Coagulation, suppuration

Les conflits à la SNCF, Air France et dans certaines universités n’ont pas donné lieu à une « coagulation » ou une « convergence ». Ils présentent cependant certaines similarités : hormis chez Air France, les revendications ne portent pas sur les intérêts directs de ceux qui les formulent : les cheminots en place conserveront leur statut et les étudiants dans les facs ont franchi l’entrée. Ils comportent tous des dangers pour les structures : Air France et la SNCF vont traverser une passe difficile, et les facultés les plus turbulentes risquent aussi une certaine désaffection. Les universités plus petites et plus calmes comme celle de Pau en profiteront-elles ? Ce n’est pas impossible, à l’instar des compagnies de cars et du co-voiturage.

Mais les dégâts sont importants. Du point de vue économique d’abord, avec de nombreuses journées de travail perdues ou perturbées, et souvent dans des secteurs qui n’avaient pas partie prenante aux conflits. Du point de vue de la renommée ensuite : imaginons-nous que les touristes étrangers vont se précipiter vers un pays aussi enclin aux colères et aussi peu fiable ?

Une autre conséquence porte sur la planète et sur la santé des humains. Reporter durablement vers le transport routier les déplacements ferroviaires représente une dégradation potentielle de la qualité de l’air. La citation de ce que j’écrivais dans une précédente tribune a anticipé la révélation que plusieurs milliers de personnes meurent chaque année en France de la pollution ; dans le monde se sont sept millions de personnes qui disparaissent du fait de la mauvaise qualité de l’air.

« Le gouvernement précédent avait bien vite cédé aux bonnets rouges et aux camionneurs. Ne conviendrait-il pas que le gouvernement présent rétablisse un fret ferroviaire fiable et efficace en imposant des normes de conteneurs passant facilement du rail à la route et inversement ? Il est scandaleux que des convois interminables de camions traversent le pays au grand dam de la qualité de l’air et de la santé des populations. Si l’Etat ne veut pas se hasarder à taxer le transport routier, que les régions s’en chargent. La Nouvelle Aquitaine qui s’étire tant du sud au nord est bien placée pour enclencher un tel processus. »

Ne nous attardons pas sur la suppuration, je veux dire sur les débordements causés par les casseurs du 1er mai. Ils ne sont pas plus importants que ceux de certaines fêtes que ce soit la fête nationale ou le jour de l’an, avec des centaines de voitures brulées. Mais on peut se demander si la violence qu’a connu le site de N.D. des Landes n’a pas cristallisé une révolte. Etait-il bien nécessaire d’agir avec une telle brutalité évoquant des scènes d’émeute et une telle précipitation (fort coûteuse pour les contribuables) pour dégager une petite départementale ? Mais, plus profondément, on peut s’interroger sur l’opportunité de certaines mesures comme la hausse de la CSG alors que l’impôt sur la fortune était abrogé de moitié. Ces orientations n’ont-elles pas contribué à briser l’image d’un mouvement fédérateur et novateur ?

Le médecin, ses internes et infirmières ont-ils eu le tact et l’empathie que le pays attendait ? Certaines mesures comme les dédoublements de classes, la suppression annoncée de la taxe d’habitation compenseront-elles les effets dévastateurs de certaines décisions et des passages en force les accompagnant ? Sûrement pas si la suppression de la taxe d’habitation est soumise à des restrictions et si la loi ORE sur l’orientation à l’entrée de l’université n’est pas amendée sur certains points. Il faudra revenir sur ces médications.

Paul Itaulog

Cheminots, au boulot !

Chauffeur   Il ne faut pas se tromper, les grèves qui commencent sont une guerre déclarée de la CGT et ses alliés politiques de l’extrême gauche contre le progrès, contre l’efficience. La convergence des luttes, le grand soir est souhaité, mais pour une fois le bon sens l’emportera car Macron ne peut pas céder.

La situation française lorsqu’elle est comparée à celle des pays qui réussissent montre un pays qui refuse d’évoluer, dont les performances économiques sont très fortement handicapées par une dépense publique record (57% du PIB) Un nombre de fonctionnaires pléthorique entraînant des performances loin des standards européens. Car la productivité dans nos services publics n’est pas bonne.

