Bayrou, (re) solution française ?

bayrou-au-centreLe feuilleton Bayrou continue. Son livre « Résolution Française » va sortir début février. Pour justifier une quatrième candidature ? Décidément ce « vieux » politicien ne se rendrait-il pas compte que le monde a changé ? La drogue de la notoriété, du pouvoir, serait elle trop forte ?

Le comportement de François Bayrou est assez représentatif de cette classe politique qui n’a toujours pas compris que le monde évolue. Forcément, depuis leur plus jeune âge ils ont vécu dans un autre monde, une autre vie, celui de la recherche à tout prix d’un mandat (F Bayrou était Conseiller Général en 1982). Ils ont grandi dans les magouilles perpétuelles des partis où tous les coups et toutes les compromissions sont indispensables pour progresser, éliminer le concurrent, pour obtenir les investitures, surtout celles qui assurent des revenus confortables et une exposition médiatique qui permettra de perpétuer cet emploi.

On connaît le parcours et la méthode de François Bayrou depuis son ascension à la tête de l’UDF, forte d’une centaine de députés, qui ne manquera pas très vite d’éclater, de péricliter, sous sa direction autocratique, puis de créer le MoDem, un parti où le « nous » n’existe plus, où seul le « je » de F Bayrou a cours. Aujourd’hui c’est un homme seul qui essaye de survivre avec des manœuvres politiciennes, concurrencé au centre par les autres partis centristes et le nouvel OVNI Macron et son mouvement « En Marche ». Le dernier sondage (Cevipof – Ipsos Sopra Steria) fait passer F Bayrou de 12% au printemps 2016 à 5% aujourd’hui, Macron étant crédité de 17 à 19% . Aïe, à moins de 5% on règle l’addition… Evidemment, l’élimination probable de Manuel Valls fera une plus grande place au centre et aiguillera l’ego surdimensionné de Bayrou qui ne peut laisser Macron seul au centre de nulle part…

On peut au passage s’interroger sur le fonctionnement de la coalition municipale. Le travail en équipe implique la délégation, et ses conséquences en termes de médiatisation des actions menées par les différents acteurs. Et que voit-on à part Bayrou et son Brin d’ombre ? Que devient notre préfet qui voulait être Maire, où les ambitieux Républicains de l’alliance ? Même Josy, pourtant accrochée en permanence aux basques du Béarnais n’arrive plus à être sur les photos…Une candidature entraînerait fort logiquement l’explosion de cette coalition.

Pourquoi cette incertitude qui dure concernant son habituelle candidature, sur ce livre « Résolution française » à sortir dans quelques jours, sur cette attente pour se déclarer ? Car après tout si c’est la sincérité qui anime notre béarnais, soit il est candidat, soit il ne l’est pas, et cette attente n’est que le signe évident de calculs politiciens. Où sont les valeurs qui sont censées animer François Bayrou ? Où est la sincérité dans sa démarche ? Tout cela ne semble que le calcul dérisoire d’un homme seul disposant de son seul pouvoir de nuisance.

Car on le voit bien, le MoDem n’existe quasiment plus, il n’a pas de réflexion collective, pas de programme, pas de position sur les grands sujets du monde, pas de porte parole, pas de député, seul existe le « JE » de François Bayrou et ses discours lénifiants. Les quelques personnalités qui s’obstinent à se réclamer du MoDem le font car cette ombre de parti permet le gain de quelques sièges dans les élections de liste comme les européennes… Voire demain quelques sièges à l’Assemblée si la négociation (contestée) avec François Fillon aboutit…

Et que retrouvera-t-on dans ce « livre prétexte » en terme de programme qu’on ne connaisse déjà puisque Bayrou soutenait le programme très clair d’Alain Juppé et avait déroulé son programme en 2012 ? Tout a été dit durant la primaire et les sympathisants de la droite et du centre ont choisi.

François Bayrou n’est pas une (re) solution française. La démarche de François Bayrou s’apparente dans sa triste désespérance à celle de son compagnon de route Jean Lassalle pris par une folle vengeance contre Alain Juppé qui avait brisé son délire de Présidence de Région, ou à celle, avortée (?), et tout aussi désespérée, de Michèle Alliot Marie à la recherche d’un énième mandat électif pour ne pas cesser d’exister.

