire rapide, efficace et fiable ? Bretons, Gascons, exportons nos poulets et nos jambons parce qu’ils sont bons et qu’ils arrivent sur les étals sans nuire à la planète !

– par Paul Itologue

Après la marée noire et la marée verte, la marée rouge!

GV articleDes agriculteurs de la FNSEA, des transporteurs routiers et des casseurs s’attaquent avec violence au gouvernement; ils exigent l’abrogation de l’écotaxe.

Cette taxe s’applique, en vertu du principe pollueur-payeur, aux actions générant des dommages environnementaux. Censée rapporter un milliard d’euros par an, elle vise à inciter les entreprises à choisir des modes de transport alternatif des marchandises moins polluants. Votée en juin 2011 au niveau de l’Europe, elle est déjà appliquée dans six pays de l’Union. Le principe est de faire payer le coût réel de l’utilisation des routes, quand on sait que les camions les dégradent 20 à 100 fois plus que les voitures.

Si une décision prioritaire était à prendre, c’était bien celle-là !

Elle devait participer à la mise en place d’infrastructures comme le fret ferroviaire, maritime et fluvial. Maintenant qui paiera ce manque à gagner ? Notre région a donc un argument de choix pour suspendre, elle aussi, sa participation financière à la LGV, en attendant des jours meilleurs !

En ce qui concerne les poids lourds, de plus en plus gros et nombreux, allant, de plus en plus souvent, de plus en plus loin, la pollution n’a plus besoin d’être démontrée ; à côté des particules, des oxydes d’azote, du CO2, etc., les nanoparticules émises par le frottement et l’échauffement des pneus, très inférieures à 200 nanomètres, sont redoutables pour l’organisme car elles pénètrent à l’intérieur des cellules, d’abord pulmonaires. Les patrons des routiers considèrent sans doute que les conséquences sanitaires sur leur personnel ne sont pas encore assez graves ! Or :

Les conducteurs de poids lourds sont les plus atteints du cancer des poumons !

Quant aux casseurs, ils ne connaissent qu’une langue pour s’exprimer ; les CRS ont appris cette langue pendant leur formation ; ce sont donc les plus pertinents pour assurer les échanges ! L’origine de ces casseurs n’est peut-être pas très éloignée des extrémismes de droite comme de gauche, à l’affût de déstabiliser le gouvernement !

Arrivons en aux agriculteurs. C’est tout le système agricole et agroalimentaire qui est à remettre en cause. Le modèle actuel de compétitivité est suicidaire : ne penser qu’à court-terme, avec du bas de gamme, «aller faire tuer 700 000 porcs en Allemagne chaque année, à cause du dumping social, et acheter des protéines végétales transgéniques venues du Brésil, rien que cela doit ouvrir les yeux de nos concitoyens» (Libération).

Le problème de fond est multiple :

  • La consommation de viande en général, celle du porc et la charcuterie en particulier, riche en graisse, est la source de nombreux troubles dans une population peu active physiquement : athéromes, maladies cardiovasculaires, cancer… Beaucoup de gens y sont sensibilisés. La viande est chère, le pouvoir d’achat baissant, la consommation aussi.
  • La viande issue des élevages industriels est insipide, elle réduit bizarrement à la cuisson ! Les cochons sont dopés aux antibiotiques pour tenir dans ces élevages. 56% des antibiotiques vétérinaires y sont utilisés ! Beaucoup de gens préfèrent consommer moins souvent, car plus chers, c’est normal, des produits locaux de source bien identifiée par la qualité «humainement soutenable» de ces élevages, et la valeur gustative des produits commercialisés. De plus, ces productions locales de qualité sont génératrices d’emplois directs.

Ceci explique la désaffection pour le porc breton, jadis si réputé, donc la chute de la consommation. Il est normal que des abattoirs ferment. La faute vient des gestionnaires productivistes axés uniquement sur un profit immédiat et sur les gouvernements successifs qui ont toléré cette politique.