On a vu comment l’augmentation de productivité de la SNCF avait été redistribuée aux cheminots au lieu de bénéficier à l’entreprise pour améliorer ses performances :

Ainsi protégée, l’entreprise a délibérément fait le choix de son intérêt propre avant celui de ses clients, en consacrant plus que la totalité de ses gains de productivité (baisse de 14 % des effectifs entre 2003 et 2013) à l’augmentation de sa masse salariale (+ 16 %).(UFC Que Choisir) ( « SNCF : En quête d’efficience. » AP du 25/2/2018)

La France est un bateau avec 4 rameurs et 6 passagers qui fait la course avec les autres pays qui ont 6 rameurs et 4 passagers… Et une des causes en est le statut de la fonction publique (fonctionnaire, cheminots, etc…)

Comment voulez-vous qu’un fonctionnaire soit motivé pour travailler quand il voit que son voisin qui travaille peu, est souvent absent, a un déroulement de carrière identique au sien ? Pourquoi croyez-vous que le taux d’absentéisme des fonctionnaires est le double de celui du privé, sans parler des fonctionnaires territoriaux qui battent tous les records ? Car ce statut correspond à une autre époque.

« L’anomalie française, et il y en a effectivement une, se situe dans le taux extrêmement élevé de fonctionnarisation des agents de la fonction publique. On a, en effet, les chiffres suivants : France (81 %), Allemagne (30 %), Italie (15 %) et Suède (10 %).

Le taux français est exorbitant, et il frise l’absurde. Au Royaume-Uni, seuls quelques centaines de hauts fonctionnaires bénéficient d’un emploi à vie. En Suède, un effort considérable a été fait pour que la plus grande partie des agents de la fonction publique soit employée, à présent, selon des contrats semblables à ceux du secteur privé. Quant à la Suisse, elle se caractérise par le fait qu’en 2002, par référendum, le statut de fonctionnaire a, tout simplement, été aboli. »(Claude Sicard)

Il n’existe quasiment plus de fonctionnaires en Suisse et tout marche parfaitement, bizarre… Mieux, tous les spécialistes s’accordent pour dire que le ferroviaire Suisse est le meilleur au monde. Par contre il n’y a pas l’air d’y avoir une succursale de la CGT ou de Sud Rail.

On entend alors la CGT hurler au démantèlement du service public. Mais il n’en est rien. France Télécom est devenu une entreprise performante qui se développe à l’international, plus efficace que l’ancien service public, accompagnée par une ouverture du marché permettant une amélioration des coûts et du service, incontestable.

Ah ! et la sécurité ? Élément brandi par ces syndicats rétrogrades, le statut serait un gage de sécurité pour le client. Oui, regardons Air France, société où la sécurité est un enjeu au moins aussi important qu’à la SNCF : rien à dire. Incroyable ! On peut donc faire voler des avions sans être fonctionnaire !

Et il est d’ailleurs pitoyable de voir que nos services publics d’information jouent un rôle d’amplificateurs de la contestation au lieu de donner une vision objective de la situation.

Par exemple, sur le service public de l’audiovisuel on ne montre que le travail en horaire décalé des conducteurs, ces travailleurs exploités qui réalisent un travail harassant dans un univers d’une dangerosité extrême. Pourtant ils ne sont que 14000 sur 140 000. Et si on parlait des 120 000 autres ? Et d’ailleurs en France aujourd’hui plus de la moitié des travailleurs ont des horaires décalés. Quant aux non grévistes, une moitié du personnel, ils n’ont pas droit à la parole, pas plus que les cadres qui auraient sans doute bien des choses à dire.

Et qu’en est il chez nos voisins ?

En Allemagne, même si les difficultés du secteur fret ont provoqué en 2015 une perte de 1,3 milliards d’euros pour la Deutsche Bahn, le secteur ferroviaire a su se réformer. D’abord en mettant fin, dès 1994, au coûteux statut public des cheminots, plus que jamais en vigueur en France. Puis en s’ouvrant résolument à la concurrence au niveau du transport régional, ce qui a incité l’opérateur public à améliorer son offre et sa productivité.

