Elles sont pourtant bien rares ces occasions de fêtes qui témoignent de l’enthousiasme d’un peuple. Il n’y a que le football pour permettre cela, aucun autre sport, même le tour de France ne parvient à fédérer et rassembler ainsi.
Alors, oui, il faut se réjouir et dire que depuis vingt ans une telle liesse populaire ne s’était produite. Ces jeunes footballeurs à qui on attribue cette victoire, d’un jour, d’un match, méritent, c’est vrai, notre reconnaissance et, comme le président Macron, on les remercie. Leur gloire rejaillit, c’est bien évident sur le pays tout entier.
Le spectacle est maintenant dans la rue, au palais de l’Élysée et à chaque instant des émissions de télévision, au point que certains, tristes bonnets de nuit, pisse-froid, avouent, sans oser trop le crier leur saturation. Soyons tolérants parce que le propre d’une fête est son caractère éphémère. Ses lendemains ne sont que très rarement enchanteurs. Le réalisme du quotidien revient très vite, alors qu’on avait tout fait pour l’oublier.
Oui, soyons tolérants et plus, indulgents devant ces débordements de joie qui se déroulent devant le président de la République lorsqu’un joueur a décidé de faire son show volant ainsi, volontairement ou non, la vedette à quelques politiques. Oui acceptons ce happening, il témoigne d’une jeunesse décomplexée entièrement absorbée par une joie délirante. Pardonnons donc ces moments, ils sont à la fois si rares et si courts.
Cette fois-ci la fête n’aura que peu duré, déjà des mécontents disent que le défilé de l’équipe de France de football sur l’avenue (Didier) des Champs Élysées aura été bien fugace et que les demi-dieux n’ont pas sacrifié à leurs trois cent mille admirateurs. C’est ainsi, période d’insécurité et de risque d’attentat oblige. Ceux d’en face auront réussi à écourter notre fête.
Même notre Jean Lassalle a eu des mots très forts pour dénoncer ce qu’il considère comme un rendez-vous manqué. Les joueurs ont, selon lui, été accaparés par Emmanuel Macron au détriment du petit peuple qui n’a pas le droit de voir l’équipe qui a triomphé en son nom. Les supporteurs sont donc déçus après une trop rapide célébration des bleus.
Mais en disant cela, qui fait à l’occasion de cet événement, une récupération politique ?
Pau, le 18 juillet 2018
par Joël Braud