La professionnalisation de la politique est le cancer français, mais les citoyens commencent à trouver des remèdes…

Daniel Sango

Crédit photo : Dilem

Entendre Jean Lassalle

imagesJean Lassalle vient de faire connaître sa décision d’être candidat à l’élection présidentielle de 2017. Certains sont tentés d’esquisser un sourire dubitatif sur le sérieux de cette démarche. Même si ses chances de décrocher la timbale sont quasi inexistantes, il n’en demeure pas moins que cette candidature n’est pas sans susciter un certain nombre de réflexions dans le contexte politique français.

D’abord parmi les motivations qui agitent Jean Lassalle ; sans doute une certaine rancœur à l’égard d’Alain Juppé. Souvenons-nous qu’au moment des élections régionales, le maire de Lourdios-Ichère avait manifesté le désir d’être tête de liste à droite. Alain Juppé s’y était opposé lui préférant sa première adjointe, Valérie Calmels. Ainsi écarté, Lassalle pense pouvoir se rappeler maintenant au souvenir de celui qui n’est pas encore le vainqueur de la primaire en lui glanant quelques voix.

Mais à côté de ce qui n’est que de la politique politicienne, il ne faut pas oublier une démarche que le Béarnais est le seul à avoir entrepris. Il a sillonné la France sur une distance de 6000 kilomètres avec comme objectif d’être à l’écoute des Français. Une démarche de proximité qui ne doit pas être traitée par le mépris tant elle est exceptionnelle et répond à un souhait très fort de nos concitoyens : être entendus. Il en a tiré des enseignements qui ont donné lieu à un livre (A la rencontre des Français  – Cherche-Midi) d’où il ressort que notre pays est au bord de la révolution, peut-être même de la guerre civile, parce que le peuple rejette la classe politique dans son ensemble et cela sans tenir compte de l’appartenance à un parti.

Les Français, en effet, rejettent la classe politique d’une façon qu’on n’imagine pas. Un sondage récent – février 2016 – de l’institut Elabe révèle que 78% des personnes interrogées se disent prêtes à voter pour un candidat n’appartenant pas à un parti politique à la prochaine élection présidentielle. Le député des Pyrénées Atlantiques s’est mis en congé du MoDem dont il était vice-président. De fait, il prend ses distances avec François Bayrou (son ami de quarante ans). Il n’appartient donc plus a un parti politique. S’il n’y avait que Jean Lassalle à adopter cette attitude, mais il y en a d’autres ; parmi les députés, citons Serge Grouard député Les Républicains, Philippe Noguès, député PS, Pouria Amirshani également député PS, Jean-Christophe Fromantin, député UDI et maire de Neuilly, et enfin Isabelle Attard, députe EELV puis Nouvelle Donne. Ces élus se rebellent contre leurs partis de la même façon que notre Béarnais.

Par son choix de candidat à la présidentielle, l’édile de Lourdios-Ichère dit bien qu’il ne se considère plus comme un membre de ce monde politique usé jusqu’à la corde, aux promesses non tenues et incapable d’apporter des solutions aux problèmes des Français. Son refus d’être placé sous les ordres d’un parti est acté. D’ailleurs dans ce discours de disqualification il faut citer le livre de Philippe Pascot, « Pilleur d’État » éditeur Max Milo, où la classe politique, plus exactement une certaine classe politique, est proprement fustigée en raison des privilèges qu’elle s’est octroyée. D’une manière générale les politiques ancrés dans leurs fonctions finissent par provoquer la méfiance des électeurs, il n’y a qu’à voir le taux d’abstention.

Alors en se lançant seul, sans troupes, sans moyens, sans réel programme, sans être assuré d’obtenir les cinq cents signatures, Jean Lassalle prend le risque d’un échec. Sans doute, mais il aura alors traduit par un témoignage médiatisé ce que les citoyens français qu’il a rencontrés lors de sa longue marche lui ont dit de leur lassitude à entendre des promesses intenables, des politiques qui s’incrustent, cumulent les mandats et en profitent. Un témoignage plus qu’une candidature en quelque sorte, ne riez pas !

Pau, le 28 mars 2016
par Joël Braud

crédit photo : huffingtonpost.fr