Du coup, les subventions publiques au ferroviaire outre-Rhin n’ont pas varié depuis 13 ans et elles sont plus de deux fois inférieures, pour un kilomètre parcouru par chaque train, aux soutiens publics français. Les coûts d’exploitation en Allemagne sont également inférieurs de près de 50% à ceux de la France.

En Italie, les Ferrovie dello Stato sont bénéficiaires et se confrontent avec succès, sur les lignes à grande vitesse, au concurrent privé NTV. Les gains de productivité en Italie sont également significatifs depuis quelques années.

Et nos conducteurs, sont ils performants ?

Les conducteurs de train allemand travaillent 39 heures par semaine (contre 35 en France) et bénéficient de 20 jours de repos de moins que les Français (en comptant les congés payés). Ils sont en outre plus polyvalents et effectuent des tâches de maintenance que refusent les conducteurs français.

Ils sont en contrepartie mieux payés qu’en France : de 3000 à 3500 euros par mois pour un conducteur expérimenté contre 2500 à 3000 euros en France. En revanche, un conducteur allemand ne peut prendre sa retraite qu’à 63 ans contre 52 ans pour un Français.

Les conducteurs italiens partent à 58 ans et travaillent 40 jours de plus que leurs homologues français tout en étant en moyenne payés moins de 2000 € mensuels. La situation des conducteurs espagnols est assez semblable (35 jours de repos en moins qu’en France) mais ils sont mieux payés que les Italiens (de 1.900 à 3.000 €).

Enfin, au Royaume-Uni, les conducteurs peuvent être payés jusqu’à 4.750 € mensuels pour 40 heures hebdomadaires. Mais l’âge de la retraite peut dépasser les 65 ans à moins d’une contre-indication médicale. (Myeurop.fr juin 2016)

Plus de statut spécifique aux cheminots, une convention collective comme dans toutes les branches en France. Plus de retraite scandaleuse construite sur le comportement pleutre de nos vieux politiciens obnubilés par leur seule ré élection.

Et il ne s’agit que de rejoindre ce que font les pays européens qui réussissent, ou tout simplement ce que font les autres français… Où est le problème ?

En fait, même pas puisque ces mesures ne toucheront pas les grévistes, mais les futurs employés !

Un comble !

Daniel Sango

Cheminots

Nous vous avons tant aimés !
Oui, vous les cheminots vous avez été aimés des Français, et ce depuis bien longtemps. Le temps des sièges en bois, des fenêtres laissant passer les escarbilles est révolu. Même le temps des records appartient au passé.

Aujourd’hui, c’est le temps du désamour. Les grèves à répétition (et le manque d’imagination pour le rendre commode) ont eu raison du fret ferroviaire, à peu de choses près. Pourtant, le rail est infiniment plus respectueux de l’environnement que le transport routier. Les voyageurs grognent en raison des retards. Sont-ils plus importants que les ralentissements que l’on observe sur les routes ? J’en doute. De plus, la SNCF a pris ces dernières années des mesures pour dédommager les passagers des trains retardés.

A ce propos, je voudrais relater ce qui a ponctué mon dernier voyage en train. A Pau, le train venu de Tarbes avait 50 ou 60 mn de retard. Se lever tôt pour attendre sur un quai brumeux n’a rien d’agréable. Mais il a fallu attendre encore avant que le train parte car un train de marchandises bloquait la voie du côté d’Artix. Puis, dans les Landes, notre TGV a encore perdu une heure afin de laisser un TER libérer la voie [sic], ce qui a porté à plus de deux heures le retard à l’arrivée. Mais à Bordeaux des boites repas ont été distribuées aux voyageurs, ce qui a permis d’éviter que la voiture bar soit dévalisée. A l’arrivée on ne trouvait pas les enveloppes que la SNCF distribuait naguère pour obtenir un remboursement partiel du billet ; il fallait donc avoir recours au site internet adéquat de la SNCF, ce qui a pu rebuter certains voyageurs.

