Fair play

imgresBien que salué par beaucoup et, plus particulièrement, par les extrêmes gauche et droite françaises comme une victoire de la démocratie, le « Brexit » n’en laisse pas moins un certain nombre d’intéressés quelque peu perplexes. Il faut dire qu’en matière de démocratie, s’il ne suffisait que de couper le tête d’un roi pour en prouver la réalité, les Britanniques avaient, déjà, une longueur d’avance sur la Révolution française.

Par ailleurs, dans un passé encore assez proche, la façon dont extrême gauche et extrême droite l’ont pratiquée, ici et là, à tour de rôle, ne fait guère référence en la matière. Bref, tout le monde semble oublier que, quel que soit le mode de consultation choisi, il n’est, véritablement démocratique que s’il respecte scrupuleusement la notion fondamentale de « consentement éclairé ». C’est à dire la possibilité pour chaque citoyen de déterminer son choix à partir d’informations honnêtes, sincères et véritables. Or, au lendemain même du scrutin britannique, à la lumière des révélations surprenantes ou du comportement des principaux responsables du Brexit, le moins qu’on puisse en dire, est qu’ils ont manqué de ce fameux fair play qu’ils prétendent pourtant avoir inventé !

Quant à notre Président, si complaisant avec la Grèce qui avait cependant gravement abusé l’Union Européenne, sa précipitation à exiger « l’exécution » immédiate de la Grande-Bretagne relève tout autant d’un égal manque de fair play – à moins qu’il ne s’agisse, sur son dos, que de se donner cette allure martiale de décideur dont certains le trouvent si totalement dépourvu dans la conduite des affaires internes du pays ?

Quoiqu’il en soit, cette attitude manque de dignité à l’égard d’un pays et d’un peuple qui, la récente commémoration de la bataille de la Somme l’a rappelé, a été à côté de nous dans les moments difficiles que nous avons traversés au cours du siècle passé. Par ailleurs et surtout, outre l’oubli d’un référendum dont il n’a pas été tenu compte bien que les Français aient majoritairement répondu « non », une immixtion dans une affaire privée d’un pays qui tout autant qu’un autre peut, démocratiquement, décider que cette consultation entachée d’irrégularités est nulle et non avenue.
Attitude que nous pouvons d’autant mieux comprendre que la « réaction » viendrait surtout des jeunes Britanniques qui considèrent que leur avenir se projette, naturellement, dans la Communauté Européenne. Appréciation qui – comment nos politiques peuvent-ils ne pas le percevoir – est également celle de nos jeunes. Jeunes qui – comment nos politiques peuvent-ils l’oublier – seront, irrémédiablement, au nom même de la démocratie, les décideurs de demain ! Alors…

Maurice Meireles – Pontacq