Au gré de mes lectures, je suis tombé sur l’interview d’un commissaire de police qui, avec son équipe, est intervenu le 13 novembre 2015, dans les locaux du Bataclan. Il est 22 h 35, les terroristes sont encore à l’intérieur, la brigade entre et leur fait face. Il est le chef de la BRI et est accompagné de dix hommes. L’horreur oui, mais après viennent les manœuvres politiques…
L’interview du commissaire Christophe Molmy (Marianne-N°1024 du 11 au 17 novembre 2016), chef de la BRI (Brigade de Recherches et d’Intervention) unité d’élite de la préfecture de Police de Paris en dit long sur ce qui a suivi cet épisode héroïque. Il n’est pas question de reprendre ici la description de l’action de ce policier et de son équipe, mais de réfléchir ici sur la signification d’une telle intrusion des politiques.
« Le temps du débriefing est ensuite venu, avec son lot de désillusion. Le monde entier est venu nous voir. Les Américains nous ont félicités. Là-bas on aurait été des héros. Ici, on a eu droit à une commission d’enquête parlementaire. Je ne suis pas contre le retour d’expérience à haut niveau. Mais, lors de le reconstitution, il a fallu que je mette les points sur les i avec un député qui nous traitait comme des mis en examen… Je ne fais pas de politique, je suis un républicain. J’ai dit que le préfet et le ministre de l’intérieur ont fait admirablement leur travail pendant les attentats. Cela a pu en déranger certains. Mais c’est vrai, donc je le dis… »
Ce fonctionnaire n’a pas utilisé la langue de bois pour exprimer ce qu’il pensait de cette expérience. En présence de politiques, il a ressenti que lui était imposée l’obligation d’avoir à s’expliquer. À partir de là, on peut en effet s’interroger. Dans ces circonstances si tragiques, que recherchent donc ces élus ? Il a été dit que certains agissaient dans le but de mettre en difficulté le préfet de police de Paris et par ce biais le gouvernement. Cela semble curieux. Des questions restent bien sûr en suspens.
On se souvient du climat créé par les politiciens à la suite de ces drames nationaux, c’était à ceux qui allaient pouvoir se valoriser en critiquant le pouvoir en place. N’y avait-il rien de mieux à faire ? Notre pays ne devait-il pas au contraire afficher une solidarité sans failles ? C’est arrivé après, mais le mal était fait et il avait été l’œuvre de ceux qui se croient investis de responsabilités qu’en réalité ils n’ont pas. Il reste une équipe de policiers qui ont pris des risques pour leur vie, dont le courage aurait dû non seulement être reconnu, mais cité en exemple et qui, au lieu de cela, ont le sentiment d’avoir été mis au ban de ceux que l’on contraint à se justifier.
La sécurité, l’honneur et le courage sont une chose bien trop sérieuse pour permettre aux politiques d’y fourrer leur nez. Nous avons besoin de héros. Respect !
Pau, le 16 novembre 2016
par Joël Braud