Le rapport Spinetta va-t-il ouvrir une ère nouvelle pour la SNCF ? Il est probable que le statut particulier des cheminots tombera en désuétude, ce statut n’étant plus attribué aux nouveaux entrants. Les petites lignes comme celles de Bedous-Pau ou Saint Jean Pied de Port-Bayonne seront menacées. Il peut paraître scandaleux qu’il leur soit attribué quelque 2 milliards d’euros alors qu’elles ne transportent que 2% des voyageurs. Mais elles rendent service à des tranches entières de la population, comme les jeunes ou les personnes sans voiture. Elles contribuent aussi à la survie de territoires isolés ? Il est naturel d’établir une priorité en faveur des voyageurs des métropoles dans lesquelles se concentrent des populations très denses. Mais ce faisant on renforce le déséquilibre du territoire national. Trouve-t-on qu’il convient de renforcer les centaines de kilomètres cumulés d’encombrements journaliers ?

Dernière question. L’effort financier au profit du rail est-il démesuré par rapport aux dépenses attribuées à la route ?

Jean-Paul Penot

Crédit photo : « La Bête humaine » film de Jean Renoir – 1938

Cheminots, veillez à vos lignes !

20160604_154320Vos lignes de la main, si vous pensez que là se lit votre avenir. Mais à vos lignes de voies ferrées si vous ne voulez pas qu’elles dépérissent.

Les conflits à répétition et l’émergence de nouveaux moyens de transport risquent fort de faire subir au transport des voyageurs par le réseau ferré un sort analogue à celui qu’a connu le transport des marchandises il y a quelques années.

D’ores et déjà les voitures-lits appartiennent au passé et les couchettes disparaissent. Dans nos rues et sur nos routes apparaissent des autocars dont les tarifs sont alléchants. Sur un trajet comme Toulouse-Saint-Sébastien via Pau le handicap du transport routier sur le rail en matière de temps de transport pourrait ne pas être si important tant le train propose de détours par Lourdes ou Dax. Il faut dire que la SNCF ne fait pas des efforts considérables pour que Basques et Béarnais se rencontrent. Toutes les correspondances à Bayonne ne sont pas désastreuses ; mais toutes ne sont pas optimisées, c’est le moins que l’on puisse dire. Je m’en suis rendu compte récemment en me rendant de Pau à Madrid et au-delà. Prendre le train d’Irun à Madrid à 8h40 était une nécessité. Mais en dehors d’un bus partant vers 4h et mettant plus de 3 heures pour rallier Bayonne c’était impossible. Aussi, j’ai fait l’expérience de Blablacar. Une expérience enrichissante car celle qui m’a transporté était fort intéressante.

Ce trajet n’est pas le seul à montrer que l’Europe ferroviaire d’autrefois n’est plus l’Europe ferroviaire d’aujourd’hui. Il n’y a plus de train direct d’Irun à Vintimille ou même Rome, Venise, Milan, Genève comme autrefois. Et que dire des horaires et des correspondances ? Le voyageur peut avoir l’impression que ces horaires sont dictés par les souhaits des cheminots plus que par les besoins des voyageurs. Cette impression est peut-être fausse ; mais il resterait à le prouver.

Dans d’autres pays, comme l’Espagne, tout est fait pour montrer au voyageur que l’on se soucie de lui : confort, prises électriques en seconde classe, films de qualité diffusés avec des écouteurs. Que se passera-t-il lorsque les transports seront réellement ouverts à la concurrence ? Les cheminots ont obtenu qu’elle soit différée et que leurs droits de repos soient maintenus. Tant mieux pour eux. Mais fermer les yeux sur les transformations en cours serait dangereux. Si le transport participatif est une belle idée et une bonne mesure pour la planète, on ne saurait en dire autant pour le transport en bus ou le transport aérien.

Jean-Paul Penot

Haro sur le baudet !

tgv

Un mal qui répand la terreur, mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre, les cheminots (puisqu’il faut les appeler par leur nom) capables d’enrichir en un jour nos régions, faisaient aux libéraux la guerre.

Les derniers mouvements sociaux sont l’occasion de stigmatiser le comportement jugé irresponsable de certains salariés : les cheminots. Dans « la fin de la machine à vapeur », des mots importants ont été utilisés : évolution, concurrence, logique, libre, privilégiés, changements, pour le plus grand bien du consommateur.
Il ne me semble pas inutile d’y revenir et d’insister sur le fait que l’on voit là l’exemple type du comportement linéaire et analytique que je dénonçais récemment. Les problèmes actuels sont le résultat d’un mécanisme complexe résultant d’un nombre infini de paramètres interactifs dont, sans doute, comme tous, « du plus petit jusqu’au plus grand, du moussaillon au commandant », les cheminots ont leur part.

