Vidéosurveillance

EISTIEh bien ça y est la décision est prise, la ville de Pau va prochainement être équipée de caméras de vidéosurveillance ou  de « vidéo protection » pour faire plus soft. Combien y en aura-t-il ? Où seront-elles placées ? Quel sera le budget consacré à cet équipement ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais une question reste essentielle : sera-ce réellement utile ?

 C’est en effet la vraie question, celle qu’il convient de se poser en préalable. Et pour y répondre faisons référence à un article paru dans Pyrénées-Presse du 26 juin 2014. Olivier Dartigolles y aborde le sujet en termes particulièrement incisifs. Il affirme en effet que « le maire, François Bayrou, se trompe et fait prendre une impasse à la ville ». Selon lui, le dispositif de surveillance par caméras, n’a qu’un impact extrêmement limité sur le nombre des délits. Sa position se place sur le plan de l’efficacité et il considère également que le caractère dissuasif est limité et qu’il n’y aura aucun impact sur les délits impulsifs.

Enfin il fait état d’une étude conduite à Londres en 2006 selon laquelle seulement 3% des délits avaient pu être élucidés grâce à la vidéosurveillance. Autant dire pas grand-chose.

Alors si M. Olivier Dartigolles a techniquement raison, il a politiquement tort. La sécurité ou plus exactement l’insécurité résulte davantage d’un sentiment, d’un ressenti, que d’une réalité palpable et chiffrable. Si l’on questionne les passants dans la rue, ils disent tous que Pau est une ville où règne une forte insécurité et ils citent in petto, l’homicide du jeune Alexandre Junca et d’autres graves faits divers, rares, mais médiatisés.

Ils oublient que les chiffres de la délinquance, si l’on considère le nombre de faits rapportés au nombre d’habitants, sont en réalité dans notre ville, très honorables. Ils traduisent mieux qu’un vague ressenti, une réalité qui place Pau parmi les villes de France sans problème sécuritaire. Pourtant fin 2013, 66% des personnes interrogées se déclaraient favorables à la vidéo surveillance.

Ainsi dans ce domaine de la sécurité, le politique ne doit pas chercher l’efficacité,  mais bien plus à satisfaire les préoccupations de ses électeurs même (et surtout) lorsque celles-ci ne reposent que sur des idées reçues et des impressions. Le point de passage obligé de celui qui pense à sa réélection !

 

                                                                                                                      Pau, le 9 juillet 2014

                                                                                                                      Par Joël BRAUD

 Question : Pouvez-vous situer le lieu où a été prise la photo ?

Mais que fait la police nationale ?

 imgresA partir d’une anecdote, qui n’est pas un cas isolé,  il est possible de se poser effectivement la question. Quand un service public considère qu’il n’est plus au service du public, les politiques s’emparent du sujet, la sécurité, le créneau est porteur… mais cher pour le contribuable.

 L’anecdote est classique, il s’agit d’une dame, artisane de son état, qui participe à un salon dans un hall du parc des expositions de Pau. Cette dernière expose sur un stand des produits de sa réalisation. En revenant à son stand, elle constate la disparition de certains objets dont elle chiffre la valeur à environ 700 euros. Elle se déplace donc au commissariat de police de Pau afin de faire enregistrer sa plainte pour vol. Là, un vendredi, aux environs de 18 h 00, on ne la laisse pas entrer dans les locaux mais, par une sorte de guichet, on lui indique qu’il n’est pas possible dans l’immédiat de recevoir sa plainte car c’est le moment de la relève (sic). Elle est priée de revenir dans une heure trente. Ce qu’elle fait, mais sans plus de résultat puisque à 19 h 30, on lui fait savoir que les policiers ne gèrent que l’urgence et qu’il lui appartient de revenir le lundi suivant. Elle aura beau expliquer qu’elle n’est pas de Pau et qu’elle ne pourra  revenir, rien n’y fait, elle est invitée, sans détour à s’adresser à la gendarmerie compétente en fonction de son domicile.

 Cette expérience est véridique, ce n’est pas un cas isolé,  elle dénote qu’il y a des services publics qui ont perdu de vue qu’ils étaient au service du public ; une sorte de désengagement. D’ailleurs existe-t-il un meilleur moyen de faire baisser la délinquance que de ne pas enregistrer les plaintes ? Ce sera la gendarmerie à laquelle cette dame ne manquera pas de s’adresser, qui s’infusera un fait supplémentaire dans les colonnes de ses statistiques.  Il est nécessaire de rappeler que le code pénal fait obligation aux policiers de recevoir les plaintes lorsque l’infraction pénale est caractérisée.

 Au-delà de la mésaventure de cette artisane, il faut savoir que les candidats à la prochaine élection municipale de Pau, ont trouvé là, dans le thème de la sécurité, un créneau porteur. David Habib a lancé l’idée de placer des caméras dans la ville. Il ne parle pas de vidéo surveillance mais de vidéo protection. Coût pour le contribuable palois : 400 000 euros, dont 200 000 à la charge de l’Etat, puis 240 000 euros de frais de fonctionnement d’un pool de 5 agents qui visionneront et interpréteront les images. A cela il faudra ajouter l’augmentation des effectifs de la police municipale qui passera de 15 agents à 25. Coût annuel estimé à 300 000 euros. Sans compter un bureau de police aux halles.

 Les autres candidats de leur côté, font savoir haut et fort que déjà, ils ont eux aussi formulé les mêmes propositions. On n’est pas loin  de la surenchère. La sécurité, réelle ou ressentie d’ailleurs, c’est porteur, la preuve un sondage fait apparaître que 70 % des Palois sont favorables à l’installation de caméras. Et le contribuable, lui, qu’en pense-t-il ?

 Il est loin le temps où la police nationale patrouillait dans la ville, à pied, en scooter ou même en VTT. A l’époque, il n’existait pas de police municipale, il existait une police de proximité gérée par la police nationale. Elle aurait laissé comme un vide que les politiques, pour des raisons principalement politiciennes, s’empressent de vouloir combler. Et si les missions régaliennes étaient de la compétence exclusive de l’Etat ?

                                                                                               Pau, le 4 décembre 2013

                                                                                               Par Joël Braud