La véritable compétitivité ce n’est pas de soutenir ce type d’élevage quantitatif bas de gamme ; c’est un recyclage, pour ne pas faire comme les autres. Il faut renforcer notre pôle d’excellence reconnu dans le monde, notre gastronomie de terroir labellisé basée sur des produits haut de gamme. Les agriculteurs bretons devraient le comprendre !

La FNSEA estime n’avoir que des droits et pas de devoirs ; ses membres considèrent comme normal de polluer la Bretagne depuis des années.

Au début des années 1970, apparaît un problème, toujours non réglé : Les marées vertes. Chaque année, sont ramassées en Bretagne, 70000 tonnes d’algues vertes, ce qui est loin de la quantité présente sur le littoral ! Cette pollution n’épargne aucun département breton et s’étend même sur des départements péri-bretons, comme la Loire-atlantique. La toxicité est avérée. Les causes ?

  • Les rejets d’origine agricole. En effet, l’agriculture intensive pratiquée par la FNSEA, très présente en Bretagne, première région agricole de France, représente approximativement 2.8% du P.I.B. français, et environ 6% de son propre P.I.B. ; elle est très polluante (pesticides, herbicides). Les exploitations en rejettent par le biais des fossés, dans les cours d’eau et rivières comme l’Isole ou la Laïta dans le Morbihan et le Finistère ; elles sont tellement polluées qu’elles sont désormais interdites de pêche.
  • Le lisier (ou fumier), c’est-à-dire les déjections et les rejets organiques, produits par les bêtes (porcs, bovins, volailles,…). La Bretagne est la première région émettrice d’ammoniac. Après être rejetés dans les cours d’eau, ces polluants se dispersent dans les fleuves avant d’arriver sur les côtes. Ce lisier contient beaucoup de nitrates, résultat de l’oxydation de l’azote sous l’action de micro-organismes, et de phosphates; déversés dans l’océan, ils deviennennt une source de nutriments exceptionnels pour les algues marines.

Entre lisier et marée verte, la Bretagne subit les inconséquences de ses éleveurs et agriculteurs; maintenant elle demande un traitement privilégié de l’Etat !!!

L’eau devient imbuvable du fait d’une teneur en nitrates supérieure à la limite maximum autorisée. La Commission Européenne a engagé une action en justice contre la France pour non respect des normes de qualité de l’eau potable dans trois départements bretons. La France a été condamnée en 2008 par la Cour de justice Européenne pour la non application des règles européennes en matière de lutte contre la pollution de l’eau aux nitrates : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, et la Bretagne sont concernées. 
Concernant la Bretagne, la France avait déjà été condamnée en juin 2007 à une amende de plus de 28 millions d’euros, avec une astreinte de près de 118 000 euros par jour !

Face à la marée des nitrates qui a contaminé, sources, fontaines, rivières et nappes, les collectivités ont préféré fuir le champ de bataille et faire supporter aux usagers consommateurs et aux contribuables les coûts externes de cette pollution.

Cette fuite en avant explique en partie pourquoi l’eau du robinet en Bretagne est une des plus chères de France, alors que la ressource y est très abondante.

Autres retombées très importantes, le patrimoine naturel, déjà entamé lors des marées noires, se voit encore amoindri : au niveau de l’ichtyofaune et de l’avifaune, les baignades sont sous haute surveillance, certaines plages sont même interdites, la récolte des coquillages, des crevettes, des crabes, un des aspects particulièrement important de la fréquentation touristique, est également prohibée pour raison sanitaire. La Bretagne touristique est sinistrée : les hôteliers, les agences immobilières, l’emploi saisonnier est en droit de demander des comptes !

L’individualisme et le corporatisme sont triomphants, le gouvernement a plié devant ces jusqu’au-boutistes qui cassent et crient plus fort que les autres.

Pourtant, les difficultés régionales avaient été prises en considération puisque, dans l’application du barème officiel, il était prévu une modération pour les régions éloignées. «Ces valeurs sont réduites de 50% pour l’usage du réseau soumis à l’écotaxe en Bretagne et de 30% pour l’usage du réseau soumis à l’écotaxe en Aquitaine et Midi-Pyrénées.»