Isoler l’un de ces paramètres, le médiatiser, c’est en faire un bouc émissaire, un exclu qui comme un chien qui a peur pour son existence, va aboyer et mordre encore plus fort pour se défendre! En morcelant, on efface tous les liens qui existent sur lesquels il conviendrait d’agir aussi.

Les mots, comme les choses, doivent être «consommés avec la plus grande modération et précaution» !

Revenons à une analyse non exhaustive de ces mots.

Dans tous les domaines, l’évolution est constante et de plus en plus rapide, les cheminots le savent très bien ; ils savent aussi que si l’évolution de l’univers, de la planète et de la vie biologique (durée de vie) est subie ; celle de notre espace culturel, par contre, est choisie «démocratiquement», donc modifiable. Donc, à la différence de l’évolution incontournable, l’évolution sociale n’est pas prédéterminée, elle est acquise et défendue par la lutte.

Au niveau de l’entreprise, du transport, de l’instruction, la santé, la sécurité, l’armée, l’énergie… l’évolution est imposée, non pas par quelque force supra naturelle mais par la volonté politique actuelle dirigée par les instances européennes, tremplin du néolibéralisme mondial, dont l’objectif est d’affaiblir au maximum l’Etat. Beaucoup d’électeurs ont marqué dernièrement leur désaccord.

Est-ce une « bonne chose » ? Pas pour tous certainement, d’où les oppositions ! Beaucoup évoquent la nécessité de tels contre-pouvoirs pour assurer l’équilibre dans une vraie démocratie. J’écrivais dernièrement:  » D’où vient ce raisonnement binaire qui considère que si l’un a raison, l’autre a forcément tort ? « 

La concurrence est-elle logique et souhaitable ?

Ce qui est conforme au bon sens, qui est rationnel et cohérent, donc logique, dépend des objectifs fixés ; celui qui «gagne» apporte-t-il le meilleur profit pour les autres ou pour lui-même ?

Le gestionnaire du ferroviaire qui fera les prix les plus bas sera-t-il obligatoirement celui qui fournira la meilleure qualité de service au public, c’est-à-dire qui entretiendra le mieux le matériel en état de sécurité maximale pour l’usager et le personnel, en développant des lignes transversales pour permettre le plus d’accès possible au rail des marchandises et de tous les voyageurs se rendant à leur travail, pour faire leurs courses ou du tourisme, conditions indispensables et «logiques» pour lutter contre la pollution du transport routier ? L’exemple anglais, et français actuel, montre que non. Les capacités en personnels qualifiés, à la SNCF et souvent ailleurs (centrales nucléaires), sont très amoindries par la sous-traitance, le manque d’agents sur le terrain, contribuent aux nombreux inconvénients constatés par les usagers.

La pression de la concurrence est la source de nombreux «dérapages» : diminution des salaires, délocalisation des emplois, augmentation de l’intensité du travail, donc les risques d’accidents de travail, utilisation de produits dangereux, etc. On peut par exemple penser à Monsanto qui inonde le monde de pesticides dangereux pour l’être humain en prétendant qu’ils ne présentent aucun danger pour la santé. Ne parlons pas des affaires encore récentes des farines animales contaminées, du  » lasagne-gate « , de la tromperie de la société Spanghero…..

Oublions la publicité et le suremballage qui font monter les prix et l’obsolescence planifiée, source de gaspillage et de pollution.

Privilèges :

Considérer les cheminots et naturellement les fonctionnaires comme des privilégiés compte tenu de leur statut qui protège l’emploi est vraiment une vision très restrictive et partisane du problème des privilèges.

D’abord, le droit au travail est l’un des droits de l’homme proclamé à l’article 23 de la déclaration des Nations Unies de 1948 :
« Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage »

Cette déclaration est restée purement théorique, c’est vrai, mais elle existe ; or, c’est la suppression de ce droit qui devient la normalité ! Celui qui a un emploi durable est perçu comme privilégié, le comble ! D’ailleurs le referendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe, en 2005, avait pris le devant en précisant qu’on ne reconnaissait que le droit « de chercher du travail » !

