Retour de Chine : Les chinois, un peuple complétement décomplexé !

img_2045S’il est un premier voyage, que nous aurions dû faire il y a bien longtemps, c’est bien celui en Chine. Avec une superficie 17 fois supérieure à celle de la France, une population 22 fois supérieure à notre nation et le deuxième PNB mondial, la Chine bat tout les records actuellement. Elle vient de si loin. Souvenons-nous : la Longue Marche, la Révolution culturelle etc.

Mais l’Empire du Milieu a des réserves sans fin : de Tao à Confucius, philosophes toujours « présents » nés 400 ans avant JC, à une continuité impériale de 13 ou 14 siècles, avec comme pilier le Mandarinat (605 à 1905), et un PCC (Parti Communiste Chinois) impérial lui-aussi… Bâtir sur l’Histoire.

Hier, la presse française nous annonçait les vols des premiers avions furtifs chinois, avant hier, il s’agissait de cosmonautes qui tournent autour de la terre, avant avant hier, c’était le plus grand observatoire du monde qui était inauguré.
Hier aussi, dans « El Pais », un sujet sur la Chine qui aspire à prendre le commandement des Casques Bleus, les troupes des Nations Unies. Il est vrai que ce pays est celui qui, parmi les membres permanents du Conseil de Sécurité, a le plus de soldats engagés parmi les Casques Bleus. Ce poste était traditionnellement réservé… à la France.
Aujourd’hui, l’éditorial économique d’Europe 1, titre sur les investissements chinois en Europe qui atteignent des niveaux « inquiétants » pour l’indépendance industrielle de nos pays : 20 milliards d’euros l’an dernier. Le double des investissements européens en Chine. On pourrait multiplier à l’infini les exemples de l’expansionnisme chinois. Il va falloir faire avec. Et, pas toujours de bon gré si nos finances nous conduisent à une faiblesse structurelle… Surtout ne pas se mettre en état de demandeur vis-à-vis de ce pays.

A faire une premier voyage en Chine, ce n’est pas aux brèves d’agences que l’on est confronté mais bien au contact quotidien avec les Chinois, et la première et grande surprise aura été l’extrême gentillesse, l’amabilité des Chinois que nous avons côtoyés au Yunnan (393,734 km2 pour 46 millions d’habitants), territoire situé aux confins de la Chine, avec des frontières communes avec le Laos, Vietnam, Birmanie et, porte d’entrée historique au Tibet. Le Yunnan est loin de Pékin ou de Shanghaï, c’est une peu la « Nouvelle Aquitaine » (avec une différence de taille : Altitude moyenne de la région : plus de 2.000m !). Là-bas, sourire permanent à la vue de « westerners » (occidentaux) et « Hello » quasi systématique. En Chine, les cheveux gris ne passent pas inaperçus !

Musée Provincial du Yunnan à Kunming (capitale régionale de 6 millions d’habitants) : des écoliers, de 8 ans environ, tous en costume, viennent découvrir les collections de bronzes des 25  minorités locales qui peuplent la région. Ils sont sur notre passage. Sourire. Une écolière tend sa main : « My name is XXXX ? What is your name ? » Accent anglais excellent. « Bernard ». Une autre main se tend : « Where are you from ? ». Réponse : « France ». Petit flottement. Qu’es aco ? Une autre voix : « Why are you so tall ? ». A 1,83m, vous êtes grand en Chine ! Autre interpellation de la part de ces jeunes « Your country is going to organize Olympics ? ».

Le gouvernement chinois pousse à l’apprentissage de l’anglais. Voilà qui est pragmatique. Cela dit, n’imaginez pas rencontrer beaucoup de monde en province qui parle l’anglais en dehors des jeunes générations. Mais, ce qui frappe le plus dans cet échange, c’est la décontraction avec laquelle il s’est réalisé.

Déjà en observant des Chinois dans la rue, ou face à des monuments touristiques, nous avions été frappés par la modernité de leurs attitudes et leur décontraction naturelle. Nous étions pourtant dans des coins reculés de Chine, aux portes du Tibet.

Cette classe moyenne, que nous observions, bénéficiait de la croissance rapide de la Chine et savait très bien que leur pays était « gagnant ». De quoi être complètement décomplexé… (ce qui n’est pas le cas d’un monde agricole appauvri et tiers-mondiste encore très présent au Yunnan)

Quant à nous, difficile de faire la part des choses. L’histoire pèse beaucoup en Chine. Le sud du Yunnan avait été occupé par les forces japonaises pendant la deuxième guerre mondiale. Les anglais et les américains y avaient basé, au nord, des escadrilles de « Tigers » pour débarrasser le pays des envahisseurs nippons. Peut-être, à la vue des « westerners », étaient-ils encore reconnaissants pour ces faits historiques ?

Oui, les Chinois nous ont complètement apparus décomplexés et, c’était plutôt sympa.

– par Bernard Boutin

PS : Si vous êtes tentés de parcourir mes comptes rendus photos, ils sont sur mon blog (en anglais pour les adresser à mes correspondants chinois en guise de remerciements)