Traditionnellement l’inauguration de la foire de Pau est l’occasion pour le monde politique qui a peur d’avoir été oublié pendant la période des vacances, de reprendre la main par des déclarations provocantes. C’est ainsi parce qu’il n’y a rien de pire pour un élu que de ne pas faire parler de lui. Cette année François Bayrou a fait fort.
Il faut en effet occuper le terrain, surtout lorsqu’on a des ambitions nationales. Rappelons pour bien préciser les choses, que François Bayrou sera candidat à la présidentielle si, lors de la primaire de la droite, Alain Juppé est battu par Nicolas Sarkozy. La primaire ouvre un débat qui autrefois avait lieu en interne dans les partis et surtout confie à ceux qui voudront y participer par leur vote, le soin de désigner leur candidat. Une façon d’être déchargé de la responsabilité d’avoir envoyé au charbon un candidat que le suffrage universel refuserait ensuite. François Bayrou avait dit lors de la campagne des élections municipales qu’il serait totalement disponible pour Pau. Un récent sondage organisé par le journal « La République », fait ressortir que plus de 69% des sondés (1894) ne souhaite pas que l’édile palois se présente à la présidentielle. Peu lui importe, le prince a changé d’avis.
Autre point qui résulte de sa seule volonté : l’armement de la police municipale. A ce propos, le préfet ne semble pas très pressé de lui en donner l’autorisation. Dans une interview récente, à la question de savoir si ce choix sera débattu en conseil municipal, François Bayrou répond que cette décision est de la compétence du maire. Tiens donc ! et en vertu de quel principe, un sujet de cette nature échapperait à un débat. Il semble pourtant que le sujet est d’importance. Mais le fait du prince permet d’éviter un débat.
L’inauguration de la foire exposition a été l’occasion pour le président de Communauté d’Agglomération de Pau Pyrénées d’annoncer que désormais cette instance se nommera Pau Béarn Pyrénées. Bon ! après tout. Cela n’a pas en soi une importance déterminante. Mais pourquoi donc cette décision ne résulterait que de la seule volonté de François Bayrou ? Les motivations annoncées par le maire de Pau restent plutôt obscures. En Béarn dit-il, la citoyenneté tient au sol et autrefois les gendres qui arrivaient, prenaient le nom de la maison. Il ne dit pas qui, en la circonstance, est le gendre. Et si c’était la CDAPP le gendre ? Le prince pourrait-il être le seul à décider sans aucune concertation ?
Enfin dans les mêmes circonstances, François Bayrou a annoncé qu’il souhaitait l’ouverture, à la Fac de Pau, d’une première année de médecine. Outre le fait que ce domaine n’est pas de sa compétence, on est en droit de s’interroger sur la pertinence d’une telle annonce. On sait en effet qu’à titre expérimental, au cours du second trimestre de l’année 2016 – 2017, un certain nombre d’étudiants en médecine viendront à Pau tester les outils mis à disposition pour un tel enseignement. Le maire de Pau est donc en train de récupérer à son compte une décision qui ne lui appartient en aucune manière. Là encore l’effet d’annonce d’un prince qui veut nous laisser croire qu’il est à l’origine de tous les choix.
C’est ainsi, la vie politique de notre pays est ponctuée de ce genre de déclarations. Là où cela devient inquiétant c’est lorsque ces choix ne résultent que de la volonté d’un seul. Les principes de notre démocratie auraient-il changé ?
Pau, le 14 septembre 2016
par Joël Braud