D’ailleurs, les privilèges ne se limitent pas à l’emploi. Nous sommes tous privilégiés par rapport à quelqu’un d’autre : les hommes par rapport aux femmes, celui qui a un toit, celui qui paye des impôts, la France du haut par rapport à celle du bas : «malgré le matraquage fiscal, entre 2008 et 2011, le revenu annuel moyen des cadres supérieurs a augmenté de 1 000 euros, alors que celui des employés a baissé de 500 euros et celui des ouvriers de 230 euros.» Observatoire des inégalités, 25/03/14…….

Libre !!! La panacée universelle ! N’oublions pas que la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres ! La liberté non régulée d’entreprendre, de produire, de consommer a conduit à la pollution, à l’allergie, aux cancers, à l’obésité, aux cardiopathies, aux changements climatiques,.. et finalement à la « non liberté de pouvoir vivre » normalement. Il convient donc d’être très prudent quand on revendique la liberté !

Changement ?

Tout le monde souhaite le changement, mais pas forcément le même ! Le terme à la mode est, d’ailleurs, plutôt « réforme ». Il faut réformer, non pas pour améliorer le sort des gens mais pour, dans un premier temps, diminuer les dépenses publiques, et dans un second temps, les supprimer en livrant au privé la gestion de notre vie.

Rechercher les économies ? Une très bonne décision à condition qu’elle s’applique à tous les niveaux. Les P.P.P font-ils faire des économies à l’État ? On a fait éclater la SNCF, les PTT… en plusieurs structures concurrentielles alors qu’elles se complétaient ; maintenant on veut faire des regroupements dont l’objectif n’échappe absolument pas aux cheminots. Est-ce  » logique  » de leur demander un suicide collectif ?

Pour le plus grand bien du consommateur !

Il y a des termes qui disparaissent progressivement de notre vocabulaire, ils sont remplacés par d’autres ; ainsi les usagers ou les utilisateurs sont devenus « les consommateurs ».

On a remplacé l’intérêt du public donc du collectif par l’intérêt privé donc de l’individu. Un bon français est celui qui consomme de l’énergie, de la matière et de l’information, il en devient obèse, hypertendu et dépressif ; il faut qu’il dépense beaucoup et vite, même s’il n’a pas d’argent ; de bons samaritains qui s’enrichissent de ce commerce lui en prêteront à des taux d’intérêts souvent spéculatifs.

On consomme donc du transport, de l’énergie, de la santé, de l’instruction, de la défense, de la sécurité…; comme on n’a jamais assez d’argent et que l’offre est toujours de plus en plus tentante, on place constamment l’individu en situation de manque permanent, d’où la dépression ambiante, les vols, les agressions….

Je suis plein d’admiration pour ceux, et il n’en  manque pas, qui inondent leurs prestations de chiffres démontrant ce qu’ils ont envie de démontrer. La plupart du lectorat est incapable de les vérifier d’une part et d’autre part, pris séparément, ces chiffres n’ont aucune valeur car ils ne tiennent pas compte de leur intégration dans la globalité du fonctionnement de l’Etat ou des Etats. Ainsi soutenir qu’« en France, le coût de revient du TER est plus cher de 66% que celui de l’Allemagne» n’aurait d’intérêt que si l’Allemagne était une France dupliquée ce qui, bien évidemment n’a rien à voir. Chaque entreprise, chaque pays, chaque communauté, chaque famille gère son mode de vie et son économie citoyenne différemment.

Une chose est certaine, les chiffres n’ont jamais déclenché les révolutions, ils ne font que passer ; par contre, il n’en est pas de même du ressenti !

« La réaction du gouvernement sera une indication forte de son courage pour régler ces deux problèmes en appliquant son précepte de justice »

Tout à fait d’accord à condition que, simultanément, ce principe s’applique dans tous les domaines des rapports humains, sinon c’est une ségrégation insupportable et conflictuelle ! J’ai bien peur que la Fontaine ait raison :

« Selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »

N’ayant pas pu obtenir l’accord de Jean de la Fontaine, j’ai décidé de passer outre pour adapter partiellement «les Animaux malades de la peste».

– Par Georges Vallet

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