Les bonnets ronds sont redevenus rouges : leur raisonnement n’a pas tellement évolué depuis 1674 ! Le pouvoir a oublié que des Bretons pensaient être toujours des privilégiés du fait des prérogatives attribuées à la Bretagne avant Louis XIV !

La liberté des uns ne s’arrête pas, pour eux, où commence celle des autres.

Depuis, les méthodes ont changé dans notre République ; heureusement pour les Bretons, car, avec Louis XIV, ils ne s’en seraient pas tirés aussi bien !!!

Une hécatombe, plus de 3.000 morts, un quartier entier de Rennes rasé, des châteaux brûlés. Après avoir gagné, Louis XIV obligea la Bretagne à payer une lourde contribution et annula la «liberté armorique» !!!

– par Georges Vallet

crédit photos:agirpourlaplanete.com

La révolte fiscale ne se limitera pas à la Bretagne

revolution francaiseLa Bretagne s’enflamme contre l’acharnement fiscal du gouvernement. Particularisme régional ? Rien n’est moins sûr, tant la résignation et le découragement général peuvent faire rapidement la place à la colère et à la désobéissance. Il suffit d’une étincelle, et cette étincelle vient peut-être d’être allumée en Bretagne. Le sentiment s’installe peu à peu, au fil des conversations au travail, ou le week-end chez les amis. « L’effort fiscal » demandé par le gouvernement passe de plus en plus mal. Pourtant, une majorité de Français comprend bien qu’il faut réduire cette dette qui nous handicape, et a accepté le principe d’un effort. Qu’est-ce qui bloque alors ? Ne sommes-nous pas un peuple responsable ?

D’abord, les classes moyennes sont touchées de plein fouet. Elles ont déjà vu leur pouvoir d’achat stagner depuis des années, grignoté par les hausses ininterrompues de coûts, immobilier,  énergie, prélèvements sociaux. Elles ont le sentiment qu’on leur prend tout, qu’il ne reste plus rien à la fin du mois. Certains, de plus en plus nombreux, entrent dans le déficit et dans la spirale de l’endettement.

A cela se sont ajoutées la refiscalisation des heures supplémentaires, la hausse des prélèvements des mutuelles et la refiscalisation de la part patronale, la fiscalité punitive sur les véhicules, la hausse de la TVA ou encore la baisse du quotient familial. Les plus touchés sont les travailleurs de la route, car ils sont en plus harcelés par un appareil répressif particulièrement zélé, et montrés du doigt par le lobbye écologiste. Lobbye qui s’en prend aussi aux agriculteurs, ces méchants pollueurs.

L’agriculture ? Au lieu de voir en ce secteur celui qui a tant apporté à la France tant en termes d’image que de balance commerciale, les pouvoirs publics s’acharnent sur lui. Taxation rédhibitoire sur l’utilisation des produits phytosanitaires, augmentation de la TVA sur l’engrais de 5,5% à 20% !, et maintenant l’écotaxe, impôt particulièrement contre-productif, puisqu’il va toucher les produits français, obligés de transiter de l’agriculteur à l’abattoir par exemple, tandis que les produits polonais ou tchèques n’y auront pas droit. En fait, c’est la compétitivité française à qui on porte une fois de plus un coup de massue.

La compétitivité, les entreprises en connaissent, non pas la réalité, mais les promesses vaines du gouvernement. Déjà plombés par des prélèvements sociaux sur les salaires parmi les plus élevés du monde – pour 1500 € de salaire net, environ 1200 € de charges-, les entrepreneurs, et en particulier les plus petits d’entre eux, sont pris à la gorge par des dispositifs fiscaux toujours plus ingénieux. Il serait fastidieux de tous les citer, mais il suffit de rappeler que l’impôt sur les bénéfices, dont doivent s’acquitter toutes les entreprises, est nettement plus élevé pour les petites entreprises, celles qui ne sont pas internationalisées, que pour les grandes sociétés qui utilisent les services d’avocats spécialisés et des montages fiscaux internationaux élaborés. Il y a peu, les entreprises l’ont échappé belle, en évitant un nouvel impôt sur l’E.B.E. (Excédent brut d’Exploitation), qui est ni plus ni moins ce qu’arrive à produire l’entreprise et qui lui sert à investir. Si le gouvernement entendait ainsi relancer l’investissement… Enfin, pour décourager les rares qui ont encore l’idée saugrenue d’entreprendre en France, on a décidé d’augmenter la fiscalité sur la revente des entreprises, à peine atténuée par la mobilisation des « pigeons ». Qui va prendre le risque d’investir si ses chances d’en retirer une plus-value sont réduites à néant ? Certes, il y a le crédit compétitivité-emploi, pâle compensation,  à l’allure d’usine à gaz, et qui a l’effet pervers d’inciter l’entreprise à ne pas payer de salaires élevés.

On le voit bien, la pression fiscale touche en priorité ce qu’on peut appeler « le monde du travail », et en particulier les salariés des classes moyennes intermédiaires, les professions libérales, et les petits et moyens entrepreneurs, les artisans et les agriculteurs. En sont relativement protégés ceux qui n’ont pas ou peu les moyens de payer d’impôt : bénéficiaires des minimum sociaux, rmistes, temps partiels, retraités pauvres, etc. ; et de l’autre côté ceux dont les moyens importants leur permettent « d’optimiser » leur assiette fiscale au travers des placements et sociétés à l’étranger.

Un facteur est venu aggraver la situation : le grenelle de l’environnement. D’abord salué à l’unanimité des élites dans une grande intention de bonne volonté, on comprit peu à peu ce que recouvrait ce grand projet, à savoir un train de taxes touchant tout ce qui produisait du CO2, c’est-à-dire l’économie dans son ensemble. L’écotaxe transport n’est que le énième avatar, tous les secteurs d’activité étant touchés, et en premier l’agriculture, taxée sur ses intrants comme sur le transport de ses productions. C’est donc le triomphe de l’écologie punitive, sensée venir à bout de nos bas-instincts de pollueur par l’arme fatale : l’impôt.

Dans ce contexte, les stratégies pour éviter la traque fiscale se réduisent comme peau de chagrin. Les niches fiscales étaient certes incongrues, mais elles étaient la respiration nécessaire d’un système fiscal oppressant. Or, elles sont éliminées une par une. L’espoir en une relance est nul, tant il suffit de regarder le taux de croissance moyen depuis l’avènement de la zone euro en 2002. Enfin, la population ne croit pas en une remise en cause importante des politiques publiques, qui a pourtant permis la relance dans beaucoup d’autres pays, et au Royaume-Uni récemment.

Il ne reste donc à ceux qui sont à bout que trois options. La première est l’exil, ou en langage politiquement correct l’expatriation, choisi déjà par des centaines de milliers de français, jeunes pour la plupart, mais aussi de plus en plus d’entrepreneurs. C’est ainsi que la France voit partir, après les avoir formés, ceux qui devraient aider à la bâtir. La deuxième option est le vote radical, en l’occurrence aujourd’hui celui du Front National, dont les positions iconoclastes séduisent de plus en plus de Français de tous horizons. La troisième option est celle de la désobéissance, passive ou active. C’est cette dernière option qu’ont choisie les opposants à l’écotaxe.

La révolte fiscale en Bretagne n’est pas anodine. Elle est même symptomatique d’une situation où une partie de la population, principalement les actifs, sont touchés de plein fouet d’une part par la crise, et d’autre part par une pression fiscale croissante sur leur salaire, leur outil de travail, ou leur patrimoine. Le sentiment d’une gestion désastreuse des comptes publics, d’un Etat-providence que nous n’avons plus les moyens de nous offrir, d’une écologie qui ne cherche qu’à punir, de l’inefficacité européenne, et de l’impunité des plus puissants, sont les ingrédients de cette révolte. Or, on voit mal ce qui pourrait l’empêcher de s’accentuer dans les prochaines semaines, ou ce qui ferait qu’elle se cantonnerait à la seule Bretagne. On verra peut-être bientôt un « Collectif pour l’emploi en Aquitaine », à l’image du « Collectif pour l’emploi en Bretagne », fer de lance de la contestation.

Par Emmanuel Pène (www.emmanuelpene.com)